Alphonse-Etienne Dinet a 22 ans quand il fait un premier voyage en Algérie, dans la région de Bou-Saâda. Cet élève de W. Bouguereau, à l’école des Beaux-arts de Paris, obtient, l’année suivante, en 1884, la médaille d’un Salon des Arts Plastiques qui lui vaut une bourse pour un nouveau voyage en Algérie.
Il est conquis par ce pays où il séjourne d’abord cinq ans, avant de s’installer en 1905 à Bou-Saâda. Il avait, entre temps, appris l’arabe.
Il participe néanmoins à la vie artistique de la métropole. Il sera des fondateurs de la Société des peintres orientalistes. Il expose avec les impressionnistes du « groupe des trente-trois », participe à des expositions universelles (Paris, Anvers, Munich…). Il fait évidemment partie de la première exposition des peintres orientalistes en 1893. Il a aussi une activité littéraire écrivant et illustrant Les poèmes d’Antar puis le Printemps des cœurs (Rabi'e el qouloub, recueil de trois légendes sahariennes), Tableaux de la vie arabe, Khadra, danseuse Ouled Naïl, etc.
Si sa conversion à l’Islam est devenue publique quand il fait savoir, en 1913,qu’il porte désormais le nom de Nars-Eddine, elle remonte à beaucoup plus loin, puisque dans une lettre à un ami en 1908 il disait déjà être converti depuis plusieurs années. Contrairement à ce que disent certains biographes, cette conversion ne l’a pas placé sur « une liste noire », puisque la même année (1913) Nasr-Eddine participe à l'exposition universelle de Gand. Après l’armistice de 1918, avec son ami Slimane ben Brahim, il écrit La Vie de Mohammed, prophète d'Allah, publié sans encombre. Il exposera plus tard à Alger.
Quand il décède en 1929, un 24 décembre, peu après un pèlerinage à La Mecque avec Slimane Ben Brahim, sa dépouille déposée à la Grande Mosquée de Paris est saluée par Georges Leygues, ancien Président du Conseil et Maurice Violette, ancien Gouverneur Général de l’Algérie. Et quand il sera inhumé le 12 janvier 1930 à Bou Saâda, c’est le Gouverneur Général de l’époque, Pierre Bordes, qui prononcera son éloge funèbre en Français, avant l’éloge funèbre en arabe.
Ceux donc qui fantasment sur un rejet du converti (ou de l’apostat, selon le point de vue) commettent une erreur. Il n’est d’ailleurs pas sûr, que Nasr-Eddine ait fustigé la colonisation. Si, pendant la guerre de 1914-18, ayant transformé en 1915 le château familial d’Héricy en hôpital, il se préoccupe du sort des soldats musulmans engagés dans ce conflit, il ne remet pas en cause leur présence. Et s’il souffre aujourd’hui, comme beaucoup de peintres et littérateurs orientalistes d’un certain discrédit, ce n’est certainement pas à cause de sa conversion, puisque ces orientalistes sont soupçonnés d’un folklorisme colonialiste.
Pour découvrir ses œuvres (au-delà de ma sélection arbitraire et limitée):
http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Paintings_by_%C3%89tienne_Dinet?uselang=fr
http://marenostrum.over-blog.net/article-etienne-dinet-51418975.html
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Ce petit montage regroupe une partie des œuvres d’un érotisme très soft d’E. Dinet : pas d’odalisques chères à Matisse, pas de scènes de harem ni de hammam, mais une nudité comme innocente dans l’oasis, auprès de l’oued où on se baigne…