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23 février 2021 2 23 /02 /février /2021 09:01

Charia, halal, haram, djihad, voile, iman, salafisme, fatwa, etc. certains se gargarisent de ces mots et nous saoulent de leurs discours liberticides. Oser se moquer de celle qui affirme sans rire que le voile est le cheval de Troie de l’islamisme politique, c’est être immédiatement taxé d’islamo-gauchisme ou encore de collabo*. On peut nettement préférer le monokini ou le microkini, tout en défendant le droit pour une dame de porter, sur une plage, ce fort laid burkini ; on peut trouver certains hijabs, style bonnes sœurs, peu seyant, sans vouloir interdire le port d’un foulard aux étudiantes ou interdire à des mamans dites voilées d’accompagner une sortie scolaire ; et ne pas être pour autant un complice des wahhabites. Juste un buissono-briandiste-jaurèssien, autrement dit un défenseur de l’esprit de la Loi de 1905 !

Variations soufismo-rocardiennes

Carte postale empruntée à France culture

1972 ou 1973 le collège du quartier des Sapins à Rouen ravagé par un incendie – et pas accidentel. Dans les années 80, collège de Marseille-Nord ou Lycée de Drancy – deux amis y sont personnels de direction – on est toujours sur la corde raide et ça ne tient que par des équipes de direction et d’éducation au taquet. Plus banalement un collège de la banlieue ouvrière de Rouen, où il ne se passe pas une petite vacance sans que dégradations et/ou vols ne s’y produisent. Zones de non droit ? Non, mais où l’état de droit est très fragile. Le Mirail à Toulouse, projet architectural novateur, après avoir connu une vie associative dynamique, avec une montée du chômage, va devenir un quartier en perdition où les coursives sont devenues territoires conquis des voyous. Reconquête difficile avec la police de proximité, cassée avec une violente arrogance par un petit ministre de l’intérieur nommé Sarkozy.

Souvenirs qui me revenaient à l’esprit en lisant, dans le magazine du Monde, l’article sur « Les Territoires perdus de la République ». Dans les années 70-80 on ne parlait pas encore d’islamisme, mais certains offices d’HLM pratiquaient le regroupement ethnique et déjà, dans certains quartiers, le seul service public encore présent était celui de l’éducation nationale, avec ses écoles et son collège.

Il ne s’agit donc pas de nier une réalité qui n’a, hélas, pas attendu 2002 et « les dérives communautaires » pour exister ni que la « rhétorique islamiste radicale trouve un écho chez certains élèves ».

Même si on ne peut s’empêcher de penser que le rapport Obin, en partant de l’hypothèse que les manifestations d’appartenance religieuse, individuelles et collectives, avaient tendance à se multiplier et à se diversifier, avec une rapidité et une dynamique fortes, en choisissant soixante et un collèges, lycées et lycées professionnels publics jugés susceptibles, davantage que d’autres, d’être affectés par des manifestations de la religion, ne pouvait qu’aboutir sûrement à CQFD, les réalités décrites sont sans doute authentiques. Mais la précaution méthodologique - « Cette étude ne peut prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements » - a été allègrement oubliée par son signataire.

Et l’article du magazine fait litière d’une fable : ce n’est pas Fillon, alors ministre de l’EN, qui a bloqué le rapport : en réalité, c’est le doyen de l’inspection générale, Dominique Borne, qui lui a savonné la planche. « J’ai signalé au cabinet du ministre que ce rapport n’était pas un bon travail, révèle l’historien. Il tirait des conclusions générales d’une soixantaine de cas particuliers, ce qui est très peu. Pourtant, l’Inspection générale sait réaliser des enquêtes avec des outils statistiques. Si on veut réfléchir aux remèdes, il faut une vision scientifique de la situation. Même si les témoignages des Territoires perdus ont été utiles, on pouvait faire le même reproche à ce livre. » 

Ces témoignages, comme les sondages qui annoncent une proportion énorme de profs confrontés à des contestations du contenu de l’enseignement, sont quand même parfois surprenants. Ainsi de celui d’une directrice de maternelle citée par le magazine qui parle d’un « garçon de 4 ans qui tremble quand il voit de la viande (non halal) à la cantine et crie « C’est le diable ! » ». Même si le gamin est fils de boucher (halal bien sûr), ni lui, ni même son père, ne sont capables de reconnaître des steaks halal ou non halal. Ça fait un peu penser à Blanquer inventant des gamins qui refusent de s’asseoir sur des chaises rouges, car c’est la couleur du diable.

Variations soufismo-rocardiennes

Le 21 juillet 1969, avec les participants – jeunes instits marocains - à un stage de la MUCF (mission universitaire et culturelle française) à Rabat, nous avons assisté sur une télé un peu médiocre à l’alunissage d’Apollo 11 : immédiatement l’un d’eux à jugé la scène en direct impossible. Que dans les classes les enseignants se heurtent à des refus d’admettre des faits avérés, des vérités scientifiques, au nom de croyances mal assimilées est, hélas, souvent attesté. Et quand il s’agit de valeurs républicaines, comme la liberté d’expression, on sait à quel drame ça peut aboutir.  

Mais que de ce drame, immédiatement, Blanquer s’en prenne à un islamo-gauchisme en affirmant sans vergogne : "C'est un assassin qui est conditionné par d'autres gens, en quelque sorte des auteurs intellectuels de cet attentat" et qu’il ajoute "Le poisson pourrit par le tête", pointant notamment l’UNEF est assez ignoble. Si l’on résume, Samuel Paty a d’abord été affronté à une attaque d’un père d’élève, à partir du témoignage mensonger de sa fille (elle n’a pas assisté au cours) et appuyé par un faux iman plutôt islamo-droitiste, vues ses sympathies, mais il a été assassiné par un jeune de 18 ans, d’origine tchéchène, d’Evreux (à environ 90 km de Conflans), qui ne connaissait absolument pas sa victime et qui s’est radicalisé sans l’aide de l’UNEF ni même du CCIF.

Et du coup c’est l’université qui serait devenue le terreau fertile d’où surgissent des terroristes qui n’y ont jamais mis les pieds. Un islamo-gauchisme universitaire aux visages multiples : décoloniaux, indigénistes, racialistes, genristes, etc. Que certaines études universitaires – ce n’est pas d’aujourd’hui : faut-il rappeler qu’Elisabeth Teissier ‘astrologue’ est Docteure en sociologie grâce à Michel Mafessoli – soient fantaisistes, voire nuisibles, c’est fort possible. Il faut les dénoncer, les démonter plutôt, avec les armes intellectuelles de l’université.

Et faut-il rappeler aussi – alors qu’on cite souvent les dames Obono ou Diallo – ce que Todd a commis au lendemain des attentats de Charlie et ce qu’Onfray a commis au lendemain des attentats du Bataclan ? Les islamo-machins ne sont peut-être pas ceux que l’on croit.

Donc n’en déplaisent à ceux qui jettent l’anathème, mais osent parler de fatwa à leur encontre, on peut trouver des plus déplaisants telle tenue sans faire de son humeur la règle à imposer ; on peut, on doit, évidemment condamner des assassinats horribles, des attentats meurtriers, sans faire d’indécents amalgames accusateurs.

* Pour expliquer le port du voile, Leïla Babès écrit « Il peut y avoir des motivations identitaires pour se démarquer. Ça peut être lié à l’adolescence, à la recherche de soi, au poids de l’environnement. Et aussi un effet de communautarisation qui vient du ghetto : on a mis des gens de même appartenance dans les mêmes quartiers. Les raisons, donc, sont multiples. » 

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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 16:04
La voilée au pilori

Une coiffe  - assez laide de mon point de vue – sur la tête d’une étudiante a provoqué un de ces bouzes qui éclatent sur la toile – en particulier sur touitteur mais pas que – avant d’être chassé par un autre bouze. Baptisée « voile » - en fait une sorte de cagoule noire entourée d’une sorte de châle – elle s’est chargée de symboles. Marque identitaire – mais évidemment pas de la bonne identité – a affirmé Collomb, ministre de l’intérieur, marque d’un islamisme politique a surenchéri la secrétaire d’état à l’égalité,  Marlène Schiappa. Deux anciens présidents de l’UNEF sont montés au front, Julien Dray (qui s’est pris pour le fondateur de l’UNEF) et Bruno Julliard. Et ne parlons pas de Marianne, de Charlie-Hebdo, du Printemps Républicain et encore moins de la lie des « desouche ».

Si on remet le compteur à zéro, on constate :

1°) que la jeune étudiante a parfaitement le droit de porter cette coiffe ; certes d’aucuns, tel Jean-Pierre Obin, ex-IGEN, voudraient étendre la loi de 2004 dite loi Stasi, aux étudiantes, mais même Caroline Fourest, qu’on n’osera pas soupçonner de laïcisme mou, n’y est pas favorable.

2°) que l’UNEF se veut le syndicat de tous les étudiants ; et elle affirme « c’est à l’UNEF de s’adapter aux évolutions du monde étudiant pour mieux les prendre en compte, et non l’inverse. » « Le syndicalisme, pour reprendre la définition de la Charte d’Amiens, est une forme d’organisation que choisissent des individus afin de se regrouper pour assurer la défense de leurs intérêts matériels et moraux et cela, indépendamment des opinions politiques, philosophiques ou religieuses de chacun. » Donc les étudiantes dites voilées doivent être accueillies sans réserve dans cette organisation.

La voilée au pilori

Maryam Pougetoux discutant avec deux autres membres de l'UNEF (photo empruntée au New York Times)

En conséquence logique, si une étudiante adhérente de l’UNEF aspire à prendre des responsabilités dans le syndicat, c’est aux autres membres d’en décider selon leur procédure. Précisons d’ailleurs que Maryam Pougetoux n’est pas la porte-parole de l’UNEF nationale mais de l’université Paris IV. Rappelons encore, y compris au député insoumis  Quatennens, que l’UNEF n’est pas une administration publique soumise à l’obligation de neutralité et d’impartialité de l’État, notamment au plan religieux (loi de 1905), donc que ses représentants n’ont pas à s’astreindre au devoir de s’abstenir d’afficher leur opinion. Faut-il ajouter que cette syndicaliste, dans l’entretien, s’est contentée d’afficher l’opposition de son syndicat à la Loi ORE et à Parcoursup ? En aucun cas, elle n’a fait montre d’un quelconque prosélytisme et encore moins affiché le radicalisme religieux qu’on lui prête.

Néanmoins, cela lui a valu une UNE de Charlie que, pour une fois exceptionnellement d’accord avec Corbière, je juge dégueulasse. Qu’on ne brandisse pas la liberté de caricature de l’hebdo : elle n’annule pas la liberté d’opinion et d’expression des lecteurs.  Et la réponse juste insultante de Riss la semaine suivante démontre qu’il est entré dans une logique au mieux (?) « Printemps Républicain » au pire « Riposte laïque » (qui n’est absolument pas laïque mais xénophobe). Bouvet ou Cassen !

Et derrière cette obscène caricature, il y a non pas un prophète mort il y a plus de 13 siècles ou une prétendue vierge morte elle depuis 20 siècle, mais une jeune femme de 19 ans, de chair et de sang, juste déléguée d’une section syndicale (et pas, non plus, une personne publique au cuir épais). Les échos de cette une sur touitteur montre assez quel public applaudit : les identitaires de tout poil.

Chacun projette sur cette pièce de vêtement ses propres fantasmes et celles qui le portent le font aussi pour des raisons diverses – conformisme, croyance, voire provocation. En soi, si c’est souvent moche, ça n’a d’autres significations que celles qu’y mettent les unes, celles qui portent ce tissu, et les autres qui les scrutent. On peut d’ailleurs penser que, pour nos étudiantes, cet affichage ostensible, ne soit, comme le petit livre rouge qu’agitaient leurs lointains devanciers, que temporaire. Mais ce n’est certainement pas en les ostracisant avec mauvaise foi – sans jeu de mot – qu’on les convaincra d’abandonner ces oripeaux.

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