Manuel Valls n’a rien trouvé de mieux, histoire d’animer sans doute l’actualité politique estivale, que d’apporter son soutien aux Maires anti-burkini et de juger cette tenue, incommode et ridicule certes, contraire, cramponnons-nous, aux valeurs de la France, aux valeurs de la République ! Garde à vous ! colonne par deux ! pas cadencé ! et chant patriotique ! C’est à ces hautes et brûlantes préoccupations qu’on juge l’homme d’état que se croit être notre premier ministre !
Voilà les trois maires ripoublicains soutenus par Manuel Valls !
Avec un sens de l’amalgame à la hauteur de l’indécence dont ont fait preuve ses compagnons ripoublicains après l’attentat de Nice, le Maire de Cannes ose rapprocher cette tenue de plage assez grotesque des attaques terroristes contre « la France et les lieux de culte religieux » (pluriel assez singulier puisque un seul attentat terroriste a eu lieu dans un lieu de culte). Et son arrêté d'interdire "l'accès aux plages et à la baignade (...) à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité". Ces « bonnes mœurs » ont un côté cagot des plus plaisants et on peut comprendre que le monokini ou le string de bain qui, pourtant réjouissent l’œil de l’esthète, vont être pourchassés par les pandores ou les gardes pas champêtres mais plagistes. En revanche, on peut se demander quelle tenue de bain est conforme à la laïcité ?
Une course sans fin à l’interdit
Ce burkini manifesterait « de manière ostentatoire une appartenance religieuse ». Certains même, qui s’y connaissent en Islam comme moi en physique quantique, y voient une tenue, salafiste, wahhabite, pour tout dire islamiste. Et même, ajoute un Thierry Migoule, Directeur général des services de la ville de Cannes, "une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre" !
En fait, cette tenue est surtout grotesque et se veut provocatrice. Et ce n’est pas faire preuve d’une intelligence politique très futée que de tomber à pieds joints dans cette assez puérile provocation. Et de se lancer dans une course infinie à l’interdit. On l’a déjà vu avec les jupes ou robes longues.
Mais tôt ou tard les barbes trop fournies seront aussi considérées comme manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse voire à une allégeance à des mouvements terroristes !
D’autant que comme le rappelle justement C. Fourest, cette histoire d’ostentatoire est hors sujet : la plage n’est pas une salle de classe et les burkineuses ne sont pas des élèves. Et chacun est libre de manifester son appartenance religieuse, sur l’espace public ! Ainsi le soir du 15 août, quelques dizaines de bigot-te-s ont parcouru les rues de notre évêché crotté, dans une sorte de retraite aux flambeaux, en chantant d’archaïques cantiques, derrière des prêtres ensoutanés (peut-être même notre très réac évêque).
Inutile de dire – quoique… - que l’esthète que je suis préfère de loin d’autres spectacles sur les plages, pour le plaisir des yeux. Mais prôner de tels plaisirs n’est-ce pas risquer d’attirer les foudres des intégristes… féministes ?
En complément
Vu d’ailleurs. Burkini : “C’est ça, la laïcité ?”
Nadine Morano: « Il faut également interdire le burkini pour les hommes »
Paniques identitaires. Identité(s) et idéologie(s) au prisme des sciences sociales (introduction)
Nadine Morano organise aujourd’hui une assemblée populaire pour l’interdiction du burkini à Béziers, une ville déjà ralliée à sa cause puisqu’elle est très à droite et dirigée par le sympathisant FN Robert Ménard.
La candidate à la primaire des Républicains a également abordé un sujet qui l’est trop peu selon elle : le burkini masculin, qui s’impose de plus en plus dans nos mers.
Extraits de sa déclaration:
"De nombreux musulmans portent ces tenues et s’en servent pour nager en profondeur et on ne sait pas si ce sont des hommes ou des femmes dessous. En plus, ils pourraient se servir de leurs burkinis masculins pour nager sous la France et poser des bombes sous le territoire de l’Hexagone. Et la France ne possédant pas de système de surveillance sous-marin, comment identifier ces radicalisés dont on ne voit pas le visage ?"
Pour les femmes qui le portent, le burkini est un compromis entre la modernité et la foi
Les arguments utilisés par les antisémites dans les années 1920 sont aujourd’hui repris à propos de l'islam : incompatibilité culturelle et une loyauté plus grande accordée à la religion qu'à la nation.
Le groupe Etat islamique ou les talibans n’autoriseraient jamais le burkini. Au contraire, cette tenue est l’exemple même de la gentrification de la pratique religieuse musulmane dans l'espace occidental. Ce maillot de bain couvrant est symboliquement lié l’ascension sociale de certaines musulmanes. Le porter représente une tentative, pour des femmes, plutôt jeunes, de poser un signe religieux sur une pratique moderne, c'est-à-dire la baignade en famille.
Les débats sur le port du burkini et de la burka, par exemple, doivent être distingués, car le burkini est une invention récente [créé en 2003 en Australie], qui fait sauter les fondamentalistes au plafond. Pour ces derniers, une femme n’a pas à se promener sur la plage, et encore moins se baigner ! Donc le burkini est, au contraire, une tenue moderne, qui n'a rien de traditionnel ou de fondamentaliste.
De plus, l’acceptation de signes religieux, comme le burkini, dans l’espace public, est la meilleure manière de saper l’influence des fondamentalistes. Plus on éloigne la pratique religieuse de l’espace public, plus on laisse le champ libre aux extrémismes religieux. Il faut donc, au contraire, laisser aux individus une certaine forme de liberté dans l'expression de leur religiosité.
Nous n’avons aucune preuve qu’une longue pratique religieuse pousse au jihadisme. Selon moi, c’est même exactement le contraire. Tous les terroristes, que ce soit les frères Kouachi, Amedy Coulibaly, ou encore Adel Kermiche, sont ce que l’on appelle des "born again", des personnes qui font un soudain retour au religieux, dans une perspective de radicalisation.
On peut, bien entendu, se poser de nombreuses questions théologiques sur l’islam. Mais le port du foulard à l'université, du burkini, ou le débat sur la viande halal ne sont pas des problématiques propres à l'islam. Elles sont liées à l'évolution de l'acceptation des signes religieux en France, au même titre que la soutane, la kipa ou la viande casher.
La conception de la laïcité française a considérablement évolué depuis la loi de 1905, sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cette législation ne dit rien sur les religions. Il n'y a donc pas lieu d'interdire le voile à l'université ou le burkini. Dans son essence, la laïcité ne devait pas chasser le religieux de l’espace public, mais seulement organiser la gestion des lieux de culte. Mais la laïcité est devenue une idéologie politique, qui sert à exclure la religion vers l'espace privé. Il y a désormais une "morale laïque".
Olivier ROY Extraits
Reçu par courriel d’un membre éminent de l’AAA, un texte de Fawzia Zouari, écrivaine et journaliste tunisienne, docteur en littérature française et comparée de la Sorbonne, paru dans « Jeune Afrique », avec la photo d’interdiction de burkini à l’entrée du parc aquatique Oasiria de Marrakech.
Or le Maroc n’interdit pas le burkini – au demeurant rare – sur les plages. Pour justifier l’interdiction dans des piscines sont invoquées les raisons d’hygiène, qui ne jouent guère pour des bains de mer. Cet interdit serait-il général – ce qui n’est pas le cas – qu’il ne justifierait pas le nôtre, en raison même de la laïcité dont les bases restent la Loi de 1905, une loi libérale (au sens politique du mot) qui se refusait à faire la police de l’habillement ou d’interdire les manifestations publiques des cultes.
Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d’Allah et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques.
Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes; où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins comme des outres de haine et de sang; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l’âge de 9 ans.
Et puis ces jours où j’entends des mamans chrétiennes confier en sanglotant que leur progéniture convertie à l’islam refuse de les toucher sous prétexte qu’elles sont impures.
Quand j’entends pleurer ce père musulman parce qu’il ne sait pas pourquoi son garçon est allé se faire tuer en Syrie. À l’heure où celui-ci parade dans les faubourgs d’Alep, kalachnikov en bandoulière, en attendant de se repaître d’une gamine venue de la banlieue de Tunis ou de Londres, à qui l’on a fait croire que le viol est un laissez-passer pour le paradis.
Ces jours où je vois les Bill Gates dépenser leur argent pour les petits Africains et les François Pinault pour les artistes de leur continent, tandis que les cheikhs du Golfe dilapident leur fortune dans les casinos et les maisons de charme et qu’il ne vient pas à l’idée des nababs du Maghreb de penser au chômeur qui crève la faim, au poète qui vit en clandestin, à l’artiste qui n’a pas de quoi s’acheter un pinceau.
Et tous ces croyants qui se prennent pour les inventeurs de la poudre alors qu’ils ne savent pas nouer une cravate, et je ne parle pas de leur incapacité à fabriquer une tablette ou une voiture.
Les mêmes qui dénombrent les miracles de la science dans le Coran et sont dénués du plus petit savoir capable de faire reculer les maladies.
Non ! L’Occident, ces prêcheurs pleins d’arrogance le vomissent, bien qu’ils ne puissent se passer de ses portables, de ses médicaments, de ses progrès en tous genres.
Et la cacophonie de ces « révolutions » qui tombent entre des mains obscurantistes comme le fruit de l’arbre.
Ces islamistes qui parlent de démocratie et n’en croient pas un mot, qui clament le respect des femmes et les traitent en esclaves.
Et ces gourdes qui se voilent et se courbent au lieu de flairer le piège, qui revendiquent le statut de co-épouse, de complémentaire, de moins que rien !
Ces jours, enfin, où je cherche le salut et ne le trouve nulle part, même pas auprès d’une élite intellectuelle arabe qui sévit sur les antennes et ignore le terrain, qui vitupère le jour et finit dans les bars la nuit, qui parle principes et se vend pour une poignée de dollars, qui fait du bruit et qui ne sert à rien !
Voilà, c’était mon quart d’heure de colère contre les miens... Souhaitons que l'Occident ouvre les yeux....
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