« Picasso est peintre, moi aussi ; Picasso est Espagnol, moi aussi ; Picasso est communiste, moi non plus ». Le seul avec qui il daignait se comparer était donc son compatriote. Il disait pis que pendre de Matisse.
Né à Figueres en 1904, mort à Figueres en 1989, entre temps, dans l'entre deux guerres, il avait été l'ami de Federico Garcia Lorca et de Bunuel, avec qui il collabora pour Le chien andalou et L'âge d'or, films surréalistes. Il fut l'ami du photographe Man Ray. Il a bien sûr côtoyé le pape du surréalisme, André Breton, et bien que celui-ci l'ait excommunié, car trop « avide à dollar », il se proclamera le seul peintre surréaliste.
Rencontres encore avec les poètes Crevel et surtout Eluard, qui lors d'un séjour à Cadaques verra son épouse Gala rester aux côtés de Dali dont l'état nerveux était plus qu'inquiétant. Aussi peu sympathique qu'elle ait pu paraître (âpre au gain, dévoreuse de jeunes amants, revêche, etc.), c'est elle qui sut canaliser cette hyper-nervosité vers une création intense, en étant son « manager », en assurant relations publiques, commandes et ventes et en le condamnant parfois aux travaux forcés.
Dali, bien avant de prétendus artistes contemporains, fut adepte de performances. Une série de photos d'Halsman en témoigne. C'est lui aussi qui invite la Chunga à danser son flamenco sur une toile, ses pieds piétinant les peintures étalées pour en faire une oeuvre (donc anticipant sur les anthropométries de KLein). La plupart de ses apparitions publiques furent de véritables happening.
Il eut sa période rhinocérentique où la corne de rhinocéros était pour lui le symbole suprême, phallique à l'évidence. Et grâce à lui, la gare de Perpignan acquit une réputation mondiale quand il décréta qu'elle était le centre cosmique du monde.
La méthode paranoïaque critique fut à la base de son œuvre :
« L'activité paranoïa-critique est en fait une méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l'association interprétative-critique des phénomènes délirants. La présence des éléments actifs et systématiques propres à la paranoïa garantit le caractère évolutif et productif propre à l'activité paranoïa-critique. Cela ne suppose pas l'idée de pensée dirigée volontairement, ni de compromis intellectuel quelconque. L'activité critique intervient uniquement comme liquide révélateur des images, associations cohérentes systématiques. L'activité paranoïa-critique est une force organisatrice et productrice de hasard objectif. C'est l'organisation systématique-interprétative du sensationnel matériel, expérimental, surréaliste, épars et narcissique.»
« Matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision les images de l'irrationalité concrète, qui provisoirement ne sont pas explicables ni réductibles par les systèmes de l'intuition logique, ni par les mécanismes rationnels. »
Quelques sites :
- http://www.universdali.com/salvador_dali.html
- http://www.salvador-dali.org/dali/fr_biografia.html
- http://www.daliphoto.com/
Et surtout
Catálogo Razonado de Salvador Dalí
Le petit montage qui suit (sélection tout à fait arbitraire et qui ne donne qu'un petit aperçu de l'œuvre du maître) illustre un entretien de Dali (piqué sur la toile) où l'on retrouve son incomparable phrasé.
La vidéo - transcrite dans un format plus léger par kizoa est de qualité très médiocre - elle est disponible dans son format d'origine (7,3MO) téléchargeable ci-dessous.
A télécharger (7,3 MO)
PLAYBOY
En 1973, Salvador Dalí accepte de diriger une série de photos pour la revue Playboy. Il avait 69 ans et son amour pour l'argent était insatiable. Il ne cacha donc pas que sa motivation pour ce travail était que Playboy payait bien (el pago estuvo a la altura de la ocasión).
Photographe : Pompeo Posar.
PORT LLIGAT
Le repaire de Salvador Dalí, une cahute devenue un palais sensationnel
De la bicoque de pêcheurs achetée avec son épouse Gala, à Portlligat, en Catalogne, Salvador Dalí avait fait une demeure extraordinaire. C’est aujourd’hui un musée que la photographe Coco Capitán a eu le loisir d’explorer, s’immergeant dans la pensée du peintre surréaliste, auquel Quentin Dupieux consacre un film, en salle le 7 février.
M le magazine du Monde 27/01/2024
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