Fusils en main les Forces Armées du Venezuela appellent au dialogue et à la paix !
Le cher Bruno Gaccio – ex-scénariste des Guignols de l’Info du temps de leur splendeur, devenu mélenchonniste fanatique – se fait l’écho de tout ce qui glorifie Maduro. Ainsi cite-t-il le Guardian. Lien exploré, il s’agit d’un courrier d’un lecteur plutôt bas de plafond et absolument pas d’un article du Guardian lui-même. Mais présenté comme tel par notre Gaccio. En toute honnêteté intellectuelle bien sûr ! Et juste après, le vla qui cite un touitte d’un certain Olivier Berruyer. Non rien à voir avec Béru, le Bérurier de San Antonio. Il n’a pas du tout la tête à cela, l’actuaire. Mais il tient un blog – Les Crises – loué par Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Lordon et Ancelin ! Que du beau monde, avec en prime Arrêt-sur-Images de Schneidermann pour faire chorus.
Comme le Berruyer m’a « bloqué », à l'instar d'un toubib médiatique, j’ai jeté un coup d’œil sur son blog aux si prestigieux parrainages. Et je tombe sur un article intitulé « Cinq mythes sur la crise (et ce qui se passe réellement au Venezuela), par la BBC », 31 juillet 2017. Du Gaccio en mieux encore, car Daniel Pardo, l’auteur, lui, est bien journaliste de la BBC. Il fait un peu le point sur trois années passées au Venezuela.
De mal en pis
L’article lui-même veut nuancer des affirmations péremptoires sur la crise vénézuélienne. Mais il démarre quand même par ce chapô : « Lors des trois dernières années, la crise au Venezuela est allée de mal en pis (de castaño a oscuro). »
Le premier mythe auquel il s’attaque est la supposée famine au Venezuela. Il ne s’agit pas de la famine telle qu’elle est définie par le programme alimentaire mondial des Nations Unies. Cependant, 43% des ménages subissent une pénurie de produits de base tels que le riz, la farine ou le lait. Et la malnutrition touche entre 20 et 25 % de la population.
Le deuxième mythe serait que le Venezuela serait devenu Cuba. Outre la situation géographique – le Venezuela n’est pas une île et en plus des dizaines de milliers de personnes qui vont se ravitailler en Colombie, l’émigration massive se fait par la terre ferme – Pardo met en avant le secteur privé encore présent. Mais il souligne cependant la cubanisation que reflètent les files d’attente pour acheter des produits rationnés. Et il note restrictions et expropriations de l’État qui exerce un contrôle croissant sur l’économie, avec la militarisation du gouvernement.
Est-ce une dictature ? Le journaliste note qu’il y a une opposition, même si elle est empêchée d’exercer ses droits politiques (et que certains de ses membres sont emprisonnés ou assignés à résidence). Il y a une presse d’opposition mais privée du papier pour imprimer et dont beaucoup de journalistes sont poursuivis.
Qu’en est-il du rejet de Maduro ? Selon diverses enquêtes, Maduro est soutenu par 20 à 30% de la population. Mais quand on interroge en off des chavistes qui, dans les sondages, disent soutenir Maduro, "la parole se libère et coule alors un flot d’insultes contre le Président". Leur soutien est motivé par la peur de perdre des avantages sociaux (bons alimentaires, pension, logement, etc.).
Le dernier mythe repose sur une réalité l’insécurité mortifère du pays en général et de Caracas en particulier. Une réalité mais qui n’empêcherait pas la vie quotidienne de se dérouler.
L’article a provoqué des commentaires de haute volée – ânonymes bien sûr. Ainsi un 'Toff de Aix' (sic) nous assène que « Nous en sommes au point où la narrative (resic) officielle sur la “dictature venezuelienne” se heurte au mur de la réalité. » et entre autres monstruosités : « Il y a la famine au Venezuela, mais il y meurt moins de gens de faim et de froid que dans notre “beau pays des droits de l’homme”. » (On conviendra qu'en ce qui concerne "mourir de froid" ce Toff a parfaitement raison). Et quand il ajoute que Maduro a « fait élire une constituante avec un système électoral non truqué, internationalement reconnu comme valide par la CEO(?) », devant un tel degré de malhonnêteté délibérée on ne peut que tirer son chapeau. Un peu probable Kazhim, lui, pense que « les pauvres du vénézuela ont plus de liberté et de droits que les pauvre d’Angleterre. » Quant à Pepin Lecourt, il affirme que « Pour la faim, petit rappel aux USA il y a chaque jour en moyenne 46 millions de personnes devant faire la queue, souvent dès 6 heures du matin devant la Soupe Populaire ( Source BusinesBourse ) et un américain sur 7 déclare se coucher en ayant encore faim (source Joseph Stiglitz* dans ” Triomphe de la cupidité) “performances” que l’on évite soigneusement d’évoquer dans nos médias. »
Trucage
Sauf que si l’article est authentique, le cher Berruyer a procédé à un petit trucage, tout simple : 5 mitos sobre la crisis en Venezuela (y lo que pasa en realidad) est daté du 21 julio 2016, sa traduction parue le 21 août 2017 est datée, elle, du 21 juillet 2017 ! Et entre temps il y a eu l’élection truquée d’une assemblée constituante – faut-il encore rappeler que la Constitution actuelle est l’œuvre d’Hugo Chavez ? – véritable coup d’état institutionnel de Maduro et sa clique.
Et Berruyer a oublié de faire traduire d’autres articles de Daniel Pardo. Ainsi, dès mai 2016, sous le titre « tes patients meurent parce que tu n’as pas de quoi les traiter », mots qu’il met dans la bouche d’une Docteure d’un des plus grands hôpitaux de Caracas, décrit il l’état lamentable du système de santé faute de produits et surtout de médicaments. La fédération pharmaceutique vénézuélienne affirmait qu’en avril 2016, 85 % des pharmacies ne disposaient plus des médicaments de bases et que seulement 5 % des hôpitaux pouvaient opérer dans des conditions normales.
Il oublie aussi, bien sûr, de parler de l’ex-procureure générale, Luisa Ortega Díaz, une femme qui naguère parlait d’Hugo Chávez comme l’homme le plus humaniste qui a existé sur cette planète (“hombre más humanista que ha existido en el planeta”) a dû, avec son mari, député, chaviste comme elle, demander l’asile politique en Colombie.
Et ceux qui ont l’indécence d’oser comparer cette ganache de Maduro à Allende oublient que c’est la bravache qui tient l’armée. Si Pinochet il y a, il viendra de son propre camp !
Et ni Gaccio, ni Berruyer (et encore moins leurs hyaineux commentateurs) n’ont entendu parler du rapport du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) qui dénonçait début août l’effondrement de l’état de Droit « dans un climat d'attaques constantes du gouvernement contre l'Assemblée nationale et la procureure générale » et depuis la situation s’est aggravée puisque l’Assemblée nationale est privée de tout pouvoir et la procureure générale a été révoquée arbitrairement.
Rapport qui fait également état d’arrestations arbitraires d’au moins 5000 opposants, avec usage de la torture !
Pour Gaccio et la clique désinformatrice l'ordre règne à Varsovie, pardon à Caracas !
*Stiglitz en 2007, du temps où Chavez peaufinait une Constitution que Maduro veut mettre à bas, proclamait: “Crecimiento venezolano es impresionante” (la croissance vénézuélienne est impressionnante) ; aujourd'hui que dit-il sur l'impressionnante dévalorisation de la monnaie, l'inflation galopante et les pénuries généralisées ?
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