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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 11:07
L'Art de péter

« Pisser sans péter, c’est aller à Dieppe sans voir la mer

Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut

Après les essentielles questions sur la lecture ou pas aux WC, les vertus anti-dépressibve du sperme, le pubis lisse ou pas, les vertus et dangers de la masturbation, et les risques de la pornographie sans oublier ceux du tabac, voici donc un « Essai théori-physique et méthodique à l'usage des personnes constipées, des personnes graves et austères, des dames mélancoliques et de tous ceux qui restent esclaves du préjugé » sur l’Art de péter.

Cet essai, dont la première édition « En Westphalie, chez Florent Q, rue Pet-en-Gueule, au Soufflet » date de 1751, est l’oeuvre d’un professeur de Latin à l’Académie militaire. Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, était également membre de la Société du bout du banc, un des plus célèbres salons littéraires du XVIIIe siècle qui se tenait chez Mlle Quineault et où s’illustraient le duc d’Orléans, Voltaire, Marivaux, Rousseau, Diderot ainsi que de nombreux autres philosophes et poètes. Et c’est la très sérieuse maison Payot qui a assuré la réédition de cet essai.

La portée didactique est donnée d’entrée par l’avis au lecteur : « Il est honteux que depuis le temps que vous pétez, vous ne sachiez pas encore comment vous le faites, et comment vous devez le faire. On s’imagine communément que les pets ne diffèrent que du petit au grand, et qu’au fond ils sont tous de la même espèce : erreur grossière. Cette matière que je vais vous offre aujourd’hui, analysée avec toute l’exactitude possible, avait été extrêmement négligée jusqu’à présent ; non pas qu’on la jugeât indigne d’être maniée, mais parce que ne l’estimait pas susceptible d’une certaine méthode et de nouvelles découvertes. On se trompait. Péter est un art et, par conséquent, une chose utile à la vie. Il est en effet plus essentiel qu’on ne pense ordinairement de savoir péter à propos ».

L'Art de péter

  Et sa haute portée scientifique apparaît dans la définition du pet «Le pet, que les Grecs nomment πορδή, les Latins, crepitus ventris, l’ancien Saxon, purten ou furten, le haut Allemand, Fartzen, et l’Anglais, fart, est un composé de vents qui sortent tantôt avec bruit, et tantôt sourdement et sans en faire. […] Le pet est en général un vent renfermé dans le bas-ventre, causé, comme les médecins le prétendent, par le débordement d’une pituite attiédie, qu’une chaleur faible a atténuée et détachée sans la dissoudre ; ou produite par l’usage de quelques ingrédients venteux ou aliments de même nature. On peut encore le définir comme un air comprimé, qui cherchant à s’échapper, parcourt les parties internes du corps, et sort enfin avec précipitation quant il trouve une issue que la bienséance empêche de nommer… Comme le dit le proverbe, pour vivre sain et longuement, il faut donner à son cul vent. »

"Un Pet qui, pour sortir, a fait un vain effort,
Dans les flancs déchirés reportant sa furie,
Souvent cause la mort.
D'un mortel constipé qui touche au sombre bord,
Un Pet à temps lâché, pourrait sauver la vie."

Travail scientifique qui se poursuit par une savante distinction du pet et du rot, avant de disserter savamment sur les sonorités voire la musicalité du son du corps qu’est le pet. « Les grimauds de grammaire divisent les lettres en voyelles et en consonnes; ces Messieurs effleurent ordinairement la matière: mais nous qui faisons profession de la faire sentir et goûter telle qu'elle est, nous divisons les pets en vocaux, et en muets, ou vesses proprement dites.

Les pets vocaux sont naturellement appelés pétards, du mot péter, relativement aux espèces différentes des sons qu'ils produisent, comme si le bas-ventre était rempli de pétards. (…) Or, le pétard est un éclat bruyant, engendré par des vapeurs sèches. Il est grand ou petit, selon la variété de ses causes ou de ses circonstances. Le grand pétard est plénivocal, ou vocal, par excellence; et le petit s'appelle semivocal. »

  Un aperçu de quelques pets plaisants nous apprend que les pets de province « ne sont pas si falsifiés que ceux de Paris, où l’on raffine sur tout. On ne les sert pas avec tant d’étalage ; mais ils sont naturels et ont un petit goût salin, semblable à celui des huîtres vertes. Ils réveillent agréablement l’appétit. »

Et « le pet de bourgeoise est d’un assez bon fumet, lorsqu’il est bien dodu et proprement accommodé et que, faute d’autres, on peut très bien s’en contenter. »

Quant aux pets de cocus, « il y en a de deux sortes. Les uns sont doux, affables, mous. Ce sont les pets des cocus volontaires : ils ne sont pas malfaisants. Les autres sont brusques, sans raison et furieux ; il faut s’en donner de garde. Ils ressemblent au limaçon, qui ne sort de sa coquille que les cornes les premières. »

La conclusion s’impose : « Le pet étant agréable, son utilité, tant particulière que générale, étant bien démontrée, sa prétendue indécence combattue et détruite, qui pourra lui refuser son suffrage ? ».

L'Art de péter
L'Art de péter

L'art de péter de Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, éditions Payot, 2006

 

Gallica (BNF) propose le fac-similé de l'édition originale

Mais d'une lecture plus facile dans la version wikisource

 

Et, pour compléter, on peut lire Rabelais et l’art de péter honnêtement en société et Le son du corps, ou l’âme en pet

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 07:21
Le pape dénonce "La mondialisation de l’indifférence"

« La mondialisation de l’indifférence nous rend tous « innommés », responsables sans nom et sans visage ». Le pape François, dans sa visite dans l’île de Lampedusa, a pris une dimension humanitaire qu’aucun de ses  prédécesseurs n’avait osé prendre. Un pape de plain  pied avec des immigrés survivants, serrant les mains sans aucune onctuosité papale. Et souhaitant un bon ramadan à ceux d’entre eux qui pouvaient être de confession musulmane.

« Qui est le responsable de ce sang? Dans la littérature espagnole, il y a une comédie de Lope de Vega qui raconte comment les habitants de la ville de Fuente Ovejuna tuèrent le Gouverneur (…) et le font de façon à ce qu’on ne sache pas qui l’a exécuté. Et quand le juge du roi demande : « Qui a tué le Gouverneur? », tous répondent : « Fuente Ovejuna, Monsieur ». Tous et personne! Aujourdhui aussi cette question émerge avec force: qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs? Personne! Tous nous répondons ainsi: ce nest pas moi, moi je ne suis pas dici, ce sont dautres, certainement pas moi. (…)  Aujourd’hui, personne dans le monde ne se sent responsable de cela; nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle; (…)  nous regardons le frère à demi mort sur le bord de la route, peut-être pensons-nous « le pauvre », et continuons notre route, ce n’est pas notre affaire; et avec cela nous nous mettons l’âme en paix, nous nous sentons en règle. La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais ne sont rien; elles sont lillusion du futile, du provisoire, illusion qui porte à lindifférence envers les autres, et même à la mondialisation de lindifférence. Dans ce monde de la mondialisation, nous sommes tombés dans la mondialisation de l’indifférence. Nous sommes habitués à la souffrance de l’autre, cela ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire! » (extraits du texte complet)

Le pape dénonce "La mondialisation de l’indifférence"

« Grâce à dieu, je suis athée » disait malicieusement Luis Buňuel. On ne me soupçonnera pas de quelque complaisance à l’égard de Bergoglio. Au mieux, il a fait preuve d’une prudence très jésuitique sous la dictature des généraux. Et il ne résiste guère à la tentation du cléricalisme.

 

Mais là, sur le terrain de ce que d’aucuns nomment avec mépris le « droit de l’hommisme », il parle clair et fort.

 

Si j’ai gommé dans cette longue citation les quelques passages explicitement religieux, j’ai gardé bien sûr, les références répétées aux « frères et sœurs », à la « responsabilité fraternelle ». La devise républicaine – la nôtre – n’est-elle pas « Liberté, égalité, fraternité ».

 

Ça serait rabaisser le message papal que de le rapprocher de propos nauséabonds – visant d’ailleurs des Français à part entière même si on veut les mettre complètement à part – mais combien d’hommes politiques ont eu le courage de parler ce langage de vérité ? Peut-être un Michel Rocard, à qui l’on a fait dire –sciemment – le contraire de ce qu’il affirmait : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre toute sa part ». Que mon camarade Manuel Valls n’oublie pas ce message.

 

Que les anti-calottins se rassurent : je n’abandonnerai pas cette veine dont les racines remontent au moins à un certain Rabelais (moine de son état, paraît-il). Encore moins l’anti-cléricalisme, le combat de plus en plus d’actualité contre l’intrusion du spirituel dans le temporel. Mais, quand un pape dit ce qu’il faut dire, on ne peut qu’applaudir !

  

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