Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 18:01
Attali, l’euthanasie et Magnat

Comment un poète qui se croit de gôche relaie une saloperie d’un site d’extrême-droite et comment les cagots, avec l’appui de la même extrême-droite essaient de bloquer le débat sur le droit à une fin de vie dans la dignité.

 

Un certain Benoist Magnat m’envoie ses « lettres de nouvelles »(en engliche newsletter), une fois sur deux sur la poésie, une autre fois une compilation de dessins, photo-montages et historiettes pompés ici ou là.

Cet envoi baptisé « L’Ara qui rit », hommage donc à Harakiri, le seul, le vrai est devenu « Le nouveau cheval qui rit ». Et le compilateur se met à éditorialiser.  Du sous-Mélenchon teinté d’un vague anarchisme où il pourfend l’état UMPS, cible bi-front (national et de gauche). Ça se conclut par un Que faire ? léninien, mais la réponse laisse un peu perplexe : « Ah ouais bonne question, même si les réponses d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’hier. Creusons-nous la tête bon sang, jusqu’à la cervelle et mettons nos neurones en liaison avec tous les autres et cherchons cherchons que diable et rapidement car l’enfer est ici et maintenant. »

Suivent quelques images anti-Hollande dont l’une en forme de souhait pour l’an neuf, 2014, représente le Président en fusée expulsée de l’Elysée avec ce commentaire Faisons un rêve pour le premier de l’an 2014, on l’allume et bon départ pour une autre planète (la pauvre). Tout-à-fait dans la ligne des UMPistes qui considèrent que tout Président de gauche est illégitime.

Du « Hollande bashing » niveau Valeurs actuelles. Et pas éloigné de ces « valeurs » là, puisqu’il écrit plus loin : « Ben, ils sont contents les Suisses, plus Hollande taxe, plus les riches Français réfugient leur pognon en Suisse. » Un dizaine d’images anti-Hollande plus loin, deux montages un peu minables d’ailleurs, sur NKM, un anti F-Haine, un sur les Balkany.

Enfin ce montage sur Attali. Tiré d’un site « Orages d’acier », site qui défend les anti-mariage pour tous, proclame que « L’antiracisme, arme idéologique de la gauche, ne fait plus recette. », défend Dieudonné et les légionnaires qui se font tatouer des croix celtiques, se réjouit que des partisans de la fronde fiscale aient perturbé la cérémonie du 11 novembre, et appelle à soutenir Esteban (Morillo, inculpé dans le meurtre de Clément Méric) à Neuilly-Saint-Front, ça ne s’invente pas. Magnat a mis du temps à collecter l’image qui date de septembre et fait allusion clairement au 70e anniversaire de J. Attali le 1er novembre 2013.

 

Tapez sur un moteur de recherche Attali et l’euthanasie et vous tombez sur un article de « Laissez les vivre », le site des disciples du Professeur Lejeune, anti-IVG ! Les citations sont tirées d’un livre de prospective de Michel Salomon "L'Avenir de la Vie" (Seghers, 1981). Une série d’entretiens portant sur le futur millénaire, l’après 2000. Dans le cadre de cet ouvrage, on lui pose la question : est-il souhaitable et possible de vivre cent vingt ans ? Attali, futur conseiller du prince à l’époque, se place dans « la logique même de la société industrielle » : « dès qu'on dépasse 60/65 ans, l'homme vit plus longtemps qu'il ne produit et il coûte cher à la société. »

L’attaque avait commencé dès 1981, alors qu’Attali venait d’entrer à l’Élysée. S’appuyant sur cette réponse, la revue Profils médicaux sociaux l’accuse de préconiser le génocide des vieux. Le Quotidien de Paris et Le Figaro reprennent l’accusation. Cependant, quatre ans plus tard, le tribunal de Paris condamnera la revue pour diffamation. (M-A Lamontagne)

Les cagots et les nostalgiques d’Occident et de sa croix celtique  feignent toujours de le prendre au 1er degré, comme si on accusait Orwell d’avoir inspiré la NSA !

 

Des sociétés dominées par des vieux riches

Attali est revenu presque 20 ans après sur ce thème. « …on se réjouit de voir augmenter de 50 % les dépenses de téléphones portables et on se plaint quand les dépenses de santé augmentent de 3 %. On freine la croissance des dépenses de santé en imposant des quotas globaux et on refuse de combattre les gaspillages individuels des médecins, alors qu’il faudrait faire exactement l’inverse : interdire aux médecins, individuellement, de gaspiller mais leur permettre, collectivement, d’utiliser tous les progrès qu’ils génèrent.

Cela s’explique par la nature profonde du pouvoir dans nos sociétés, dominées par les vieux riches, ce qui s’exprime par la priorité donnée à la lutte contre l’inflation sur celle contre le chômage et par la prééminence des fonds de pension. Or la rentabilité du capital que gèrent ces fonds pour le compte des plus riches est grevée par les dépenses de santé et d’éducation. On les verra donc s’efforcer de plus en plus de limiter ces dépenses. Naturellement, lorsqu’elles sont faites [pour] les autres. Car les plus riches n’accepteront évidemment pas qu’on limite leur droit de se soigner en fin de vie. Ni qu’on réduise le droit aux études de leurs propres petits-enfants. […]

La vraie pensée unique

Telle est la vraie pensée unique : celle qui sert à imposer aux pauvres des contraintes que les riches refusent de s’appliquer à eux-mêmes. Elle conduira à l’euthanasie implicite de presque tous, au nom du respect de grands équilibres que les plus riches n’auront pas à maintenir.

Sortir de la pensée unique, ce n’est donc pas, comme le croient certains en mal de combats anachroniques, se battre contre le traité d’Amsterdam, ni contre l’équilibre budgétaire ; c’est refuser toute contrainte imposée sans raison sur la part des soins et de l’éducation dans le revenu national. » Le Monde 6 janvier 1999

 

La résurgence de cette attaque ancienne contre Attali n’est pas un hasard. Il s’agit, par des accusations outrancières, des procès en sorcellerie, de bloquer toute vraie réflexion, tout vrai débat, sur une politique de santé intelligente et sur le droit à une mort digne. La priorité est-elle de repousser encore et encore l’espérance de vie quitte à la prolonger artificiellement ou d’améliorer au maximum l’espérance de vie en bon état physique et mental ? Ouvrira-t-on le droit à choisir librement, pour chacune, chacun, sa fin de vie, dans la dignité ?

 

 

Attali, l’euthanasie et Magnat

N.B. On ne me soupçonnera pas d’un « attalisme » forcené puisque j’ai eu quelques échanges musclés avec le camarade Jean Kaspar, à propos d’un rapport Attali en 2008 : Attali et Kaspar Digitum in oculum !

Repost0
11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 15:56

Le doigt dans l’œil… et ça fait mal !
 

Sortie du rapport Attali, je découvre, parmi les 43 membres de la commission censée trouver la pierre philosophale pour libérer la croissance de la France, le nom de Jean Kaspar. Cet ex-secrétaire Manif75Kaspar.JPGgénéral de la CFDT avait animé une table-ronde d’un colloque d’Education & Devenir, association dont je suis le ouèbemaître. Je croyais donc tenir le scoop en suscitant les commentaires d’un des co-auteurs du rapport.

Un questionnaire un peu musclé – un ex-syndicaliste n’aura pas peur du parler franc – et j’obtiendrais des explicitations sur des propositions apparemment libérales (au sens doctrinal du mot) qu’il avait cautionnées.

Las, las, las… rien de cela.

Comme j’avais comparé la composition de la commission à celle fameuse du pâté d’alouette (une alouette, un cheval), il feint de prendre cette alouette de social opposée à un cheval de capital, pour une attaque personnelle : Votre jugement sur la composition de la commission est vexant pour l'alouette que je suis à vos yeux.

Et la réponse à un questionnement à la troisième personne va prendre ce ton de contre-attaque personnelle : j'aurais aimé que vous mettiez en avant, pensez-vous sérieusement…

D’explicitation point, mais de la langue de bois si ! Je pense que sur l'ensemble des mesures, il y a une majorité d'entre-elles qui s'impose que l'on soit de gauche ou de droite. Une telle démarche s'impose d'autant plus qu'il me semble essentiel, sur une question aussi fondamentale que l'École, de dépasser quelques clivages pour les transcender dans une volonté commune pour mettre l'école et la formation des enfants et des jeunes au centre des préoccupations et de l'action de notre société. Voilà qui rappelle un peu le discours pouvant servir en toute circonstance de Pierre Dac.

 

Sur la composition de la commission, il était noté qu’elle ne comportait aucun expert de l’éducation qui aurait au moins permis d’éviter de parler d’établissements élémentaires qui n’existent pas au sens juridique du terme. Réponse des plus cocasses : Votre raisonnement fait penser que vous estimez que seuls les spécialistes peuvent avoir un raisonnement pertinent. Par comparaison, cela conduit à considérer que l'économie doit être laissée aux économistes, l’exemple des économistes étant le plus mal choisi, puisqu’outre l’omniscient Président, la commission comptait pas moins de cinq économistes affichés ! mais foin d’expertise en éducation, puisque j'ai enseigné comme professeur Associé à l'Université de Marne-la-Vallée pendant près de 10 ans. Je continue à animer quelques cours au CNAM, à Sciences-Po et à l'IAE de Paris. Et Attali lui-même d’en rajouter une couche dans un courriel : il y a plus de DOUZE prof dans la commission : Toi, moi, Eric Orsenna, Delpla, Weinberg, Villeroy, Lebras, Monti, Aghion, Boissieu, Bassanini, Zeldin Enseigner à Harvard, par exemple, donne bien sûr une parfaite connaissance du système éducatif et tout particulièrement de l’enseignement élémentaire et secondaire !


A la réception du document, je lui faisais part de ma déconvenue : « Votre réponse m'a laissé quelque peu abasourdi.

Comme disait le "camarade" Jacques Julliard, du temps où il était au BN de la CFDT (et aussi à la Commission exécutive du sgen), vous avez fait une lecture symptomale du questionnement. Le mot d'Attali que vous m'avez fait suivre est affligeant, avec cette énumération d'intervenants dans l'enseignement supérieur entre autres activités, ce qui apparemment ne leur a pas donné le temps de savoir qu'il n'y a pas à proprement parler d'établissements élémentaires à qui accorder une plus grande autonomie (qui ne voudrait pas dire grand chose d'ailleurs pour nos écoles à classe unique ou à deux ou trois classes).

J'ai tenté de répondre à vos "commentaires" dont le ton crispé est malheureusement au diapason de celui de M. Attali qui semble considérer toute critique comme une insulte personnelle.

Le-chat.JPGHeureusement "Le chat" est venu me consoler de ma grande déconvenue (j'espère que Geluck me pardonnera un petit détournement de bulle), car naïvement j'attendais une réponse précise, argumentée, développant les raisons qui justifiaient telle ou telle proposition, réponse qui aurait pu provoquer un vrai débat parmi nos adhérents et au delà. Sorry, »

Ce « sorry » faisait écho à une réponse sur l’enseignement de l’anglais, ajouté au socle commun avec l’informatique, l'utilisation de l'informatique et la maîtrise de l'Anglais dès le plus jeune âge, fait partie, que cela plaise ou non, des fondamentaux Que voilà une réponse argumentée, même s’il s’agit d’argument d’autorité.

Des interrogations précises sur la façon de gérer un vivier national de profs où les établissements viendraient puiser, sur l’absence d’incitation à un travail plus collectif des enseignants sont restées sans réponse.

Ne parlons pas des « droits à l’école » façon pudique de désigner des chéques éducation modèle Madelin, là encore une réponse en LdB massif et imputrescible : Les propositions de la commission ne traduisent pas une vision marchande mais un ensemble de mesures qui devraient nous permettre d'améliorer réellement notre système éducatif, de le rendre plus efficace en démontrant qu'il représente réellement un service d'intérêt général ayant pour objectif de permettre à chaque enfant de progresser sur le chemin des connaissances, de se construire un parcours professionnel, de comprendre le monde dans lequel il vit pour devenir un acteur de son destin et de lui donner envie de participer à la construction de notre destin collectif.


Jean Kaspar ne comprit pas mon abasourdissement : Ce petit mot, et ce sera le dernier, sauf si nous trouvons le moyen de débattre vraiment.
Je suis étonné que vous ayez été "abasourdi" par ma réponse.
Ma réaction s'explique par le fait que votre texte du 24 janvier distillait à la fois des interrogations et … des jugements de valeur. 
Je vous cite :

"La composition même de cette commission pour la libération de la croissance est intéressante : sur les 45 membres, sauf erreur, 15 sont patrons auxquels on peut ajouter 1 DRH et 1 avocat d’affaires ; en face, outre l’ancien secrétaire général de la CFDT que vous êtes, une représentante de l’économie sociale et une autre de la défense des consommateurs (une alouette de social, un cheval de capital) ; mais, bien que l’éducation soit présentée comme l’ambition 1, aucune personnalité qui puisse apporter une expérience réelle sur ce sujet".

Une telle phrase montre bien qu'au-delà de la question sur la composition de la commission, vous induisez, sans attente une réponse, un jugement sur la nature même de nos travaux que vous renforcez quand vous écrivez (certes, sous forme d'interrogation) :

"(un seul exemple : un André Legrand, ancien recteur, directeur ministériel des lycées et des collèges, ex-président de l’université de Nanterre, éminent juriste n’eut-il pas pu apporter un regard plus sûr que celui d’un ex-patron de Volvo vantant une mesure prise par la majorité libérale en Suède ?)"
Plus loin, vous indiquez que notre proposition de "Permettre aux parents de choisir librement le lieu de scolarisation de leurs enfants" avec l’instauration d'un chèque éducation, traduirait une logique de marchandisation de l'éducation puisque vous écrivez, je vous cite :

"...comme le préconisait, il y a plus de 20 ans le libéral Alain Madelin. Cette vision d’un marché de l’éducation…"

Ce type d'argumentaire illustre bien des a priori idéologiques.
Je peux comprendre que l'on puisse discuter certaines de nos mesures mais ne croyez-vous pas que pour engager un débat positif et utile, il est toujours préférable de souligner :

- que le travail effectué répond à de vraies questions ;

- que certaines propositions vont dans le bon sens (à moins que les 43 membres de la commission ne soient tous "à côté de la plaque", des idéologues forcenés accros de libéralisme ou des incompétents notoires !). J'aurais aimé, pour engager un vrai dialogue, que vous me disiez les 5, 10, ou plus peut-être, propositions sur lesquelles vous êtes d'accord ;

- en mettant enfin l'accent sur les propositions qui méritent explications et celles sur lesquelles vous pouvez légitimement être en désaccord.

alouette.jpgJ'en reste là sauf si nous trouvons les modalités d'une vraie discussion, car "l'alouette" n'a jamais eu peur du débat. Elle demande simplement qu'il se déroule sans sous-entendu et sans jugements a priori."
 

Si je comprends bien, J. Kaspar était prêt à répondre à toutes les questions sous réserve qu’elles soient formulées comme il l’entendait En cela, il rejoint son chef de file qui, à Poujadas ou Demorand, leur tint à peu près le même langage.

Dois-je donc, retrouvant mes racines chrétiennes, faire mon mea culpa et me couvrir la tête de cendres ? On voit bien – ne serait-ce qu’avec cette « alouette » à contre sens complet, puisque l’image serait plutôt flatteuse : il faut quinze patrons pour faire contrepoids à trois représentants du social – que le débat était refusé a priori. Rappeler qu’Alain Madelin essayait de promouvoir le chèque éducation il y a plus de vingt ans est éminemment idéologique. Affirmer que ledit chèque éducation marche bien en Suède (à partir de quel travaux précis, si ce n’est pas le témoignage de l’ex-patron de Volvo qui fonde cette affirmation ?) n’est pas idéologique. Si je comprends bien, pour Monsieur Kaspar, l’idéologie, ce sont les idées des autres.
 

Et alors ? et oilà ! comme disait Roro de bab-el-oued, autrefois, dans le Canard Enchaîné..

La page Attali-Kaspar a fait un bide : même pas un petit paragraphe de l’Expresso du Café pédagogique (André Giordan a cependant réagi pour rappeler son jugement, sévère, sur le rapport Attali s’agissant d’éducation).
 

Le scoop ne fut qu’un pétard mouillé !

 
 
 
Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.