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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 20:00
Onfray, l’imposture

A l’OBS, ils se sont mis à deux pour faite un article hagiographique sur le grand philosophe bas normand, pardon cosmique, Onfray. Marrant de voir notre duo parler du « petit milieu parisien » - on échappe quand même aux bobos – pour déconsidérer ceux qui osent dire que ce prof de philo est un imposteur.

Mais la belle histoire qu’ils rapportent est entachée de demi-vérités, de fausses affirmations et d’allégations controuvées.

Et première imposture, sa démission de l'Éducation Nationale, alors qu'il était prof de philo dans un établissement technique confessionnel, l'Institution Sainte-Ursule !

Comme le rappelle J. Daniel, ni Guilloux, ni Guéhenno, ni Giono tous les trois fils de cordonnier n’en tiraient ni fierté, ni honte, ni complexe. Tandis que, si on en croit Pascal Bruckner, le Michel "C’est quelqu’un qui ne s’est jamais remis de ses parents pauvres. Il a dû se battre pour s’imposer, il a eu faim socialement, et, dans cette faim, je me reconnais. Même aujourd’hui, la blessure sociale ne se referme pas, et là aussi je me reconnais en lui, car je sais que ce sont des choses qui ne cicatrisent jamais."

Pensez donc ! Le malheureux enfant d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage, fait reproche, en quelque sorte, aux vilains, avares d’admiration à son égard, des malheurs qu’il aurait subis dans son enfance, dans une institution religieuse proche des internats franquistes de l’époque dans ses méthodes.

« Il est devenu athée, tôt. » Tellement que, certes, s’il est « devenu professeur de philosophie dans un lycée de Caen », c’est dans un établissement répondant au peu laïque nom de Sainte-Ursule. Parler ensuite de démission de l’éducation nationale relève de la même imposture. Donc, tout athée précoce qu’il fût, il a bien dû gagner sa croûte dans un Lycée technique confessionnel.

  On atteint le burlesque avec ses prétendus démêlés avec le petit milieu de l’édition parisienne, "qui ne connaît pas le monde, et qui est obsédé par la conservation du pouvoir". Voilà donc un petit prof de philo de province qui envoie un manuscrit chez Grasset : Jean-Paul Enthoven*, éditeur et ami de Bernard-Henri Lévy, le repère, et l’appelle aussitôt. On conviendra qu’un tel traitement est tout simplement odieux.

Mais comme il ne recule devant aucune insinuation fielleuse, il confie que comme l’argent n’était pas son affaire il s’est contenté longtemps d’une mensualité équivalente à un salaire, laissant le reste de ses droits d’auteur dormir sur le compte de Grasset. Sauf, que cette révélation explique aussi la courageuse démission, non de l’EN mais de l’enseignement privé catho.

Qu’on entende bien : que l’athée avec sa maîtrise de philo, faute d’avoir le CAPES, se rabatte sur le privé confessionnel, soit, il faut bien gagner sa vie ; qu’il profite des revenus tirés de la vente de son (ou déjà ses) bouquin(s) pour lâcher l’enseignement de la philo à des élèves du technique pour qui c’était une matière très secondaire et cela pour se lancer dans un super ‘café philosophique’, très bien. Michel Tozzi n’avait pas attendu 2002 pour  fonder le café philosophique de Narbonne (1996) ! Et le mouvement des universités populaires n’a pas attendu Onfray « pour rendre le savoir accessible au plus grand nombre ».

Mais l’intention est louable, même si le contenu est discutable.

Le ON est haïssable

Lorsque je suis arrivé à Paris, prétend-il, on m’a dit : “Il faut quitter votre femme, votre boulot, mettre vos souvenirs dans une maison, murer les portes et les fenêtres, on va vous faire un autre passé, et vous aurez une carrière.” J’ai refusé defaire allégeance, moi." (Tout en prétendant : “On m’aimait bien, dans ma petite case, je ne poussais pas les murs." Le principe de non contradiction ne fait pas partie de la logique onfrayenne).

Mais quel est donc ce « ON » aux exigences totalement invraisemblables, pour ne pas dire stupides ? Le même on qui l’invite à écrire pour "la Règle du jeu", la revue de Bernard-Henri Lévy, ou pour "Globe", le magazine de Pierre Bergé ?

Et là, on, c’est le cas de le dire, on est au cœur de la méthode onfrayenne ! Tout provincial anti-parisianiste qu’il prétend être, ce grand réprouvé des médias, qui avait antenne ouverte cet été sur France-Culture (mais qui refuse d’aller sur France-Inter), qui fait la une de L’OBS – pas parisianiste pour un sou – deux fois quasi de suite, qui se vante de faire 30% d’audiences chez Ruquier et sa clique, à laquelle prétend-il aussi il a refusé d’appartenir, qui est interviewé par le Figaro et a droit, pour répondre à Libé, à une tribune du Monde, nous joue le grand air victimaire !

Ainsi a-t-il commis un livre anti-Freud de la plus belle encre. Même ses deux thuriféraires de L’OBS estiment que c’est un livre largement critiquable, où les interrogations légitimes se mélangent à des raccourcis tout simplement faux, mais pour ajouter qu’il a subi un déferlement de violence peu commun. On ne touche pas sans risque aux idoles des intellectuels parisiens (sic).

Onfray attaque Freud et les tenants de la psychanalyse ont contre-attaqué : rien que de prévisible et pas de quoi parler d’un déferlement !

Trio caricatural : Onfray face à Zemmour arbitrés par FOG (Frantz-Olivier Giesberg)

Même chose, très récemment quand Libé, sous la plume de Joffrin, relève les énormités qu’il a commises dans un entretien avec Le Figaro.

Passons sur l’insinuation de trucage d’une photo - à l’ère numérique, une photo peut être une manipulation à la portée du premier venu - calomnieuse pour la journaliste qui l’a prise. Passons sur la forme impersonnelle – variante du ON – où de mystérieux inconnus (médias ? intellectuels parisiens ?...) qualifieraient l’histoire, la géographie et la démographie de réactionnaires !

Mais son peuple old school oublié au profit de micropeuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d’après 68 – les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d’Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou, cette accusation de ceux qui défendent les droits de minorités ou d’opprimés de mépris du peuple est tout simplement abjecte.

Et cache la vraie motivation : le refus de l’immigré (sauf s’il remonte aux mythiques vikings). Eh bien ! sans vergogne aucune, Onfray clame que "Libération" lâche "les chienscontre moi", "cest de lacharnement". Et, tel Finkielkraut critiquant un film qu’il n’a pas vu, il se vante de n’avoir pas lu l’article mais affirme qu’on l’a mal compris !

Il suffit de regarder ses livres - qu’il est fort difficile de qualifier de «sérieux», ou «de qualité» sans en rire - pour comprendre deux ou trois questions fondamentales. Puisque «Michel» ne se sent pas reconnu par le monde universitaire ni par celui de la «haute culture» en tant que philosophe, il s’obstine depuis plusieurs années à attaquer systématiquement de grands auteurs, afin de montrer qu’ils ne méritent pas la gloire dont ils jouissent. Qu’ils doivent celle-ci à leurs impostures, à leurs mensonges, à leurs falsifications. Ou à leurs privilèges de classe. Ou parce que ceux qui les ont adorés étaient eux-mêmes des tordus, des snobs, des salopards finis. Son identification délirante à Camus philosophe et sa haine farouche envers Sartre (…) constituent d’excellents exemples. Et que dire de ses interminables diatribes contre Freud, Sade et même Kant ? Ces génies dont la seule existence révulse Onfray qui sait d’avance que, même en rêve, jamais cette qualité ne lui sera attribuée ?

[…] S’il se sert des thèses chères à l’extrême droite, affirmées ou sous-entendues, ce n’est pas pour faire un clin d’œil à Marine, mais pour sa propre gloire politique. Parce qu’il sait que ces idées sont très populaires et qu’il a de fortes chances d’être entendu. Croit-il vraiment que la photo d’Aylan a été une manipulation ? Que le gouvernement s’intéresse davantage aux réfugiés qu’au peuple «old school», dont les filles et mères de famille sont contraintes de se prostituer pour manger des ravioles ou aller au cinéma ? Pas plus qu’à la sortie de l’euro ou la perte de souveraineté de la douce France.”

Marcela Iacub (Chronique Libération 08/10/2016 Extraits)

Mal compris sans doute quand il commente la proposition de Jacques Sapir, l’anti-€uro obessionnel, d’une alliance "à terme" avec Marine Le Pen : "L’idée est bonne de fédérer les souverainistes des deux bords."

Michel Onfray n’est pas plus philosophe que je ne suis marchand de Nutella. Il est, nuance, prof de philo, avec les qualités afférentes à ce corps de métier : verbe fluvial, rhétorique aux poings, art du panorama. Sur France Culture cet été, on pouvait avoir à 11 heures Michel Onfray vous parle et à 17 heures Michel Onfray vous a conquis. Entre-temps, il était question de Michel Onfray dans les débats. Il y a des gens capables de truster les antennes, les plateaux télé et finalement les époques avec un sens Nutella du monopole. Le contemporain semble fait pour eux. L’ennui, c’est qu’Onfray a fondé toute sa contre-histoire de la philosophie (entreprise louable) sur l’idée inverse : que les vrais auteurs sont des imposteurs, que les grands sont en fait nains, et vice versa. L’exclusion des subalternes par les philosophes «officiels» l’obsède. Marx, Freud, Sartre, tout ça n’était que de la mauvaise came ; on vous a trompés, les vrais penseurs s’appellent Mikel Dufrenne et Robert Misrahi, Michel Clouscard et Noël Mouloud. Préparez vos gommes, les enfants, on va refaire toutes les éditions avec les vrais noms. Redresseur de torts, c’est une situation qui rapporte, apparemment.

(…)

Onfray est un mélange de populisme et de ressentiment aux antipodes de l’hédonisme dont il se réclame. Bon rhéteur, sa voix persuasive, son masque impersonnel et sa ruse plébéienne (son université à la portée des exclus) cachent mal une pratique outrancière du résumé de pensée. Dès qu’on l’écoute, éclate l’aspect purement idéologique de son approche. Voyant tout par une petite lorgnette morale, il juge l’auteur par l’homme public ou privé, selon une méthode aujourd’hui florissante : le biographisme…

Thomas Clerc

Un néo-poujadiste

Je laisse à plus experts le soin de juger la qualité de l’œuvre Onfrayante. Inutile aussi de relever les âneries qu’il profère sur l’enseignement de l’histoire, elles sont du niveau de celles qu’il a sorties sur une prétendue théorie du genre enseignée à nos enfants ! Sauf que la rigueur intellectuelle qui l’amenait à cette assertion ne plaide guère sur la solidité de ses travaux à prétention philosophique.

 

Il s’est défendu dans une tribune du Monde, à grands renforts d’assez infantils mon ceci, mon cela, ma autre chose (athéisme, euthanasie, clonage, etc.) au lieu de répondre, argument contre argument, aux critiques précises de Joffrin.

 

Mais finalement il montre qu’il puise les fondements de sa haute pensée politique chez celui qui fut, à tort d’ailleurs, surnommé le papetier de Saint-Céré, Pierre Poujade : « Marine Le Pen n’est pas plus ma tasse de thé que Hollande ou Mélenchon, Sarkozy ou Bayrou. Qu’ils s’en aillent tous comme dirait l’autre. »

Ce qu’il dit être  de l’athéisme social (!) n’est rien d’autre que du néo-poujadisme trivial !

 

* Jean-Paul Enthoven fut un des nombreux amants de Carla Bruni avant que celle-ci le quitte pour son propre fils Raphaël –quatre consonnes et trois voyelles -avec qui elle eut un fils en 2001, qu’on retrouva sur les épaules du futur mari à Disneyland !

 

Notre philosophe de comptoir, après la UNE de L'OBS fait celle d'une revue d'Alain de Benoist : la pause décrit bien le personnage !

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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 17:35
Courriers : les fesses de Simone, Télérama et le petit N., le Nel Obs et le bac

Les fesses de Simone

 

J’avais réagi sur le site d’« Arrêt sur Images » à un premier article de D. Schneidermann sur cette fameuse une du Nel Obs du 9/01. Chroniqueur à Libé, il en a remis une couche d’où ce nouveau courrier :

Daniel Shneidermann, vendredi (11/01), puis samedi (12/01) deux réactions de blogueurs ("L'insulte faite à Beauvoir") - où on ne sait plus d'ailleurs si c'est le fait d'avoir retouché la photo ou la publication de ladite qui est l'objet de leur ire - tout cela pour dénoncer le crime suprême du Nel Obs : les fesses de Simone à la une ! 

Chez le photographe blogueur, la méticulosité avec laquelle il décrit les techniques de retouches avec force "pastilles" sur les fesses, les cuisses, les jambes sent un peu la tartufferie (Ô, cachez-moi ces fesses que je ne saurais voir). Il semble cependant, dans son souci d'étaler sa science, commettre une petite erreur : S. de Beauvoir n'aurait pas été chez son amant, mais chez un ami de celui-ci. 

Mais ces critiques eussent été bien inspirés d'acheter le Canard de la semaine où ils auraient pu lire, sous la plume de Frédéric Pagès, que le "Castor" provoqua la colère de son ex-amant américain quand il découvrit qu'elle "a voulu faire de nos relations une grande liaison internationale, en me citant nommément et en donnant des extraits de mes lettres. Elle devait être drôlement à sec d'inspiration... Bon sang ! les lettres d'amour doivent rester privées."

S. de Beauvoir semble donc avoir été en avance sur son temps dans l'étalage de la vie privée sur la place publique.  

Alors, ses fesses à la une, avec ou sans retouches, pas de quoi fouetter un chat !

Mais la réaction du Nel Obs m'a semblé aussi totalement démesurée : un envoi à Libé signé de Jean Daniel et de cinq autres, une sélection de courrier sur le style pâté d'alouette (une alouette de critique et un cheval d'approbation) et encore une page en prime. TROP, c'est TROP !

 

Les aventures du petit N.

Mercredi 16 janvier, arrivée de Télérama (Ouh la ! j’aggrave mon cas : rocardien, lecteur du Nel Obs et de Télérama, cédétiste, ouiste : je n’ose imaginer le jugement que me réservent les adeptes de la gauche, la vraie, s’il y en a qui me lisent encore).

Après une niaiserie, dans le courrier des lecteurs, dans le n° double qui précédait les fêtes, sur la méthode globale, nous y avions droit à un courrier d’un autre lecteur, prof, qui écrivait à la manière de Beaumarchais « Pourvu que je ne parle en ma classe ni d’efforts, ni de rigueur, ni d’autorité, […] je puis tout enseigner librement, sous l’inspection de vingt ou trente censeurs.» (on peut supposer que les censeurs en question sont ses propres élèves ?).

Plus extraordinaire, un « A nos lecteurs » où le responsable du courrier fustige ceux d’entre eux qui écrivent sur « les aventures du petit N. » : la sélection du courrier publié est déjà, on le voit pour l’éducation, assez arbitraire, mais de là à donner des instructions aux lecteurs, il y avait une marge… Donc, nouveau courrier :

Très juste cet appel "à nos lecteurs" de M. B. Mérigaud que l'on suppose être le responsable du courrier desdits lecteurs, sauf que, dès qu'on tourne le page, sur quoi on tombe - je vous le donne en mille, je vous le donne en cent - les exploits du fameux "petit N." : "Vous voyez la tête du gamin qui va sortir une bêtise et qui pouffe à l'avance, etc.". Et oui, le journaliste, il est un peu comme le lecteur, il ne peut pas y échapper au petit N.

Mais le lecteur, il aimerait bien échapper aux finkielkrauteries qui ponctuent régulièrement le courrier des lecteurs. Reprenez l'antienne du niveau qui baisse - quand atteindra-t-on l'étiage ? - des méfaits de telle méthode voire de la pédagogie : vous avez de fortes chances d'être publié. Dernier exemple en date, le parodieur de Beaumarchais, prof qui ignore qu'on ne parle pas d'autorité, mais qu'on l'exerce, ni de rigueur, on l'exige, et que c'est en croyant dans le potentiel de ses élèves que l'on obtient des efforts (voir à ce sujet le remarquable "Chagrin d'école" de Daniel Pennac). En revanche, essayer d'apporter un minimum d'argumentation, au lieu de donner dans l'imprécation, vous laisse autant de chances d'être publié que si vous glosiez sur les aventures du petit N.

 

Mais le jeudi suit le mercredi et le Nel Obs nous offre, signé de Caroline Brizard (vous savez la dame qui a commis le calamiteux dossier sur l’illettrisme) un article sur le bac. Avec une grande modération, qui me surprend moi-même, je me suis contenté d’envoyer ce mot :

 

Chiffres chocs, chiffres faux

 

"« Faut-il supprimer le bac ? »(Nel Obs 17/01/08)*. La nouvelle vedette de la rétropensée, le Président de Paris IV Sorbonne, ayant émis ce propos iconoclaste, on n’attend plus la période d’éclosion du « marronnier » (fin mai, début juin) pour enfourcher cette haridelle un peu fourbue.

Quelques chiffres chocs pour commencer : en  1936 : moins de 3 % de reçus, en 2007 : 83,3 % (sic) On se tâte un moment : les bacheliers de 36 étaient-ils si minables que sur 100 qui se présentaient 3 réussissaient le bac, mais non, idiot, sur une classe d’âge il n’y avait que 3% de bacheliers. Donc en 2007, sur une classe d’âge, 83,3% sont bacheliers. Mais non idiot, sur 100 qui se sont présentés, un peu plus de 83 ont été reçus ! Idiot, je veux bien, mais que veut dire cette comparaison que je n’ose qualifier ?

« En France, 60% des étudiants échouent en première année à l’université », outre une construction de phrase un peu biaisée, le chiffre traduirait une augmentation brutale des échecs, puisque un documentaire de canal plus, du 03/09/07 ne comptait que 50%. D’où sortent donc ces 60% ?

Faut-il rappeler que le bac au singulier ne veut plus rien dire : nous ne sommes plus en 36 et il y a au moins trois bacs : le baccalauréat général avec sa hiérarchie, les bacs technologiques et les bacs pro(fessionnels) ?

Faut-il rappeler que le premier diplôme universitaire (au sens strict) est le DEUG que l’on obtient en deux ans ?

Faut-il rappeler que ce n’est pas un examen type Bac où on est reçu ou bien on échoue totalement mais qu’il compte un certain nombre d’unités donnant des « points ». L’échec peut donc y être total (aucun point) ou partiel (le nombre de points obtenus n’est pas suffisant pour passer en 2e année mais il est acquis).

Donc 50 ou 60 % d’échecs ne donnent pas 50 ou 60 % d’abandons. Et ces abandons ne se traduisent pas tous par celui de l’enseignement supérieur (réorientations vers une autre filière, une STS ou un IUT ou une école spécialisée).

En 2001, l’UNI, syndicat qui se revendique de droite (plutôt extrême), notait cet apparent paradoxe d’une augmentation du taux de réussite en DEUG (78 %), avec des échecs toujours aussi élevés en 1ère année: c’était dû – et il le déplorait – à ce que plus de la moitié des diplômés avaient mis 3, 4 ou 5 ans, au lieu de deux. Rappelons au passage que beaucoup d’étudiants sont obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins ce qui peut expliquer le temps mis par certains à obtenir le DEUG.

Faut-il rappeler aussi une anomalie flagrante du système qu’est la colonisation des filières dites courtes (IUT et STS), en principe destinées aux bacs technologiques, par les bacs généraux (60% en IUT, 20% en STS) ? Rappeler aussi que les bacs professionnels prévus pour déboucher directement sur le monde du travail n’ont aucune solution en aval. Mais, comme l’Université est ouverte à tous les bacheliers, certains vont y tenter leur chance (quasiment nulle pour un bac pro, très faible pour un bac technologique).

Si l’on ne considérait que les étudiants issus des bacs généraux, et bien qu’ils soient écrémés par les Classes Préparatoires (CPGE), on constaterait un taux de réussite en 1ère année d’université bien supérieur à ces prétendus 50 ou 60%.

On peut résumer ainsi les parcours d’une génération de la façon suivante :

• 6 à 7% de sorties sans qualification

• 93,5% d’accès au niveau V

• 69% d’accès au niveau du baccalauréat (niveau IV)

• 62% d’accès au baccalauréat (dont 33,7 % dans une série générale, 17,3 % dans une série technologique et 11,5 % dans une série professionnelle).

• autour de 50% d’accès au supérieur

• autour de 40% d’accès à un diplôme du supérieur

(source : Rapport final de la commission université-emploi, annexe 1 24 octobre 2006)

Donc, globalement, 1/5e d’échecs, dans le supérieur (ce qui est déjà trop).

Maintenant, faut-il supprimer ou pas le bac, on en reparlera sans doute encore dans dix ans !"

 

* http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2254/articles/a364598-.html

 

Ajoutons que la dame affirme incidemment : « En fait, le grand reproche des anti-bac vient de loin. Des années 1980. Quand la gauche rêvait d'un bac pour tous. » Il se trouve qu’à la fin des années 70 jusqu’au lendemain de 81, j’étais membre de la commission nationale éducation du PS (le nom exact m’échappe, elle était co-pilotée par Louis –dit loulou – Mexandeau et Jean-Louis Piednoir) : je serais extrêmement curieux de savoir où, quand, et par qui a été exprimé ce rêve.

Autre affirmation, que l’on trouve d’ailleurs fréquemment sous la plume des rétropenseurs : le nombre de bacheliers correspond tout bonnement à une politique des quotas (à l’appui de cette assertion elle cite un ancien chef du département génie électrique à l'IUT de Cachan qui s’y connaît en bac comme moi en génie électrique !). Les seuls documents qui accréditent ces thèses sont de classiques recommandations faites aux correcteurs pour tenter d’harmoniser les barêmes de corrections. Bien sûr sont aussi invoquées les commissions de « rattrapage » qui existaient déjà quand j’étais pion au vénérable Lycée de Garçons, David d’Angers, à Angers comme il se doit, en 1965-66 et 1966-67.

 

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