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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 15:39
La gauche portugaise trace sa voie économique

La Portugal, qui avait subi les mesures les plus dures pendant la crise, semble maintenant avoir trouvé un chemin pour conjuguer la croissance et une récupération progressive du bien-être social.

Le premier ministre portugais, António Costa, a pu se féliciter, devant le parlement européen, de ce que son pays a atteint, pour la première fois depuis son adhésion à l’euro, la fameuse convergence, avec une croissance au-dessus de la moyenne de l’UE et cela en mettant en place une politique économique opposée à l’austérité et centrée sur plus de croissance, plus d’emplois et de meilleure qualité et plus d’égalité.

Tourner la page de l’austérité, tel était le slogan électoral du socialiste Costa. Au soir des élections, le PS portugais restait devancé par la coalition de droite et, a priori, ne pouvait guère compter sur le Parti Communiste Portugais (PCP) et le « bloc de gauche » qui avaient plus fait campagne contre lui que contre la droite. Contre toute attente, PCP et bloc allaient se ranger derrière le PS pour former une majorité progressive, baptisée péjorativement la geringonça (ce qui pourrait se traduire par construction improvisée et peu solide).

La gauche portugaise trace sa voie économique

Cependant, en deux ans, le salaire minimum est passé de 505 à 580 € et concerne 1/5e des salariés (le salaire moyen est de 925 € contre 2389 € en France). Loin de détruire l’emploi, comme le prévoyait la droite : le chômage a continué de baisser à 8,9% soit trois points et demi de moins depuis que le PSP est au pouvoir. Les fonctionnaires ont vu leurs salaires augmenter avec des congés supplémentaires. Quatre jours fériés de plus ont été instaurés. Les retraites ont été augmentées. La TVA a baissé sur les produits de base.

Inutile de dire que le FMI et la commission européenne surveillaient la politique économique de la gauche lusitanienne comme l’huile sur le feu. Or le Portugal connaît une croissance de 2,7%, la meilleure du siècle tout en jugulant son déficit en dessous de 3%. Et le conseil des finances publiques le prévoit à 1,1% cette année (et l’équilibre en 2020).

La croissance repose sur une hausse des exportations qui indiquent une meilleure compétitivité liée à une croissance de 9% des investissements. Si le secteur touristique a connu la plus forte croissance des pays européens, le secteur agricole, mais aussi automobile ou les services technologiques et même des secteurs traditionnels comme le textile connaissent aussi de fortes croissances.

La locomotive du tourisme

Jamais, jusqu’alors, le Portugal n’avait reçu 20 millions de touristes en un an. En 2017, ce pays de 10,2 millions d’habitants a dépassé ce chiffre. L’explosion touristique démarrée en 2013 devrait se poursuivre. Le gouvernement cherche à développer la qualité aussi bien que la massification.

Cette croissance à deux chiffres va amener à développer des infrastructures de qualité, telles que les aéroports, l’hôtellerie, la restauration…

Ce ne sont pas seulement Lisbonne et Porto plus les plages de l’Algarve qui attirent les touristes, mais les îles des Açores qui développent un tourisme vert, l’ Alentejo, la Costa Vicentina et son parc naturel, sans oublier Fátima, le Lourdes local et ses pélerinages. Et loin de se concentrer sur juillet-août, contrairement à l’Espagne, le tourisme se répartit sur l’année.

Et c’est un tourisme qui pèse dans le PIB (8% contre 11% en Espagne) et dans la création d’emplois.

 

Tout n’est pas rose, bien sûr. La dette qui atteignait 132% du PIB est encore de 126 % en 2017 et devrait être de 114% en 2022 ! Sauf récession, bien sûr. Et tout ralentissement de la croissance oblige à serrer les freins. Ainsi il a déjà été décidé de n’accorder aucune augmentation aux fonctionnaires en 2019. Pour maintenir leur fragile coalition, les socialistes proposent à leurs alliés de s’attaquer à la plaie du travail précaire. De trois ans les contrats de travail temporaire (nos CDD) devront passer à deux au maximum. Et un bonus fiscal sera accordé aux entreprises qui réduiront le recours aux contrats temporaires.

Le PSP, parti de gouvernement, héritier de Mário Soares, prône l’économie de marché* qui nécessite des entrepreneurs, l’initiative individuelle et veut attirer des entreprises étrangères, loin des rêves d’une certaine gauche qui veut la lune plus 10 % !

Mais les entreprises portugaises se heurtent au manque de crédits bancaires. Mário Centeno, le ministre des finances – devenu président de l’Eurogroupe – s’est efforcé d’assainir et consolider le secteur bancaire, pour qu’il joue son rôle en particulier pour les petites entreprises. Si les banques restent timides dans les prêts aux entreprises en revanche, les prêts immobiliers ont plus que triplé dans les cinq dernières années. Le bond de l’immobilier est largement dû aux achats d’étrangers et d’expatriés.

L’opposition dénonce l’absence de réformes structurelles. Ce que récuse le gouvernement qui met en avant des réformes centrées sur l’éducation – avec une meilleure connexion universités-entreprises – dans l’emploi – en privilégiant les accords d’entreprises au détriment des accords de branches – et surtout dans une vaste opération baptisée Simplex, visant à l’élimination de la bureaucratie administrative et la disparition de milliers de lois, normes et décrets obsolètes et/ou contradictoires.  Un guichet unique doit permettre de résoudre les problèmes des entreprises qu’ils soient réglementaires ou fiscaux.

La geringonça – cette union inespérée d’un PSP, parti de gouvernement qui n’avait fait qu’un résultat électoral médiocre, d’un PCP très sectaire et d’un Bloco de Esquerda, conglomérat de groupuscules gauchistes, communistes et bloquistes soutenant sans participer – tout branlant qu’il soit tient depuis deux ans. A cette alliance branlante s’ajoutent des succès économiques fragiles car risquant d’être balayés par une récession. Mais c’est aussi le cas d’autres pays, dont la France. Et le parti socialiste portugais sait mener à bien, sans tambour ni trompette, une politique sociale-démocrate** adaptée à la situation lusitanienne.

* Cette conviction que l’économie de marché est le pire des systèmes économiques à l’exception de tous les autres – ce qu’a largement démontré l’échec passé de l’URSS et présent de Cuba sans parler du Venezuela et le glissement de la Chine vers ce système – est caricaturé par notre extrême-gauche par le vocable péjoratif de social-libéral. Extrême-gauche bien incapable au-delà de beaux slogans de dire quel système alternatif pourrait être mis en place.

** Étiquette à utiliser avec prudence puisque confisquée au Portugal par un autre parti que le PSP en fait de droite.

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 17:22

Référendum grec : victoire de la démocratie ?

Grèce : Niké ?

Un référendum bâclé en un peu plus d’une semaine, où l’on pouvait parodier Woody Alen – La réponse est non, mais quelle est la question ? – et dont le résultat ne semble déboucher sur rien, sinon le risque du pire : une victoire de la démocratie ?

Un peu de politique fiction

 

Comme chacun sait – lui au moins en est persuadé – Sarkozy a sauvé la planète en danger au moment de la fameuse crise des subprimes. Imaginons donc qu’au lendemain d’un sommet économique style G7, le vibrionnaire président, épaule toute frétillante, annonce un mercredi, pour le dimanche en huit, un référendum sur la régulation du système financier et la lutte contre les paradis fiscaux , avec bulletin de vote unique où le oui est en haut pour qu’on sache bien quelle case cocher.

Pire encore, imaginons qu’au lendemain des attentats de janvier, poussé par Valls, dans la foulée de la grande manif, sous prétexte de mieux souder encore l’unité nationale face à la menace de l’islamisme, Hollande lance pour le dimanche d’après un référendum avec une question suffisamment bien ficelée  pour la sécurité de la liberté d’expression afin de bloquer les critiques de la droite et désarmer celles de la gauche d’opposition.

 

Dans ces deux cas aurions-nous dû nous féliciter de la parole donnée au peuple ? de la victoire de la démocratie ? S’agissant de la consultation grecque de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, c’est l’extase. Le peuple grec s’est exprimé ! Pour dire quoi ? c’est une autre paire de manches. Chacun y va de son interprétation.

Grèce : Niké ?

Une opération de politique intérieure avant tout ?

 

Faut-il rappeler que SYRIZA est une sorte de super front de gauche, son sigle veut d’ailleurs dire coalition de la gauche radicale, et qu’il regroupe des eurocommunistes, des socialistes de diverses chapelles, des écolos, des trotskystes, même des maoïstes… et une large partie d’entre eux eurosceptiques ? Il a gagné la majorité avec 36 % des voix (un peu comme aux élections municipales ou régionales en France, il y a une prime au parti arrivé en tête d’élections à la proportionnelle).

La décision soudaine, brutale, d’Alexis Tsipras, annoncée en pleine nuit, le 24 juin, alors que la vraie négociation s’amorçait, est sans doute d’abord due à la certitude que tout accord serait rejeté par une partie de Syriza.

 

Le référendum, dans son ambiguïté même, permettait à Tsipras de squeezer ses eurosceptiques qui ne visent qu’à quitter l’euro, voire l’Europe. Fort de ce quasi plébiscite, s’il obtient des concessions nouvelles, il pourra faire rentrer dans le rang ses frondeurs.

Le largage immédiat de Varouflakis qui, au lieu de mettre de l’huile dans les rouages de la négociation, en mettait sur le feu de la dissension, pourrait conforter cette hypothèse.

Mais le but était aussi et peut-être surtout, de pouvoir imposer c’est le cas de le dire à la puissante église orthodoxe d’apporter sa contribution*, imposer aussi à une armée au vieux fond putschiste des coupes nettes dans un budget exorbitant.

Donc de se donner des billes dans la reprise des négociations.

" Le référendum

a renforcé Tsipras

et il sera plus fort

pour imposer

une discipline

au sein de son parti."

 

ELIAS NIKOLAKOPOULOS

politologue

(Le monde 10/07/15)

Grèce : Niké ?

La crise grecque vue par El Jueves, journal satirique espagnol

Un rapport de forces amélioré ?

 

Paradoxalement, si amélioration il y a, elle vient plus de DSK suivi en fait par le FMI qui, comme son ex-directeur, en vient à dire qu’il faudra bien concéder une forte remise de la dette. Générosité facile puisque la part du FMI dans la dette grecque est d’à peine 10%. Mais cette analyse pour tardive qu’elle soit devrait permettre de mettre les vraies questions sur la table.

 

Sauf que cette remise n’aura de sens que si la Grèce n’est plus obligée de vivre sous perfusions perpétuelles. Car pour le moment, les exigences de la vilaine, affreuse, horrible troïka, sont assez vaines. À quoi sert, par exemple d’augmenter la TVA quand tout se règle au noir ? D’essayer d’imposer l’église orthodoxe, le plus gros propriétaire foncier, quand il n’y a pas de cadastre, etc.

Tiré d'El Jueves : la troïka avale la Grèce

Tiré d'El Jueves : la troïka avale la Grèce

Et à court terme, il faut bien arriver à un accord, donc à un compromis. Et si Tsipras avait de bonnes raisons de penser qu’il n’aurait plus de majorité parlementaire pour accepter un accord, Merkel a exactement les mêmes mais inverses. Il faudra à Hollande déployer tout son art de la synthèse pour arriver à un texte acceptable par le Bundestag tout en permettant à Tsipras d’afficher une nette avancée, fruit du référendum.

 

Pour le moment, la stratégie grecque reste opaque.

Si le but est bien de rester dans l’euro, Tsipras fait un pari risqué en tablant sur la volonté de ses partenaires de maintenir à tout prix la Grèce dans la zone euro, pour arracher, in extremis, le meilleur accord possible.

Si le but réel est le fameux Grexit, la sortie de l’euro, en s’efforçant de faire porter la responsabilité à l’Allemagne, il joue un jeu perdant-perdant.

Grèce : Niké ?

L’Europe y perdra bien sûr de sa crédibilité et sans doute aussi une large partie de ses prêts.

Mais pour les Grecs l’embellie possible sera de courte durée avec les restrictions fautes de devises pour importer, le cycle inflation-dévaluation, les tentations totalitaires contre l’ennemi intérieur (voir le Venezuela)...

 

Tsipras a-t-il l’étoffe d’un homme d’état ? ou bien lui et ses ministres ne sont-ils qu’une équipe d’amateurs engoncés dans un fatras idéologique à la Badiou ?

Telle est finalement la question.

 

* Pour les armateurs, leur chantage à la délocalisation semble les rendre intouchables.

 

NB Le 1er dessin et celui des danseurs sont l'oeuvre de Michel Kichka dessinateur de presse israelien.

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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 21:51

La très (trop ?) courte présentation d’une contribution d’économie politique a pu amener à des confusions : son auteur est un personnel de direction encore en activité qui, du temps où il officiait dans l’Académie de Guyane, avait indirectement provoqué ma venue dans ce département ultra-marin et surtout m’y avait reçu de magnifique façon. J’ai donc gommé* (censuré ?), dans cette contribution de Gilbert Dubant des termes dus à ma présentation litotique que sa plume acerbe rendait virulents.

 

* Coupures et modifications entre [crochets]

Bernard Cazeneuve et Pierre Moscovici

Bernard Cazeneuve et Pierre Moscovici

Cette contribution fait suite à celle […] publiée le 11 novembre 2013 sur le blog de Jean-François Launay [Petite réflexion d'économie politique en ces temps de jacquerie fiscale]. Le texte est intéressant, parce qu’il montre l’étendue des dégâts quand un citoyen supposé qualifié aligne les betteraves et les poubelles pour en faire des additions éclairantes.

 

Le topo commence mal : « Comme n’importe quel ménage, le gouvernement est contraint par l’orthodoxie financière ». Le parallèle est idiot. Aucun foyer fiscal n’est en mesure de moduler ses recettes par l’impôt en fonction de ses besoins, encore moins de battre monnaie. La comparaison est une rengaine héritée de l’orthodoxie rentière louis-philipparde et du mythe de la gestion « en bon père de famille ». Quant à la capacité de rembourser, il y a beau temps que les Etats-Unis et le Japon ont fait exploser leur dette « nationale » sans que cela empêche le Dow-Jones ou le CAC 40 de dormir. Un particulier serait interdit bancaire.

 

Petite réflexion d’économie politique  en ces temps de confusion intellectuelle

Y a intérêt !

 

Comparer le nombre de A délivré par Standard & Poor’s aux petits cochons de Jean de la Fontaine est une licence poétique, mais pitoyable. D’autre part, on ne voit pas bien la corrélation entre le remboursement de la dette française et le budget de l’Éducation nationale (chiffres officiels, oui, Monsieur !).  Si Denis D. insinue que le coût de la dette est exorbitant et que le budget de l’Éducation mérite augmentation, il a raison. Il oublie cependant de dire que tant que les états européens seront obligés par Bruxelles de se financer sur les marchés financiers plutôt que directement à la BCE, le remboursement de la dette augmentera, en France comme ailleurs.

 

On passera charitablement sur les boursouflures de langage, « relents dogmatiques ou démagogiques, poursuite du graal, ressources bienheureuses », etc., pour signaler que les crédits à la consommation, dont le terrifiant revolving, cher aux Cofidis et Sofinco cités et omniprésent dans la grande distribution, ont des taux plus proches de 17,9 % que de 3 %. Et ajouter que « la finance n’est pas vertueuse » en appelant à la rescousse la fourmi de La Fontaine ajoute le cliché à la récitation de CM1. L’encadrement des « cartes de fidélité » Carrefour ou Auchan, des frais de découvert et des taux de crédit bancaire, la prévention du surendettement, l’autorisation judiciaire de « class actions » contre les escrocs de masse, restent dans les limbes législatives. « La finance est notre ennemi », disait François Hollande au Bourget. On voit qui a gagné la bataille.

Jospin : dette stabilisée

Jospin : dette stabilisée

Remboursez !

 

Denis D. s’inquiète de la dette de « nos enfants ». Au risque de le rassurer, elle n’a rien d’inquiétant. Qui pense qu’il faudrait la rembourser hic et nunc ? Si tel était le cas, tous les pays du monde bancaire seraient atomisés financièrement. Le patrimoine français, immobilier, industriel, financier, démographique, peut largement supporter une dette de 30 000 euros par tête. Puisque notre craintif ami est si attaché au budget familial, un foyer fiscal qui s’endette de 200 000 euros sur 20 ans pour acheter une maison ne se retrouve pas en cessation de paiement. C’est le chômage qui peut éventuellement l’entraîner à la ruine.

En revanche, ramener de manière obsessionnelle et à marche forcée le taux d’endettement de la France aux 3 % du traité de Maastricht emporte l’Europe dans un maelstrom de destructions d’emploi et de pertes sociales et économiques, par la politique de la seule offre sans soutenir la demande. Considérer le keynésianisme comme une invention diaboliquement bolcheviste n’est pas une preuve de modernité. Le FMI et l’OFCE ne disent rien d’autre : l’Europe en fait trop et trop vite. Suivre l’avis d’une agence de notation comme Standard & Poor’s qui avait donné un AAA aux « subprimes » et à l’économie de casino comme Lehmann Brothers est amnésique et aberrant.

 

On ne joue plus ?

 

Denis D. préconise donc la récession en filant la métaphore du casino et en affirmant « qu’il est peut-être temps d’arrêter de jouer ». S’il voulait dire que le rôle de croupier mondial par Goldman Sachs et les traders Internet doit cesser, il dirait juste. Mais quand il suggère de réduire « les dépenses excessives », il oublie de dire lesquelles. Les subventions de quelque 200 milliards d’euros aux entreprises, en particulier du CAC 40, par les fonds publics, [par exemple]. Les contrôles de leur pertinence et de leur utilisation, comme celles des fonds attribués  à n’importe quelle association bidon de formation professionnelle ou continue, régleraient en un an les déficits de la Sécurité Sociale et l’augmentation de la dette publique.

 

Petite réflexion d’économie politique  en ces temps de confusion intellectuelle

Une autre citation mérite attention : « Chaque caste y va de son couplet » (souligné par JFL). Et de mélanger « pigeons, bretons, pauvre peuple de France et jacqueries fiscales ». On est au fond de la piscine du néo-poujadisme. L’histoire de l’écotaxe1 est éclairante dans sa confusion. Elle repose sur l’équation libérale pollueur = payeur. Autrement dit, vous pouvez faire toutes les saloperies possibles si vous avez de l’argent. Le diesel cher est donc moins nocif que le gazole bon marché. Cela évite de stimuler la recherche sur les moteurs moins polluants. […] Nathalie Kosciuszko-Morizet quand elle se piquait d’environnement [subventionnait] le groupe italien Écomouv2et ses portiques ruineux. Que le gouvernement Ayrault n’ait  pas dénoncé et rompu avec la pratique du PPP (Partenariat Public-Privé), désastreux pour l’État, est d’ailleurs révélateur de ses orientations budgétaires.

 

L’emprunt utile

 

Deuxièmement, l’idée même « d’écotaxe » est une foutaise comparable à l’ex-vignette automobile pour les vieux. Tout euro perçu par le Trésor Public tombe dans un pot général que répartissent la Loi de Finances (LOLF) et les arbitrages présidentiels. On ne peut donc affecter a priori une recette à un poste particulier.

Thomas Piketty

Thomas Piketty

[…]

La condition sine qua non de la fin [des angoisses de l’auteur] est une réforme fiscale durable. L’économiste Thomas Piketty, qui n’est pas un néolibéral, ci-devant proche de François Hollande, en a proposé une, cohérente, en 2011. L’Élysée et Matignon se sont assis dessus. En échange, Bercy a cumulé les mesurettes nuisibles (écotaxe, TVA à 20 %, grattage de retraites, augmentation de l’IRPP sur les moins riches3,  etc.).

La BPI (Banque Publique d’Investissement) est une bonne idée, à condition d’en avoir les moyens. Pourquoi donner 3 milliards au Marseille de Jean-Claude Gaudin alors qu’il faudrait aider l’ensemble des PME de la région Paca ? La solution est un « grand emprunt », adossé à la France et à l’Europe, destiné à financer la réindustrialisation et les grandes infrastructures, en choisissant évidemment entre le Grand Paris et Notre-Dame des Landes. Le financement de l’emprunt doit reposer sur l’épargne publique et la Caisse des Dépôts, et non sur un pool bancaire issu des marchés financiers.

 

Et l’Europe ?

 

Si l’on ajoute une renégociation entre Bruxelles et Washington sur le taux de change euro/dollar qui plombe tous les pays, sauf l’Allemagne, un arrêt du dumping social et fiscal dans l’Union européenne, la mise en place d’un Smic européen modulable sous forme de « serpent social » opposable à la directive Bolkestein, on aura des bases stables pour l’économie et les finances publiques en France.

[…]

 

Gilbert Dubant

 

 

1 De l'Allemagne à la Grande-Bretagne, en passant par la Belgique, la Suède ou la Suisse, la Slovaquie ou l’Autriche, des systèmes de taxes sur les poids lourds sont en vigueur dans divers pays européens

Cette taxe, héritage du Grenelle de l'environnement de Nicolas Sarkozy, devait entrer en vigueur le 1er janvier 2014. L'écotaxe vise à taxer les poids lourds de 3,5 tonnes et plus, français ou étrangers, qui circulent sur le réseau routier français non payant (hors autoroutes), selon des barèmes kilométriques. Elle devait aider au financement des infrastructures des transports, notamment le rail et le transport fluvial. Elle devait rapporter 1,2 milliard d'euros par an.

 

2 L'entreprise Ecomouv'est une société ad hoc créée spécifiquement pour mettre en place puis gérer l'écotaxe. Elle appartient pour 70 % au groupe italien Autostrade, qui exploite des milliers de kilomètres d'autoroutes en Italie et dont le premier actionnaire est la famille Benetton.

Lors de l'attribution du contrat, en octobre 2011, Autostrade était le seul actionnaire d'Ecomouv'. Puis le capital a été ouvert à plusieurs grandes entreprises françaises : la SNCF (10 %), Thales (11 %), SFR (6 %) et Steria (3 %).

Le contrat, d'une durée de onze ans et demi, prévoit une rémunération annuelle moyenne pondérée de 230 millions d'euros hors taxe.  (source Le Monde)

 

3 L’IRPP (impôt sur le revenu) a subi une modification de barême : une nouvelle tranche marginale à 45%, au-delà d’un revenu imposable, pour une part, de 150 000€ annuels.

Pour les tranches inférieures, aucune modification par rapport aux taux précédents. Certes le quotient familial est plafonné à 2000€ par demi-part, on est donc à des niveaux de revenus assez élevés.

 

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