A qui perd gagne ! La coalition de droite sortante perd nettement la majorité absolue mais est considérée comme victorieuse. Le PS gagne des voix et des sièges, mais longtemps désigné comme vainqueur par les sondages, il est jugé perdant. Les listes de gauche ont la majorité absolue, mais le PC, en ayant passé plus de temps à vilipender le PS qu’à attaquer la droite sortante, rend cette majorité très problématique. Un seul vainqueur reconnu de tous : le parti de l’abstention.
Forces en présence
Portugal à Frente (En avant le Portugal) réunissait le Parti Social-Démocrate (PSD) et le Parti Populaire), qui avaient écrasé le PS sortant en 2011 avec un peu plus de 50% et 132 députés sur 230 !
Partido Socialista (Parti Socialiste), le parti de Mário Soares qui fut le premier chef de gouvernement de l’après-salazarisme, avait connu sa plus lourde défaite aux élections de 2011, avec 28,1% et 74 députés.
Et on trouve encore un Bloco de Esquerda (Bloc de Gauche) qui, bien que fondé en 1999, est comparé à Syriza ou Podemos, avait aussi échoué en 2011 avec 5,17 % et 8 députés.
Puis le PC et ses alliés verts - Coligação Democrática Unitária (CDU) – qui avait eu 7,90 % % des voix et 16 députés.
L’impossible alliance
Ce qui ressort du tableau de wikipedia, c’est d’abord l’ampleur de l’abstention à 43%. Seuls 6 portugais sur 10 se sont déplacés pour voter. Avec onze points et demi en moins et 33 députés de moins (perte peut-être moins élevée avec les 4 députés de l’étranger encore à élire) et surtout la perte de la majorité absolue, la victoire proclamée de la coalition de droite sortante ne se nourrit que de la division de la gauche.
Car le PS avec un tiers des voix gagne 11 sièges, le Bloc de gauche, en gagne autant et double pratiquement ses voix et si le PC passe derrière le bloc de gauche, il progresse légèrement avec un député de plus. Tout compté, les partis de gauche comptent 121 députés, donc la majorité absolue !
Sauf qu’entre le PS fidèle à l’Union Européenne et à la monnaie unique et le PC, marxiste-léniniste à l’ancienne, souverainiste, donc voulant une sortie de l’euro, c’est l’impossible alliance. D’autant que son leader Jerónimo de Sousa s’est plus employé à attaquer António Costa, tête de file PS, que le premier ministre sortant, Pedro Passos Coelho, qualifié pourtant de bras armé de la troika. Quant au bloc de gauche, bien que depuis sa création il ait rejeté toute idée d’alliance avec le PS, il a quelque peu abandonné son intransigeance au cours de la campagne électorale.
La situation est d’autant plus bloquée que l’espoir déçu d’une victoire au PS provoque de forts remous internes et que Costa est contesté.
Le Portugal rentre donc dans une forte zone d’incertitudes d’autant que les prochaines élections présidentielles vont le faire rentrer dans une nouvelle campagne électorale. Une majorité d’opposition peut rendre le pays ingouvernable pour la droite, mais sans proposer de solution alternative.
Voir : http://internacional.elpais.com/internacional/2015/10/05/actualidad/1444036182_434910.html