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15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:48
Gamiani ou deux nuits d'excès

"Je ne crois pas que la rage des priapées, la soif de la chair, les incendies utérins des femmes aient jamais été dépeints par nulle plume plus puissante et plus experte... L'obscénité disparait presque, la boue et le sang se sèchent au feu du style..." écrivait J.-K. Huysmans à propos du Gamiani d'Alfred de Musset.

Quant à Pierre Louÿs dans le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation, il recommandait : "Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré".

 

Gamiani ou deux nuits d’excès, roman libertin, paru en 1833, illustré par Achille Deveria, a connu au moins 40 rééditions au cours du XIXe siècle.

La légende veut qu’il soit le fruit d’un pari. A l’issue d’un repas bien arrosé, une dizaine de jeunes gens en furent à discuter du genre érotique. L’un d’eux ayant dit qu’il était impossible d’écrire un ouvrage de ce genre sans appeler les choses par leur nom. "Un jeune homme, qui jusqu’alors s’était contenté d’écouter la conversation d’un air rêveur, sembla s’éveiller à ces derniers mots, et prenant la parole : — Messieurs, dit-il, si vous consentez à nous réunir de nouveau ici, dans trois jours, j’espère vous convaincre qu’il est facile de produire un ouvrage de haut goût, sans employer les grossièretés qu’on a coutume d’appeler des naïvetés chez nos bons aïeux, tels que Rabelais, Brantôme, Béroalde de Verville, Bonaventure Desperriers, et tant d’autres, chez lesquels l’esprit gaulois brillerait d’un éclat tout aussi vif s’il était débarrassé des mots orduriers qui salissent notre vieux langage."

Trois jours plus tard, ledit jeune homme, apportait son manuscrit dont chacun voulut avoir copie. Et la légende encore veut que l’un d’eux envoya l’œuvre à un éditeur étranger qui l’imprima donc, orné de gravures coloriées, en 1833.

 

Le jeune homme, 23 ans à l’époque, n’était autre qu’Alfred de Musset.

 

Le futur oblat, Huysman, résume l’oeuvre avec enthousiasme :

Alcide, qui a réussi à se cacher, surprend la Comtesse tribadant Fanny. Surexcité par ce spectacle, il se rue sur Elle, la laboure à grands coups, et passant de l’une à l’autre, initie la jeune fille aux caresses du mâle.

 

Bien menée, je devrais dire: bien décrite, la scène dure longtemps, Hercule lui-même, tomberait en défaillance — On sent là, que l’Auteur entraîné par son sujet, n’a pas su, ou voulu éviter de tomber dans le travers si commun à la plupart des ouvrages de ce genre — quant à notre Alcide il tient bon, et sa Gamiani brûle de plus belle ! Affolée, pantelante, elle se roule sur de larges tapis en peaux de chats, et suivant la belle expression de l’auteur: « Prométhée femelle déchirée par cent vautours à la fois » dans son angoisse elle appelle le Chien !

 

Alors, dans le boudoir au pillage, retentissent de folles clameurs; à défaut d’homme, la malheureuse Comtesse réclame un âne!

Messire Baudet viendra, mais plus tard ; Alfred de Musset fait tout d’abord intervenir Médor; un chien bien dressé qui se jette sur la servante, tandis que celle-ci encheville sa maîtresse avec un énorme priape rempli de lait. En aval, en amont, en arrière, à hue et à dia, le trio s’agite en délire et joue des reins à qui mieux mieux !

 

Tel est l’exposé de la première partie de ce livre.

 

La toile tombe et se relève sur les amours de Fanny et d’Alcide. Ici le poète a des accents charmants ! Vraiment amoureux, le jeune homme espère lui faire oublier les tristes jouissances des moeurs de Lesbos ; peine perdue ! Ni ses efforts ni ses fatigues ne sauraient effacer le souvenir de ces joies damnées. L’accouplement recommence entre les deux tribades avec plus de fureur que jamais.

Des scènes de couvent vont se dérouler et là encore, la plume de Musset atteindra à des hauteurs vertigineuses ! Les postures et les inventions de l’Arétin sont dépassées. On dirait avec ses tentures et ses glaces, d’un temple voué à la Cythérée lesbienne.

La supérieure qui, toute jeune, a débuté par la galopée d’un singe, initie la Comtesse aux bacchanales monastiques.

 

Des groupes de nonnes se suspendent les unes après les autres; ces femmes tourbillonnent, cabriolent et se renversent saoules et furieuses, écumantes de luxure. Les potions cantharidées ruissellent dans les bouches qui se tordent, et toutes halètent inachevées, criant, pleurant, se trémoussant sous l’attaque des ânes en rut!

Cependant, un homme, le misérable, a pénétré dans l’antre; il est aussitôt assailli par toutes ces ménades qui le veulent tuer.

Ce nouvel Orphée est bel et bien pendu, haut et court; mais la supérieure affriolée par la suprême tension érectile du quasi cadavre, saute dessus, tombe avec la corde qui se rompt sous ce double poids et se débat, les os à demi brisés, entre les bras du pendu qui l’étreint dans ses derniers spasmes ! Ce livre finit par la mort des deux amantes.

 

Gamiani renouvelant les sanglantes folies du Marquis de Sade, s’empoisonne elle et sa victime, et cherche si, dans les affres de l’agonie, elle n’arrivera pas à vaincre ses sens en déroute !

La terrible femelle clame, tordue et râlant déjà ! « Elle est atroce ! entends-tu ! Je meurs dans la rage du plaisir, dans la rage de la douleur!... »

 

Tel est le résumé de ce livre étrange qui s’inspire visiblement, tantôt de Pétrone, tantôt d’Apulée, de La Religieuse de Diderot, de Justine et de Juliette et tantôt des plus belles hymnes saphiques et des priapées antiques.

 

Musset, s’il s’inscrit aussi dans la continuité de la littérature libertine du XVIIIe siècle, dont témoignent Le Rideau levé et Hic-et-Hec, Dom Bougre ou Thérèse Philosophe, évite toutefois les considérations philosophiques des héros de Mirabeau, de la Touche ou de Boyer d’Argens. Même si, comme chez eux, les nonnes sont lubriques ; les moines cruels, eux, étant plus proches de ceux qui torturaient la Justine de Sade. Et, comme eux, il enchâsse les récits des aventures passées des héroïnes et du héros, voire un récit à tiroirs, quand Gamiani évoque des épisodes de la vie de la supérieure du couvent. Au voyeurisme, commun à toutes ces œuvres, au lesbianisme, il ajoute la zoophilie, absente des quatre autres romans. Tout cela est mené tambour battant, avec même une touche comique : la scène où la supérieure s’étant jetée sur un pendu, faisant rompre la corde et se brisant les os, le pendu ressuscitant, serait du grand guignol, si tout n’était raconté avec élégance !  

 

George Sand a-t-elle servi de modèle à son amant ? C’est ce qu’insinue un pamphlet en 1868 : « II y avait, en 1848, une certaine dame, … …, fort connue dans le monde galant, qui avait la manie de se vêtir en homme. Elle avait l’habitude d’aller chaque soir chez Madame Henry, rue Richelieu, qui tenait une pépinière de jolies femmes. Elle s’y rendait avec autant d’ardeur que jadis Messaline au quartier des Esquilles.

 

[…]

« Tous les romantiques du temps se rappellent qu’elle fut surnommée le colonel des tribades, et que depuis ce titre lui est resté.

« Aujourd’hui cette vieille dame écrit des romans où elle prêche la morale, car, grâce à ses amis, elle est devenue une des étoiles de la littérature ; en un mot, elle est une célébrité.

« ELLE est d’ailleurs une des actrices du Gamiani, ce livre aux scènes tribadiques dont l’auteur est LUI. » (LE CHASSEPOT. Londres, Jeffs, 1869, cité par Eros-Thanatos)

 

Mais laissons ces calomnies à l’encontre de la baronne Dudevant, soupçonnée d’ailleurs d’avoir mis la main à la deuxième partie.

La Comtesse Gamiani n’en reste pas moins une héroïne singulière en cette première moitié du XIXe qui s’est en quelque sorte individualisée dans le monde, au noir destin certes, mais qu’elle saura mener, seule, à son terme.

Gamiani a été illustré par de nombreux artistes : Achille Deveria déjà cité, André Collot, Edouard-Henri Avril, Louis Berthomme Saint-André, Félicien Rops, André Dignimont, Suzanne Baillivet, entre autres.

 

Les extraits qui suivent donneront quelques échantillons de ces illustrations...

Gamiani ou deux nuits d'excès
Gamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excès
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Gamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excès

Je me décidai à l'observer pendant la nuit, à me cacher dans sa chambre à coucher. La porte vitrée d'un cabinet de toilette faisait face au lit.

Peu-à-peu, les voix du salon s'affaiblirent, la comtesse resta seule avec une de ses amies, mademoiselle Fanny B***. Toutes deux se trouvèrent bientôt dans la chambre et devant mes yeux.

GAMIANI Vous n'y pensez pas, enfant!… otez donc tout, comme moi. Quel embarras! on vous dirait devant un homme. Là! voyez dans la glace…. comme Pâris vous jetterait la pomme. Friponne! elle sourit de se voir si belle. — Vous méritez bien un baiser sur votre front, sur vos joues, sur vos lèvres. Elle est belle partout partout…..

 

La bouche de la comtesse se promenait, lascive, ardente sur le corps de Fanny. Interdite, tremblante, Fanny laissait tout faire et ne comprenait pas.

C'était bien un couple délicieux de volupté, de grâces, d'abandon lascif, de pudeur craintive. On eut dit une Vierge, une Ange, aux bras d'une Bacchante en fureur.

Gamiani ou deux nuits d'excès

J'étais étourdi, comme fou. Je m'élançai sur la belle Fanny, nu, tout en feu, pourpré, terrible. Elle eut à peine le temps de comprendre cette nouvelle attaque que, déjà triomphant, je sentais son corps souple et frêle trembler, s'agiter sous le mien répondre à chacun de mes coups. Nos langues se croisaient brûlantes, acérées, nos âmes se fondaient dans une seule.

 

Quel excès!…. Anéanti, perdu dans les bras de Fanny, je n'avais rien senti des attaques terribles de la Comtesse.

Gamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excès

Ce double contact de deux corps suant le plaisir, tout brulants de luxure, me ravivait encore, redoublait mes désirs.

Le feu me touchait partout. Je demeurai ferme, victorieux au pouvoir de Fanny; puis, sans rien perdre de ma position, dans ce désordre étrange de trois corps se mêlant, se croisant, s'enchevêtrant l'un dans l'autre, je parvins à saisir fortement les cuisses de la Comtesse, à les tenir écartées au dessus de ma tête.

"Gamiani! à moi! portez-vous en avant, ferme sur vos bras!"

Gamiani me comprit, et je pus à loisir poser ma langue active, dévorante sur sa partie en feu.

Fanny insensée, éperdue, caressait amoureusement la gorge palpitante qui se mouvait au dessus d'elle.

Gamiani ou deux nuits d'excès

"Oh! mes belles amies, que nulle crainte ne vienne nous troubler. Livrons-nous sans réserve….. comme si cette nuit était la dernière A la joie, à la volupté".

Et Gamiani de s'écrier: "Le sort en est jeté, au plaisir. Viens Fanny….. baise donc, folle!.. tiens!… que je te morde…. que je te suce; que Je t'aspire jusqu'à la moëlle. Alcide, en devoir… Oh! le superbe animal! quelle richesse!…"

Gamiani ou deux nuits d'excès
Gamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excès
Gamiani ou deux nuits d'excèsGamiani ou deux nuits d'excès

"Agenouillez-vous, ma Nièce: préparez-vous par la prière, et supportez avec courage tout le mal que Dieu veut vous infliger"

J'avais à peine obéi, qu'une porte secrète s'ouvrit, un Moine, vêtu comme nous, s'approcha de moi, marmota quelques paroles: puis, écartant ma robe et faisant tomber les pans de chaque côté, il mit à découvert toute la partie postérieure de mon corps.

Un léger frémissement échappa au Moine, extasié sans doute à la vue de ma chair; sa main se promena partout, s'arrêta sur mes fesses et finit par se poser plus bas.

"C'est par là que la femme pêche, c'est par là qu'elle doit souffrir, dit une voix sépulchrale…"

Ces paroles étaient à peine prononcées, que je me sentis battue de verges, de noeuds de corde garnis de pointes en fer. Je me cramponnai au prie-Dieu, je m'efforçai d'étouffer mes cris, mais en vain, la douleur était trop forte. (...)

Lassé sans doute, mon bourreau avait fini. (...) Je m'agitais lubriquement comme pour satisfaire un désir insatiable. Tout-à-coup deux bras nerveux m'enlacent; je ne savais quoi de chaud, de tendu, vint battre mes cuisses, se glisser plus bas et me pénétrer subitement. A ce moment, je crus être fendue en deux. Je poussai un cri affreux que couvrirent aussitôt des éclats de rire. Deux ou trois secousses terribles achevèrent d'introduire en entier le rude fléau qui m'abîmait. Mes cuisses saignantes se collaient aux cuisses de mon adversaire; il me semblait que nos chairs s'entremêlaient pour se fondre en un seul corps Toutes mes veines étaient gonflées, mes nerfs tendus. Le frottement vigoureux que je subissais, et qui s'opérait avec une incroyable agilité, m'échauffa tellement, que je crus avoir reçu un fer rouge.

Je tombai bientôt dans l'extase, je me vis au Ciel. Une liqueur visqueuse et brûlante vint m'inonder rapidement, pénétra jusqu'à mes os, chatouilla jusqu'à la moëlle…. oh! c'était trop…. je fondais comme une lave ardente…. Je sentais courir en moi un fluide actif dévorant, j'en provoquais l'éjaculation par secousses furieuses et je tombai épuisée dans un abîme sans fin de volupté inouïe.

Ma volupté se changea en douleur atroce. Je fus horriblement brutalisée. Plus de vingt Moines se ruèrent à leur tour en cannibales effrénés...

Gamiani ou deux nuits d'excès
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Récit d’Alcide

L'humeur échauffée de plus en plus, et trop abondante, se portait dans ma tête et les parties de feu dont elle était remplie, frappant vivement contre la vitre de mes yeux, y causait une sorte de mirage éblouissant.

 

(…) Il me semblait que je nageais dans une lumière limpide et douce, suave comme un pâle reflet de la Lune dans une belle nuit d'été. Et, voilà que du point le plus éloigné, accourent à moi, vaporeuses, aëriennes comme un essaim de papillons dorés, des myriades infinies de jeunes filles nues, éblouissantes de fraîcheur, transparentes comme des statues d'albâtre.

 

Je m'élançais devant mes Sylphides, mais elles s'échappaient rieuses et folâtres. Leurs groupes délicieux se fondaient un instant dans l'azur et puis reparaissaient plus vifs, plus joyeux. Bouquets charmants de figures ravissantes qui toutes me donnaient un fin sourire, un regard malicieux.

 

Peu-à-peu, les jeunes filles s'éclipsèrent. Alors, vinrent à moi des femmes dans l'âge de l'amour et des tendres passions.

 

Les unes vives, animées, au regard de feu, aux gorges palpitantes: les autres pâles et penchées, comme des vierges d'Ossian. Leurs corps frêles, voluptueux, se dérobaient sous la gaze. Elles semblaient mourir de langueur et d'attente: elles m'ouvraient leurs bras et me fuyaient toujours.

 

Je m'agitais lubriquement sur ma couche; je m'élevais sur mes jambes et mes mains, secouant frénétiquement mon glorieux Priape. Je parlais d'amour, de plaisir. Dans les termes les plus indécents — mes souvenirs classiques se mêlant un instant à mes rêves, je vis Jupiter en feu, Junon maniant sa foudre; je vis tout l'Olympe en rut dans un désordre, un pèle-mèle étranges; après, j'assistai à une orgie, une bacchanale d'enfer: Dans une caverne sombre et profonde, éclairée par des torches puantes, aux lueurs rougeâtres; des teintes bleues et vertes se refluaient hideusement sur les corps de cent Diables aux figures de bouc, aux formes grotesquement lubriques.

 

Les uns lancés sur une escarpolette, superbement armés, allaient fondre sur une femme, la pénétraient subitement de tout leur dard et lui causaient l'horrible convulsion d'une jouissance rapide, inattendue. D'autres, plus lutins, renversaient une prude, la tête en bas, et tous, avec un rire fou, à l'aide d'un mouton, lui enfonçaient un riche priape de feu, lui martelant à plaisir l'excès des voluptés. On en voyait encore quelques-uns, la mèche en main, allumant un canon d'où sortait un membre foudroyant que recevait inébranlable, les cuisses écartées, une Diablesse frénétique.

 

(…) Dans un espace plus élevé, les diables du premier rang se divertissaient jovialement à parodier les mystères de notre sainte religion

 

Une Nonne toute nue, prosternée, l'oeil béatifiquement tourné vers la voûte, recevait avec une dévotieuse ardeur la blanche communion que lui donnait, au bout d'un fort honnête goupillon, un grand diable crossé, mîtré tout à l'envers. Plus loin, une Diablotine recevait à flots sur son front le baptême de vie; tandis qu'une autre, feignant la moribonde, était expédiée avec une effroyable profusion de Saint Viatique.

 

Un maître diable, porté sur quatre épaules, balançait fièrement la plus énergique démonstration de sa jouissance érotico-satanique et, dans ses moments d'humeur répandait a flots la liqueur bénite. Chacun se prosternait à son passage. C'était la procession du Saint Sacrement…

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Lorsque je fus revenu de ces accès terribles, je me sentis moins lourd, mais plus abattu. Trois femmes jeunes encore et vêtues d'un simple peignoir blanc, étaient assises près de mon lit.

"O mes belles amies! m'écriai-je, je veux être heureux, heureux à l'excès, je veux mourir dans vos bras. Prêtez-vous à mes transports, à ma folie"

Et voilà que chacun se meut, s'agite, s'excite au plaisir.

Je dévore des yeux cette scène animée, ces mouvements lascifs, ces poses insensées. Les cris, les soupirs se croisent, se confondent: bientôt le feu circule dans mes veines. Je frissonne tout-entier. Mes deux mains battent une gorge brûlante, ou se portent frénétiques, crispées, sur des charmes plus secrets encore. Ma bouche les remplace. Je suce avidement, je ronge, je mords. On me crie d'arrêter, que je tue, et je redouble encore.

Je sentais le délire approcher une troisième fois Je poussai avec fureur. Mes trois belles perdirent à la fois l'équilibre et leurs sens. Je les reçus dans mes bras, pamées, expirantes et je me sentis abîmé, inondé.

Joies du Ciel ou de l'Enfer! c'étaient des torrents de feu qui ne finissaient pas.

Gamiani ou deux nuits d'excès
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Médor! Médor! prends moi! Prends!

A ce cri un chien énorme sort d'une cache, s'élance sur la Comtesse et se met en train de lécher ardemment un clitoris dont la pointe sortait rouge et enflammée.

La Comtesse criait à haute voix: hai! hai! hai! forçant toujours le ton à proportion de la vivacité du plaisir. On aurait pu calculer les gradations du chatouillement que ressentait cette effrénée Calymanthe.

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Du lait! du lait! Oh! du lait!

Je ne pouvais comprendre cette exclamation, véritable cri de détresse et d'agonie, lorsque Julie parut armée d'un énorme godmiché rempli d'un lait chaud, qu'un ressort faisait à volonté jaillir à six pas. (…) Je ne pouvais croire, qu'il y aurait introduction, lorsqu'à ma grande surprise, cinq ou six attaques forcenées, au milieu de cris aigus et déchirants, suffirent pour engloutir et dérober cette énorme machine. La Comtesse souffrait comme une damnée: raide, sans mouvement, pareille à un marbre, on eut dit la Cassandre de Casani .

Le va-et-vient s'opérait avec une habileté consommée, lorsque Médor dépossédé, et toujours docile à sa leçon, se jette incontinent sur la mâle Julie, dont les cuisses entr'ouvertes et en mouvement, laissaient à découvert le plus délicieux régal. Médor fit tant-et-si bien, que Julie s'arrêta subitement, se pâma abîmée de plaisir.

Irritée d'un retard qui prolongeait sa douleur et différait son plaisir, la malheureuse Comtesse jurait, maugréait comme une perdue.

Revenue à elle, Julie recommence bientôt et avec plus de force. A une secousse fougueuse de la Comtesse, à ses yeux clos, à sa bouche béante, elle comprend que l'instant approche, son doigt lache le ressort.

Ah! ah!… arrête… je fonds…. hai! hai! je jouis!…. oh!...

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Mes tribades se tenaient enfourchées l'une dans l'autre, cherchant à mêler leurs duvets touffus, à frotter leurs parties ensemble. Elles s'attaquaient, se refoulaient avec un acharnement et une vigueur que l'approche du plaisir peut seul donner à des femmes. On aurait dit qu'elles voulaient se fendre, se croiser tant leurs efforts étaient violents, tant leur respiration haletait bruyante. Ai! ai! s'écriait Fanny, je n'en puis plus, cela me tue. Va seule. Va!…. encore, répondait Gamiani Je touche au bonheur. Pousse! Tiens donc! tiens…. Je m'écorche, je crois. Ah! je sens, je coule…. Ah! ah! ah!… La tête de Fanny retombait sans force. Gamiani roulait la sienne, mordait les draps, mâchait ses cheveux flottant sur elle. Je suivais leurs élans, leurs soupirs; j'arrivai comme elles au comble de la volupté.

Gamiani ou deux nuits d'excès
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La Supérieure [Sainte] me rassura par quelques plaisanteries et me divertit surtout en me racontant la perte de son pucelage.

À force de se tourmenter l’esprit, ma nymphomane se remémora que le singe est, de tous les animaux, celui qui ressemble le plus à l’homme. Son père avait précisément un superbe orang-outang. Elle courut le voir, l’étudier, et comme elle restait longtemps à l’examiner, l’animal échauffé sans doute par la présence d’une jeune fille, se développa tout à coup de la façon la plus brillante. Sainte se mit à bondir de joie. Elle trouvait enfin ce qu’elle cherchait tous les jours, ce qu’elle rêvait chaque nuit. Son idéal lui apparaissait réel et palpable. Pour comble d’enchantement, l’indicible joyau s’élançait plus ferme, plus ardent, plus menaçant qu’elle ne l’eût jamais ambitionné. Ses yeux le dévoraient. Le singe s’approcha, se pendit aux barreaux et s’agita si bien que la pauvre Sainte en perdit la tête. Poussée par sa folie, elle force un des barreaux de la cage et pratique un espace facile que la lubrique bête met de suite à profit. Huit pouces francs, bien prononcés, saillaient à ravir. Tant de richesse épouvanta d’abord notre pucelle. Toutefois, le diable la pressant, elle osa voir de plus près ; sa main toucha, caressa. Le singe tressaillit à tout rompre ; sa grimace était horrible. Sainte, effrayée, crut voir Satan devant elle. La peur la retint. Elle allait se retirer lorsqu’un dernier regard jeté sur la flamboyante amorce réveille tous ses désirs. Elle s’enhardit aussitôt, relève ses jupes d’un air décidé et marche bravement à reculons, le dos penché vers la pointe redoutable. La lutte s’engage, les coups se portent, la bête devient l’égale de l’homme. Sainte est embestialisée, dévirginée, ensingée ! Sa joie, ses transports éclatent en une gamme de oh ! et de ah ! mais sur un ton si élevé que la mère entend, accourt, et vous surprend sa fille bien nettement enchevillée, se tortillant, se débattant et déjectant son âme !

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Je consentis joyeusement à être initiée aux mystères des Saturnales monastiques. Mon admission ayant été adoptée au chapitre, je fus présentée deux jours après. J'arrivai nue selon la règle. Je fis un serment exigé et, pour achever la cérémonie, je me prostituai courageusement à un énorme Priape de bois disposé à cet effet. J'achevais à peine une douloureuse libation que la bande des soeurs se rua sur moi plus pressée qu'une troupe de cannibales. Je me prétai à tous les caprices, je pris les poses les plus lubriquement énergiques, enfin je terminai par une danse obscène et je fus proclamée victorieuse. J'étais exténuée. Une petite nonne, bien vive, bien éveillée, plus raffinée que la supérieure, m'entraina dans son lit: C'était bien la plus damnée Tribade que l'enfer put créer. Je conçus pour elle une vraie passion de chair et nous fumes presque toujours ensemble pendant les grandes orgies nocturnes.

Gamiani ou deux nuits d'excès
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La première fois que je fus mise à l'épreuve, j'étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L'âne fut à l'instant dressé devant moi, à l'aide d'une courroie. Son braquemard terrible, échauffé par les mains des sœurs, battait lourdement sur mon flanc. Je le pris à deux mains, je le plaçai à l'orifice: et, après un chatouillement de quelques secondes, je cherchai à l'introduire. Mes mouvements aidant, ainsi que mes doigts et une pommade dilatante, je fus bientôt maîtresse de cinq pouces au moins. Je voulus pousser encore, mais je manquai de forces, je retombai. Il me semblait que ma peau se déchirait, que j'étais fendue, écartelée. C'était une douleur sourde, étouffante, à laquelle se mêlait pourtant une irritation chaleureuse, titillante et sensuelle. La bête remuant toujours produisait un frottement si vigoureux que toute ma charpente vertébrale était ébranlée. Mes canaux spermatiques s'ouvrirent et débondèrent. Ma cyprine brûlante tressaillit un instant dans mes reins Oh! quelle jouissance! Je la sentais courir en jets de flamme et tomber goutte à goutte au fond de ma matrice. Tout en moi ruisselait d'amour. Je poussai un long cri d'énervement et je fus soulagée…. Dans mes élans lubriques j'avais gagné deux pouces; toutes les mesures étaient passées, mes compagnes étaient vaincues. Je touchais aux bourrelets, sans lesquels on se serait éventrée.

 

Epuisée, endolorie dans tous les membres, je croyais mes voluptés finies lorsque l'intraitable fléau se roidit de plus belle, me sonde, me travaille et me tient presque levée. Mes nerfs se gonflent, mes dents se serrent et grincent. Mes bras se tendent sur mes deux poings crispés. Tout-à-coup un jet violent s'échappe et m'inonde d'une pluie chaude et glueuse, si forte, si abondante, qu'elle semble regorger dans toutes mes veines et toucher jusqu'au cœur. Mes chairs lachées, détendues par ce baume exubérant, ne me laissent plus sentir que des félicités poignantes qui me piquent les os, la moelle, la cervelle et les nerfs, dissolvent mes jointures et me mettent en fusion brûlante…. torture délicieuse! intolérable volupté qui défait les liens de la vie et vous fait mourir avec ivresse.

Gamiani ou deux nuits d'excès

Après une grande orgie, nous eûmes l'idée de nous transformer en hommes, à l'aide d'un godemiché attaché, de nous embrocher de la sorte à la suite les unes des autres; et de courir ensuite comme des folles. Je formais le dernier anneau de la chaîne, j'étais la seule par conséquent qui chevaucha sans être chevauchée. Quelle fut ma surprise lorsque je me sentis vigoureusement assaillie par un homme nu qui s'était, je ne sais comment, introduit parmi nous. Au cri d'effroi qui m'échappa, toutes les nonnes se débandèrent et vinrent s'abattre incontinent sur le malheureux intrus.

Gamiani ou deux nuits d'excès
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Dès que les nonnes comprirent que ce malheureux n'était plus bon à rien, elles décidèrent sans hésiter qu'il fallait le tuer et l'ensevelir dans une cave, de peur que ses indiscrétions ne vinssent à compromettre le couvent. (….) Mais voilà, à la grande surprise de ces furies, que la pendaison produit son effet ordinaire. Emerveillée de la démonstration nerveuse, la Supérieure monte sur un marchepied et, aux applaudissements frénétiques de ses dignes complices, elle s'accouple dans l'air avec la mort et s'encheville à un cadavre.

Trop mince ou trop usée pour soutenir ce double poids, la corde cède et se rompt. Mort et vivant tombent à terre et si rudement que la nonne en a les os rompus et que le pendu dont la strangulation s'était mal opérée revient à la vie et menace dans sa tension nerveuse d'étouffer la supérieure.

La foudre tombant sur une foule produirait moins d'effet que cette scène, sur les nonnes. Toutes s'enfuirent épouvantées croyant que le diable était avec elles; la supérieure resta seule à se débatte avec l'intempestif ressuscité.

Gamiani ou deux nuits d'excès

Il m'arriva dans une matinée, de fournir jusqu'à trente deux courses et de désirer encore. Six athlètes furent vaincus et abîmés.

Un soir je fis mieux. J'étais avec trois de mes plus vaillans champions. Mes gestes et mes discours les mirent en si belle humeur, qu'il me vint une idée diabolique, pour la mettre à profit je priai le plus fort de se coucher à la renverse et tandis que je festoyais à loisir sur sa rude machine, je fus lestement gomorhisée par un second: ma bouche s'empara du troisième et lui causa un chatouillement si vif qu'il se demena en vrai démon et poussa les exclamations les plus passionnées Tous trois à la fois nous éclatames de plaisir en roidissant nos quatre membres. Quelle ardeur dans mon palais! quelle jouissance délicieuse au fond de mes entrailles!….

Gamiani ou deux nuits d'excès

A genoux entre les jambes de Fanny, elle s'attachait son redoutable instrument et le brandissait d'un air menaçant.

A cette vue les transports de Fanny redoublent plus violents, il semble qu'un feu intérieur la tourmente et la pousse à la rage. Ses cuisses écartées se prêtent avec effort aux attaques du simulacre monstrueux. L'insensée! elle eut à peine commencé cet horrible supplice qu'une étrange convulsion la fit bondir en tous sens.

-  Hai! hai! la liqueur brûle, hai! mes entrailles. Mais cela pique, cela perce! Ah! je vais mourir!…. Vile et damnée sorcière, tu me tiens…. Tu me tiens…. ah!…

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 21:05
Faut-il lire dans les cagoinses ?
Faut-il lire dans les cagoinses ?

 LireauWC 09

 

LireauWC 08   "Il existe un aspect de la lecture qui vaut, je crois, qu'on s'y étende un peu, car il s'agit d'une habitude très répandue et dont à ma connaissance, on a dit bien peu de chose. Je veux parler du fait de lire aux cabinets." Henry Miller en fit un essai. Et sa conclusion – que je me garderai de partager – est négative. Pour lui, cette pratique est motivée par la peur de se retrouver face à soi-même, à l’impuissance à réfléchir à des choses essentielles dans ces moments de pure intimité. Faire deux choses à la fois n’apporte que frustration.

 

 

Mais des raisons moins philosophiques militeraient pour bannir cette pratique.

 

Question d’hygiène d’abord. Les journaux et revues ne seraient-elles pas des vecteurs de propagation de redoutables virus et bactéries ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si l’on en croit une professeure de la London school of hygiene & tropical medicine « le risque de contamination lié à la lecture aux toilettes est très faible. Le plus important étant de se laver les mains afin d'en éliminer les microbes vaillants qui auraient pu y parvenir. Quant aux microbes qui auraient atterri sur le support de lecture, on peut noter que leur durée de vie n'est que de quelques minutes sur du papier journal. En revanche, ils peuvent tenir quelques heures sur les surfaces plus lisses, comme les couvertures plastifiées ou les écrans de Kindle et d'iPad. A ce sujet, Val Curtis vient d'ailleurs de publier une étude révélant qu'en Grande Bretagne, un téléphone portable sur six présente des traces de matières fécales. » Comme quoi, il vaut mieux lire le journal que de rédiger des textos dans les gogues.

 

   Mais, seconde question, la lecture a-t-elle des effets sur l’activité intestinale ? Autrement dit, le lecteur ne risque-t-il pas d’être distrait de l’activité physique essentielle qui justifie sa présence dans ces lieux dits d’aisance : pousser ! En 1989, un article de la célèbre revue médicale Lancet avançait que la lecture nuisait à cet effort de poussée. « L'intellect ne doit pas interférer avec les actes physiques primaires : il ne faut pas lire à table, aux WC, en faisant l'amour ou en jouant au football. Un autre article prétendait le contraire. » Certains même allaient jusqu’à avancer que la lecture pouvait favoriser les hémorroïdes !

 

LireauWC 05 Une grande étude a été lancée par un Chercheur au Bnai Zion Medical Center à Haifa, en Israël, le docteur Ron Shaoul. L’hypothèse de ce gastro-entérologue était inverse : "Nous pensions qu'être assis et lire aux toilettes pouvait être relaxant et rendre les choses plus faciles". Ont donc été sollicités 499 femmes et hommes adultes. « On demandait à ces personnes si elles lisaient aux toilettes, le temps qu'elles passaient sur le trône, le nombre de fois où elles s'y rendaient, la vigueur de leur transit, l'état de leur anus et une caractérisation de leurs selles, et ce, grâce à la célèbre échelle de Bristol. Celle-ci note de 1 à 7 la forme et la consistance de la production intestinale, du petit gravier à la lavasse, en passant par le bien moulé. »

 

« Le portrait-robot du bibliophile de goguenots décrit un homme plutôt jeune, diplômé et laïc. En revanche, les femmes, les personnes âgées, les agriculteurs, les ouvriers et les fervents croyants sont moins enclins à bouquiner dans cet endroit. » À vrai dire, la plupart des lecteurs lisent ce qui traîne et d’ailleurs traînent un peu plus longtemps dans les WC que les non lecteurs. Mais les effets sur la santé ? Nuancés : ils seraient moins sujet à la constipation, mais seraient plus nombreux à souffrir... d'hémorroïdes.

 

Les espoirs donc des chercheurs d’Haïfa dans les vertus thérapeutiques de la lecture ont été déçus. Ça ne sert qu’à passer le temps, à fuir comme le pense H. Miller la possibilité de s’analyser dans ces moments de pure intimité. Peut-être aussi, même si ce n’est le fait que de happy few (chers à Stendhal), à se cultiver.  

 

LireauWC 07  Ainsi, dans les Lettres à son fils Lord Chesterfield décrit "un homme qui était si bon ménager de son temps qu'il ne voulait pas même perdre cette petite portion que la nature l'obligeait de passer à la garde-robe ; mais il employait tous ces moments-là à repasser tous les poètes latins. Il achetait, par exemple, une édition ordinaire d'Horace, dont il déchirait successivement quelques pages, les emportait avec lui dans cet endroit, commençait par les lire et ensuite les envoyait en bas (...). C'était autant de temps de gagné ; je vous recommande fort de suivre cet exemple. Cette occupation vaut mieux que de se contenter de ce dont on ne peut absolument se dispenser pendant ces moments-là."

 

 

Sources :

http://livres.fluctuat.net/blog/50806-lire-aux-toilettes-est-il-bon-pour-la-sante-.html

http://www.blog-habitat-durable.com/article-chiotissime-exposition-photos-sur-les-toilettes-dans-le-monde-du-9-sept-au-20-oct-2010-58020387.html

http://littexpress.over-blog.net/article-13981764.html

et surtout : http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/11/04/lire-aux-toilettes-est-il-bon-pour-la-sante_1598667_3244.html

 

 

Pour compléter, deux oeuvres d'Andres Serrano (avec un commentaire inspiré d'un critique d'art) :

AndresSerrano-shit04.jpg

AndresSerrano-shit01.jpg

 

Shit constitue (…) ce que l'on pourrait qualifier d'un nouveau genre de portraits. Repoussantes lorsqu'on en connaît l'origine, ces images d'excréments sont pourtant de toute beauté. Les couleurs chatoyantes des fonds et les reflets lumineux qui s'accrochent à la matière nous poussent à les examiner comme des sculptures.
Pour lui, «l'art réside moins dans le processus que dans le résultat dont la beauté plastique métamorphose le sujet le plus humble ou le plus répugnant, et lui donne accès à nos regard». Car c'est bien de cela dont il s'agit. 

 

Ce qui ne manque pas d'évoquer le chant fameux :

Ô merde, merde divine

Toi seule as des appas

La rose a des épines

Toi merde tu n'en as pas !

 

Et pour ajouter encore une once de poésie, ce texte, attribué à Alfred de Musset, mais qui serait de Maurice Sand, fils de George :

 

Le petit endroit

Vous qui venez ici
dans une humble posture

De vos flancs alourdis
décharger le fardeau

Veuillez quand vous aurez
Soulagé la nature

Et déposé dans l'urne
un modeste cadeau

Epancher dans l'amphore
un courant d'onde pure

Et sur l'autel fumant
placer pour chapiteau

Le couvercle arrondi
dont l'auguste jointure

Aux parfums indiscrets
doit servir de tombeau

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