Le Portier des Chartreux fait figure de référence chez Michel Foucault dans La Volonté de savoir, introduction à son Histoire de la sexualité. Roman libertin qui fut sévèrement jugé en son temps : « Enfin toutes les règles du roman sont violées dans celui-ci : religion, moeurs, honnêteté, vérité, vraisemblance, rien n'est ménagé. »
Mais néanmoins connut une popularité dont témoigne Pascal Pia par cet épisode : en 1746 une dame d'honneur des filles de Louis XV se fit blâmer pour son manque de vigilance: on avait surpris la princesse Adélaïde, alors âgée de quatorze ans, en possession d'un exemplaire de cet horrible livre.
Livre que cite, notamment, Thérèse Philosophe, puisque c’est sa lecture qui amène Mme C, malgré la crainte de la grossesse, à céder aux instances de l’abbé T.
Saturnin, futur Dom Bougre, est le fruit “de l’incontinence des révérends pères célestins de la ville de R…” et d’une moniale. Car “tout homme est homme, et les moines surtout. Ils ont donc la faculté de travailler à la propagation de l’espèce. Eh ! pourquoi la leur interdirait-on ? Ils s’en acquittent si bien!”
Devenu Dom Bougre, Portier des Chartreux, sur la fin de sa vie – en tout cas luxurieuse – il trouve la force d’écrire ses égarements pour l’édification de ses frères. Malgré ses fins édifiantes, le récit conte avec alacrité les aventures rocambolesques de Saturnin, sa sœur Suzon et Monique son amie, et la vie au monastère de notre héros.
“J’avais les dispositions toutes monacales. Guidé par le seul instinct, je ne voyais pas une fille que je ne l’embrassasse, que je ne lui portasse la main partout où elle voulait bien la laisser aller ; et quoique je ne susse pas bien positivement ce que j’aurais fait, mon cœur me disait que j’en aurais fait plus, si l’on ne m’eût arrêté dans mes transports.” Comme on le voit, bien qu’il se crût le fils du jardinier et de sa Toinette d’épouse, ses inclinations décelaient sa naissance.
Tout naturellement, Saturnin entrera dans les ordres: "J'entre dans une nouvelle carrière. Destiné par ma naissance à augmenter le nombre de ces pourceaux sacrés que la piété des fidèles nourrit dans l'abondance, j'avais reçu de la Nature les plus heureuses dispositions pour cet état, et l'expérience avait déjà commencé à perfectionner ses présents." Ces dispositions naturelles sont celles qui déterminent l'essence même du moine : "Quelles foules de caractères odieux n'aurais-je pas à tracer si je voulais vous peindre ceux de tous les moines! Change-t-on d'inclination pour changer d'habit? Non, le buveur est toujours ivrogne, le voleur est toujours voleur, l'impudent toujours impudent et le fouteur est toujours fouteur."
En bon moine, il fait aussi l’éloge de la bisexualité : « Est-il rien de plus charmant qu’un joli giton, blancheur de peau, épaules bien faites, belle chute de reins, fesses dures, rondes, un cul d’un ovale parfait, étroit, serré, propre, sans poil ? Ce n’est pas là de ces conasses, de ces gouffres où on entre tout botté. Je te vois, censeur atrabilaire, tu me reproches mon inconstance, en ce que je loue tantôt le con, tantôt le cul. Apprends, nigaud, que j’ai pour moi l’expérience, que j’enfile une femme, quand elle se présente, et que je prends mes ébats avec un beau garçon. Allez à l’école des sages de la Grèce, allez à celle des honnêtes gens de notre temps, vous apprendrez à vivre. »
Avant le prélat de Mirabeau, dans Hic et Hec - « Qu'importe à la société que je satisfasse mes besoins physiques ou que je m'en prive, pourvu que je ne nuise pas au bonheur d'autrui, que je ne lui enlève pas sa propriété, que je n'altère pas ses jouissances et que je ne lui cause ni chagrin ni douleur ? » - Le Portier des Chartreux pourrait porter en devise « Pour vivre débauché, vivons caché »
Jouir des droits naturels
Au couvent de Saturnin, une double politique est en vigueur; vérité en deçà des murs, fausseté au-delà: «donner, dit Ie prieur, tout à la [nature] dans l'intérieur de nos cloîtres, et Ie plus que nous pouvons à l'austérité, à l'extérieur». Cependant un comportement fidèle à la nature ne doit pas faire oublier la solidarité entre collègues, et toute réaction individuelle susceptible de nuire à la communauté est sévèrement punie. Prudents, les moines s'entourent, par surcroit, d'une double protection. La «piscine», sorte de harem permanent à l'intérieur du couvent des Chartreux, est bien camouflée et «impossible à découvrir», et, précise Ie prieur, «pour plus de sureté, nous n'admettons [...] que ceux à qui leur propre intérêt impose la discrétion, ceux qui ont reçu la qualité de prêtre». Le plaisir de l'interdit a aussi son prix.
Aussi longtemps que les secrets d'alcôve demeurent étanches, ils ne font de tort à personne. Ils ne sont plus dès lors ni un péché ni un crime. Ainsi, toute relation sexuelle illicite ne l'est qu'aux yeux de ceux qui l'ont décrétée telle. La maintenir cachée, c'est jouir des droits «naturels» en faisant fi des lois des hommes, aussi bien civiles que religieuses. (Jacqueline Chammas)
Cette philosophie libertine-libertaire n’est pas si éloignée de la réalité.
Ainsi Dom Bougre, ou Saturnin, désignerait l'abbé Desfontaines et ses aventures lubriques. « L’abbé Duval des Fontaines, attire chez lui des jeunes gens pour les corrompre, et il en fait souvent coucher avec lui. Si on veut s’informer exactement de sa conduite, on trouvera qu’il n’a point ou peu de religion, qu’il fait gras sans nécessité les jours maigres, et qu’il est en commerce avec de petits et jeunes libertins, avec lesquels il fait des parties de débauche(…) on peut le regarder comme une peste publique…» François Ravaissaon, Archives de la Bastille, t. 12, Paris, A. Durand et Pedone-Lauriel, 1881, p. 102-3.
Après avoir échappé à l’exécution puis au bannissement (grâce à Voltaire à qui, selon l’effet Perrichon, il vouera une haine tenace). « L’abbé Desfontaines n’avait pas changé de mœurs, mais seulement de quartier. […] Il ne se risquait plus à avoir à demeure des jeunes gens qui, sous couleur de travailler avec lui, étaient en réalité ses bardaches. […] Mais il se contentait désormais de ces jeunes Savoyards qui venaient ramoner les cheminées et montrer les marmottes. Beaucoup de ces enfants se prêtaient au « péché philosophique ». On les débarbouillait quand ils descendaient des toits, et les pédérastes se les passaient les uns aux autres. Avec sa cheminée, Desfontaines se croyait désormais à l’abri des investigations de la police. » (Roger Peyrefitte)
Dom Bougre le décrit, en fait, sous les traits d’un autre moine : « Le père Casimir était d’une taille médiocre, brun de visage, d’un ventre de prélat. Il avait des yeux qui vous enculaient de cent pas, et qui ne s’attendrissaient qu’à la vue d’un joli garçon. Alors le bougre, en rut, hennissait. Sa passion pour l’antiphysique était si bien établie, que les Savoyards le redoutaient. Aisément l’on tombait dans ses filets ; il était auteur et bel esprit à la mode ; censeur caustique, écrivain sec, plaisant sans légèreté, ironique sans délicatesse. Il s’était fait un nom par des écrits qui n’avaient d’autre mérite que celui de la méchanceté. »
Mais cet abbé, par ailleurs critique littéraire, n’est, si l’on peut dire, qu’un échantillon, ayant par trop manqué au devoir de discrétion, de la débauche assez générale du clergé de l’époque.
Chez la fameuse Gourdan, raconte Tailhade*, une des «procureuses» les plus célèbres du XVIIIe siècle, «on trouvait des frocs dans tous les recoins, [...] cordeliers, augustins, mineurs, feuillants, récollets, jésuites, prémontrés», tous venus en cachette et assurés de la discrétion de leur hôtesse. L'archevêque de Cambrai y avait ses habitudes, l’évêque de Sisteron, Mgr Lafiteau, y attrapa, aux dires de l’abbé de Tencin, «un mauvais souvenir de son séjour» et, en 1783, Mgr de Brienne, archevêque de Toulouse, confirme, dans sa correspondance, ses habitudes chez celle qu'il appelait sa «chère comtesse».
«Nul à cette époque, note Tailhade*, ne se scandalisait des débauches du clergé et des moines», si bien que, devant une telle désinvolture, Ie roi « nomma une commission d' évêques dans Ie but de réprimer les orgies du bas clergé», ce qui fit les délices des chansonniers: «On a choisi cinq évêques paillards / Tous rongés de vérole et de chancre, / Pour réformer des moines trop gaillards, / Peut-on blanchir l’ébène avec de l'encre?». Par ailleurs, l’abbé de Voisenon vivait en parfaite harmonie, dans un ménage à trois, avec Ie couple Favart et la Chantilly. La relation «était trop connue et trop affichée pour ne pas exciter [elIe aussi] la verve des chansonniers» …
Le Cardinal de Bernis, qui portait un jugement sévère sur ces mômeries, en tant qu’ambassadeur à Venise était, si l’on en croit Casanova, amateur de très jeunes nonnes. (Daversin et Janssen)
C’est donc, à juste titre, que Dom Bougre plaide pour la véracité de son récit : « Si I'on se plaint que la vraisemblance n'y est pas ménagée, qu'on se souvienne que ce ne sont pas ici de ces jeux de I'imagination que I'on compose, que I'on manie avec adresse pour ménager la crédulité du lecteur, mais qu'ils sont exactement vrais et que la vraisemblance n’est pas toujours Ie signe distinctif de la vérité. [ ... ] Les Bénédictins, les Cordeliers, les Carmes, les Jésuites et tant d'autres travaillent tous les jours à me justifier. On en sait mille histoires, sans celles que I'on ne sait pas. »
L’ouvrage est attribué à Jean-Charles Gervaise de Latouche,avocat au Parlement de Paris (1715-1783). On ne sait pratiquement rien de lui, sinon qu’il fut qualifié d’être "un monstre dans la société et un empoisonneur public".
« Ce qui parcourt ce roman-là, c'est le feu. Dans l'érotisme le plus classique, on est dans l'art érotique des positions, dans la représentation. Et là, on arrive avec un érotisme qui n'est pas dans la distance, de l'alignement parfait des corps, mais dans le feu qui va dévorer les personnes qui ressentent du désir. » Caroline Allard
* Les Mystères Des Couvents Au XVIIIe Siecle. D'après les textes réunis par Mme M.L.Laurent Tailhade
L’ouvrage est paru sous différents titres : Le Portier des Chartreux, Histoire de Dom Bougre portier des Chartreux (Dom Bougre pouvant devenir Dom B.), Histoire de Dom Bougre ou les Mémoires de Saturnin, Le Portier des Chartreux (par Gervaise de la Touche) ou mémoires de Saturnin, écrits par lui-même, Les Mémoires de Saturnin, écrits par lui-même, Histoire de Saturnin, portier des chartreux, écrite par lui-même, notre Dom Bougre, dans certaines éditions deviendra Gouberdom : Histoire de Gouberdom, portier des chartreux. La première édition est de 1741. Comme Fanny Hill et Gamiani, il fut un des ouvrages licencieux du 18e et 19e siècles des plus réédités. Il fut illustré, entre autres par Antoine Borel et Paul Avril.
Un anonyme donnera ensuite les Mémoires de Suzon sœur de Dom Bougre portier des Chartreux suivi de l’Histoire de Marguerite fille de Suzon nièce de Dom Bougre La Cauchoise
EXTRAITS
Un jour qu’on me croyait à l’école, j’étais resté dans un petit réduit où je couchais En cherchant doucement avec la main si je ne trouverais pas quelque trou à la cloison, j’en sentis un qui était couvert par une grande image. Je la perçai et me fis jour. Quel spectacle ! Toinette nue comme la main, étendue sur son lit, et le père Polycarpe, procureur du couvent, qui était à la maison depuis quelque temps, nu comme Toinette, faisant… quoi ? ce que faisaient nos premiers parents, quand Dieu leur eut ordonné de peupler la terre Toinette avait les jambes écartées, il semblait que sa paillardise fût d’accord avec ma curiosité pour ne me rien laisser à désirer.
Je me laissai prendre la main, qu’elle porta aussitôt à sa fente, en me disant de la chatouiller avec mon doigt dans le haut de cet endroit. Je le fis par amitié pour elle. J’attendais qu’elle me dît de finir, mais elle ne disait mot, écartait seulement les jambes et respirait un peu plus vite qu’à l’ordinaire, en jetant de temps en temps quelques soupirs et en remuant le derrière. Je crus qu’elle se trouvait mal, et je cessai de faire aller le doigt. — Ah ! Suzon, me dit-elle d’une voix entrecoupée, achève ! Je continuai. Ah ! s’écria-t-elle en s’agitant bien fort et en m’embrassant étroitement, dépêche, ma petite reine, dépêche ! Ah ! ah ! vite, ah !… je me meurs ! Au moment qu’elle disait cela, tout son corps se roidit et je me sentis de nouveau la main mouillée ; enfin, elle poussa un grand soupir et resta sans mouvement
J’avais mille fois ouï parler de godmiché : je savais que c’était avec cet instrument que nos bonnes mères se consolaient des rigueurs du célibat.
Je me jetai sur mon lit, mon cher godmiché à la main ; mais, ma chère Suzon, quelle fut ma douleur quand je vis que je ne pouvais pas le faire entrer ! Je me désespérai, je fis des efforts capables de déchirer mon pauvre petit conin. Je rentr’ouvrais, et, appuyant le godmiché dessus, je me faisais un mal insupportable. Je ne me rebutais pas. Je crus que si je me frottais avec de la pommade, cela m’ouvrirait davantage. J’en mis ; j’étais en sang, et ce sang mêlé avec la pommade et ce que la fureur où j’étais faisait sortir de mon con avec un plaisir qui me transportait, aurait sans doute ouvert le passage, si l’instrument n’eût été d’une grosseur prodigieuse. Je voyais le plaisir près de moi, et je n’y pouvais atteindre. J’étais forcenée, je redoublais mes efforts, mais inutilement, le godmiché maudit rebondissait et ne me laissait que la douleur.
On me tenait étroitement embrassée par derrière. Au moment que j’ouvris les yeux, je les refermai de plaisir et n’eus pas la force de regarder celui qui me le donnait. Je me sentis inondée d’une liqueur chaude, et quelque chose de dur et de brûlant que l’on m’enfonçait en jetant des soupirs. Je soupirais aussi, et dans le moment une liqueur semblable que je sentais s’échapper de toutes les parties de mon corps, avec des élancements délicieux, se mêlant avec celle que l’on répandait une seconde fois, me fit retomber sans mouvement sur mon prie-Dieu.
Il était au rendez-vous, aussi amoureux, aussi impatient que j’avais été ponctuelle. J’étais vêtue fort légèrement ; il faisait chaud, et je m’étais aperçue la veille que les jupes, les corps, les mouchoirs de gorge, tout cela était trop embarrassant. Sitôt que je sentis la porte ouverte, un tressaillement de joie me coupa la parole. Je ne la recouvrai que pour appeler mon cher Martin à voix basse : il m’attendait ; il accourut dans mes bras, me baisa ; je lui rendis caresse pour caresse. Nous nous tînmes longtemps étroitement serrés. Revenus des premiers mouvements de notre joie, nous cherchâmes réciproquement à en exciter de plus grands. Je portai la main à la source de mes plaisirs ; il porta la sienne où je l’attendais avec impatience. Il fut bientôt en état delà contenter. Il se déshabilla, me fit un lit de ses habits : je me couchai dessus.
L'une de mes cuisses était sur le ventre de Monique, l’autre sous ses fesses : mon ventre et mes fesses étaient de même entre ses cuisses ; étroitement collées l’une contre l’autre, nous nous pressions en soupirant, nous nous frottions réciproquement, nous répandions à chaque instant. Les sources de notre plaisir, gonflées par un jaillissement continuel, qui n’ avait d’autre issue que de passer de l’une dans l’autre, étaient comme deux réservoirs de délices où nous mourrions plongées sans sentiment, où nous ne ressuscitions que par l’excès du ravissement. L’épuisement seul mit fin à nos transports.
Les voici ! lui dis-je en lui faisant signe de se taire et en la remuant sur le lit ; les voici, ma chère Suzon !
— Laisse-moi donc voir aussi ! me dit-elle en me repoussant un peu. Curieux alors de savoir si l’exemple opérait, je commençai par lui couler la main sous la jupe.
Enfin, je gagnai le but. Suzon m’abandonna tout, sans pousser plus loin sa résistance ; elle écartait les jambes pour laisser à ma main la facilité de se contenter. J’en profitai, et portant le doigt à l’endroit sensible, à peine pouvait-il y entrer.
— Je te tiens, Suzon ! lui dis je alors ; et levant son jupon par derrière, je vis, ah ! je vis le plus beau, le plus blanc, le mieux tourné, le plus ferme, le plus charmant petit cul qu’il soit possible d’imaginer. Non, aucun de ceux à qui j’ai fait le plus de fête, aucun n’a jamais approché du cul de ma Suzon. Fesses divines dont l’aimable coloris l’emportait sur celui du visage ; fesses adorables, sur lesquelles je collai mille baisers amoureux, pardonnez si je ne vous rendis pas alors l’hommage qui vous était dû ; oui, vous, méritiez d’être adorées ; vous méritiez l’encens le plus pur ; mais vous aviez un voisin trop redoutable. Je n’avais pas encore le goût assez épuré pour connaître votre véritable valeur : je le croyais seul digne de ma passion. Cul charmant, que mon repentir vous a bien vengé !
...je m’y prenais fort mal : trop bas, trop haut, me consumant en efforts inutiles. Elle me le mit. Ah ! Que je sentais alors qu’il était dans le véritable chemin ! Je poussais avec ardeur ; mon lit, ce malheureux lit, témoin de mes transports et de mon bonheur, nous trahit : il n’ était que de sangle ; la cheville manqua, il tomba et fit un bruit affreux. Cette chute m’eût été favorable, puisqu’elle m’avait fait entrer jusqu’où je pouvais aller, quoique avec une extrême douleur pour tous les deux. Toinette, avertie par le bruit, accourut, ouvrit et nous vit. Quel spectacle pour une mère ! une fille, un fils ! La surprise la rendit immobile ; et comme si elle eût été retenue par quelque chose de plus puissant que ses efforts, elle ne pouvait avancer…Suzon donna alors un signe de vie, jeta un profond soupir, rouvrit les yeux, me serra en donnant un coup de cul, Suzon goûtait le souverain plaisir ; elle déchargeait : ses ravissements me faisaient plaisir ; j’allais les partager. Toinette s’élança au moment où je sentais les approches du plaisir ; elle m’arracha des bras de ma chère Suzon.
Elle me regarda, me serra la main et se coucha. Je crus que l’heure du berger allait sonner, et déjà je préparais l’aiguille, quand tout à coup elle s’endormit. Je mis la tête aux pieds de la dame, et, le visage contre terre, je cherchai à pénétrer dans le pays de l’amour ; mais je ne vis rien. Je coulai la main sur la cuisse et j’avançai jusqu’au pied du mont. Déjà je touchais à l’entrée de la grotte, et je croyais y borner mes désirs. Je commençai à lever doucement le jupon. Ses jambes étaient décroisées, son genou droit élevé, et le jupon tombé sur son ventre, et je vis ses cuisses, ses jambes, sa motte, son con ! Ce spectacle me charma. J’y mis le doigt, je le chatouillai un peu ; le mouvement qu’elle avait fait ayant écarté ses jambes, j’y portai aussitôt la bouche en tâchant d’y enfoncer la langue. Je bandais d’une extrême force.
Mon vit avait repris toute sa roideur, mes désirs renaissaient avec une nouvelle vivacité. Attends donc, reprit-elle, attends, mon ami, je veux te donner un plaisir nouveau, je veux te foutre à mon tour : couche-toi comme je l’étais tout à l’heure. Je me couchai aussitôt sur le dos ; elle monta sur moi, me prit elle-même le vit, me le plaça, et et se mit à pousser. Je ne remuais pas ; elle faisait tout, et je recevais le plaisir. Je la contemplais, elle interrompit son ouvrage pour m’accabler de baisers ; ses tétons cédaient au mouvement de son corps et venaient se reposer sur ma bouche. Une sensation voluptueuse m’avertit de l’approche du plaisir. Je joignis mes élancements à ceux de ma fouteuse, et nous nageâmes bientôt dans le foutre.
- Mets ta tête à mes pieds, et tes pieds à la mienne. Je le fis. Mets ta langue dans mon con, et moi je vais mettre ton vit dans ma bouche. Nous y voilà ! Cher ami, que tu me fais de plaisir ! Dieux ! qu’elle m’en faisait aussi ! Je lui dardais ma langue le plus avant que je pouvais ; j’aurais voulu y mettre la tête, m’y mettre tout entier ! Je suçais son clitoris ; j’allais chercher un nectar rafraîchissant jusqu’au fond de son con. Mme Dinville me tenait le derrière serré et je pressais ses fesses : elle me branlait avec la langue et avec les lèvres. Nous déchargeâmes en même temps ; je pressai dans ce moment, je couvris avec mes lèvres tout le con de ma fouteuse ; je reçus dans ma bouche tout le foutre qui en sortait : je l’avalai ; elle en fit autant de celui qui sortait de mon vit.
Qu’on se figure M. le curé, nu, en caleçon, un bonnet gras sur la tête, ses petits yeux étincelants, sa grande bouche écumante, frappant comme un sourd sur l’abbé et sur la nièce. Qu’on se représente ces deux amants, la belle tremblante et s’enfonçant dans son lit, l’abbé se cachant sous la couverture et n’en sortant que pour allonger de temps en temps des coups de poing sur le visage du pasteur. Qu’on se trace la figure d’une mégère en chemise, qui, la chandelle à la main, s’approche, veut crier, demeure interdite, et tombe de frayeur sur une chaise.
Écarté un jour dans un lieu solitaire, où je me croyais sans témoin, je me dulcifiais avec une indolence voluptueuse. Un coquin de moine m’observait : il n’était pas de mes amis ; il parut si brusquement, que les bras me tombèrent de surprise. Je restai dans cet état exposé à la malignité de ses regards. Je me crus perdu ; je crus qu’il allait publier mon aventure…
Casimir, imposant silence à la troupe, m’adressa la parole. — Père Saturnin, me dit-il, disposez de Marianne ; vous la voyez, dispensez-moi de faire son éloge. Elle est accomplie, elle va vous donner tous les plaisirs imaginables ; mais ces plaisirs sont à une condition. — Quelle est-elle, cette condition ? lui répondis-je ; faut-il vous donner mon sang ? — Non. — Quoi donc ? — Votre cul. — Mon cul ? eh ! que diable en feriez-vous ? — Oh ! c’est mon affaire, répondit-il. L’envie de baiser Marianne fit que je n’insistai pas. Je me mis en devoir de l’enconner, et mon bougre de m’enculer.
Pour punir Saturnin [de n'avoir point voulu foutre avec sa mère, Gabrielle], il me vient une idée. — Quelle est-elle? lui demanda-t-on, — C’est, répondit-elle, de le faire coucher sur un lit ; Gabrielle s’étendra sur son dos, et le père qui vient de parler comme un oracle exploitera Gabrielle ! Les ris redoublèrent ; j’en ris moi-même, et dis que j’y consentais, à condition que pendant que le père foutrait sur mon dos. je foutrais, moi, avec la donneuse d’avis. — J’y consens, reprit-elle, pour la rareté du fait. Chacun applaudit, nous nous mîmes en posture. Figurez-vous quel spectacle ce devait être ! Le père ne poussait aucun coup à ma mère qu’elle ne le lui rendît sur-le-champ au triple, et son cul, en retombant sur le mien, me faisait enfoncer dans le con de Madelon, ce qui faisait un ricochet de fouterie tout à fait divertissant.
Mes révérends, leur dis-je, votre nombre ne m’épouvante pas ; mais je présume peut-être trop de mes forces : je succomberais, vous êtes vingt ; la partie n’est pas égale ; Je vais vous proposer un accommodement. Il faut nous mettre nus ! (Et, pour leur en donner l’exemple, je commençai la première. Robe, corset, chemise, tout partit dans la minute. Je les vis tous dans le même état que moi ; mes sœurs étaient aussi nues. Mes yeux savourèrent un moment le charmant spectacle de vingt vits roides, gros, longs, durs comme fer, et qui se présentaient fièrement au combat.) Allons, repris-je, il est temps de commencer. Je vais me coucher sur ce lit ; j’écarterai assez les cuisses pour qu’en accourant sur moi le vit à la main, vous m’enfiliez l’un après l’autre, car il faut que le sort règle le pas ; les maladroits n’auront pas à se plaindre, puisqu’en me manquant ils trouveront des cons touts prêts sur qui ils pourront décharger leur colère.
Quelquefois on me couchait tout nu sur un banc ; une sœur se mettait à califourchon sur ma gorge, de sorte que mon menton était enveloppé dans le poil de sa motte ; une autre se mettait sur mon ventre ; une troisième, qui était sur mes cuisses, tâchait de s’introduire mon vit dans le con ; deux autres s’étaient placées à mes côtés, de façon que je tenais un con de chaque main ; une autre enfin, — celle qui avait la plus belle gorge, — était à ma tête, et, s’inclinant, elle me pressait le visage entre ses tétons ; toutes étaient nues, toutes se grattaient, toutes déchargeaient ; mes mains, mes cuisses, mon ventre, ma gorge, mon vit, tout était inondé, je nageais dans le foutre et le mien refusait de s’y joindre. Cette dernière cérémonie appelée par excellence la question extraordinaire, fut aussi inutile que les précédentes : on me tint pour un homme confisqué, et l’on abandonna la nature à elle-même.
Il y a aussi des livres qu'on écrit d'une main.
En supplément, tiré d'une édition de 1954, quelques aquarelles d'un artiste inconnu
Dans « l’enfer » de la BNF, le pamphlet érotico-politique de Dom Bougre, « portier des chartreux »
Curiosités de la BNF 1/6. Paru en 1741, le roman libertin de Jean-Charles Gervaise de Latouche – dont l’édition originale est conservée à la Bibliothèque nationale de France – se veut une diatribe anticléricale d’une rare virulence.
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