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Honte à nous : le coq gaulois se fait plumer par l’aigle ibère, les espagnols sont les champions d’Europe de l’infidélité. C’est ce que proclame El País, s’appuyant sur une étude d’IPSOS. Et si un bon tiers des mâles hispaniques se livrent à des fredaines, un quart des épouses et compagnes sont aussi volages… Il est vrai que d’Isabel II à Juan-Carlos I, la famille royale d’Espagne a donné l’exemple à ses sujets.
“¿Cómo pudiste hacerme esto a mí? Yo que te hubiera querido hasta el fin. Sé que te arrepentirás”
Comment as-tu pu me faire ça, à moi/Moi qui t’ai aimé jusqu’à la fin/Sache que tu vas t’en repentir !
Cette célébrissime chanson en Espagne de Alaska et Dinarama caricature bien la colère et le soif de vengeance qui s’emparent d’une personne quand elle découvre que son-sa conjoint-e lui a été infidèle !
Quelque chose de plus en plus fréquent si l’on en croit une récente étude réalisée par IPSOS, selon laquelle 30 % de la population serait infidèle, ce qui donnerait à l’Espagne le douteux honneur d’être à la tête de l’Europe en la matière !
Selon les données recueillies sur le site de rencontre Ashley Madison, le portrait-robot de l’homme infidèle correspond à quelqu’un de 43 ans, avec un pouvoir d’achat moyen-supérieur, entrepreneur, cadre, médecin ou avocat de profession. Quant à la femme, elle a 34 ans en moyenne, dans 67 % des cas elle est officiellement mariée et travaille dans l’administration, l’enseignement, l'encadrement ou est femme au foyer. 35 % des hommes et 26 % des femmes reconnaissent avoir, au moins une fois, donné un coup de canif dans le contrat.
L’infidélité est une question des plus épineuses puisqu’elle est soumise à une double morale. D’un côté, toujours selon l’étude de l’IPSOS, l’immense majorité – 83 % - pense qu’il est possible de rester fidèle à la même personne toute sa vie, mais de l’autre une forte majorité – 65 % - estime qu’il est possible d’être amoureux-se de deux personnes en même temps. Comment se sortir d’une telle contradiction apparente ?
Esteban Cañamares, psychologue clinique et auteur du livre ¿Por qué le es infiel? (Pourquoi l'on est infidèle ?)(Edition Amat), explique que cette contradiction repose sur de profondes raisons anthropologiques : d’un côté nous sommes des êtres curieux qui recherchons l’aventure et de nouvelles formes d’amour, de l’autre, comme tout primate, nous avons besoin de stabilité émotionnelle. Ces deux tendances contradictoires nous habitent. Cela se traduit par la loi des deux poids deux mesures : nous cherchons à être attirant et à séduire de nouvelles personnes mais en même temps nous voulons que notre partenaire soit fidèle !
Au bout du compte, 13 % des enfants ne sont pas du père officiel.
Il est clair que tout baigne tant que l’infidélité reste secrète. Mais les problèmes surgissent quand votre partenaire la découvre. Selon le docteur Cañamares, l’infidèle se fait coincer pour une négligence ou une contradiction qui amène le-la partenaire trompé-e à tirer le fil.
Quant aux réactions, pour le praticien, elles sont en règle générale disproportionnées. La majorité explose de colère, abreuve l’infidèle de reproches outrés. En réalité il faudrait faire le contraire, prendre le temps de la réflexion et se demander si l’infidélité est ponctuelle ou systématique, pour élucider si ça va se répéter ou pas.
La réaction de la personne trompée sera plus ou moins volcanique en fonction de différents facteurs : le caractère bien sûr, le genre et le mobile de l’infidélité. Ce n’est pas la même chose d’être infidèle par amour ou pour le seul plaisir. Selon une enquête du site d’aventures extraconjugales Victoria Milan, 72% des hommes considèrent que l’infidélité sexuelle est pire que l’infidélité émotionnelle, tandis que 69 % des femmes estiment que l’infidélité émotionnelle est bien plus grave et plus difficile à oublier.
Une fois digérée la réalité : pardonner ou ne pas pardonner ? telle est la question.
Pour Esteban Cañamares c’est sans doute le moment de faire le point sur tous les aspects du couple, l’état des relations sexuelles, les relations avec les amis et avec la famille… L’aide d’un professionnel peut permettre de prendre de la distance pour mieux analyser la question.
« Qu’importe qu’une femme ait été dans les bras d’un autre amant si les qualités de son cœur, si l’égalité de son humeur, la douceur de son caractère, les agréments de son esprit et les grâces de sa personne n’en sont point altérés, et si elle est encore susceptible d’un tendre attachement ? (…) Les femmes sont-elles donc comme les chevaux, auxquels on ne met de prix qu’à proportion qu’ils sont neufs ? (…) Écartons donc la contrainte produite par la jalousie, enfantée par l’amour-propre et l’égoïsme. »
Mirabeau Le Rideaui levé
Mais la question première ne devrait-elle pas être chez nos cocus fâchés (et aussi chez les honteux cavaleurs, qui ne supportent pas la réciproque) de se débarrasser de ce sentiment pernicieux, dévastateur même, la jalousie ?
Pour compléter on peut revoir "Les frasques d'une femme 'fidèle'" illustrées par Cécile Vallonoux (Nicole Claveloux)