L’EXPRESS autorisant un bref accès libre à ses articles, j’ai eu la curiosité de rechercher, l’ayant lu lors d’un long voyage TGV (j’avais acheté cet hebdo à cause d’articles sur Mohammed VI), un entretien avec Gilles Kepel.
Ainsi ai-je retrouvé ce passage surréaliste : « En arrivant au pouvoir en 2017, Mohammed ben Salmane (MBS) a marginalisé le salafisme et engagé une libéralisation des mœurs de la société. Cet été, j’ai ainsi pu voir sur la Côte d’Azur des Saoudiennes en short, tandis que des Françaises se promenaient en abaya, portant un masque sanitaire en guise de niqab. Un contraste frappant, et révélateur. Comme si l’Europe, désormais, était devenue le bastion des Frères musulmans. » (L'Express 21/09/2023)
Sauf que, sur les côtes saoudiennes, Kepel, malgré la prétendue libéralisation à la MBS, aurait eu peine à voir des « Saoudiennes en short ». Ou même des touristes étrangères. Et n’en déplaise à l’expert auto-proclamé du terrorisme islamiste, le fait que la saoudienne puisse se balader en short, si elle veut (et surtout si elle fait partie de la frange des ultra-privilégiées), en côtoyant des françaises en abaya, sur la côte d’Azur, démontre que la France est un état de droit qui n’impose pas, comme l’Arabie, comme l’Iran, etc., une police du vêtement féminin.
Et faire du port de l’abaya, fût-il assorti de celui d’un masque sanitaire, le signe de l’emprise des frères musulmans sur l’Europe relève d’un délire obsessionnel.
Faut-il ajouter que le très libéral MBS, assassin notoire au demeurant, continue de pratiquer massivement la peine de mort : le 12 mars 2022, les autorités ont exécuté 81 personnes, dont 41 membres de la communauté chiite, dans la plus grande exécution de masse dans le pays depuis plusieurs dizaines d’années. On a loué la loi codifiant le statut de la personne. Or au lieu de l’abroger, la loi codifie le système de la tutelle masculine qui exige qu’une femme obtienne la permission d’un tuteur masculin pour se marier, pour sortir de prison ou pour obtenir certaines formes de soins de santé sexuelle et reproductive et contient des dispositions qui peuvent faciliter et excuser la violence conjugale. Des activistes des droits des femmes, dont Loujain al-Hathloul, Nassimah al-Sadah et Samar Badawi, demeurent également sous le coup d’une interdiction de voyager à l’étranger et de condamnations à des peines assorties du sursis, ce qui permet aux autorités de les remettre en prison à la moindre perception d’une activité criminelle. (Human Rights).
Grande mesure libérale : les restaurants ne sont plus obligés d'avoir deux entrées (hommes/femmes) !
Mais le grand arabisant nous rassure : « Aujourd’hui, vous pouvez aller [en Arabie saoudite] dans des restaurants avec des femmes chefs qui ne sont plus voilées et ne portent même plus l’abaya. Jean-Luc Mélenchon, avec ses déclarations pro-abaya, se ferait sans doute mal voir en Arabie saoudite, et serait perçu comme un fanatique médiéval ». Il est vrai que dans un doux pays où les femmes reconnues coupables d’adultère se font lapider, prôner – à tort ou à raison – le droit de porter des robes longues pour des lycéennes risque fort de vous faire passer pour un « fanatique médiéval ».
« En France, le salafisme et le frérisme semblent désormais être au cœur de la stratégie électoraliste de la gauche radicale, avec ce "pacte de Médine" signé par les écologistes et LFI avec le rappeur havrais lors de leurs universités d’été. » En une phrase on a le résumé parfait du kepelisme : sans se rendre compte que le lien qu’il met pour référencer ce prétendu « pacte de Médine » renvoie à un portrait très nuancé du rappeur controversé, il fait de son invitation par EELV et LFI la preuve d’une maléfique stratégie électorale.
Avec Kepel, accusation vaut preuve !
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