Nul ne l’a vu venir : l’alliance avec le tea party à la française, les ratichons de la manif anti mariage pour tous, a été décisif. Ni de la Rochère, ni Bourge (et encore moins la pauvre Frigide Barjot complètement démonétisée) n’ont fait de déclarations solennelles en faveur du paroissien de Solesmes. Mais, à bas bruit, le parti dévôt des chaisières s’est mobilisé. Et le sourcilleux sarthois, à la surprise générale – sa remontée finale n’a permis à personne de prévoir sa victoire du premier tour – a largement pris la tête, nous laissant augurer d’un duel du 2e tour en 2017 entre extrême-droite et droite extrême.
« Sens commun » - l’avant-garde obscurantiste de la Manif anti mariage pour tous – ce Tea Party à la Française - a noyauté la direction LR grâce à… Sarkozy ! Ils ont accédé à six postes-clés dans l’organigramme LR. « Leur leadeur, Sébastien Pilard, ou leur porte-parole, Madeleine Bazin de Jessey — issue du mouvement des Veilleurs qui restaient statufiés, des heures durant, devant le ministère de la Justice pour protester contre le mariage gay — sont devenus délégués nationaux LR, intégrant ainsi le "gouvernement" du parti. Tout comme Catherine Giner, qui s'est illustrée dans les défilés de la Manif pour tous et par ses positions anti-IVG, à qui l'ancien président a confié début février le dossier de la... famille ! » (Le Parisien) Leur objectif affiché : « peser sur la primaire » !
Sarkozy a constaté leur efficacité à ses dépens. Juppé, qui avait refusé de les recevoir, l’a bien compris qui se réfère au pape – intransigeant certes sur la doctrine mais charitable sur l’application – contre ce faux sens commun ! Mariton, leur féal, éliminé, Fillon a su les attirer. Bien lui en a pris, car eux ont su activer tous les réseaux réac-cathos !
Sarko a multiplié les provocations identitaires des plus puériles comme avec sa double ration de frites. Mais le vrai candidat identitaire c’était Fillon. Lui ce n’était pas Neuilly, mais Sablé-sur-Sarthe et surtout Solesmes avec les plus réacs des moines bénédictins. Pas deux divorces et trois épouses, mais sa seule Pénélope. Et, discrètement mais constamment, sur une ligne boutinienne : il s’est opposé à la dépénalisation de l’homosexualité, au PACS et, bien sûr, au mariage pour tous !
Toujours avec cette ternitude, si on me permet ce néologisme, qui le caractérise, il veut bien sûr abolir les 35 h pour 39 h : style travailler plus pour gagner au mieux autant. Il est sur la même ligne que Wauquiez ou Le Maire sur ces sybarites de profiteurs du RSA à qui on doit imposer des travaux d’intérêt général. Quant aux chômeurs, obligation d’accepter tout offre de pôle emploi. Tous des feignasses ces salauds de pauvres et de sans emploi !
Inutile de dire que dans la course à la suppression du plus grand nombre de fonctionnaires, il n’a pas laissé sa part aux chiens (pardon à ses concurrents de la primaire). 500 000 en moins ! sans toucher évidemment aux policiers et gendarmes. Et cela en maintenant les services publics dans la ruralité, bien sûr !
Le ton quasi bénin ne cache pas la dureté du discours sur l’école ! Il proclame “L’échec de l’école, c’est la faute d’une caste de pédagogues prétentieux qui ont imposé des programmes jargonnants ”. C’est lui le plus déchaîné contre les pédagogos comme dit si finement Jacques Julliard ! Et cet ex-ministre de l’Education nationale qui a, par la loi de 2005 qui porte son nom, créé le socle commun de connaissances et de compétences pour tous les élèves de collège, demande maintenant un examen d’entrée au collège : « Il faut que les enfants qui ne maîtrisent pas les fondamentaux n’aillent pas au collège tant qu’ils ne les maîtrisent pas » ! Il faudra donc recréer CPPN et CPA pour accueillir ces élèves bloqués en primaire !
On est loin du temps où l’encore jeune sarthois était le porte-parole d’un Philippe Seguin, Président du RPR, gaulliste de gauche (et qui, lui, sur le PACS s’était abstenu). Et ce prétendu héritier du gaullisme copine outrageusement avec Poutine et l’absout, ainsi qu’Assad, de tout crime de guerre à Alep.
Et comme les surprises – Brexit, Trump, Fillon... – sont nettement orientées le plus à droite, on ne peut s’attendre à un miraculeux sursaut de la gauche pour faire, si on peut dire, front. Le pire est donc sûr. Un duel au 2e tour entre droite extrême et extrême-droite – blanc bonnet et bonnet blanc – s’annonce pour mai 2017.
Pour compléter une excellente analyse de Claude Askolovitch
"Il y a quelques jours le site Atlantico, de bonne droite autrefois buissonienne, depuis émancipée, publiait cette tribune au ton de chattemite. «Islamisme politique: la double erreur d'Alain Juppé». Elle est signée Patrick Karam, activiste multicarte, jadis dans le militantisme DOM, aujourd’hui porte-parole de Nicolas Sarkozy chargé des chrétiens d’orient. Elle explique en substance qu’Alain Juppé, en mars 2011, adouba les frères musulmans égyptiens, et serait donc responsable, le lien était fait, des souffrances des Coptes d’Egypte..." Lire la suite
Il faut noter que cette campagne sur "Ali Juppé", comme disent ces fumiers, tendant à le faire passer pour un allié des Frères musulmans a été orchestrée par les sarkozystes et que c'est Fillon qui en a tiré profit, prêt à soutenir Assad-le-boucher et à s'allier avec les Mollahs iraniens.
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