Qui connaît Maruja Mallo ? Bien qu’elle ait côtoyé Lorca, Dali et Bunuel, Breton ou Pablo Neruda, Marúnica n’est vraiment connue que des initiés. Plus célèbre pour ses amours et ses amitiés tumultueuses, sa vie d’une irréductible liberté et sa personnalité affirmée ont éclipsé l’artiste.
De son vrai nom Ana María Gómez González, Maruja Mallo est née en 1902, à Viveiro (en Galice), quatrième d’une famille de quatorze enfants. Elle a adopté le deuxième nom de son père Justo Gómez Mallo. Ce père fonctionnaire fut muté à Avilès, dans les Asturies, où elle commença des études artistiques. Etudes qu’elle poursuivit à Madrid en 1922, à l’Académie royale des Beaux-Arts de San Fernado où elle se lie d’amitié avec Salvador Dali qui la définissait comme moitié ange, moitié coquillage ("mitad ángel, mitad marisco").
Salvador Dali et Maruja Mallo, Café de Oriente 1923
C’est durant ces années madrilènes qu’elle se rattacha à la Génération 27 – au départ des poètes Federico García Lorca, Vicente Aleixandre, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Pedro Salinas, Jorge Guillén, Dámaso Alonso et Gerardo Diego réunis dans un hommage à don Luis de Góngora, auxquels s’adjoindront d’autres écrivains comme Max Aub et des peintre comme Dali ou des cinéastes comme Buñuel. Elle fut proche de Lorca et Dali (Buñuel, puritain, en revanche ne supportait pas son choix affiché de l’amour libre) et compagne inséparable de Concha Méndez.
Elle eut aussi une intense relation avec Rafael Alberti. Plus tard aussi, elle fut intimement liée à Pablo Neruda et Miguel Hernández, mais gardant toujours une farouche autonomie, ne voulant pas être réduite à un appendice de la vie et l’œuvre d’un homme.
Comment mieux entamer une carrière artistique que d’attirer l’attention du philosophe Ortega y Gasset, qui organisa sa premeière exposition dans le local de sa revue Revista de Occidente, notamment sa série intitulée Las Verbanas.
Elle va être exposée, en 1932, à Paris, où elle fut reconnue comme peintre surréaliste par le pape du mouvement, André Breton, qui acquit une de ses œuvres.
En 1937, sa Galice natale proie des rebelles, c’est l’exil à Buenos Aires. Depuis la capitale argentine, accueillie et protégée par des amis influents, elle put découvrir des lieux impensables pour l’Espagne de l’époque tels que Punta del Este, Valparaiso, New-York… Elle s’y liera d’amitié avec Andy Wharhol et participa brillamment à le vie culturelle et mondaine de la cité. Contrairement à beaucoup des exilés elle ne connut jamais la misère dans cet exil.
Profitant de la relative libéralisation du régime, elle rentre en Espagne en 1962. Elle s’aperçut que le monde qu’elle avait connu avait disparu, que ses amis étaient soit enterrés soit exilés. Elle apparaissait comme un personnage exotique auprès de jeunes qui n’avaient entendu que des légendes à son sujet. A 80 ans, elle apparaissait encore, menue et altière, vêtue dans son style hippy d’un éternel manteau de fourrure, outrageusement fardée, et la foule d’un vernissage d’une exposition s’écartait devant elle comme les eaux de la Mer Rouge devant Moïse.
Mais jusqu’à la fin de sa vie elle continua de peindre.
Ramón Gómez de la Serna —auteur de la première biographie de l’artiste – la qualifia de bonne sorcière (“bruja buena”)
Maruja Mallo et Josefina Carabias
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