Contribution à un débat qui a pris une dimension quasi apocalyptique avec le péril mortel dénoncé par nos académiciens unanimes.
J'ai été prof de lettres jusqu'en 88, et je regrette beaucoup de n'avoir pas connu l'écriture inclusive, formidable outil pour expliquer et mettre en évidence les accords, quel mot s'accorde avec quel autre ? pourquoi ? Pour le dire autrement, faire de la grammaire, c'est changer d'axe, passer du syntagme, les lettes et les mots qui s'alignent les uns derrière les autres, au paradigme, les divers choix qui s'offrent à celui qui écrit, les formes des mots entre lesquelles il doit opter, et justifier l'option prise. Je suis au regret de constater que l'Académie française ne sait pas ce qu'est la grammaire. Je doute d'ailleurs qu'elle ait jamais compris le rôle que son créateur, Richelieu, lui a demandé de jouer.
Dessins extraits de http://dessinssansgluten.com/?page_id=770
Au siècle précédent, la langue officielle, la langue des actes officiels, y compris notariés, était le latin. Pas le vrai latin, celui de Tite Live ou de Virgile, mais une espèce d'esperanto inspiré de Cicéron, qui avait l'immense avantage d'être une fiction linguistique, donc une langue fixe et universelle, qui n'évoluait pas avec les temps et les latitudes. Vous connaissez la suite, édit de Villers-Cotterêt, la langue française devient la langue officielle. Mais le français change tout le temps et parfois d'un village à l'autre. Pas de TV ni de journal de 20h pour unifier les usages. L'Académie est chargée de faire du français une fiction linguistique, atemporelle et insensible aux climats, autant que faire se pourra. Les immortels sont par définition, par nature mal placés pour juger d'une évolution des usages.
P Bouchard*, journaliste et écrivain, agrégé de lettres
* Grand contributeur du deblog-notes, Pascal Bouchard est l'auteur entre autres d'un Anti-manuel d’orthographe. Eviter les fautes par la logique
Voir aussi :
"Ce que vivre m'a appris" Pascal BOUCHARD
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