Guillaume Peltier, Christian Estrosi, Jean-François Copé et Eric Ciotti s'en prennent à une décision prise par François Fillon, alors ministre de l'Education Nationale
Dans le grand CONcours des Ripoublicains à qui sortira la stupidité la plus démagogique, sur fond de xénophobie, déguisée en anti communautarisme, quatre quasi ex-aequo.
En tête Copé-le-cynique 10h36, suivi d’Estrosi dit bac-5 à 14 h 21, marqué à la culotte par le frère ennemi de la côte, Ciotti-la-grirouette (Fillon un jour, sarko le lendemain) à 14h56, mais qui pour gagner la mène se fend en plus d’un communiqué, enfin le petit Peltier-baby-Buisson à 16h19, un 4 juillet à marquer d’une pierre noire, mais pas celle de La Mecque !
Objet de leurs cris d’orfraie : la Maison des examens de l’île-de-France conseille de reporter au lendemain les oraux de rattrapage pour les élèves qui invoqueraient la célébration de l’Aïd-el-Fitr qui marque la fin du ramadan..
Les touittes se succèdent !
Nos xénophobes s’appuyaient sur un article de BFMTV, assez puant il est vrai et dénotant un total manque de déontologie de la part de son auteur.
En effet ce David Namias n’hésite pas à écrire : « La Maison des examens, qui gère l'organisation des épreuves du baccalauréat en Ile-de-France, a pris une initiative dénoncée par certains comme un excès de zèle, voire une manière de provoquer la polémique avant qu'elle n'advienne. Comme la fin du ramadan, la grande fête de l'Aïd-el-Fitr, risque de tomber (la date est fluctue d'un jour à l'autre) pendant le début des oraux de rattrapage du bac, l'administration offre aux élèves concernés la possibilité de remettre au lendemain leur examen. C'est peu dire que cette note adressée le 30 juin aux proviseurs des lycées des académies de Paris, Versailles et Créteil, est contestée dans son principe (…) c’est une atteinte à la laïcité ».
Sauf que cette recommandation – dont je m’étonne en tant qu’ex chef d’établissement qu’elle ait pu être sournoisement dénoncée par le SNPDEN (pour le SNALC ça ne me surprend pas) – est l’application logique et normale d’ailleurs d’une circulaire du 18 mai 2004 dont l'objet, tenez-vous bien, est le RESPECT DE LA LAÏCITÉ ! En effet, il s’agit de la circulaire d’application de la loi du 15 mars 2004 interdisant le port « ostensible» de signes religieux au sein de l'école publique, dite Loi Stasi. Circulaire ayant notamment pour but de mettre à jour les Règlements intérieurs des établissements.
Circulaire pas laxiste pour un sou, puisque, outre ces fameux signes ostentatoires, elle rappelle que les convictions religieuses des élèves ne leur donnent pas le droit de s'opposer à un enseignement ou encore ne sauraient être objectées ni contre l'obligation d'assiduité, ni contre les modalités d'un examen (J.P. Rosencveig).
Cependant, comme cela était d’ailleurs déjà l’usage, elle dispose que des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses* qui ne coïncident pas avec un jour de congé et dont les dates sont rappelées chaque année par une instruction publiée au B.O. (les deux Aïd y sont bien sûr, mais aussi des fêtes juives). Plus encore, elle exige que l’institution scolaire et universitaire, de son côté, [prenne] les dispositions nécessaires pour qu’aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour de ces grandes fêtes religieuses. A la limite donc, l’oral de rattrapage devrait être suspendu le jour de l’Aïd-el-Fitr !
Entretien de F. Fillon à RTL le 6 juillet 2016
"- RTL : Est-ce qu'il faut permettre aux élèves musulmans concernés par les oraux de rattrapage [du Bac] de reporter leurs épreuves à demain, après la fête de l'Aïd, l'une des fêtes les plus importants du calendrier musulman ?
- François Fillon : Mais évidemment, c'est une tradition française depuis toujours ! C'est le Général de Gaulle le premier qui avait pris des décisions pour que les fonctionnaires français qui étaient de religion juive ou de religion musulmane puissent, lorsqu'il y avait des fêtes religieuses importantes, ne pas travailler ces jours-là.
- RTL : Tout le monde à droite n'est pas d'accord avec vous...
- François Fillon : Oui bah pour une raison simple, c'est qu'il y a un certain nombre de gens à droite qui ont une sorte de réflexe pavlovien : dès qu'on parle des musulmans, ils se mettent à éructer."
Dans le palmarès de l’indécence j’allais oublier la sarkozyste Annie Genevard , déléguée à l'éducation de Les républicains qui interpelle Najat Valaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale en clamant avec les quatre autres :
"C'est à l'islam à s'adapter à la République et non l'inverse. Il ne faut aucune complaisance à l'égard du communautarisme et fortifier au contraire l'unité nationale dont notre pays a tant besoin".
La laïcité, n’a rien à voir avec ces réactions qui, sous prétexte d’attaquer le communautarisme, ne s’en prennent qu’aux musulmans. Les chrétiens n’ont aucun souci pour célébrer leurs fêtes. Il n’est pas anormal que les juifs, les musulmans, ou d’autres religions, dans des limites clairement définies, puissent célébrer les leurs. La circulaire de 2004 le rappelle très légitimement et que des élus qui se prétendent républicains puissent le contester montre la dérive inquiétante de leur parti vers les thèses xénophobes.
* Fêtes religieuses (hors fêtes catholiques ou protestantes, fériées):
Communauté arménienne :
Théophanie (fête de la Nativité)
Fête apostolique arménienne des Saints Vartanants
Commémoration des événements marquant l'histoire de la communauté arménienne
Confession orthodoxe :
Théophanie :
- selon le calendrier julien
- selon le calendrier grégorien
Grand Vendredi Saint
Ascension (selon le calendrier julien)
Confession israélite :
Chavouot
Roch Hachanah
Yom Kippour
Confession musulmane :
Al Mawlid Ennabi
Aïd el Fitr
Aïd el Khebir
Fête bouddhiste :
Fête du Vesak (jour du Bouddha)
Faut-il rappeler que les tombant le dimanche (Pâques, Pentecôte) sont assorties d'un lundi férié et que les autres fêtes religieuses (Toussaint, Noël, Ascension) sont fériées !
Pour compléter une intéressante mise au point historique de Jean-Louis Auduc, cité par Claude Lelièvre, qui rappelle que la CGT, en 1905, s'était opposée à un amendement de la loi de séparation des églises et de l'état, supprimant les fêtes religieuses chômées, les considérant comme des acquis sociaux !
Dès 1907, Georges Clemenceau sortit un premier texte concernant les fêtes juives. Puis ces "jours protégés" furent étendus aux fêtes musulmanes et arméniennes, après la 1ère guerre mondiale. Enfin en 1998, ces jours protégés concernèrent des fêtes orthodoxes et une fête boudhiste.
Ainsi, à l'ineffable Jacques Myard, le Charasse de la droite bornée, qui s'inquiètait de ces autorisations de droit pour les fonctionnaires, contraire à son sens au principe de laïcité, F. Sauvadet, Ministre de la Fonction publique, répondait : « Cette pratique administrative de délivrance d'autorisations spéciales d'absence pour fêtes religieuses est conforme au principe de laïcité, qui, s'il repose sur la stricte séparation des religions et de l'État, garantit aussi la liberté de conscience individuelle et le droit de chacun à pratiquer son culte d'appartenance (art. 1er de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État). Les autorisations spéciales d'absence pour motifs religieux marquent donc la volonté du Gouvernement de permettre la liberté de culte et, par conséquent, la neutralité de l'État vis-à-vis des différentes religions. » (Journal Officiel 29/11/2011)
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