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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 21:40

Dans le grand CONcours des ripoublicains Jean-François Copé (qui me fait honte de partager le même prénom) a mis dix longueurs dans la vue à ses concurrents. Même Morano, Estrosi, Ciotti et Myard, même Wauquiez et Le Maire sont distancés. Car entre stupidité des uns et cynisme des autres, Copé a pris les deux options. L’art de la synthèse ripoublicaine.

« Je propose donc des mesures simples qui visent à redonner l’amour de la France, l’amour de la collectivité, le sentiment de partager une communauté de destin :

- Rendre obligatoire le lever du drapeau à l’école (une fois par semaine le lundi matin par exemple ?) A cette occasion rendre obligatoire le chant de la Marseillaise

- Rendre obligatoire le port de l’uniforme dans les écoles publiques. »

Copé et l'école : stupidité et cynisme !

Certes, pour les plus vieux d’entre nous – la génération Juppé si l’on veut – cela nous rappelle la colo (catho) où, après que la totoche nous a rassemblés, deux privilégiés faisaient monter les couleurs tandis que les autres, bien rangés en carré, entonnaient :

Vers les cieux vont monter les couleurs

Pour la joie de nos yeux, pour la joie de nos cœurs

De la France acclamons la grandeur

Sous ses plis pleins d’honneur

Chantons tous en chœur :

Pour nous c’est fête

Quand sur nos têtes

Notre drapeau

Flotte bien haut

Quand viendra l’ombre

Et la nuit sombre

Ses plis sacrés

Seront pliés !

C’était dans les années cinquante, du siècle dernier !

Mais imagine-t-on, ne serait-ce qu’une fois par semaine, faire ranger convenablement, en silence, les 600 élèves d’un collège moyen ou les 1200 d’un lycée modeste ? Et leur faire entonner un chant patriotique ? Même à cette époque lointaine, je ne sache pas que de telles pratiques aient eu lieu.

Et, du temps où j’accomplissais mes devoirs nationaux de VSNA au Maroc, les plus anciens coopérants contaient le lever des couleurs instauré aux lendemains de l’indépendance, qui faisait pratiquement perdre la première heure de cours.

Quant aux uniformes, si cela avait cours chez les britiches, en France, ça se limitait à l’obligation de la blouse grise – et aux seuls internes – dans nos lycées des trente glorieuses.

Bien sûr, Copé ne croit pas un traître mot de ses propositions. Mais dans ce jeu de « plus à droite que moi je meurs », face à la chasse aux sybarites du RSA de Wauquiez, relayé par  Le Maire, sans parler des outrances sécuritairo-christianophiles de Sarko, il a trouvé ce créneau scolairo-patriotique !

C’est stupide. Il le sait. Mais il espère trouver un écho dans la troupe ripoublicaine. C’est dire le mépris profond qu’il lui porte.

 

Pour se marrer :

 

Pour l’uniforme scolaire, Copé-le-cynique avait été précédé par une escouade de vaillant sénateurs, Serge Dassault en tête. L’exposé des motifs vaut son pesant de cacahuètes !

 

PROPOSITION DE LOI

visant à instaurer le port d'uniformes scolaires et de blouses à l'école et au collège,

 

PRÉSENTÉE

 

Par Mme Sophie JOISSAINS, M. Bruno GILLES, Mme Joëlle GARRIAUD-MAYLAM, MM. Jean-Pierre CANTEGRIT, Michel HOUEL, Louis DUVERNOIS, Robert del PICCHIA, Bernard FOURNIER, Jean-Pierre LELEUX, Yves POZZO di BORGO, Serge DASSAULT et Mme Sylvie GOY-CHAVENT, sénateurs

EXPOSÉ DES MOTIFS

 

Mesdames, Messieurs,

 

Blouses et uniformes scolaires ont accompagné les étudiants dans leur vie de tous les jours pendant de nombreuses années. Chaque école se distinguait par un uniforme différent. Il donnait aux élèves un sentiment d'appartenance à leur communauté scolaire.

 

En portant des vêtements structurés comme un uniforme, les élèves sont plus susceptibles d'avoir un état d'esprit adapté lorsqu'ils entrent dans l'environnement d'apprentissage. Ils sont beaucoup plus susceptibles d'exceller lorsqu'ils portent leur uniforme, que lorsqu'ils ne le font pas.

 

L'uniforme a depuis toujours été utilisé pour symboliser un lien d'appartenance. Il n'est pas une panacée mais un outil permettant de gommer symboliquement les différences sociales, ethniques et religieuses, permettant de marquer aussi un lieu différent de celui de l'espace privé. L'uniforme permet de donner un sentiment d'ordre et de discipline adapté à l'apprentissage du savoir.

 

Le port de l'uniforme n'est plus obligatoire depuis les événements de Mai 68. À l'époque, les professeurs et les étudiants clamaient leur indépendance et leur liberté, notamment vestimentaire. Ces dernières années néanmoins, le débat ne cesse d'être relancé. Plusieurs ministres de l'Éducation nationale ont proposé en effet de revenir à l'uniforme en réponse aux désordres scolaires.

 

L'uniforme porté par les sportifs fait rêver les joueurs comme les supporteurs. Porter le maillot de son équipe signifie faire corps avec le groupe.

 

La société moderne pousse les jeunes gens à se reconnaître à travers de faux identifiants, type baskets chères, téléphone portable high tech ou casquettes aux logos venus d'ailleurs, cela distrait et n'est pas propice à l'apprentissage des codes sociaux auxquels ils devront se conformer dans leur vie d'adulte.

 

Ainsi apprend-on un nouveau méfait de l’affreux Mais 68 : il aurait supprimé le port obligatoire de l’uniforme dans les écoles… obligation qui n’a jamais existé que dans la mémoire gâteuse de nos sénateurs !

Certes, dans le vénérable Lycée David d’Angers, à Angers comme son nom l’indique, que j’ai fréquenté à la fin des années 50 et au début des années 60 le port de la blouse était obligatoire mais que pour les internes. Et comme le rappelle l’historien Claude Lelièvre, il n’a jamais été obligatoire dans les écoles primaires, en témoignent les photos de classe.

L’idéologie qui sous-tend le texte est on ne peut plus explicite – et on notera que ce sont les gens de droite qui osent accuser la gauche de vouloir formater la conscience des élèves – il s’agit, par l’uniforme, de préparer les jeunes à se conformer aux codes sociaux d’ordre et de discipline et non de se former à exercer son esprit critique !

Inutile de dire que nos sénateurs ont été relayés par un Ciotti et un Bernard Debré par exemple à l’Assemblée nationale…

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commentaires

A
stupidité ne vouliez vous pas dire cupidité ? il y a lurette que je ne crois plus à l'altruisme de nos boutiquiers politiques :-(
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