Un très complaisant article d’Ouest-France de ce jour (03/11/2014), dans son édition vendéenne, ne craint pas de faire la promotion d’un ouvrage d’un certain Joël Bonnemaison. Présenté fort pudiquement comme un journaliste atypique, cet odieux personnage eut son heure de gloire, si on peut dire, comme corbeau à FR3.
Or donc, en décembre 1998, au terme d'une garde à vue d'une trentaine d'heures, Joël Bonnemaison, journaliste de France 3, détaché en Vendée, a été mis en examen pour diffamation et insultes publiques.
En effet, cette plume donnait dans le style corbeau. Un courrier anonyme, posté dans le Sud de la France et censé reprendre des accusations lancées dans un communiqué par une association de journalistes de la région Provence-Côte d’Azur, contre son directeur de la rédaction FR3 de Nantes, Emmanuel Yvon, était parvenu à divers élus locaux. E. Yvon qui avait été précédemment journaliste à Marseille y était traité de «dévoyé» et de «bouffon vénal», ayant fait des « ménages » sous forme de «production de cassettes publicitaires grassement rétribuées». Ce que Bonnemaison présentera à son procès comme un gentil canular « ayant mal tourné ».
Celui que le journaliste d’Ouest-France présente comme « une des gueules du métier dans la région, avec une très (trop forte) personnalité », Joël Bonnemaison qui se la jouait en dur de polar, s’est dégonflé devant les flics comme une baudruche épinglée, remarque ironiquement La lettre à Lulu. Non content de cela, malgré son style inventif et pourtant fluide (sic), Bonnemaison dont il est dit qu’il fut aussi nègre à plusieurs reprises pour écrire sa lettre anonyme a eu recours à un… nègre !
« Comparse et jusqu’ici ami de Bonnemaison, l’écrivain vendéen Gilbert Prouteau a aussi été mis en examen pour avoir prêté sa plume de corbeau à cet anonyme poulet faisandé. Il a admis avoir «servi de nègre, pour réécrire sous forme de pamphlet des accusations contre Emmanuel Yvon, à qui Bonnemaison voue une haine viscérale, véritable abcès de fixation». "Je ne voulais pas marcher, dit-il, jusqu’à ce que Bonnemaison m’apporte un de mes livres adressé en service de presse à Emmanuel Yvon et revendu à un bouquiniste". Il semble en fait qu’entre les rayonnages du bureau toujours ouvert d’Emmanuel Yvon, et le domicile de Prouteau, le livre ait suivi un circuit court, direct, porté par Bonnemaison pour convaincre l’écrivain de 81 ans de co-rédiger le faux tract. "Il a cru bon de mentionner à la police ma collaboration, grince Prouteau. C’est une donneuse qui se couche". » (Lettre à Lulu et Libération)
Le cow-boy, chasseur de trésors, comme titre Ouest-France, a une façon très pudique de présenter ses liens avec Jean-Marie Le Pen : il était le témoin de sa deuxième épouse, lui ayant pour témoin l’anarcho-syndicaliste Alexandre Hébert. « J’ai donc côtoyé tout ce beau monde » déclare-t-il modestement. Or, si l’on en croit le correspondant de Libération, Bonnemaison est un ancien responsable local du Front national et membre du comité central de ce parti en 1976. « Dans les années 80, il est intime avec Jean-Marie Le Pen, qui vient dîner chez lui. Joël Bonnemaison lui sert alors de chauffeur dans ses déplacements à Nantes. » Comme on le voit, il a fait plus que côtoyer ! Il a aussi trempé dans l’affaire Trager, faisant quelques "ménages" pour un promoteur aujourd’hui condamné, et présentant l’expert-ès-racket René Trager aux élus.
La liste Bergeron
Comment ce charmant personnage, certes auteur de quelques livres ou articles pamphlétaires sur la vie politique locale, s’est-il retrouvé à FR3 Nantes ? Grâce à FO ! Il faisait partie de ce que les journalistes de la chaîne appelaient « la liste Bergeron ». Délégué syndical Force ouvrière à France 3, responsable national du syndicat général des journalistes FO, siégeant dans diverses instances de concertation et commissions paritaires à France 3, au plan national, il s’est donc cru intouchable.
D’abord en poste au Mans, cet ancien trotskyste Lambertiste – comme son mentor Hébert - a été ensuite affecté en Vendée, à la demande de Philippe de Villiers. « Ses récents déboires avec sa hiérarchie lui ont valu le soutien de Philippe de Villiers qui va regretter cet envoyé spécial permanent en communion d’idées, écrivait perfidement La lettre à Lulu. Le Vicomte et le journaliste marron ont d’ailleurs le même avocat, Me Jean-Marc Varaut, celui qui a conseillé Maurice Papon. Après la communion, la confirmation. »
Lui qui se plaint auprès de son ignorant (ou indulgent) interlocuteur d’avoir connu le poids de l’ingratitude de tas de gens, a d’abord été traduit devant la commission de discipline de FR3 : courageusement, il s’était fait porter pâle.
Il a été finalement condamné à 10 000 francs d'amende et 25 000 francs de dommages et intérêts et l'écrivain Gilbert Prouteau condamné, lui, à 5000 francs d'amende.
L’ami Joël, comme dit le journaliste, buriné comme un chasseur de trésor de chez Sergio Leone (sic), a de fait un « parcours de vie » mariant si l’on veut, l’eau et le feu – Le Pen-de Villiers et Hébert-Lambert – mais aussi un passé de corbeau déchaîné.
Sources (très faciles à trouver M. P. Gilbert, il suffit de taper le nom de votre ami Joël sur un moteur de recherche) :
Un journaliste mis en examen. France 3 démasque son corbeau
Corbeau déchaîné. France 3 se prive d’un éminent professionnel
Le corbeau de France 3 déplumé.
Merci au camarade Joseph A. qui m’a signalé l’article dithyrambique d’Ouest-France avec copie d'un article de Libé.
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