Hugues Fourage, élu de la Ve circonscription de la Vendée, 17 juin 2012
Les projecteurs étaient focalisés sur une circonscription voisine, La Rochelle, et la victoire d’un socialiste en terre vendéenne, juste au-dessus, à Fontenay-le-Comte, n’a eu aucun écho national. Pas plus que celle d’une socialiste, dans une autre circonscription vendéenne. Seule la défaite d’Hervé de Charrette, dans une circonscription angevine, mais qui inclut une partie des Mauges, bocage qui donna des chefs à l’insurrection vendéenne comme Cathelineau du Pin-en–Mauges, eut un écho national.
Deux députés de gauche en Vendée, cela ne s’était pas vu depuis 1986 (et jusqu’à 1988), à la faveur d’un vote à la proportionnelle. De 1981 à 1993, le Sud-Vendée, terre républicaine qui avait envoyé sous la 3e République, un député Républicain, Emile Beaussire, avait eu un député PS, Pierre Métais. Mais depuis rien. Les seules nuances politiques concernaient la droite partagée entre le MPF de de Villiers indétrônable dans son fief de Montaigu-Les Herbiers et l’UMP. A la faveur d’une partielle, en 2008, un féal du Vicomte avait même réussi à prendre le siège du Sud-Vendée.
Et au soir du 17 juin, surprise, qu’on n’ose qualifier de divine car l’évêque du cru n’a pas dû entonner un Te Deum : la 5e circonscription de la Vendée, avec Hugues Fourage, renoue avec son passé républicain. Le combat fratricide entre le sortant MPF, Souchet, et celui à qui il avait succédé à la faveur de son invalidation, candidat UMP, a laissé des traces. Sarlot, l’UMP, bien que soutenu par le Président du Conseil Général, Retailleau, a mordu la poussière. Il est vrai que son rival de droite l’avait dépeint, non sans raison, comme un super-cossard : absentéiste notoire quand il était député, il était payé à ne rien faire comme attaché parlementaire ! Hugues Fourage, le vainqueur, est Maire de l’ex chef-lieu de la Vendée, Fontenay-le-Comte, qui en 1793 avait été renommée Fontenay-le-Peuple et était restée républicaine pendant les guerres de Vendée. Il l’emporte avec 51,44 % des voix, en tête dans une majorité de communes, mais surtout dans les deux principales, Fontenay bien sûr, où il cartonne avec plus de 60 % des voix, mais aussi Luçon, dont le Maire était le directeur de campagne de son rival UMP, avec 51 %.
Mieux encore, dans une circonscription où le sortant était élu depuis 1997, la candidate PS l’a emporté, par 51,78 %. Sylviane Bulteau, se présentait pour la troisième fois, la bonne, contre Dominique Caillaud, UMP. Pas de combat interne à droite. Certes un divers droite était en lice au 1er tour, ex-MODEM devenu « sans étiquette », mais il n’a réuni qu’à peine 6 % des voix. Et si S. Bulteau avait viré en tête au 1er tour avec 39 %, les réserves de voix de gauche (un peu plus de 6 %) n’assuraient pas la victoire. Persévérance, sérieux, talent ont eu raison d’un cacique UMP usé.
C’est un autre cacique UMP, Louis Guédon, qui est tombé sur la côte. Le député sortant, Maire des Sables-d’Olonne, 77 ans, a été sorti par un jeune loup villiériste, Yannick Moreau, qui avait conquis de justesse la seule Mairie de Gauche de la région, Olonne-sur-mer. Bien que distancé au 1er tour, avec même pas 20 % des voix, contre 30 % au sortant, il l’emporte largement avec plus de 54 %. Largement aidé, il est vrai par un dissident de gauche qui est venu barrer la route à la candidate verte soutenue par le PS : le total des voix de gauche aurait largement dépassé celle d’Y. Moreau. Le villiériste doit donc d’abord son siège à la gauche désunie.
Mais le secrétaire départemental de l’UMP, maire de Luçon, incapable, on l’a vu, en tant que directeur de campagne, de faire élire Sarlot dans sa circonscription, voit les deux sortants de son parti envoyés profiter de leur retraite parlementaire. Pour Retailleau, Président du Conseil Général, qui a rallié l’UMP dans le vain espoir d’obtenir un demi maroquin qui lui était passé sous le nez par la faute de son mentor, c’est aussi un échec. Echec dont se réjouit ledit mentor, le Vicomte Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, qui dit compter deux députés (Véronique Besse, réélue dès le 1er tour dans le bocage en plus d’Y. Moreau) sur trois de droite. Ce en quoi, il se fait des illusions, car même sa fidèle Besse prétend ne pas chercher ses consignes au Puy-du-Fou et l’ambitieux Moreau avait démissionné du moribond MPF.
La « vaguelette rose » comme disait l’ineffable Hortefeux au lendemain du 1er tour a donc enfin atteint la Vendée. Et fait nettement rosir les Pays-de-la-Loire.
Ailleurs la vaguelette nous a heureusement débarrassé, outre de la Le Pen, de quelques harengères à commencer par Nadine Morano, mais aussi Maryse Joissains-Massini, la Maire vulgaire d’Aix-en-Provence et Valérie Rosso-Debord, concurrente dans l’outrance de Morano ; et comment ne pas se réjouir de voir cette vaguelette devenir transatlantique pour noyer l’admirateur de « Zadig & Voltaire », l’ex-pitbull sarkozyste, Frédéric Lefebvre ; ni bouder un plaisir un peu sadique avec la défaite d’Eric Raoult qui aura le temps de fignoler la candidature de Sarko au Nobel de la Paix et celle de Guillaume Peltier, l’ex-âme damnée de notre Vicomte et inspirateur avec Buisson de l’ultra-droitisation de la campagne sarkozyenne.
Puis-je profiter de ce message, pour saluer l’énormissime courage politique d’un François Baroin, d’un Bruno Le Maire, etc. et surtout de Jean-Pierre Raffarin qui a condamné avec lucidité la « stratégie de Grenoble » qui a entraîné la « dérive droitière » de l’UMP cause de l’échec. « Stratégie de Grenoble » qui ne date que de... juillet 2010 !
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