Dans une de ses déclarations matamoresques, celui qui fait président a clamé que l'antisémitisme et l'islamophobie seraient traités avec la même sévérité. Outre que dans un pays démocratique, dans un état de droit tout simplement, c'est à la Justice de décider des sanctions, ce genre d'affirmations cache le plus souvent une grande impuissance à trouver les coupables.
Mais, la mise sur le même plan, de l'antisémitisme et de l'islamophobie a immédiatement déclenché l'ire d'ultra-laïcs aux réflexes villiéristes. S'en prendre à l'islamophobie - qui est leur pain quotidien - c'est s'en prendre à la liberté d'expression. Déjà lire « liberté d'expression », sous la plume de celles et ceux qui jettent l'anathème sur tous ceux qui ne partagent pas à 100 % leur obscurantisme, surprend. Mais mettre la phobie, qui relève de la psychopathologie, sur le même plan que la critique, la caricature, la parodie, etc. s'attaquant à tel aspect de telle religion, révèle une assez grande confusion mentale.
Et, de toutes façons, la laïcité - la vraie, pas leur prétendue laïcité qui attenterait, si par malheur ils pouvaient la mettre en œuvre, à la liberté - n'est ni islamophobe, ni judéophobe, ni christianophobe, etc. Elle veille à ce que ces religions n'empiètent pas sur le domaine qui relève de la puissance publique. Les religions peuvent s'exprimer dans ce qu'on appelle les débats de société. Mais, la loi votée, elles n'ont pas le droit, au nom d'une loi prétendûment supérieure, de s'opposer à son application. Ce que fait, par exemple, l'église espagnole sur l'avortement. L'anticléricalisme, la lutte contre cette prétention des « cléricatures religieuses » à imposer leur « loi » à la société, n'a absolument rien à voir avec une quelconque « phobie » et est indispensable.
La liberté de critiquer telle religion - y compris en pillant un article d'encyclopédie et en lui faisant dire ce qu'il ne dit pas - d'en souligner les ridicules et les absurdités, voire d'aller jusqu'à la provocation, est inaliénable. Comme celle, à condition qu'elle ne s'accompagne pas de demande d'interdiction, et encore moins de menaces ou violences, de critiquer ces critiques.
Mais, même si je juge absurdes les rites (et les croyances qui les fondent), le laïc que je suis n'a pas à s'opposer à l'ouverture de lieux de cultes pour les musulmans, dans le respect des lois, bien sûr. Viendrait-il à l'esprit du pire « bouffeur de curés » de demander la fermeture de églises ? (On me répondra qu'elles se ferment toutes seules et que le bouffeur a de moins en moins de curés à se mettre sous la dent).
Le petit jeu de sémantique qui consiste à dénoncer la mise sur le même plan du « sémitisme » et de l' « islam » - une supposée origine raciale (les fils de Sem) d'une part, une religion de l'autre - n'est pas dépourvu de fondement. D'autant que les arabes sont aussi fils de Sem. Mais est-ce pire que d'assimiler tous ceux qui dénoncent la politique d'Israël à des antisémites.
Pour le racisme qui frappe indéniablement les populations d'origines algérienne, marocaine ou tunisienne, il n'y a pas de terme spécifique (antiarabe serait un contre sens, car une grande partie est d'ascendance berbère plus ou moins lointaine). Il se manifeste bien par une assimilation plus ou moins consciente entre musulmans et islamistes. Il dénie aux musulmans la possibilité d'évoluer vers des pratiques religieuses conformes aux lois de la République, alors que la grande majorité s'y inscrit, de fait, déjà. Il leur dénie aussi, le droit de manifester leur appartenance religieuse, toujours dans le respect de l'ordre public, bien sûr. Faute de mieux, on peut dire qu'il s'agit d'un racisme anti-musulman : « les musulmans seraient par essence des attardés incapables de rejeter, par la réflexion et la raison, les sourates caduques sexistes et attentatoires aux droits de l'homme. En résumé, on sort ici du champ de la simple critique d'une religion (par ailleurs tout à fait légitime) pour endosser celle du racisme » (Caroline Brancher) ; et l'objectif que s'assignent aussi bien de Villiers que ces ultra-laïcs est d'éradiquer l'Islam que certains d'entre eux vont jusqu'à assimiler au nazisme (Mohammed = Hitler, ou du plagiat par anticipation ?).
commenter cet article …