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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 16:10
GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)

Il y a peu de guerre dans Gens de guerre. Malgré son titre, ce n'est pas un livre de guerre, mais un livre dans la guerre. Le récit, plus qu'une Iliade, se veut une Odyssée terrestre menant le narrateur de Casablanca à Fès, aller-retour sinueux, contre les tribus Beni m'Tir, Zemmour ou Zaër.

Le capitaine Émile Joseph Détanger (1880-1914), alias Émile Nolly de son nom de plume, est un militaire-écrivain, déjà actif dans l'armée de Cochinchine, du Cambodge et du Tonkin bien avant 1908. Il édite en 1912, ses Gens de guerre au Maroc, roman-récit semi-autobiographique. Les événements décrits portent sur l'année 1911, à la veille de l'instauration du Protectorat français.

GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)
GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)
GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)
GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)

La porte interdite des jardins de Meknès  

 

Qu’est-ce que Gens de guerre ? À peine un roman […]. Pas d’intrigue et pas de héros si ce n’est un narrateur. Plutôt un récit, un témoignage autobiographique ou mieux un essai. …Ou encore une Odyssée terrestre, passant par Rabat, Kenitra, Fez, Meknès, El Hajeb ou Tiflet…, sur des sentiers qui pour ne pas être seulement les Sentiers de la guerre et de l’amour (pour reprendre un titre de Maurice Le Glay), sont souvent ceux de la souffrance et de la misère, physiques et morales. C’est l’œuvre patriotique, militariste (et militante) d’un écrivain-soldat, tombé au champ d’honneur à 33 ans, durant la Grande Guerre, participant, par la conquête impériale, à la puissance et à la grandeur de la France. Au Maroc où il « fait colonne » (selon l’expression de Pierre Khorat), Avesnes, le comte de Blois, atteste qu’il tire de ses notes de campagne, ses Gens de guerre. Nolly appartient au convoi n° 2, dit Deuxième colonne du général Moinier (suivant la première du colonel Brulard et avant le troisième échelon du général Dalbiez), qui sauvera Moulay Hafid, assiégé dans Fez par les tribus berbères insoumises. Gens de guerre est donc un chant à la gloire de l’Armée française ultra-marine. Une question pourtant se fait jour : pourquoi Nolly ne mentionne-t-il pas Fez, où il est censé être allé, avec la 2e colonne Moinier ? Étrangement, dans son récit, Meknès occupe la place symbolique de celle de Fez. Pas de doute que Meknès soit une « ville interdite », comme le dira Nolly au chapitre VII. Les combats ont lieu, à partir du 5 juin 1911, pour débuter la deuxième partie de la campagne en commençant par Sefrou, et le 8 juin, les troupes épuisées prennent Meknès, que le narrateur présente, à l’aube, comme une ville interdite. C’est que « sous les murs », on est « hors les murs » et qu’il y a bien là, une « Porte interdite », la porte de l’Aguedal, ce jardin fortifié avec bassin et appartenant au sultan. Pierre Ibos, alias Pierre Khorat, nous explique qu'il est impossible de pénétrer dans la ville sans forcer la porte du jardin (du paradis terrestre ?). Ce passage de En colonne est capital : « Cette porte fermée, emblème des sentiments indigènes, doit céder à la violence pour que les destins soient accomplis. […] La barrière morale dressée par la révolte vaincue s’ouvre toute grande sur les jardins déserts »[1]. Khorat éclaire ici, par avance, les silences de son camarade Nolly : les énigmes multiples de l’enfer d’El Hajeb, des murs de Meknès et de leur porte interdite, enfin du paradis de l’Aguedal. La porte interdite devrait s’ouvrir sur le jardin du paradis marocain. Après les trois premiers chapitres de Purgatoire, pourrait-on dire, viennent trois chapitres infernaux… Et puis le Paradis dans les jardins de Meknès !

C’est donc après le 9 juin que Nolly peut s’écrier : « J’ai franchi la porte interdite ! Et je me suis enfoncé dans les jardins de l’Aguedal » (p. 41). Nolly décrit un paradis terrestre qui s’oppose à l’enfer, dernier mot du chapitre précédent. En réalité, le thème de la porte interdite, ouvrant sur des jardins secrets, appartient à la culture marocaine, car le principe du jardin-paradis marocain est d’être un jardin secret, caché par des murs, des remparts en ruines, et c’est toujours l’effet de surprise qui fait la beauté du jardin. Nous sommes ici au cœur de Gens de guerre, qui est, au fond, par un moyen non militaire mais littéraire, la quête de l’âme marocaine (pour reprendre la formule de Bonjean). Cette dernière pourrait ainsi être figurée, dans les murs, par un jardin secret auquel donne accès une porte interdite. Ce paradis marocain se révèle, sinon hors des murs, au moins comme extérieur au Maroc. Est-ce la porte du paradis du Maroc DANS les murs comme on pourrait s’y attendre ? Non, c’est un au-delà du Maroc qui est franchi, le Maroc lui-même ne pouvant être pénétré.

 

 

[1]  Pierre Khorat, En colonne au Maroc, Rabat, Fez, Méquinez, impressions d’un témoin, illustrations d’après les dessins de l’auteur, prépublication 1912, Paris, Librairie académique Perrin, 1913, deux formes sur Gallica, p. 150.

Le Général Moinier recevant la soumission de Moulay Zine

Le Général Moinier recevant la soumission de Moulay Zine

« Hors des murs !… »

Ces trois mots résument toute l’œuvre, si on les prend au pied de la lettre. Ils rejettent l’auteur dans une situation d’extériorité violente, qui le transforme en agresseur (honteux ?), dans l’expérience d’une profonde déréliction autant culturelle que politique. Hors des murs… Le « cosmopolitisme malheureux » de Nolly se révèle une prodigieuse attention à autrui, pas seulement au soldat, au tringlot, mais à l’autre en tant que même. Dans et hors l’action, Nolly n’est jamais dans la simplicité univoque, mais toujours dans l’ambiguïté des intentions. Homme et auteur complexe, il ne s’identifie pas complètement, dans ses relations avec les autres, à sa fonction, ni même entièrement, à la situation dans laquelle il se trouve. L’attention de Nolly n’est pas réservée au seul camp national français. Depuis longtemps, et bien avant Gens de guerre, dans Hiên le maboul (1908), et surtout dans La Barque annamite (1910), l’écrivain est déjà partagé (intérieurement déchiré ?) par une double postulation contradictoire. D’une part, servir, ce qui ne peut pas avoir été un hasard, sa vocation militaire, guerrière, patriotique et conquérante – comme celle de ses amis, Khorat, Avesnes… D’autre part, le désir humain, intellectuel, artistique, de rencontrer l’Autre, de langue, religion, culture, histoire, différentes, de pénétrer « dans les murs, par la porte interdite ». Ces profondes interrogations ne sont-elles pas encore plus cruciales au Maroc, même sous couvert de Protectorat ? C'est sinon un questionnement moral sur la colonisation, encore très rare en ce début de XXe siècle, au moins une lancinante question sur l’incommunicabilité des cultures et des civilisations. Tâche impossible, à cause du problème contradictoire qu’elle implique ? Nolly en conclut au vice fondamental de la rencontre des cultures, sous le signe de la guerre et de la domination.

GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)

Nous appelons l’attention du lecteur sur le fait que la dernière livraison de Gens de guerre, dans La Revue de Paris du 1er août 1912, ne contenait pas la dernière page du volume, après « Et puis des jours ont passé… » (p. 139), ajoutée intentionnellement pour l’édition originale, chez Calmann-Lévy. Ce ne peut donc être un hasard mais au contraire, un fait notable que la phrase ultime. Percevrions-nous dans cette petite phrase ajoutée in extremis, durant les mois précédents, une forme de pis-aller, de dédouanement, de repentir ? Ces jours qui ont passé constituent-ils la véritable expression d’une double postulation quasi simultanée, ouvrant le texte sur l’espérance d’une fin heureuse de la colonisation comme en Indochine ? Bien sûr, la dominante générale du texte est largement militaire (cf. la dédicace aux camarades), avec sa volonté d’exaltation de l’armée coloniale et de l’armée tout court, avec ses alertes, ses bivouacs, ses tringlots, soldats français ou indigènes, arabes et noirs. Telle est bien l'intention affichée, officiellement déclarée, constituant en cela, un témoignage d'époque irremplaçable. Mais un siècle après, nous nous donnons aujourd'hui, le droit d'une lecture polysémique contextualisée encore plus enrichissante, prenant en compte différents degrés de conscience : idéologique, existentiel, esthétique. Un second degré se dévoile avec ses soirs de nostalgie, sa porte interdite, son jardin caché, ses chanteuses, ces murs hors desquels on reste, faisant qu'au contraire de l'Extrême-Orient, Indochine, Tonkin, et pour des raisons  certainement historiques, notre écrivain ressent en 1911 au Maroc, un malaise et un trouble ni péjoratifs ni dépréciatifs mais plutôt à l'honneur de son intériorité fragmentée, divisée, profondément scindée. Le militaire et l'écrivain  constituent ainsi deux personnalités différentes en confrontation directe.

Les notations de dates sont rares dans gens de guerre. Celle du « soir tiède et morne de septembre » (1911, p. 136) dans le dernier chapitre, est la seule exceptée la mention du 14 juillet manqué avec Moulay Hafid. La suite de la phrase en est d’autant plus remarquable, annonçant le « jamais nous ne serions pleinement heureux » (p. 138 ; nos italiques). Pas de doute que nous ne nous trouvions ici au cœur du récit lorsque l’auteur perçoit parfaitement, à travers un chant arabe, la vie et la civilisation qu’en tant que colonisateurs, les soldats français affrontent. En effet, autant que la guerre, la religion ou la musique sont les manifestations les plus caractéristiques des civilisations, à l’occasion desquelles deux peuples peuvent mutuellement se démoraliser. C’est qu’il y a beaucoup de chanteuses dans l’œuvre, dès le deuxième chapitre, si capital qu’il offre, comme nous l’avons dit, toutes les clés, herméneutiques et heuristiques, des portes de l’ouvrage, et en particulier celles problématiques du « paradis marocain » (p. 10). Chaque fois, dans ces deux chapitres, s’effectue une curieuse alliance, exposée sous l’acétylène, entre la vulgaire sensualité européenne, et la vénale prostitution marocaine : maquillage et tatouage en sont les signes. C’est pourquoi lorsque retentit, d’un patio intérieur, « la voix de femme qui chantait dans la nuit » (p. 137), nous pensons bien avoir enfin trouvé l’intériorité de l’âme marocaine évoquée par Bonjean, souffrante, blessée, mais qui par là-même, exclut le conquérant. Voilà qui complexifie singulièrement le sens et la valeur de cette phrase que nous mettons en relief : « Jamais nous ne serions pleinement heureux, parce que nous étions condamnés à rôder éternellement, hors des murs… » (p. 138).

GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)

Un héroïsme du quotidien militaire

 

Nous insisterons sur la figure de Maurice Barrès, et sa mystique nationale enracinée, patriotique, antiparlementaire, mais ni monarchiste, ni catholique, pouvant supporter une forte dose de républicanisme, finalement très individualiste, et même aristocratique. Culture de guerre ? S’il y a une mystique (au-delà du catholicisme), c’est celle de la souffrance. Ce chant à la gloire de l’Armée française ultra-marine, est surtout à celui de l’abnégation des soldats conscrits. Plus que dans l’épopée militaire, c’est dans la description de la souffrance des tringlots, pour une cause qui les dépasse, que l’auteur excelle. Toutes les autres causes morales, sociales ou politiques sont poussées "aux oubliettes". Seul demeure un dévouement quasi mystique, une abnégation militaire et patriotique. Avesnes confirme que ce qui fait de l’héroïsme une mystique, ce ne sont pas les grands gestes, mais une série de réactions physiques quasi animales. Encore davantage qu’au cours de violents combats, c’est dans les petits faits de la vie quotidienne militaire (souvent sordide) que se révèle l’héroïsme de l’homme de troupe. Tribut ou fardeau de métier ? Certes… Mais reste à savoir au nom de quoi accepter toute cette souffrance et cet échec, en apparence absurdes ou inutiles ? Sinon celui d’une forme extrême d’héroïsme paradoxal, au sens où, comme chez Maurice Barrès, l’idée de patrie n’est justement plus qu’une idée, un simple prétexte, pour s’élever au-dessus de soi-même, pour « faire la pige » au destin. Le narrateur se demande pourquoi quatre goumiers algériens sont venus mourir sur la terre étrangère du Maroc, comme lui-même semble risquer sa vie pour un consortium de banques internationales (p. 74). Pour l’auteur, le nationalisme devient donc une manière de se donner à plus grand que soi, une mystique difficile à saisir tant son véritable objet semble échapper, mystique militaire du quotidien, mystique de la souffrance pour l’armée ou la patrie, ou plutôt quête de leur fantôme énigmatique dans leur absurdité même.

GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)
GENS DE GUERRE AU MAROC  (1912) Emile Nolly (1880-1914)

L'Harmattan 21 €

Cet article a été rédigé pour l'Encyclopédie de la colonisation française (sous la direction d'Alain Ruscio).

 

Gérard Chalaye a enseigné au Lycée Tarik ibn Zyad, qui a succédé au collège berbère, à Azrou. G. Chalaye est un membre éminent de la Société internationale d'études des littératures de l'ère Coloniale (SIELEC) et membre de l'Association des amis d'Azrou (AAA)

Bibliographie sélective

Émile Nolly, pseudonyme du capitaine Émile Détanger

Hiên le Maboul, Ed. Originale, Paris, Calmann-Lévy, 1908, Rééd., Autrement Mêmes, Paris, L'Harmattan, 2011

La Barque annamite : roman de mœurs, Ed. Originale, Paris, Fasquelle, 1910, Rééd., Pondichéry-Paris, Kailash, 2008

Gens de guerre au Maroc, Ed. Originale, Paris, Calmann-Lévy, 1912, Rééd. , Présentation de Gérard Chalaye, Autrement Mêmes, Paris, L'Harmattan, 2018

Le Chemin de la victoire, Ed. Originale, Paris, Calmann-Lévy, 1913, Reprints, Nabu Press, 2010 (texte brut)

Le Conquérant : journal d'un indésirable au Maroc, Ed. originale, Paris, Calmann-Lévy, 1916, Rééd., Présentation de Guy Riegert, Autrement Mêmes, Paris, L'Harmattan, 2015 

 

Compléments très sélectifs

Avesnes, pseudonyme du Comte de Blois, Émile Nolly, capitaine Détanger, Revue des deux mondes, t. 29 (1915) et gallica

Chalaye Gérard, Présentation et annexes à Émile Nolly, Gens de guerre au Maroc, Rééd., Autrement Mêmes, Paris, L'Harmattan, 2018

Khorat Pierre, pseudonyme de Pierre Ibos, En Colonne au Maroc, Rabat, Fez, Méquinez : impressions d'un témoin, Paris, Librairie académique Perrin, 1913, et gallica

Khorat Pierre, pseudonyme de Pierre Ibos, Scènes de la pacification marocaine, Paris, Librairie académique Perrin, 1914, et gallica 

Voinot Colonel L ., Sur Les traces glorieuses des pacificateurs du Maroc, Paris, Charles-Lavauzelle & Cie, 1939

 

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19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 15:12
Gérard Verrier (dit Véru)

Nous venons d'apprendre par  un coup de tel de son fils THIERRY, le décès cet aprés-midi , au cours d'une partie de golf , de notre  collègue et ami GERARD VERRIER .  Celui que tout  le monde  appelait VERU  qui connaissait le MAROC  mieux que quiconque et  toutes les pistes du Moyen Atlas dans les moindres détails, nous a quitté victime d'une crise  cardiaque.Cette disparition va créer un grand vide au sein de notre association et  s'ajoute, malheureusement, à la liste, déjà longue des coopérants Azriouis disparus.

 Il y aura une cérémonie , vendredi 23 février à 16H au crématorium à Nîmes.

Notre association  sera représentée  par plusieurs de ses membres, résidant dans la la région .

                                          Guy THEROND

Président de l'Association des amis d'Azrou (AAA)

Gérard Verrier (dit Véru)
Gérard Verrier (dit Véru)

En 2007, Manou et Gérard, accueillaient l'AAA dans leurs terres auvergnates, à Goudet.

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Quelques autres images au fil des rassemblements de l'AAA (mais dans un ordre arbitraire).

Gérard Verrier (dit Véru)
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Gérard Verrier (dit Véru)
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Gérard Verrier (dit Véru)Gérard Verrier (dit Véru)
Gérard Verrier (dit Véru)Gérard Verrier (dit Véru)

Un retour à Azrou en 2006 :

Au pano, Véru était tombé sur des baroudeurs (je ne sais plus si c'était en 4X4 ou en moto) et leur avait détaillé avec des points de repères précis - tel rocher de telle forme par exemple - l'itinéraire d'une piste paumée de l'Atlas.

 

 

Gérard Verrier (dit Véru)
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Gérard Verrier (dit Véru)Gérard Verrier (dit Véru)
Gérard Verrier (dit Véru)Gérard Verrier (dit Véru)
Gérard Verrier (dit Véru)

Il manque les photos du temps d'Azrou, en particulier celle du pilote que fut Gérard, qui bluffait les professionnels lors d'un Rallye du Maroc.

 

Toutes nos condoléances à sa famille, à ses proches et pleins de bises attristées à Manou...

 

 

Et en guise d'adieu, sa chanson fétiche :

 

 

 

 

NB Les différents clichés sont de divers photographes (Alain Coustaury, Michel Fabre, Billy/Xavier Delacou, Danielle Thoulouze,...) et le remarquable portrait de Gérard, qui ouvre cette évocation de notre ami, est de Pierre SONRIER*.

 

* Merci à DT qui m'a signalé une erreur de patronyme.

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 17:34
Azrou, toujours
Azrou, toujours

Nouvelle évocation d’Azrou au cœur du Moyen-Atlas (1200 m), à environ 70 km de Meknès et 80 km de Fès.

Occasion d’évoquer aussi l’A.A.A., l’Association des amis d’Azrou. Cette association est née à l’initiative d’anciens coopérants des années 60 et 70 du Lycée Tarik ibn Zyad et du Collège Al Atlas (à l’époque les deux seuls établissements secondaires). Elle s’est naturellement axée sur l’enseignement (ces établissements bien sûr mais aussi des écoles primaires). Mais collège et lycée étant jumelés  l’un avec un collège de Blois, l’autre avec le Lycée de Melle n’avaient plus besoin de notre aide modeste. Quant aux écoles, l’association a préféré se centrer sur une classe pour enfants handicapés ou plutôt travailler avec l’association de parents de cette classe. D’entrée aussi un appui a été donné à la section d’Azrou de l’AMAED (Association marocaine d’aide aux enfants diabétiques). L’AAA apporte aussi son soutien à « Dar el Amane », association née de l’Initiative nationale pour le développement humain et qui prend en charge des enfants et jeunes plus ou moins abandonnés. Sauf dons – les laboratoires Roche ont ainsi donné naguère du matériel pour diabétiques – tout est acheté sur place par des membres de l’association, évidemment en fonction des besoins exprimés. Pour ces membres qui se rendent sur place (à leurs frais bien sûr) c’est l’occasion de reprendre contact avec d’anciens élèves et collègues.

Les ressources sont simples : cotisations, dons, plus une subvention du département (34) où est implanté le siège de l’AAA. Chacun peut évidemment nous aider (voir en annexe).

Photo Julie Chezeau-Launay : la couronne au-dessus du rocher.

Photo Julie Chezeau-Launay : la couronne au-dessus du rocher.

Azrou= rocher en berbère, comme on dit, en tamazight pour parler plus savamment. Ce rocher volcanique, surmonté depuis quelques années d’une couronne a donc donné son nom à cette ville de 60 000 habitants au moins.

Azrou, toujoursAzrou, toujours
Azrou, toujoursAzrou, toujours

Bien qu’ayant habité au ‘Tyrol’ – c’était le nom donné à une petite maison proche de l’embranchement de la route d’Ifrane et de Midelt – à proximité donc de M’Charmou, mais séparé par le relief, je n’y avais jamais mis les pieds. Il est vrai que légèrement en contrebas du petit quartier de la gendarmerie, ce quartier est quasi invisible. J’y fus, en quelque sorte, en pèlerinage, croyant que les séquences médicales des « Hommes et des dieux » y avaient été tournées. Je cherchais donc le ‘dispensaire’ où Lonsdale officiait. Quête vaine, puisqu’un ami local m’assura que ces séquences furent tournées ailleurs. Parler de ‘favela’ serait sans doute exagéré, bien que le même ami m’apprit aussi que ce coin avait une réputation de coupe gorge.

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Autre quartier à la réputation un peu sulfureuse, la Kechla, c’est-à-dire le quartier où était implanté le casernement des troupes du sultan. Donc aussi des femmes aux prestations tarifées. Réputation sans doute abusive, puisque ma visite diurne et mon âge rassis n’ont amené aucune sollicitation. Quand on attaque la montée, on se remémore la forte pensée du Lao-Tseu du Poitou, Raffarin : « Le chemin est droit, mais la pente est rude ». Là encore, alors que ne subsistent que quelques demeures traditionnelles, l’impression de chantiers toujours en cours ou arrêtés en cours de route.

Azrou, toujours
Azrou, toujours
Azrou, toujours
Azrou, toujours
Azrou, toujours
Vues du haut de la Kechla
Vues du haut de la Kechla

Vues du haut de la Kechla

Et c’est quasiment au pied de la Kechla, pas loin non plus de l’artisanat, que j’ai découvert, en contre-bas de la rue, ce super brico-marché doublé d’un ‘But’ pour l’ameublement et l’électro-ménager.

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Mais, à part quelques richards qui retapent des villas européennes ou en construisent de fort prétentieuses sur le haut de la ville, Azrou s’étend sur l’axe vers Meknès, zone plate. Ahadaf ancien a vu se multiplier les lotissements et immeubles où règne le béton. Le vrai centre-ville se déplace donc vers ces quartiers.

 

On ne lésine pas sur le m2
On ne lésine pas sur le m2

On ne lésine pas sur le m2

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Mais le vieil Ahadaf subsiste toujours, comme en témoigne cette rue commerçante, proche d’une mosquée.

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Et sur un terrain vague, ancien lieu du souk, a lieu tous les soirs, un gigantesque marché aux puces.

cliquer pour agrandir (photos J. Chezeau-Launay)cliquer pour agrandir (photos J. Chezeau-Launay)

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Bien sûr, les amoureux d’Azrou s’arrangent toujours pour y passer au moins un mardi, jour du souk. Pour compléter l’article qui lui est consacré (mais le sujet est inépuisable) quelques photos de Gérard Chemit, plasticien et photographe, qui se partage entre Fès et l’île d’Oléron.

Azrou, toujoursAzrou, toujours
Azrou, toujours
Azrou, toujoursAzrou, toujours

A proximité d’Azrou, à Ben Smin, totalement à l’abandon, on trouve un ancien sanatorium à l’architecture néo-soviétique, mais aussi, toute neuve, une usine d’eau minérale locale baptisée « Ifrane ».

Et, sur le plateau, sur la route de Meknès, l’immanquable paysage lunaire d’Ito.

Azrou, toujours
Azrou, toujours
Ito

Ito

Pas de conclusion…

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ANNEXE

L’AAA, association loi de 1901*, est évidemment habilitée à recevoir des dons (chèque à envoyer à André THOULOUZE, trésorier de l’AAA, 1325 Rue des Monts-du-Matin, 26320 St Marcel-lès-Valence, à l’ordre de l’association des amis d’Azrou).

Pour les Bas-Poitevins, Luçonnais ou proches de Luçon : l’AAA recherche, pour les enfants handicapés, des lunettes pour enfants et des appareils auditifs (l’association de parents se charge de les faire adapter). Si vous avez des enfants et/ou petits-enfants dont les lunettes sont devenus obsolètes, si vous changez votre appareillage auditif pour un plus moderne, vous pouvez les déposer au 5 Avenue de Verdun à Luçon.

 

* Les statuts ont été amendés à la dernière AG, mais pour l’essentiel le texte d’origine reste valable.

 

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