Ouvrière, mannequin, actrice et modèle, photographe, militante ; immigrée, extradée, clandestine ; amie de Frida Kahlo, de Neruda et combien d'autres célébrités, mais le plus fidêle sera Manuel Alvarez Bravo, le seul qui l'accompagnera quant elle fut expulsée du Mexique.
Née à Udine en Italie en 1896, elle débute sa scolarité en Autriche, avant de revenir à Udine en 1905 et reprendre le primaire… en italien. Le père migre aux Etats-Unis avec la fille aînée, en 1908. Avec sa mère, c’est elle qui fait vivre le reste de la famille (4 frères et sœurs) en travaillant dès 14 ans dans le textile.
En 1913, elle rejoint son père à San Francisco. La petite couturière du magasin de mode, en devient vite le mannequin. De mannequin elle devient actrice : opérettes puis cinéma, petits rôles, puis premiers rôles. Elle épouse, en 1917, un peintre au nom impossible, Roubaix de l’Abrie Richey (dit « Robo »), qui va introduire la petite immigrée dans le monde l’art et de l'amour libre.
A Los Angeles, le couple rencontre un photographe déjà célèbre, Edward Weston dont elle devient modèle puis maîtresse.
Robo, parti dans un Mexico bouillonnant de fièvre révolutionnaire y attrape la variole. Tina arrive à Mexico en 1922 deux jours après son décès.
Le faux mariage de Tina Modotti et Edward Weston à Mexico en août 1924
Elle y revient avec Weston en 1923. C’est elle, dit-on, qui présenta Frida Kahlo à Diego Rivera. A Mexico elle croisera aussi D.H. Lawrence et Vladimir Maïakovski. De modèle elle devient, elle-même photographe, formée par son amant avec qui elle va rompre en 1926. Elle sympathisera avec Manuel Alvarez Bravo qui deviendra son plus fidèle ami.
Elle s’engage dans le Parti communiste, collaborant avec El Machete, le journal du parti communiste mexicain, tout en menant une activité photographique plus formelle, mais aussi, dans le studio que Weston lui a laissé, des travaux alimentaires.
Le roman de sa vie prend une tournure tragique avec l’assassinat, en 1929, de son jeune compagnon, Julio Antonio Mella, communiste Cubain et rédacteur en chef d’El Machete, en pleine rue, à ses côtés. L’enquête policière va la salir. Le pouvoir mexicain se lance dans une répression anti-communiste : en 1930, elle est arrêtée puis extradée.
Berlin d’abord puis Moscou. Elle abandonne la photo pour se muer en agent du Secours Rouge International.
En 1936, elle est à Madrid, aux côtés de son compatriote Vidali, agent du Komintern : défense de Madrid, organisation de l’aide internationale, voire même garde du corps de Dolores Ibárurri, La Pasionaria ! Mais elle se consacre surtout au Secours rouge.
La chute de Barcelone en 1939, la fait fuir en France toujours avec Vitali. Elle va finalement se retrouver à Mexico sous une fausse identité ; Vidali va la rejoindre. Elle rompt avec le PC après le pacte germano-soviétique. En 1940, son ordre d’extradition est levé, elle peut reprendre son identité et renouer avec ses amis. Mais, nouveau coup de théâtre son compagnon Vidali est arrêté car soupçonné d’avoir trempé dans l’assassinat de Trotsky*. Un de ses derniers réveillons se passera chez un jeune poète chilien, Pablo Neruda.
Elle n’avait que 45 ans – mais elle avait vécu mille vies – quand elle meurt d’une crise cardiaque le 6 janvier 1942.
* Sur l'assassinat de Trotsky (et la guerre d'Espagne) voir L'homme qui aimait les chiens de Léonardo Padura
Pour compléter cette brève évocation : « Une vie solarisée » (trois articles richement illustrés)
Quelques nus de Weston
Quelques photographies de Tina Modotti
Frida Kahlo et Diego Rivera en tête du défilé du 1er mai
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