« Enfant terrible du XXème siècle, peintre, poète, pamphlétaire, éditeur de revues, manipulateur d'images, Francis Picabia est une figure de l'avant-garde qui fascine encore aujourd'hui .
Son œuvre protéïforme et complexe imite ou initie les courants artistiques les plus progressistes sans jamais en adopter aucun définitivement. Champion de la rupture stylistique, Picabia déroutera la critique en exposant en pleine période dadaïste des œuvres qui en sont l'antithèse, dont les fameuses " Espagnoles " (1902) réalisées à la manière d'Ingres.
Picabia sera aussi l'un des premiers à exalter le potentiel pictural du dessin industriel comme le montrent ses œuvres mécanomorphes dès 1915. Si la machine et la voiture occupent une place de choix dans la vie et l'œuvre de cet artiste controversé de son vivant, la femme et le nu féminin sont pour lui une source d'inspiration inépuisable. Picabia passera les années de guerre à peindre des nus féminins, des portraits, des paysages... que le public parisien ne découvrira qu'en 1976 au Grand-Palais, tant les critiques de l'époque qui considéraient cette période comme un incident de parcours, ont occulté ces œuvres.
Créateur de la revue 391, initiateur du fameux " Bal nègre ", qui réunit toute la jeunesse dorée et décadente de l'époque, Picabia publie en 1920 " Jésus-Christ Rastaquouère " qu'il dédie à toutes les jeunes filles, assorti de ce précepte intemporel :
" Il n'y a rien à comprendre, vis pour ton plaisir, il n'y a rien, rien, rien que la valeur que tu donneras toi-même à tout ". »
(Texte de Sophie Costes)
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"La morale et le bon goût sont un vieux mensonge, ils ont pour enfants la bêtise et l'ennui"
"J'ai toujours aimé m'amuser sérieusement"
"Le pape est l'avocat de dieu. Dommage que son client soit mort. "
Francis Picabia
« Picabia a fait trop de blagues avec sa peinture ! Voilà... ce que certains personnages trouvent dans le fond de sac de leur acrimonie...Et moi je dis : on a fait trop de blagues avec la peinture de Picabia ! Mon inquiétude a été transformée en plaisanterie ! Certains hommes de notre époque ne peuvent admettre que l'on soit diamant, eux qui sont bijouterie et diamant - tout - et qui ne sont rien, par conséquent ! Mon anxiété maladive m'a toujours poussé vers l'inconnu...»(Picabia décembre 1930)
Manifeste Dada cannibale
Vous êtes tous accusés : levez-vous. L'orateur ne peut vous parler que si vous êtes debout.
Debout comme pour la Marseillaise,
debout comme pour l'hymne russe,
debout comme pour le God save the king,
debout comme devant le drapeau.
Enfin debout devant DADA qui représente la vie et qui vous accuse de tout aimer par snobisme, du moment que cela coûte cher.
Vous vous êtes tous rassis ? Tant mieux, comme cela vous allez m'écouter avec plus d'attention.
Que faites-vous ici, parqués comme des huitres sérieuses - car vous êtes sérieux n'est-ce pas ?
Sérieux, sérieux , sérieux jusqu'à la mort.
La mort est une chose sérieuse, hein ?
On meurt en héros, ou en idiot ce qui est la même chose. Le seul mot qui ne soit pas éphémère c'est le mot mort. Vous aimez la mort pour les autres.
A mort, à mort, à mort.
Il n'y a que l'argent qui ne meurt pas, il part en voyage.
C'est le Dieu, celui que l'on respecte, le personnage sérieux - argent respect des familles. Honneur, honneur à l'argent ; l'homme qui a de l'argent est un homme honorable.
L'honneur s'achète et se vend comme le cul. Le cul, le cul représente la vie comme les pommes frites, et vous êtes tous très sérieux, vous sentirez plus mauvais que la merde de vache.
DADA lui ne sent rien, il n'est rien, rien, rien.
comme vos paradis : rien.
comme vos idoles : rien
comme vos hommes politiques : rien
comme vos héros : rien
comme vos artistes : rien
comme vos religions : rien
Sifflez, criez, cassez-moi la gueule et puis, et puis ? Je vous dirai encore que vous êtes tous des poires. Dans trois mois nous vous vendrons, mes amis et moi, nos tableaux pour quelques francs.
DADA est contre la vie chère.
Petit montage de quelques oeuvres de PICABIA : cliquer sur le dossier pour le télécharger.
Si Picabia lui a donné un coup de pouce, le bal Nègre fut fondé en 1924 par l’homme politique martiniquais J.Rézard des Wouves.
Kiki de Montparnasse, muse de Man Ray, y a sans doute dansé sur une table. Avec Picabia, on y trouve Joan Miro, Piet Mondrian, André Masson, Jules Pascin, Moise Kisling et Kees van Dongen. Jean Cocteau, André Gide ou Raymond Queneau, Robert Desnos et ses amis surréalistes mais aussi les écrivains états-uniens Henry Miller, Ernest Hemingway ou Francis Scott-Fitzerald ont passé des nuits au fameux Bal Blomet dit Bal Nègre.
On y jouait de la biguine, on y découvre le jazz naissant. Joséphine Baker s'y produisit. Il ferme en 1940 sur ordre des Allemands. La ré-ouverture après la guerre en fit pendant encore un moment un haut-lieu du jazz.
Deux photos de Brassaï
Kiki de Montparnasse
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