Charlotte Rampling au Louvre sous la Joconde (avec Raquel Zimmermann Photo de Juergen Teller)
Cette fille de colonel, ancien champion olympique, née en 1946, s'est retrouvée à Fontenaibleau à 9 ans - son père étant nommé au commandemant de l'OTAN, car à cette époque, la France faisait partie de ce commandement.
La petite anglaise qui pose sur une mini ou sur des marches va se révéler comme actrice dans "Les damnés" de Visconti et surtout dans "Portier de nuit" de Liliana Cavani. Dire que le film qui raconte l'histoire d'une ex-déportée qui renoue une liaison sado-masochiste avec un de ses tortionnaires du camp de concentration, devenu portier de nuit fit scandale, est peu dire.
Ce scandale ne l'a pas empêché de prendre de nouveaux risques comme dans "Max mon amour", Max, son amour, étant un chimpanzé.
Après une éclipse dans les années 90, elle revient avec toute sa maturité assumée dans "Vers le Sud" de Laurent Cantet, réalisateur d'Entre les murs, qui mettait en regard la misère sociale des uns et la misère sexuelle des autres,
Mais c'est surtout Ozon - le seul réalisateur avec qui elle a tourné trois films - qui va permettre de redécouvrir tout son talent de grande actrice.
Son rapport avec la nudité - elle a posé pour de très grands photographes et a joué nue quand le film le demandait - est à la fois naturel et comme distancié.
Regard et visage presque dur lorsqu'elle se retourne sur sa chaise sous le regard de Sieff, pose proche dans un décor très newtonien, esquisse d'une caresse d'une main qui cache le sein, chez Bettina Rheims, doigts qui vont en pincer la pointe... elle se prête à l'objectif sans s'offrir.
La séquence de Swimming pole d'Ozon (voir plus bas) - l'auteure (f)rigide de romans policiers, qu'elle joue, se dénude devant un jardinier pour détourner ses soupçons - illustre bien cette distanciation : la caméra parcourt le corps nu pour arriver sur un visage à l'expression ambiguë où le spectateur peut lire des sentiments contradictoires.
Tout l'art de l'actrice qui, avec une économie de moyens, sait suggérer la complexité d'un personnage.
Swimming Pool
La séquence ci-dessous est tirée du film de François Ozon 2003. Charlotte Rampling appelle discrètement le vieux jardinier du haut d'une terrasse. Elle lui dévoile ses seins. Un peu interloqué, le jardinier monte la rejoindre. Il la découvre étendue, nue, étrangement passive. Un lent panoramique part de ses pieds et remonte jusqu'à son visage ; d'un regard, elle s'offre à la caresse du vieil homme.
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