Mme Fourest s’en prend à Justin Trudeau sur FB : « elle ne supporte pas dit-elle cette politique spectacle et lacrymale », ce qui est son droit. Mais, avec hargne et mauvaise foi, elle l’accuse de passer sa vie à s’excuser « au lieu de résister à la montée de l’intégrisme homophobe et sexiste dans le pays ». Or, c’est Trudeau père qui a aboli les lois homophobes. Et Justin Trudeau n’a pas attendu d’être premier ministre pour s’afficher en défenseur de la cause LGBT.
"Je suis ici aujourd'hui pour dire, nous avions tort, nous vous présentons nos excuses, je suis désolé, nous sommes désolés..." "C'est avec honte, peine et un profond regret que je suis ici aujourd'hui" pour reconnaître les torts de l'État envers ses employés homosexuels "forcés à vivre à l'écart" et "humiliés".
"Une purge qui a duré des décennies restera à jamais un acte de discrimination tragique de la part du gouvernement envers ses propres citoyens, ils ont perdu leur dignité, leurs carrières et ont vu leurs rêves et leurs vies brisées", a ajouté Justin Trudeau.
En 1967, le cas d'Everett George Klippert, dernier Canadien à avoir été déclaré "délinquant sexuel dangereux", sans aucune autre raison que son homosexualité, avait déclenché une levée de boucliers de la société canadienne et du gouvernement.
Le père de Justin Trudeau, Pierre Elliott Trudeau, ministre fédéral de la Justice de l'époque, avait alors lancé "l'Etat n'a rien à faire dans les chambres à coucher". Deux ans plus tard, la Canada dépénalisait l’homosexualité. C'était en 1969.
Poursuivant donc l’œuvre de son père Justin Trudeau a ajouté "C'est notre honte collective que vous ayez été si maltraités, et c'est notre honte collective que ces excuses aient pris autant de temps, nombre de ceux ayant souffert n'étant plus en vie pour entendre ces mots. Et pour cela, nous sommes sincèrement désolés".
Et bien que Svend Robinson, premier député à avoir en 1988 revendiqué son homosexualité ait déclaré "C'est une journée incroyablement importante, non seulement pour la communauté LGBT, mais pour tous les Canadiens", Mme Fourest l’a donc accusé quasiment d’être complice de la montée de l’homophobie. Et pour ceux qui n’auraient pas compris, une commentatrice explicite : « Quelle hypocrisie. Il n'est pas responsable des politiques passées. Par contre, lorsqu'il laisse une femme passer sa cérémonie de citoyenneté en niqab, étendard d'un islamisme sexiste et homophobe, représentant une idéologie dans laquelle on assassine les homosexuels, c'est maintenant, sous son mandat qu'il est coupable. » Et C. Fourest d’approuver « le message d’Agnès complète bien ma pensée et pourquoi ce pardon là m’agace autant. »
Même si ladite Agnès dit n’importe quoi – l’épisode auquel elle fait allusion a eu lieu avant l’élection de J. Trudeau et, dans un état de droit, ce ne fut pas le 1er ministre mais la justice qui autorisa cette cérémonie – on voit bien qui sont visés : les musulmans et leur idéologie, l’islam.
Dans un nombrilisme assez stupéfiant Mme Fourest ramène le discours d’un premier ministre exprimant des excuses, au nom de son pays, à la communauté LGBT à son héroïque cas personnel :
"Quand je me suis battue contre l'homophobie et la transphobie comme présidente du Centre Gay et Lesbien, quand j'ai accueilli et mis à l'abri ceux que leurs familles chassaient, quand j'ai convaincu des politiques et milité de toutes mes forces pour que le PaCS soit voté, quand j'ai enquêté contre les homophobes comme journaliste à Têtu, quand j'ai tenu tête en télévision au chef des maires anti-CUS (ancêtre du PACS), quand j'ai défendu le mariage pour tous, quand je me suis fait rouer de coups par les nervis de CIVITAS aux cris de "sale pédale", à aucun moment je n'ai agi comme la lettre d'un sigle à rallonge. Mais comme une citoyenne d'un monde qu'il fallait changer pour le rendre meilleur. Avec tous. Et pour tous. Sans demander qu'on pleure pour ça. Juste qu'on avance."
« Personnellement, j'éprouve un plus grand malaise devant les réactions cyniques provoquées par les excuses de Justin Trudeau que par les larmes qui les accompagnaient. »
Rima Elkouri
Parlant de celles et ceux qui, comme Mme Fourest ont ironisé sur les larmes de Trudeau, Rima Elkouri, du journal La Presse, rétorque : « Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ne vois rien de très drôle dans le fait de savoir que des citoyens de ce pays ont longtemps été traités comme des criminels par le gouvernement à cause de leur orientation sexuelle. Je ne vois rien qui me donne envie de m'esclaffer quand je pense à tous ceux qui ont été espionnés, humiliés et congédiés à cause de préjugés homophobes d'une autre époque. Tous ceux dont on a tenté de « détecter » l'homosexualité comme si c'était une tare honteuse et une dangereuse « faiblesse de caractère ». Tous ceux que le gouvernement a soumis à cet appareil absurde appelé « Fruit Machine », qui devait mesurer « l'attraction homosexuelle » de ses employés. Tous ceux qui ont dû cacher qui ils étaient ou abandonner leurs rêves. Tous ceux dont la vie a été détruite à cause de l'ignorance de l'époque. Tout ça est à la fois tragique et honteux. Et je ne vois rien de futile à offrir des excuses et un pardon officiel aux victimes de ces pratiques gouvernementales discriminatoires. Ce geste promis par Justin Trudeau était attendu depuis longtemps. Il était nécessaire.»
Et elle rappelle que l’engagement de Justin Trudeau pour la cause des homosexuels ne date pas de ce discours : avant d’être élu, il participait aux marches de la fierté gaie (comme on dit au Québec pour parler de ce que nous nommons Gay Pride). Et il a continué de le faire, devenu premier ministre.
Ajoutons que lors de ce discours il ne s’est pas contenté de répéter sorry/désolé. Outre une indemnisation des victimes discriminées et la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité, un mémorial sera érigé à Ottawa en souvenir des victimes lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et queer, renvoyées de l'armée ou de la police, ou aux carrières brisées dans la fonction publique, ou encore aux personnes suicidées en raison de leur orientation sexuelle.
Trudeau décoiffe. Surtout, pour les soi-disant Républicains, dont le Printemps ressemble à un hiver liberticide, incapables de relativiser – et même pour qui ce relativisme est la trahison de leur universalisme – le Canada les surprend et les scandalise. Comme le rappelait Justin Trudeau dans son discours, il a été marqué par des normes rigides, étroites et autant du côté francophone qu’anglophone. Mais il a su, en finalement peu de temps, se débarrasser de la tutelle des églises. Déjà en quelque sorte bi-culturel, il continue d’accueillir des migrants. Le pluri-culturalisme, honni par nos républicains, s’est imposé comme naturellement. Si le ministre Sikh de la défense peut arborer un magnifique turban, c’est que les histoires de chiffons n’obnubile pas la majorité des canadiens.
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