02/03/2017 Krzysztof Charamsa invité de 28 minutes Arte à l'occasion de la sortie de son livre La première pierre
Le synode sur la famille commence comme un film d’Almodovar, titre un journal italien, après le coming out d’un Monsignore. Le théologien, Krzysztof Charamsa, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, est sorti du placard : dans un long entretien à Il Corriere della Sera, il a affirmé son homosexualité. Là-dessus, un curé de Trente, lui, excuse la pédophilie !
Krzysztof Charamsa, comme son prénom l’indique, est d’origine polonaise. Mais vit à Rome depuis 17 ans. Outre son appartenance à la Congrégation pour la doctrine de la foi, il enseigne la théologie à l’université pontificale grégorienne. Et la veille de l’ouverture du synode sur la famille, il accorde donc un long entretien à Il Corriere della Sera, dans lequel il se présente sereinement comme un prêtre homosexuel, heureux et fier de son identité ! Scène touchante également quand il présente son amant, Edouard, à qui il a dédié ce qu’il appelle sa sortie du placard. Sortie à laquelle il invite les nombreux autres prêtres gays à se livrer. Il a adressé une lettre personnelle au Sandro Padre, au pape, pour lui révéler son identité sexuelle ; il l’a fait savoir également à l’université romaine où il enseigne. Et il prévoit, à sa grande douleur, qu’il ne pourra plus travailler dans une institution catholique.
Un prêtre qui excuse la pédophilie
D’un niveau beaucoup plus trivial est l’entretien de ce Don Gino Flaim, prêtre de la ville de Trente.
“La question de l’homosexualité dans l’Eglise, c’est un problème réel ?” demande une journaliste de La7
— Je ne sais pas, répond le prêtre. La pédophilie, je peux comprendre. L’homosexualité, je ne sais pas. Je suis beaucoup allé dans les écoles, les enfants je les connais, et malheureusement il y a des enfants qui cherchent de l’affection parce qu’ils n’en reçoivent pas chez eux. Ils peuvent parfois tomber sur un prêtre qui cède, et ça je peux le comprendre.
— Donc ce seraient les enfants qui…
— En bonne partie, oui.
— Donc les accusations à l’égard de la pédophilie sont injustifiées ?
— Accusations… C’est un péché, et comme tous les péchés il doit être accepté.
— Et en ce qui concerne l’homosexualité ?
— Je n’ai pas de connaissances directes, je ne pourrais pas me prononcer. Je ne m’étonne pas que de telles choses arrivent, puisque l’Eglise est une communauté de pécheurs. Ce n’est pas pour rien que Jésus-Christ est mort pour les péchés. Comment expliquer, d’ailleurs, que surviennent des maladies ?
— Parce que l’homosexualité est une maladie ?
— Je pense vraiment… que oui.”
(traduction Courrier International)
Le Don a été suspendu. Pourtant il ne faisait que reprendre ce qu’affirmait Bernardo Alvarez, évêque de Ténérife
Krzysztof Charamsa, lui, s’adressant au synode, affirme que toute personne, même lesbienne, gay ou transexuelle, porte dans son cœur une aspiration à l’amour et un désir de famille. Chacun a le droit d’aimer. Le christianisme est la religion de l’amour, c’est le message apporté par Jésus. Un couple d'homosexuels doit pouvoir dire à l’église son amour en accord avec leur nature.
Message inaudible. Le Vatican a immédiatement condamné le coming out, le qualifiant de "très grave et irresponsable" et a révoqué Krysztof Charamsa de ses fonctions auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Et, bien que Romain depuis 17 ans, comme il dépend d’un évêché polonais, son supérieur hiérarchique local lui a demandé de faire amende honorable, faute de quoi il sera suspendu 'a divinis', c’est-à-dire viré.
Le Monsignore ne se faisait pas d’illusions. Il a prévu d’aller s’installer, avec son amant, à Barcelone. Perfidement, l’obs laisse subodorer une opération marketing de la part du futur ex-prélat :
« Que va devenir ce monseigneur gay qui revendique publiquement son homosexualité, et qui samedi soir était au bord des larmes lorsqu’il a quitté le restaurant romain siège de sa conférence de presse improvisée ?
Il répond :
"J’irai en Espagne, j’ai déjà mon billet, je remplirai deux valises avec mes livres, mes papiers et mes effets personnels, le reste je le laisserai aux bonnes sœurs du couvent où je vis. Et à Barcelone, je me chercherai un boulot."
Ce ne devrait pas être trop difficile, vue la clameur suscitée dans les médias du monde entier par son geste, et par l’annonce qu’il a faite hier soir d’avoir déjà écrit un livre en italien, avec traduction polonaise, "prêt à être publié". Les éditeurs intéressés ne manqueront pas. »
En envoyant son gros caillou dans la mare synodale, il n’est pas sûr que ce sémillant et jeune – pour un évêque, au moins, 43 balais – ait rendu un fier service à François, le pape. Il est peu probable que, de toutes façons, l’église bouge quelque peu sur le fond. Tout au plus, à propos des homosexuels, des divorcés, arrivera-t-elle à se souvenir de ce message que le catholique zombie* que je suis dans la nomenclature toddienne a encore en mémoire : « Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre ».
Mais c’est son problème, à l’église, pas celui d’une société laïque.
Autrement dit, et il faut le répéter ad libitum, les confessions peuvent imposer leurs dogmes à leurs religionnaires, dans le respect quand même des lois en vigueur, comme l’interdiction de la contraception, a fortiori de l’IVG, du mariage entre personnes du même sexe, etc., sous réserve de ne pas chercher à imposer ces dogmes, ces interdits, à l’ensemble de la société civile !
* "Grâce à dieu, je suis athée" comme disait malicieusement Luis Bunuel.
La première pierre
Moi, prêtre gay, face à l'hypocrisie de l'église
Krzysztof CHARAMSA
À travers ses préceptes et doctrines, l’Église conditionne ses fidèles à ne pas vivre sereinement leur sexualité. Ainsi, et alors même qu’elle parvient à dissimuler parfaitement les crimes de pédophilie, elle alimente, dans le secret du confessionnal, le sentiment de soumission des femmes à leurs époux, la culpabilisation de l’amour, la stigmatisation des homosexuels et des transsexuels, qu’elle considère comme des pestiférés. Or, selon K. Charamsa, le clergé catholique est lui-même composé en très grande partie de prêtres homosexuels. Qui se trouvent réprimés et contraints à la clandestinité.
Démis de ses fonctions par le Vatican, K. Charamsa souhaite avec ce livre secouer les consciences et poser les bases d’un nécessaire renouveau de l’Église. Une institution en laquelle il veut toujours croire, mais qui, si elle veut continuer à exister comme guide spirituel, doit commencer par respecter chaque personne.
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