That God is angry with Liberia, and that Ebola is a plague. Liberians have to pray and seek God’s forgiveness over the corruption and immoral acts (such as homosexualism, etc.)... L-R: Catholic Archbishop Lewis J. Zeigler
Quand on lit ce que déclare Lewis J. Zeigler, archevêque de Monrovia, faisant d’Ebola un fléau de dieu pour punir le Libéria de sa corruption et des actes immoraux, tels que l’homosexualité, on comprend mieux que le synode ait accouché d’une souris, alors qu’il y a peu on se faisait une montagne d’une prétendue évolution.
N’accablons pas d’ailleurs ce prélat africain. Son collègue de Bruxelles, André-Joseph Léonard, estimait que le sida relevait de la justice immanente (inutile de préciser envers qui). Quant à un autre encore plus éminent collègue, puisque cardinal, Barbarin de Lyon, il prétendait que le mariage gay était la porte ouverte à l’inceste et à la polygamie. Citons encore deux prélats espagnols qui font dans la surenchère, puisque le premier, Juan-Antonio Reig Pla, évêque d’Alcala de Henares, prétend que l’éducation sexuelle dans les écoles se réduit à exalter l’homosexualité et que le second, l’accapareur de la Mosquée de Cordoue, Demetrio Fernandez, prétend que l’UNESCO vise à ce que la moitié de la population soit homosexuelle !
Pour autant qu’ils soient présents à ce synode, ce ne sont certainement pas eux qui ont approuvé les modestes avancées, présentées comme un pas de géant, du rapport d’étape du 13 octobre. Changement de paradigme, pour La Vie, naguère catholique, mieux encore "Le pape François force l'église à faire sa révolution sur la famille", proclamait Le Monde à la une ! "« Entendre le cri du peuple », dit carrément le pape, avec des accents à la Jules Vallès", nous apprend le directeur de La Vie.
Les raisons de cet emballement, avant tout des propos moins caricaturaux que ceux de Zeigler et cie : « Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne (...) Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires. De plus, l’Eglise prête une attention spéciale aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant sur le fait que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang. »
Rien de plus, finalement, que les paroles du pape François en juillet 2013 (« Si une personne est gay, qui suis-je pour juger ? ») Mais déjà trop pour les prélats homophobes. Même si, sur le fond, ces phrases ne changeaient rien : la seule union conforme au dessein de dieu restait celle d’un homme et d’une femme. Dessein qui se confond avec une prétendue « loi naturelle », celle que prônent les affidés de la manif anti mariage pour tous, celle d’un idéal de la famille avec un père, une mère et des enfants. « Pourtant, dans les Evangiles, rien ne justifie l’existence d’une loi naturelle de laquelle découlerait un idéal familial comme celui de la sainte famille, dont la fête n’a d’ailleurs été instituée qu’au XVIIIe siècle », rappelle une théologienne.
Ces débats, comme ceux qui touchent aux divorcés, ne concernent que les fidèles de cette religion, diront certains. Voire. Car, outre que ces propos odieux de prélats entretiennent un climat homophobe, ils deviennent carrément criminels quand, comme au Libéria, ils désignent des boucs émissaires, dans un contexte lourd de craintes donc d’émotions avec la propagation de l'ébola.
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