Notre-Dame-des-Landes, Matignon a listé les journalistes selon leurs opinions personnelles, assène Europe 1. Ce qui devient pour le club de la presse Nantes-Atlantique – mais oui, ça existe – le fichage des journalistes ! Quasiment un scandale d’état : Ayrault un guépéiste bien caché.
Delphine Batho n’a pas digéré d’avoir été démissionnée par Jean-Marc Ayrault. Ça peut se comprendre.
Taille du budget ?
Pour montrer la brutalité de l’ex-premier ministre – qui cachait bien son caractère violent – elle publie les échanges de textos ou courriels. Semblant oublier que tout fauteuil ministériel est un siège éjectable, elle s’étonne, qu’après avoir clairement dénoncé la baisse du budget de son ministère et plus globalement la politique menée par le gouvernement, on la vire. Non sans lui avoir tendu la perche d’une rapide marche arrière, dans un communiqué. Qu’elle refuse de manger son chapeau serait tout à son honneur, si elle ne feignait pas de s’étonner de son sort devenu inéluctable. Ou alors ça serait Ayrault qui eût du avaler le sien, de chapeau, s’il avait passé ses déclarations pour profits et pertes.
Mais les journalistes qui n’avaient donc lu que les premières pages rebondissent sur une autre révélation. Matignon était un nid de tchéquistes fichant les journalistes.
Pour ceux qui l’auraient oublié, un projet d’aéroport dit du « grand Ouest » est lancé depuis un peu plus de 50 ans. Il s’est concrétisé en 2008 sur un site baptisé du nom du bled le plus proche Notre-Dame-Des-Landes* (NDDL pour les initiés). Dire qu’il ne fait pas l’unanimité serait un euphémisme. Et la nomination de Jean-Marc Ayrault, ex-maire de Nantes, au poste de 1er ministre a cristallisé l’opposition à ce projet sur son nom : sus à l’Ayraultport. On voit d’ailleurs encore des abrutis s’en prendre à son domicile personnel.
Rien d’étonnant donc à ce que l’équipe de communication de Matignon scrute les médias sur cette question. Le dossier était-il "tellement hypersensible" qu’il était géré avec "une certaine fébrilité", c’est en tout cas ce qu’affirme la démissionnée.
Et selon Le LAB, voici ce qu'écrit Delphine Batho :
« En réunion interministérielle, ces petits apprentis sorciers [les membres de l’équipe communication] ont distribué un jour une note intitulée "Positions des journalistes sur NDDL". Ce n'était pas une note d'analyse du traitement médiatique du dossier, mais bien une liste répertoriant les journalistes selon leurs supposées positions personnelles. » Et toujours d’après le Lab, elle poursuit ses révélations, expliquant que "les journalistes de la presse nationale et régionale travaillant sur Notre-Dame-des-landes étaient nominativement regroupés en trois catégories".
Les trois catégories en question étaient "les anti", "les neutres", "les pour".
Pris d’une légitime indignation - nous avons tous travaillé sur le dossier de NDDL en tant que professionnels de l’information. Nous sommes donc tous potentiellement concernés par cette liste - le Club de la presse Nantes Atlantique interroge :
- Cette liste a t-elle existé ? Existe-elle toujours ?
- Si oui, qui a pris la décision de la constituer ?
- A quel moment et à qui aurait-elle été communiquée ?
- Quelles techniques de surveillance et de collecte d’informations auraient été utilisées ?
- Dans quel cadre légal ?
Mme Batho ne dit rien d’autre. On peut supposer que si elle avait su que cette fameuse liste reposait sur des écoutes, voire des filatures, elle en aurait fait part. Par ailleurs si des membres du vétilleux club de la presse, parmi les anti, avaient fait l’objet de pressions, voire de menaces, ils n’auraient pas attendu le libelle de l’ex-ministre pour crier leur indignation.
En fait d’opinions personnelles, ces journalistes semblent avoir été classés en fonction de la teneur de leurs articles ou de leurs interventions radiophoniques ou télévisuelles. Qui, de fait, reflètent leurs opinions. Quelle est la différence déontologique avec une note d’analyse du traitement médiatique du dossier NDDL ? Et même pratique, car que pouvaient dire d’autre nos affreux communicants de Matignon dans une note, sinon que l’article d’untel dans tel journal met en relief positivement les actions des zadistes et que tel autre, dans un autre organe, dénonce leurs exactions. Puis essayer de synthétiser.
On peut, peut-être, être tenté de conclure que ce chapitre ne traduit que l’acrimonie de la dame à l’encontre de celui qui l’a lourdée. Et que Jean-Marc Ayrault n’était pas le Félix Dzerjinski de Matignon, et que les communicants du 1er ministre ne jouaient pas les tchéquistes à l’encontre des pauvres journalistes.
* Une commentatrice, me classant dans une « colonne », m’oblige à me mettre au net sur cet aéroport.
Un transfert d’aéroport doublerait le temps qu’il me faudrait pour m’y rendre, donc, égoïstement, je ne pourrais qu’être contre.
Mais, élevant mon esprit au-delà de considérations étroitement personnelles, j’essaie de me faire une opinion.
D’abord, si j’en crois un long article de Wikipedia, c’est un projet qui est plus que cinquantenaire et qui a été porté par le gaullo-pompidolisme, puis adopté par la plupart des collectivités territoriales concernées : les régions Bretagne et Pays de la Loire, les départements d'Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan, Sarthe et Vendée et six agglomérations et intercommunalités.
Je n’entrerais pas sur la dispute sur les projections de trafic, sachant que les prévisions sont toujours difficiles, surtout quand elles portent sur l’avenir.
Je note juste que quand des opposants nous citent, pour justifier le maintien de l’actuel aéroport, Nantes-Atlantique, à une seule piste, que Genève n’en a qu’une aussi, avec un trafic au moins équivalent, ils oublient de noter que Nantes depuis 1974 avait repéré un site assez plat, permettant des décollages et atterrissages sans frôler une grande agglomération, ce qui n’est peut-être pas envisageable sur les rives du Lac Léman. De même, avancent-t-ils le refus dans l’opinion de nouveaux aéroports, alors que contrairement à Ciudad Real par exemple, il ne s’agit pas de créer, mais de transférer. Quelles que soient les prévisions, le trafic serait, au pire, celui de l’actuel aéroport.
Je n’ai rien contre la survie du Triton marbré, du Triton crêté, du Lézard vivipare ou encore du Campagnol amphibie. Mais je ne suis pas sûr que ces espèces disparaîtraient si le fameux aéroport voyait le jour. J’ai même l’impression qu’on se fout un peu de notre … poire !
Je dois avouer, aussi, à ma grande honte, que quand j’ai vu M. Bové et Mme Joly encourager les « zadistes » en faisant semblant de visser les planches d’une de leurs cabanes, je me suis dit qu’il y avait des coups de pieds aux culs qui se perdaient ! Même les opposants locaux en ont plus que marre de ces pseudo-anars et vrais voyous qui font la loi sur la zone. Et je ne parle pas de ces « jeunes agriculteurs » qui avec leurs engins, qui valent plus chers que ma limousine et consomment encore plus, viennent faire cercle pour protéger ces zadistes !
Quand je vois le roi du cochon vendéen, M. Gonnord, vrai patron de Fleury-Michon, passer de partisan à opposant en prônant à la place la LGV, déjà en cours, mais qui va manger 2100 ha contre 1200 pour l’aéroport – et combien d’espèces dérangées ? – j’ai la grande impression que ce personnage se moque de moi.
D’autant que l’emprise sur les terres agricoles sera en quelque sorte compensée – si d’aventure l’aéroport du grand ouest advenait – par l’extension de l’agglomération nantaise, non sur la campagne environnante, mais sur l’emprise actuelle de Nantes-Atlantique.
Pour tout dire, il me semble plus logique que les avions atterrissent ou s’envolent en rase campagne.
Mais de fait atterrir à la nuit tombante sur Nantes, par temps clair, est un magnifique spectacle.
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