Quand Dranem chantait les travaux du métro...
Le trou de mon quai
Paroles: Paul Briollet, Jules Combe. Musique: Désiré Berniaux 1906
Je demeure dans une maison tout près d'la Seine,
Où l'on fait depuis trois s'maines
Des fouilles et des travaux
Pour faire passer le métro.
De ma fenêtre tout en fumant des pipes,
Je regarde les équipes
Dont les hommes sont occupés
A faire un trou dans mon quai.
Et si vous voulez mon adresse
C'est pas difficile à trouver
Afin que chacun la connaisse
En deux mots j'vais vous renseigner.
Y a un quai dans ma rue
Y a un trou dans mon quai
Vous pourrez donc contempler
Le quai de ma rue et le trou de mon quai.
L'autre jour j'rencontre un vieil ami d'province,
J'lui dis tu tombes bien mon prince
De ma rue je vais t'montrer
Toutes les curiosités.
J'voudrais d'abord voir la gal'rie des machines
J'lui réponds tu t'imagines
Qu'à Paris il n'y a qu'celle là
J'en ai une plus chouette que ça.
Accepte à dîner je t'en prie
Après sans trop nous fatiguer
Je te ferai voir une gal'rie
Qui certainement va t'épater
Y a un quai dans ma rue
Y a un trou dans mon quai
Tu pourras sans t'déranger
Voir le quai de ma rue et le trou de mon quai.
Mais hélas ici bas, la joie n'est qu'un leurre
Et l'on m'a dit tout à l'heure
Que les travaux d'terrassement
Vont s'terminer prochain'ment.
C'est pas drôle pour moi qu'en avait l'habitude
Et ça va m'paraître rude
Quand l'dernier coup d'pelle donné
Le trou d'mon quai s'ra bouché.
Adieu joies et rêveries nocturnes
Adieu journées d'activité
Comme autrefois seul dans ma turne
J'n'aurai plus hélas qu'à chanter.
Y a un quai dans ma rue
Mais y a plus d'trou dans mon quai
J'nai donc pour me consoler
Que la vue du quai de ma rue, j'ai plus d'trou d'mon quai.
NB Pour des raisons mystérieuses, la vidéo démarre toute seule et sans le son : le plus simple est de laisser les images passer et puis cliquer sur rejouer et sur le symbole barré du son pour pouvoir goûter l'interprétation poétique de Dranem.
Comment ne pas évoquer la jeune fille chaste et bonne du métro, dans deux versions à nos oreilles également estimables ?
Illustrations, hélas, assez lamentables
La jeune fille du metro
1. C'était un' jeun' fill' chaste et bonne
Qui ne r'fusait rien à personne
Un jour dans l' métro y avait presse,
Un jeune homme osa, je l' confesse,
Lui passer la main dans les...ch'veux
Comme elle avait bon coeur
Ell' s'approcha un peu
2. L' jeune homm' vit l' mouv'ment d' la d'moiselle
Il se rapprocha de plus belle;
Mais comme en chaque homm' tout de suite
S'éveill' le cochon qui l'habite,
Sans tarder il sortit sa...carte,
Lui dit qu'il s'app'lait Jules
Et d'meurait rue Descartes
3. L' métro continuait son voyage
Ell' dit: " Ce jeune homm' n'est pas sage
Je sens quelque chos' de pointu,
Qui, d'un air ferme et convaincu,
Cherche à pénétrer dans mon...coeur
Ah qu'il est doux d'aimer,
Doux frisson du bonheur! "
4. Comme elle avait peur pour sa robe,
A cette attaque ell' se dérobe;
Voulant savoir c' qui la chatouille,
Derrièr' son dos ell' tripatouille,
Et tomb' sur un' bell' pair' de...gants,
Que l' jeune homme, à la main,
Tenait négligemment
5. Ainsi à Paris quand on s'aime,
On peut se le dire sans problème
Les amoureux ne s' font pas d' bile
Entre tout l'monde ils se faufilent,
Je crois même bien qu'ils s'en...fichent
Car l'amour ouvr' les yeux
Même aux gens très godiches
5 Variante
Ainsi à Paris quand on s'aime,
On peut se le dire sans problème
Peu importe le véhicule,
N'ayons pas peur du ridicule,
Dit's-lui simplement "Je t'en...prie
Viens donc à la maison
Manger des spaghetti."
(je préfère la version originale)
Plus d'un siècle après, Pierre Perret chante à son tour le métro...
Bercy Madeleine
Paroles et musique Pierre Perret – 1992
La p’tite Madeleine que j’ai connue à Saint-Lazare
Je l’ai Choisy pour son superbe Corvisart
Elle avait le Saint-Placide et un sacré Buzenval
Elle avait tout un Arsenal
Je craignais que ce fût une Fille-du-Calvaire
Auquel cas faut s’ méfier du Chardon-Lagache
Et pour pas garder Lamarck l’eût fallu qu’ j’aille à Pasteur
Moi pour Suffren non Bercy
Elle me répond qu’elle s’en tamponne le Froissart
Vu qu’elle avait plusieurs amants qui la Courcelles
Le Père-Lachaise Louis-Blanc Bolivar Richard-Lenoir
Ce qui fait avec George Cinq
J’suis Censier avoir un beau Ménilmontant
Et comment Obligado son Beaugrenelle
J’y propose la Botzaris elle se porte Volontaires
Et précise-t-elle j’ai Sablons
C’est la Gaîté nous Levallois dans son Dupleix
E’ m’ dit Issy je vis avec Etienne-Marcel
Que tu m’ Défense le Sentier que tu me prenn’ la Chapelle
De toutes façons Marcel-Sembat
Elle se met Sully présente la Tour-Maubourg
Mais je descends aussitôt à Poissonnières
Là le nez me Chatillons ça sentait le Caulaincourt
Bref j’étais pas à Bel-Air !
Prêts au Combat enfin nous nous dé-Mabillons
Mais Passy vite qu’elle me dit vous Pernety
Avant d’éteind’ la Laumière laisse-moi ôter mon Pantin
Espèce de pauvre Gambetta
Pour montrer que je n’ suis pas un Invalides
Je lui Saint-Philippe-Du-Roule une Pelletier monstre
Et d’un vieux coup d’ Rambuteau je lui arrache un cri Denfert
Ah quel Sulpice mes amis !
Par malheur elle avait l’ Goncourt sa Motte-Picquet
Avouez qu’Saint Cloud à s’Dugommier le Jules-Joffrin
Son p’tit Chaligny-Faidherbe était bien trop Billancourt
Elle demeurait une vraie Glacière
Elle Opéra un chang’ment la Réaumur
L’en Brochant en Chevaleret entre La Fourche
Et la Muette à l’Anvers aussitôt j’ lui Bourg-La-Reine
Jusqu’à temps qu’elle en Picpus
Vingt-Dieux qu’ Ségur t’as un Jourdain mais c’est Duroc
Que c’est Plaisance dit-elle en saisissant Montreuil
Elle me Monge les Boulets elle me Pompe le Boucicaut
Et bien sûr quelques mois plus tard
Elle me Télégraphe un jour la Bonne-Nouvelle
Elle avait oublié de prend’ sa Bastille
Elle attendait ses Ranelagh elle a eu la Butte-Chaumont
Et c’est le p’tit Edgar-Quinet