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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 15:58
Leonarda et le Hollande bashing !

Hollande « tranche dans la chair d’une famille » aboie Schneidermann, plus fort que l’Huma qui consacre sa UNE au « chantage inhumain de François Hollande ». Valls, pour le donneur de leçons, « incarne sans complexe la lepénisation des esprits » et quiconque ne partage pas son « incrédulité et son dégoût » à l’écoute de la proposition présidentielle est voué aux gémonies.

 

Si on revenait tout platement aux faits.

Je n’ai pas compris tout de suite ce qui se passait, j’ai cru que c’était la mère de Léonarda qui voulait être rassurée et en fait, c’était le maire de Levier, [confusion de l’enseignante : il s’agissait de son prédécesseur, M. Philippe] commune de résidence de Léonarda, qui m’a précisé qu’il savait que nous nous rendions à Sochaux et il me demandait expressément de faire arrêter le bus. Dans un premier temps j’ai refusé en précisant que ma mission était d’aller à Sochaux avec tous les élèves inscrits pour cette sortie pédagogique (visite de lycées + visite de l’usine Peugeot). Le maire de Levier, Albert Jeannin, m’a alors passé au téléphone un agent de la PAF qui était dans son bureau [en fait au domicile de la famille] : son langage était plus ferme et plus directif, il m’a dit que nous n’avions pas le choix que nous devions impérativement faire stopper le bus là où nous étions car il voulait récupérer une de nos élèves en situation irrégulière : Léonarda Dibrani cette dernière devait retrouver sa famille pour être expulsée avec sa maman et ses frères et sœurs ! […] nous avons décidé d’arrêter le bus sur le parking d’un autre collège (Lucie Aubrac de Doubs). […] Une voiture de police est arrivée, deux policiers en uniforme sont sortis. Je leur ai dit que la façon de procéder à l’interpellation d’une jeune fille dans le cadre des activités scolaires est totalement inhumaine et qu’ils auraient pu procéder différemment, ils m’ont répondu qu’ils n’avaient pas le choix, qu’elle devait retrouver sa famille [...] ” (à noter qu’une personne qui fait partie des soutiens de la famille Dimani est présente). C’est ce témoignage de la professeure responsable de la sortie scolaire, paru le 14 octobre, qui va déclencher « l’affaire Leonarda ». (témoignage tiré de la Revue de presse de P. Watrelot)

 

Car la reconduite hors de France de la famille Dibrani n’aurait eu d’échos que sur le réseau Education sans frontière (RESF) si, le 9 octobre, Leonarda avait été présente dans sa famille.  Il se trouve que la veille, elle avait découché.  C’est une personne du comité local de soutien aux sans papier qui joindra Leonarda sur son portable. Il saura ainsi qu’elle est dans un car pour une sortie scolaire et  donnera donc l’information aux forces de l’ordre. Non pas que cet ex-Maire de la commune de résidence de la famille soit un horrible complice des expulsions, mais parce que, sachant que le père, en rétention dans un autre département, allait être renvoyé au Kosovo, des soutiens locaux de la famille avaient demandé que soit organisé rapidement le transfert du reste de la famille pour permettre le regroupement familial au Kosovo.

 

« Essentiellement focalisés sur l’objectif de parvenir à regrouper la famille et de ramener la jeune fille auprès de sa mère, l’attention des forces de l’ordre n’a pas été éveillée par le fait que Leonarda DIBRANI se trouve dans un bus dans le cadre d’une sortie scolaire. Elles n’ont pas pris la mesure des enjeux que représenterait une intervention pour interrompre cette sortie. Elles n’ont pas considéré être dans le cadre des instructions interdisant toute interpellation dans des établissements scolaires ou à proximité de ceux-ci. En ce sens, elles n’ont pas fait preuve du discernement nécessaire. » (Rapport sur les modalités d’éloignement de Léonarda Dibrani)

Pour le reste, n’en déplaise à Schneidermann, l’opération s’est déroulée dans le calme et en toute légalité. Et – mea culpa – après le sénateur vert Placé, j’ai cédé à la complotite en soupçonnant le préfet du Doubs d’une opération assez vicieuse pour mettre Valls en difficulté. Il n’y est pour rien.

La courte intervention du chef de l’état a résumé clairement la situation. Compte tenu des circonstances de la récupération de la collégienne de 3e en sortie scolaire, le Président a ouvert la possibilité de son retour si elle le désirait. Celle-ci, harcelée d’ailleurs par une meute de journalistes, a décliné l’offre.

 

Que le RESF qui, dès qu’il y a des enfants et adolescents scolarisés, se bat contre les reconduites hors de France, demande le retour de toute la famille c’est dans la logique de son action constante.

Mais cela n’a rien à voir avec les outrances verbales très mélenchonniennes d’un Schneidermann ou le dérapage de Bernard Roman. Il n’y a eu ni rapt, ni rafle. Tout s’est passé en présence de soutiens locaux de la famille. Et l’offre faite à Léonarda est à la juste mesure d’un manque de discernement dans ce qu’il est un peu abusif d’appeler une interpellation.

Il est vrai que dans le climat d'hystérisation du débat politique tout propos qui n'est pas totalement manichéen, toute proposition quelque peu nuancée ne peut qu'agréger les critiques outrées et outrancières des deux bords.

 

PS Quelques mises au point sur des déclarations inexactes : http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2013/10/21/laffaire-leonarda-et-son-flot-de-declarations-inexactes

Mélenchon, Vociferator Ier

D’Imprecator, Mélenchon vire à Vociferator.  Valls pour lui, est à la droite de Marine Le Pen dont Hollande est l’agent électoral. La maladresse de forces de l’ordre, faisant arrêter le car en sortie scolaire pour récupérer une enfant d’une famille en voie de reconduite hors de France, devient rafle. La décision des adhérents parisiens du PCF de repartir, comme aux deux municipales précédentes, dans une liste commune avec le PS parisien, en fait des « traîtres ».

Entre deux mots, il choisit toujours le pire !

 

Blog de Jean-Pierre Rosenczveig

Blog de Jean-Pierre Rosenczveig

Léonarda : indignation(s) sélective(s). F Hollande a raison (542) Blog de Jean-Pierre Rosenczveig, Président du Bureau international des droits de l'enfant

Extraits

19 octobre 2013

On conçoit aisément combien a pu choquer l’expulsion d’une adolescente scolarisée en France depuis presque 5 ans et amenée alors qu’elle était en sortie scolaire à suivre des policiers pour retrouver sa mère et ses frères et sœurs à l’aéroport pour rejoindre le Kosovo […]

[Le gouvernement] coalise quasiment tout le monde contre lui. Dans son camp bien évidemment tous ceux qui attendent autre chose au nom d’une certaine morale et des droits humains ; ceux qui à l’autre bord appellent plus que jamais à une politique très stricte en direction des étrangers en situation irrégulière et bien sûr ceux qui se réjouissent de dénoncer la cacophonie, l’incertitude sinon la faiblesse dans la gouvernance de l’Etat. […]

 

Bonjour le piège ! Il faut retrouver de la raison et déjà prendre le temps de réunir les informations quand beaucoup sont partis à 150 à l’heure sans en disposer. […]

 

De fait, la famille, à juste titre ou non, je suis incapable de l’apprécier, a échoué dans sa demande de reconnaissance du droit d’asile ou d’un droit de séjour commun sur le territoire français. Elle a épuisé tous les recours de droit. La décision est mise à exécution comme bien d’autres le sont tous les jours. Comment faire autrement ?

Le père a déjà été reconduit il y a quelques jours. Sa femme et les enfants devaient le suivre au nom de ce grand principe fondamental, consacré par la convention internationale des droits de l’enfant, que les familles ne doivent pas être éclatées. […]

En d’autres termes l’expulsion d’une famille n’est pas illégale. Séparer parents et enfants contre leur gré le serait.

 

Deuxième élément-clé: une personne mineure n’est pas expulsable. Elle peut être refoulée à l’entrée du territoire français : à l’aéroport notamment […]

Léonarda aurait pu demander à rester en France ou sa mère souhaiter qu’elle reste en France.

On peut donc concevoir qu’au regard de l’émotion suscitée par son départ, Leonarda, désormais au Kosovo, soit autorisée à y revenir au nom du droit personnel dont elle jouissait de ne pas être expulsée [rappel : texte écrit avant l'intervention présidentielle, le 19/X], mais dont elle n’a pas fait usage, et dans la foulée dotée d’une titre de séjour régulier.

On imagine plus difficilement que les pouvoirs publics français acceptent que la famille de Léonarda revienne au prétexte que Leonarda y serait présente. Il suffirait dès lors d’entrer en France avec un enfant pour obtenir l’autorisation d’y séjourner ad vitam aeternam ! […]

Pour autant, au risque de détonner, Léonarda n'a pas un droit de vivre en France avec sa famille comme on le revendique aujourd'hui.

 

Reste que je suis choqué de l’ampleur médiatique et politique prise par cette affaire, sans doute liée au fait qu’on peut mettre un prénom et un visage sur cette jeune fille et bien évidemment au fait d’avoir donné le sentiment de remettre en cause le sanctuaire de l’école, mais encore plus par ces indignations sélectives. Ainsi depuis plusieurs années nous nous efforçons de faire prendre conscience à l’opinion publique du sort souvent préoccupant réservé aux quelques milliers d’enfants étrangers non accompagnés qui arrivent chaque année sur le territoire français. (Voir mes blogs sur les MIE)

[…] Tous les jours des Léonarda se trouvent, à la rue, à la merci de tous les dangers. Qui s’y intéresse ? Quand les médias éclairent le sujet que les relais trouvent-ils un relais ? Que nenni. Pas de manifestations de lycéens ou d’autres !

 

PS Après l'intervention du chef de l'état

[…]

Leonarda refuse de revenir seule. C'est son droit. Comme c'est le droit de la France de maintenir la décision qui résulte de l'échec des procédures de régularisation qui ont respectées les règles applicables dans ce pays. Sa présence en France n'ouvre pas droit à ses parents d'y séjourner[…] il me paraît irresponsable de soutenir que dès lors qu'un enfant est scolarisé sa famille est inexpulsable. Nous nous tirerions une balle dans le pied s'agissant du contrôle des flux migratoires. Tout enfant de moins de 16 ans présent sur le territoire français a le droit d'être scolarisé. Les procédures d'asile sont longues,trop longues, il faut donc encore plus veiller à ce que les enfants soient scolarisés et que les parents puissent travailler, mais scolarisation des enfants et travail des parents ne valent pas titre de séjour même s'ils peuvent en faciliter l'octroi.

 

Militer pour les droits des enfants ne veut pas dire démagogie ou angélisme. La décision du président s'imposait.

 

N.B. C'est moi qui ai grossit certains passages.

http://jprosen.blog.lemonde.fr/2013/10/19/leonarda-indignations-selectives-542/

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