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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 21:18

cochon3Le dernier article de Jean-François Launay sur « J’ai défendu tout le monde, je défends Iacub… » me laisse perplexe. J’y vois une générosité d’esprit fourvoyée dans un mélange gluant de judiciaire, de politique et de coup éditorial. Mais je ne suis ni partie civile, ni défenseur…

 

Je n’achèterai ni ne lirai le livre de Marcela Iacub. Non par bigoterie ou par dégoût des cochons, mais tout simplement parce que la vie privée de cette femme ne m’intéresse pas. Qu’elle couche avec Dominique Strauss-Kahn ou Shrek m’indiffère. Je suis d’autant plus surpris de la position de JFL, qui se signale d’ordinaire par une analyse plus fine.

Marcela Iacub raconterait donc une liaison avec DSK après sa chute du Sofitel. Tout ça pour dire que c’est un porc. Cette dame est grossière, mais elle a peut-être raison. Peu importe. Où JFL va loin, c’est sur Polanski, inculpé pour avoir baisé une mineure consentante fournie par sa mère. On ne joue pas dans le même film.

 

Soyons politiques !

 

Jean-François dit avoir « défendu DSK ». Pourquoi pas ? J’ignore ce qui s’est passé au Sofitel de New-York. Mon seul intérêt a porté sur les conséquences de l’affaire en politique française, qui me concerne  davantage que les pleurnicheries de Tristane Banon ou l’image d’Anne Sinclair en visiteuse de prison. Un DSK sans histoire aurait-il conquis la primaire socialiste et l’Élysée ? Sujet en or pour des auteurs de politique-fiction…

 

Les affaires Polanski et Strauss-Kahn ont quand même un point commun : l’opprobre jeté par une bande de cagots américains sur des Juifs célèbres (et riches) qui auraient violé la civilité ad usum puellarum dans un pays dans un pays  où « We trust in God », mais celui du Good Book…

 

On ne peut faire ce reproche à Marcela Iacub, argentine et arrière-petite-fille de rabbin. On connaît la dame pour ses positions atypiques sur les aspects traumatiques du viol, et d’une manière générale son travail sur la sexualité. Le nom de DSK n’est pas cité dans l’ouvrage, mais abondamment « révélé » par la chroniqueuse de « Libération » lors de ses multiples interviews, jusqu’à la « Une » du Nouvel Obs’ qui fait du bouquin l’événement de la semaine.

 

Envoyez la thune !

 

On est dans une opération classique de marketing « littéraire », supposé opérer la rencontre d’un esprit provocateur et talentueux, de punaises de sacristie à l’haleine puante, de professionnels de la profession qui s’émerveillent de la transgression (laquelle ?), de cireurs de pompes payés pour louer l’originalité du style et de clients potentiels désireux de connaître les détails de la fornication chez les êtres dotés de queues en tire-bouchon.

 

La technique est au point et les relais fonctionnent. Le Nouvel Obs, l’Express et le Figaro s’envoient des piques et font monter le buzz-mayonnaise. Il est donc hautement possible que ce livre soit un succès financier. Tant pis.

 

Gilbert Dubant

 

 

 

 

NB Je n’achèterai ni ne lirai le livre de Marcela Iacub. Voilà qui me fait penser à un humoriste – Tristan Bernard ? – qui était aussi critique littéraire et qui affirmait « Je ne lis jamais les livres que je critique, ça pourrait m’influencer ».

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 11:01

DSK 09

 

Le dénouement, au pénal, de l’affaire DSK a relancé le déchaînement de soi-disant féministes et des puritano-moralistes pour qui DSK est coupable, forcément coupable ! Les mêmes, aidés du Guardian, de dénoncer les discours indécents du PS. Car il est indécent de se réjouir de voir un ami bénéficier de l’abandon de charges, qui pouvaient lui valoir plus de 70 ans de prison. Et d’aucuns de souligner que cet abandon ne signifie pas innocence. Ce qui rend donc nulle la présomption d’innocence qui veut dire que tant qu’on n’a pas prouvé sa culpabilité, tout accusé est innocent. Et peu ont lu le rapport de Cyrus Vance, en restant aux résumés de la presse.

 

DSK 02 D’entrée, le Procureur donne la clé de cette demande faite au juge d’abandonner l’inculpation n° 02526 2011.

« Les preuves physiques, scientifiques et d'autres natures, indiquent que l'accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de dire si l'acte a eu lieu sous contrainte et sans consentement. » « la preuve de ces deux éléments essentiels (…)  ne peut reposer que sur le témoignage de la plaignante lors d'un procès. ». « Que des individus aient menti dans le passé ou commis des actes criminels ne fait pas nécessairement d'eux des gens indignes de notre confiance et cela ne nous empêche pas de les appeler à la barre des témoins durant le procès. Mais, quelle que soit la réalité des faits dans cette affaire, le nombre et la nature des mensonges de la plaignante nous empêchent de faire confiance à sa version des faits au-delà de tout doute raisonnable. Si nous ne pouvons la croire sans douter, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire» « Au cours de chaque entretien avec des procureurs, alors qu'il lui était simplement demandé d'être sincère, elle ne l'a pas été, que cela soit sur des détails ou sur des faits importants ». « Cette tendance à dire des contre-vérités ne date pas des contacts de la plaignante avec le bureau du procureur. (…) Tous ces mensonges devraient, évidemment, être révélés au jury durant un procès, et leur accumulation aurait un effet dévastateur. »

Les élucubrations de Marc Weitzman (Libé 26/08/11) tentant d’expliquer ces contre-vérités par « un réflexe de soumission » ne tiennent pas quand elle donne trois versions d’un même fait, par exemple.

 

DSK arrete  En effet, après un long plaidoyer pour justifier l’inculpation de DSK, son emprisonnement puis sa mise en liberté très surveillée, Cyrus Vance insiste sur « Les incessants récits contradictoires de la plaignante sur l'incident », en fait sur ce qu’elle a fait juste après. Trois versions, donc, dont la première, fausse, avait été faite sous serment devant le « Grand jury ».  Dans la première, sortie de la suite, elle était restée prostrée dans un couloir, mais plus d’un mois après, nouvelle version : du coup elle avait été faire le ménage dans la chambre voisine (aspirateur, nettoyage de miroirs et meubles). Dernière version : les clés électroniques apprennent qu’elle n’a fait qu’un passage éclair dans une autre chambre, avant de revenir dans la suite.

 

Le procureur, à l’occasion d’une note, relève que la plaignante –présentée par certains médias comme quasiment inculte -  possède bien l’anglais (« la plaignante a fait la démonstration de sa capacité à parler et à comprendre l'anglais au cours de plusieurs entretiens avec les enquêteurs et les procureurs »).

 

Mais bien plus que ces variations sur la suite du viol présumé, ce qui a visiblement fait battre en retraite toute l’équipe du procureur, ce sont les récits du viol subi en Guinée :

« le 16 mai 2011, la plaignante a indiqué qu'elle avait déjà été violée par des soldats qui avaient envahi sa maison en Guinée. Elle a donné des détails précis sur le nombre et la nature de ses assaillants et la présence de sa petite fille de 2 ans durant la scène qui, a-t-elle dit, a été enlevée de ses bras et jetée à terre. Elle a identifié certaines cicatrices visibles sur elle, qui selon elle proviennent de l'attaque. La plaignante a raconté le viol avec beaucoup d'émotion et de conviction : elle a pleuré, parlé avec hésitation, est apparue – chose qu'on peut comprendre – bouleversée, et pendant la première audition, elle a plongé son visage entre ses bras posés sur la table devant elle. Lors d'entretiens ultérieurs menés les 8 et 9 juin 2011, la plaignante a avoué aux procureurs qu'elle avait entièrement inventé cette attaque. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, elle a d'abord dit qu'elle avait menti sur ce viol collectif parce qu'elle avait inclus ce fait dans sa demande. Lorsqu'elle a été confrontée au fait que sa demande d'asile écrite ne mentionnait pas de viol collectif, elle a assuré avoir inventé le viol collectif, comme d'autres détails de sa vie en Guinée… » (extraits du rapport).

DSK 08

Plus donc que les versions multiples de la suite de l’agression, plus que tous les mensonges de la plaignante ici ou là (et qu’à chaque fois ses groupies d’un jour peuvent chercher à justifier, mais un ça va, beaucoup ça ne tient plus la route), c’est bien le prétendu viol en Guinée qui n’est pas passé : « Dans deux entretiens, par exemple, la plaignante a évoqué de façon saisissante, et avec de nombreux détails, un viol dont elle aurait été victime dans son pays d'origine, viol dont elle admet aujourd'hui qu'il a été entièrement inventé. ». Car Cyrus Vance a été pris au jeu.

 

DSK libre   N’en déplaise aux pseudos féministes et aux Torquemada de tout poil, que DSK soit un richissime blanc et que la plaignante soit une pôv noir’, ce n’est pas la fortune du premier qui a rendu le témoignage de la seconde inaudible mais « le fait qu'elle ait précédemment convaincu des procureurs et des enquêteurs aguerris qu'elle avait été la victime d'une autre agression sexuelle, sérieuse et violente – mais fausse –, avec la même attitude qu'elle aurait sûrement eu au procès ». Et le cirque médiatique organisé par l’avocat de la plaignante – sketch, visiblement répété, à la télé où la plaignante simulait, se prenant les seins, la brutale agression du « chimpanzé en rut » - a dû achever de convaincre le procureur qu’elle n’était absolument pas fiable.

 

Comme quoi, Mmes et MM les lyncheurs de la 25e heure, il n’est pas interdit de se documenter avant d’émettre vos imprécations.

 

DSK a certes commis une gigantesque connerie. Il l’a payée cash. Arrestation honteuse des flics nouillorquais, prison : une mise à mort médiatique. Démission forcée du FMI. Ruine de ses éventuels espoirs d’emporter la primaire de gauche… Mais la justice pénale de l’état de nouillorque en abandonnant  ses poursuites a établi son innocence.

 

 

P.S. Chaque article sur le cas DSK provoque, outre l'indignation des moralistes, des commentaires disant le ras-le-bol de cette histoire. Or j'ai commis quelques articles sur un nouveau truc, baptisé "le +" sur le site du Nel Obs : l'un sur le budget de l'Elysée a atteint 715 lecteurs, un autre sur le drame norvégien 870, celui sur la Laïcité 1115, mais celui sur L'affaire DSK/Banon 19 990 !

 

Pour compléter :

«Toutes les femmes journalistes n’ont pas été harcelées par DSK»

Par Nathalie Raulin, (Libération) , Virginie Malingre, (le Monde) et Nathalie Segaunes, (le Parisien)

 

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