C’est Benoist
Magnat qui m’a donné l’idée de ce « palmarès » 2010.
Choix tout-à-fait arbitraire de personnalités, à mes yeux, marquantes en 2010, dont certaines, on le
devinera aisément, ne m’inspirent aucune sympathie (voire plutôt une franche antipathie). On n’y verra pas le Numéro 1 car l’Homme fort du Sarkozistan est en état de faiblesse, fillonisé, copéisé….
Dix côté féminin, dix côté masculin et en cadeau Bonux, un couple…
Stéphane Hessel s’impose (et pas seulement parce qu’il fait la une de Libé). « Indignez-vous !» pulvérise les ventes. Et
c’est un total émerveillement de voir ce juif allemand naturalisé, grand résistant et déporté, grand diplomate, très proche de Mendès-France puis soutenant Rocard et, plus récemment,
Europe-écologie, toujours engagé, toujours militant.
Saphia Azzeddine, romancière, scénariste et réalisatrice a connu une très riche année 2010. La pièce tirée de son livre
Confidences à Allah a été joué en tournée. Elle réalise un film avec François Cluzet à partir de son deuxième roman Mon père est femme de ménage. Elle joue dans un film avec Kad Merad (L’Italien). Mais surtout elle sort son troisième roman La
Mecque-Phuket dont je me promets de rendre compte.
B. Magnat avait choisi Duflot-Joly, j’opte plutôt pour Martine et Ségolène, Aubry-Royal. Certes, c’est « je t’aime, moi non plus », mais, malgré les embrassades un peu forcées, elles ont pris conscience que, quel que soient les
inimitiés, ni l’une, ni l’autre n’ont à gagner à un affrontement.
Assange et Wikileaks, rien d’original. La publication de courriers diplomatiques – bien que filtrées par de grands organes
de la presse internationale – a déclenché des réactions paradoxales. S’y ajoute
maintenant la sulfureuse histoire de viols à la suédoise sur fond de menaces
étatsuniennes.
Un duo encore avec Chérèque-Thibault. Certes le
mouvement contre la réforme des retraites, malgré le soutien de
l’opinion, s’est heurté à l’intransigeance bornée de la droite au pouvoir. Ils ont su cependant provoquer une mobilisation prolongée et garder le cap unitaire.
La dame Bettencourt, son majordome, ses enveloppes, son chargé
d’affaires, son platonique gigolo, Eric Woerth et son épouse, sa fille, les avocats
ennemis des deux parties, sans oublier bien sûr le procureur Courroye ni Guéant livrant à Mougeotte le PV d’un interrogatoire de la comptable : un scénario à la fois grotesque et
inquiètant.
Restons, si l’on peut dire, dans la même veine avec Besson-Hortefeux. Besson, avec son débat foireux sur l’identité
nationale et ses charters. Hortefeux- à nouveau condamné pour atteinte à la présomption d’innocence, souteneur de policiers
hors la loi - avec sa circulaire anti-Roms. Tous les deux excellent dans les déclarations délibérément provocantes.
Pour Audrey Pulvar, la pugnace intervieweuse de Sarko naguère, il
ne fait pas bon avoir un compagnon socialo, surtout quand celui-ci annonce qu’il pourrait être candidat à la candidature à des primaires qui auront lieu à… l’automne 2011. I-télé puis France
Inter la sanctionnent (mais, non, voyons, ce n’est pas une sanction… Ah oui ? et comment ça s’appelle ?).
Liu Xiaobo et Guillermo Farinas deux militants, non violents, qui illustrent héroïquement le « Indignez-vous ! ». L’un
purge des années de prison totalement arbitraires pour se battre pour les droits de l’homme contre la dictature totalitaire et ultra-libérale qui dirige la Chine. L’autre, après une très longue
grève de la faim, a obtenu la libération de prisonniers politiques dans la dictature
brejnévienne des frères Castro.
Florence Aubenas, réapparaissant auprès des parents d’un des deux journalistes de FR3 enlevés en Afghanistan, était bien placée
pour rappeler la scandaleuse attitude de l’Elysée aux lendemains de l’enlèvement : elle avait subi des allégations de la même encre au moment de son propre enlèvement. Mais c’est à la
journaliste d’investigations avec Le quai de Ouistreham que s’adresse l’hommage.
Un Vicomte chassé de sa Vicomté, après avoir transformé en affaire politique une histoire de famille, en toute hypothèse, sordide, chassé par un manant qu’il prétend avoir élevé et nourri, voilà qui mérite une
mention. Après avoir cru, en vain, siphonner les voix du FN aux présidentielles, donné, tout aussi en vain, dans l’anti-Europe aux Européennes (seul élu de l’ensemble des listes qu’il présentait
allié avec « Chasse pêche nature et réaction »), de Villiers a été lâché par ses affidés dans son propre fief.
Un duo comique : Bachelot et Yade en Afrique du Sud. La dame
Bachelot qui, pour sa brillante campagne anti-H1N1, méritait déjà une citation à l’ordre de l’incompétence, a su, avec sa sous-ministre aux sports, Rama Yade, mettre un peu de rigolade dans la déroute des fouteux. Les deux femmes
se détestent cordialement. Yade s’est ridiculisée en dénonçant le luxe de la résidence des bleus, alors que sa chambre réservée était encore plus luxueuse. Mais pour le ridicule Roselyne fit
mieux encore : après avoir prétendu avoir fait pleurer les petits bleus dans leurs vestiaires, l’attendrissante ministre s’est transformée en impitoyable harpie, dénonçant les caïds
qui terrorisaient le reste de la troupe !
Roman Polanski, avec cette arrestation inattendue, dans une Suisse
où il possédait de longue date un chalet, a déchaîné un torrent de haine hystérique autant qu’anonyme. Cette absurde
détention puis assignation à résidence a fait découvrir une Justice suisse assez incohérente. Elle a rappelé aussi les défauts flagrants du système étatsunien où des juges et procureurs, avides
de notoriété gage de réélections, ne se soucient guère de Justice.
C’est ce système que celui qui fait président rêve de nous imposer.
Le poète qui m’a recommandé Le nom des gens mérite toute ma gratitude. Outre un excellent
film, il m’a permis de découvrir une actrice étincelante de dynamisme, de naturel aussi – ô, cette scène, où elle prend le métro dans le plus simple appareil et s’assoit devant un barbu et une
niqabée, avant de s’apercevoir de sa nudité et d’interpeler le type d’un « Vous n’avez jamais vu de femme ? » d’une plaisante agressivité – qui vous emporte comme une
tornade. Bravo Sara Forestier.
Jamais silence n’a fait couler autant d’encre et de salive. Dominique
Strauss-Kahn (DSK), qui ne fut pas maire de Neuilly, mais de Sarcelles, ne dit rien de ses intentions pour les primaires socialistes. Ça lui vaut, à
titre préventif sans doute, d’être insulté par l’ex-Sénateur Méchanlon. Plus drôle encore, un illustre inconnu (sauf de ses
intimes), qui ne doit d’être à la tête du groupe UMP de l’Assemblée qu’au bon vouloir de Copé, de l’interpeler dans le style cour de récré de CP : « Même pas cap ! »
Morano Nadine, notre Sarah Palin, pour l’ensemble de son œuvre ! Dans le rôle de pitbull elle fit concurrence à Lefebvre
(lequel, privé de ce rôle par une promotion sous ministérielle, ne s’en est pas remis). Contrairement à lui, elle a eu, sur l’euthanasie par exemple, des prises de positions qui ne relèvent pas
que de l’imprécation anti PS. Ses numéros de danse sont toujours d’un grand plaisir. Et le sketch de vociférations envers un Maurice Leroy, présidant à l’époque l’Assemblée, après avoir été mise
en minorité sur un amendement votée par une partie de la droite, est un grand moment de pétage de plomb.
L’affaire de la niqabée de Nantes a été encore plus un grand
moment. Une conductrice donc conteste une contravention : le côté râleur du gaulois ? A priori non, puisque le PV était dressé pour port du niqab au volant. Immédiatement, on apprend que son concubin, Lies
Hebbadj, est un polygame qui fraude les assurances sociales. Tiens donc, et pourquoi n’a-t-il pas été déjà poursuivi, puisque les faits sont connus ? Comme il en met une bonne couche dans la
provoc, on va lui en mettre une bonne couche dans les charges : 3 gardes à vue, accusations de viols, d’escroquerie et on en passe. Finalement le tribunal de police a annulé la prune
de Sarah-la-mouquère, pardon de Sandrine Moulères, une convertie qui fait du zèle avec ses chiffons, comme d’autres empruntaient les chemins de Katmandou dans des tenues folkloriques
(mais plus seyantes).
Encore un duo : Siné-Val (le choix aurait aussi pu être d’un
quatuor : Guillon-Porte-Hees-Val). Val donc, avant d’aller sévir à France Inter, vire le vieux Siné de Charlie-Hebdo pour antisémitisme. Aussitôt BHL,
vous savez celui qui prend les pastiches à la lettre et confond les Cassen, de commettre un « De quoi Siné est-il le
nom ? ». Trois jugements après, tous favorables à Maurice Sinet dit Siné, Charlie Hebdo est condamné à verser 40 000 € au
diffamé !
L’outrage fait à Chabot ! Souvenez-vous, Vincent Peillon lui
fait faux-bond pour une émission bien ficelée, comme elle sait le faire, avec Ganelon-Besson et Marine Le Pen. Aussitôt, l’infâme Peillon est enchaîné au banc d’infamie, par les collègues de
Chabot-la-bise-à-Copé. Le Grand Inquisiteur Aphatie fait son procès. Mais peu après, Chabot, dont la courtisanerie était pourtant exemplaire, est victime de l’ingratitude du Numéro 1. Les mœurs
du Sarkozistan sont parfois cruelles.
Jean-François Julliard a succédé à Robert Ménard, à la tête de Reporters sans frontières. Son prédécesseur, roi de l’agit prop,
co-fondateur de RSF, a tenu des propos affligeants sur l’homosexualité, la torture et la peine de mort. Il eut cependant le mérite de ne pas s’accrocher, comme beaucoup de fondateurs, à son
poste. J.-F. Julliard, également journaliste au Canard Enchaîné, fait preuve de plus de retenue. Mais il vient de
montrer qu’il était aussi capable d’action spectaculaire avec la projection des portraits d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sur l’Arc de Triomphe.
La palme du couple de l’année revient sans conteste à Kouchner-Ockrent. Le flamboyant Bernard et la Reine Christine font grise mine. L’un est viré, l’autre dans la panade. Ayez une pensée charitable, car, pour eux, le
champagne risque d’avoir goût de vinaigre, à la Saint-Sylvestre !