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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 20:35
La une du JDD du 3 juillet 2016

La une du JDD du 3 juillet 2016

En complément : l'hommage d'Edmond Maire à Michel Rocard

 

Le temps de se remettre de sa disparition quelques images perso.

Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz
Congrès de Metz

Congrès de Metz

Photos prises de très loin à ce Congrès de Metz en 1979.

Au côté de Michel Rocard se trouve Jean-Pierre Cot, une des plus grandes intelligences de gauche... gâchée !

Vernon Janvier 1981

Vernon Janvier 1981

Vernon élections partielles Janvier 1981

Vernon élections partielles Janvier 1981

Une élection partielle, en Janvier 1981, où Michel Rocard était venu soutenir Freddy Deschaux-Beaume à Vernon (Eure) et où, secrétaire de section PS, je "présidais" le métinge : dans le très court texte d'intro, j'ai prononcé par deux fois le nom de Michel Rocard, de toute ma vie je n'ai jamais eu un tel tonnerre d'applaudissements.

Mis à part, ce métinge Vernonnais, pour le néo-Rocardien que j’étais – un premier cercle d’historiques était formé par les ex-PSU qui l’avaient accompagné du PSU au PS aux moments des Assises du socialisme en 1974 – la vie du courant C était ponctuée par des réunions annuelles en période estivale. J’y ai donc côtoyé les jeunes rocardiens de l’époque, chouchoutés par Michel Rocard, trio assez joyeux que formaient Alain Bauer, Stéphane Fouks et Manuel Valls.

 

Michel Rocard : le parler vrai !

"Je suis un militant qui a essayé de comprendre ce qu’il faisait."

 

"La conscience de porter une histoire collective a disparu, or elle était notre ciment."

 

Michel Rocard

 

"Mille personnes peuvent se réclamer de son héritage. Sur la méthode, on voit bien qu'il n'y a pas d'équivalent."

 

Christiane Taubira

Un destin à la Mendès

Pour les rocardiens de base que nous fûmes – et là je pense à notre section de Vernon de la fin des années 70 très majoritairement « courant C » – il nous a fallu ravaler notre déception en 1981 et surtout en 1988. Ravaler notre colère aussi quand Michel Rocard fut viré de Matignon par un Mitterrand qui, après l’avoir nommé 1er ministre, n’avait eu de cesse de lui savonner la planche. Colère encore – et coup de grâce d’un vieux président plus attaché à satisfaire sa haine qu’à faire gagner son camp – quand, aux élections européennes de 1994 Mitterrand avait saboté la liste PS menée par Rocard en lui jetant Tapie dans les pattes.  

Il n’aura donc été « en responsabilité » du pays que pendant trois ans, trois ans extrêmement difficiles où il avait autant à craindre de certains de ses ministres ne rendant des comptes qu’à l’Elysée (un Jospin, par exemple, qui sabota en partie la réforme scolaire en cédant en rase campagne aux exigences du SNES, plutôt que de satisfaire celles du SNI) que de l’opposition, où il fut, on l’a oublié, contraint d’employer le 49-3 à cause d’une majorité fragile. Mais où il déploya, en bon navigateur qu’il était, l’art de passer entre les écueils. C’est-à-dire l’art du compromis qui est l’art de gouverner, ce que son disciple Valls n’a pas retenu.

 

Autogestion

 

Plus donc que sa trop courte carrière de 1er ministre, il reste l’homme de la 2e gauche, 2e gauche vilipendée par les Mélenchon de l’époque. Reste dans ma mémoire cette phrase d’un jeune gommeux mitterrandien, costar impec, posture arrogante, à la tribune du Congrès de Metz « Entre le Plan et le marché, il y a le socialisme », car Michel Rocard avait eu l’audace de dire « Pour mettre des produits ou des services à la disposition du public il n’y a que deux procédés : le marché ou le rationnement ».

La 2e gauche donc péchait de ne pas prôner une nationalisation à 100 % et de rappeler que l’économie planifiée modèle soviétique était un échec. Mais les mêmes, Beregovoy puis Jospin, à l’époque sous-marin du groupuscule trotskyste le plus sectaire, devenus à leur tour premiers ministres, dénationaliseront à tout-va !

La 2e gauche était cependant animée par une utopie qu’elle partageait avec la CFDT, l’autogestion. L’idée d’autogestion eut tellement le vent en poupe que même le CERES de Chevènement y adhéra, fort brièvement.

Bouillonnement qui s’incarnait notamment dans la revue FAIRE animée par Patrick Viveret et où j'y ai côtoyé Robert Chapuis !

 

Je laisse à d’autres plus qualifiés le soin de faire le bilan de son action gouvernementale (CSG, RMI et surtout Nouvelle Calédonie) et de son rôle dans l’évolution finalement de la pensée de la gauche de gouvernement, je ne reviendrai pas sur les divergences des années sarko, je garderai surtout, le souvenir de la simplicité souriante de l’homme du parler vrai.

 

 

A lire : Hommage de Terra Nova à Michel Rocard

"Comme lui, nous rêvions d’une gauche libérée des illusions révolutionnaires mais sans cesse tendue vers un horizon de justice ; capable de gérer les affaires publiques mais sans perdre le goût de l’avenir; porteuse d’une haute idée de l’Etat et de la volonté politique, mais toujours consciente que le pouvoir est en même temps partout où se trouvent, dans la société, des femmes et des hommes prêts à s’organiser pour agir collectivement et prendre leur destin en main. Le rocardisme n’est pas le synonyme d’un réformisme appauvri, réduit à la verticale du pouvoir, à la magie des programmes et à la science des experts: il fait cause commune avec l’idée que la démocratie est aussi une forme de société et que le gouvernement des hommes ne doit jamais s’abîmer dans la simple administration des choses. ..."  

 

Déclaration de M. Michel Rocard, Premier ministre, sur les problèmes de l'éducation nationale et la politique de l'enseignement, Limoges le 8 décembre 1988.

 

Chef du gouvernement, il m'appartient de dire quelles sont les exigences que la Nation formule envers son système éducatif.

 

L'exigence de niveau est évidemment prioritaire : c'est celle de la qualité des études. Les difficultés commencent quand il s'agit de définir les meilleurs moyens pour répondre à cette exigence.[…]

Une première difficulté de notre enseignement, peut-être la plus grave : il ne s'occupe pas assez du travail des élèves. […] Les lycées et les collèges organisent des cours. Les devoirs et les leçons sont pour la maison. Avec quelle aide ? quelles conditions de travail ? Ce n'est pas mon affaire, répond traditionnellement l'Education nationale.

 

Cela n'est plus acceptable aujourd'hui. C'est une des causes fondamentales des difficultés scolaires. Il y a encore trente ans, quand les lycées s'adressaient à une clientèle relativement privilégiée, de l'ordre d'un jeune sur cinq, cette carence était masquée : les élèves trouvaient à la maison leur table de travail, des dictionnaires, des livres, et souvent, pour les conseiller, leur père, leur mère ou un parent, et ils n'avaient pas la tentation de regarder la télévision... Demain, quand 80 % d'une classe d'âge sera scolarisée jusqu'au terme d'un lycée général ou professionnel, se contenter d'assurer les cours sans organiser le travail des élèves, risque de peser très lourd. Pour remédier à cette déficience, [il faut] organiser dans les collèges et les lycées, suivant les niveaux et les besoins, des études, des interrogations individuelles, des travaux dirigés. L'horaire doit comprendre, non seulement des cours, mais des heures pendant lesquelles le travail des élèves est guidé, expliqué, soutenu.

 

Second défaut de notre enseignement, et là encore les choses ne datent pas d'hier : les écoles, les collèges, les lycées ont une conception trop étroite de l'instruction. Certes, l'enseignement est fait d'abord pour instruire les jeunes. D'abord et prioritairement, mais pas exclusivement. Or il néglige trop les aspects non intellectuels de la formation : le développement physique des élèves, leur santé, leur équilibre exigent que l'on accorde une place plus grande aux sports. De même il faut faire une place suffisante aux arts, à la musique, à la peinture, au théâtre. Sur ce point, les choses avancent dans le bon sens. Il faut continuer et aller plus loin, en assurant la cohérence du développement intellectuel, du développement physique et du développement sensible des élèves […]

 

Troisième défaut de notre enseignement  […] : nous avons l'année scolaire la plus courte d'Europe : 316 demi-journées, ou, si l'on compte en jours, entre 175 et 180 jours par an, quand nos voisins dépassent généralement 200 jours. Comme si c'était encore trop, nos établissements ne font même pas travailler les élèves jusqu'à la fin du mois de juin. Les conseils de classe se tiennent fin mai, début juin, après quoi on occupe les élèves comme on peut. Dans certains collèges, il arrive même qu'on leur demande de rendre leurs livres. […]

 

Notre système scolaire présente un quatrième défaut : les redoublements. C'est une de ses grandes particularités : le mot, comme la chose, sont inconnus en Angleterre ou aux Etats-Unis. Chez nous, chaque année, des dizaines de milliers de jeunes restent sur le côté de la route qui conduit leurs camarades au succès. Chaque année, dans chaque classe, 10 à 20 % des élèves refont le parcours de l'année précédente. Les taux de redoublement ont beau avoir diminué dans les écoles, ils sont encore de 10 % au cours préparatoire. Au collège et au lycée, ils ont massivement augmenté. 15 % des élèves de troisième redoublent, et 17 % des élèves de seconde.

 

[…] Si un jeune échoue, il faut comprendre pourquoi, et apporter à ses difficultés propres une aide spécifique. Le coût humain du redoublement est considérable. Pour les adolescents, les rejeter ainsi, les dévaloriser, au moment même où ils cherchent leur personnalité, c'est les acculer souvent au chômage ou à la marginalité. C'est plus grave encore dans les écoles. Sur 100 jeunes qui redoublent le cours préparatoire, me dit-on, 40 rencontrent un nouvel échec scolaire avant la fin de l'école élémentaire. Un seul parvient au baccalauréat. Faire redoubler le cours préparatoire, c'est placer un gamin de 7 ans sur une trajectoire où l'échec est parfaitement prévisible. Aucune société respectueuse de la personne humaine ne peut accepter cela. La lutte contre le redoublement constitue un objectif majeur. […]

 

C'est dans les salles de classes, dans les établissements que se joue la qualité de l'enseignement, jour après jour. Ce sont les professeurs et les instituteurs qui peuvent l'améliorer. Dieu merci, ils s'y emploient. L'abondant courrier que je reçois me montre que les initiatives foisonnent. Trop souvent, hélas, ces courriers sont aussi des appels au secours. Le dévouement, l'imagination, l'intelligence des enseignants qui proposent des formules nouvelles pour mieux faire leur métier, plus intelligemment, plus efficacement, se heurtent trop souvent à des obstacles d'ordre administratif. On a parfois l'impression que l'administration est plus attentive à préserver ses habitudes qu'à aider les initiatives.

 

Je n'en veux qu'un exemple. En juin dernier, le gouvernement a créé un fonds d'aide à l'innovation, précisément pour aider les établissements à réaliser leurs projets. Or il arrive, ici ou là, que la réglementation suscitée par cette création conduit au contraire à étouffer des initiatives. Dans tel collège, un projet d'établissement discuté par le conseil d'administration, adopté et transmis en mai, pour s'appliquer à la rentrée, est reporté à l'année suivante parce que le rectorat doit examiner à la mi-décembre seulement les projets que financera le fonds d'aide à l'innovation. C'est se moquer du monde.

 

Une des tâches fondamentales des chefs d'établissements, des inspecteurs de tous ordres, des recteurs, c'est d'aider les enseignants chaque fois qu'ils tentent quelque chose pour mieux faire leur métier. De résoudre les difficultés, pas de les nier. De faciliter les choses, pas de les compliquer.

 

[…]

 

Mais tout ne se joue pas dans les classes, les établissements, les inspections académiques ou les rectorats. Des dispositions nationales sont nécessaires. […] Parmi elles, j'attache une importance capitale aux mesures relatives au recrutement et à la formation des maîtres.

 

[…]

 

De même, j'attache une importance capitale aux dispositions nationales nécessaires pour améliorer l'articulation des formations techniques ou professionnelles aux emplois. Beaucoup a été déjà fait. L'école et l'entreprise ne se regardent plus comme des adversaires mais comme des partenaires.

[…]

 

Tout ne se fera pas en un seul exercice budgétaire, ni en une rentrée. Il faudra plusieurs années pour que les perspectives ainsi tracées, par exemple pour la formation des enseignants, fassent sentir dans les classes leurs conséquences bénéfiques. Du moins, la voie est-elle tracée.

 

Voir aussi le témoignage de l'historien de l'éducation, Antoine Prost, qui fut membre de son cabinet sur les questions d'éducation nationale.

Extrait de Courrier International 07/07/2016

 

Pour compléter :

 

 

Hommage d’Edmond Maire à Michel Rocard

 

Monsieur le Président de la République

 

Vous avez souhaité qu’un syndicaliste prenne la parole pour l’hommage solennel que notre pays rend aujourd’hui à Michel Rocard.

 

Votre initiative m’a touché. D’autant que depuis les vacances d’été des années 60, à l’occasion de rencontres familiales avec Michel et sa famille dans le golfe du Morbihan, et jusqu’à l’anniversaire de nos 80 ans, nos relations confiantes ont scellé notre amitié, dans le respect de nos fonctions respectives.

 

Au-delà des faits marquants de son action de responsable politique éminent, je veux évoquer l’ampleur de son apport et de son influence auprès d’un grand nombre de nos concitoyens.

 

Car sa vivacité pétulante, sa force de conviction, ses utopies créatrices ont suscité des prises de responsabilité multiples dans la société civile. Nous avons été nombreux de notre génération, « enfants de la guerre » puis de la décolonisation, à nous retrouver ensuite animés par la volonté de renouveau, engagés dans le bouillonnement social et culturel de l’époque.

 

Michel Rocard, à travers ses nombreux engagements avec des mouvements de jeunesse, des associations, des clubs de réflexion, et à l’occasion de débats multiples avec des acteurs sociaux ou économiques, apparut alors porteur d’un nouveau cours pour l’évolution de la société française. .

 

L’alternance qu’il esquissait dans ses interventions était à la fois morale, face au scepticisme ou au cynisme de bien des dirigeants; et civique, en opposition frontale aux tenants de l’étatisme ou de la révolution par la loi. Elle résonnait comme un appel à la convergence des forces sociales, politiques et intellectuelles conscientes des difficultés à surmonter.

 

Son ambition pour la société était de même nature que celle qui mobilisait Pierre Mendès France ou Jacques Delors. Sa conception du changement social et sociétal rejetait toute dérive populiste, lorsque les promesses de court terme l’emportent au détriment du fond : l’avenir de l’Europe, la protection de l’environnement et de la planète, par exemple.

 

Refusant de travestir la réalité économique, Michel faisait appel à l’intelligence des citoyens, en s’appliquant à l’explication patiente des fondements et de la portée des réformes nécessaires.

 

Dans ses propositions et son action, Michel Rocard a donné l’exemple du respect de la liberté de pensée et d’action de ses interlocuteurs, même lorsque cela pouvait contrarier son parcours. Pour cet adversaire résolu du stalinisme, les références syndicalistes à Fernand Pelloutier, le promoteur des Bourses du Travail ou à l’indispensable indépendance du syndicalisme étaient des évidences. Tout en agissant pour une meilleure coopération entre le politique et le syndical.

 

C’est tout naturellement qu’il se retrouva de plain-pied avec la formidable poussée populaire et libertaire de mai 1968. Car conjointement avec la révolte étudiante, plusieurs millions de salariés, on l’oublie trop, ont fait grève pendant plusieurs semaines pour l’extension des libertés individuelles et collectives.

 

Les conditions de travail, objet premier du combat ouvrier depuis la révolte des canuts, étaient ressenties comme insupportables. Grâce à sa proximité avec les militants syndicaux, ouvriers ou cadres, Michel Rocard, loin de minimiser cet enjeu social majeur et contrairement à tant de responsables patronaux et politiques, s’engagea pleinement dans les combats significatifs qui ont marqué le début des années 1970 dans les entreprises, les collectivités et les services publics.

 

Pour lui mai 68 fut d’abord l’expression d’une volonté massive de combattre les hiérarchies abusives, de démocratiser la société, de diffuser les pouvoirs dans une perspective d’autogestion, d’émancipation individuelle et collective.

 

Devenu premier ministre, il traduisit dans son action la même volonté de réduire les inégalités. Il mobilisa les forces associatives et sociales les plus concernées pour créer le Revenu Minimum d’Insertion. L’insertion des laissés pour compte devenait une priorité politique.

 

Et il instaura la Contribution Sociale Généralisée, donnant ainsi des bases solides au financement de la Sécurité sociale, en permanence affrontée à des déficits angoissants pour ses bénéficiaires.

 

Plus tard, député européen il agit en concertation avec la Confédération Européenne des Syndicats pour peser en faveur d’une politique d’investissement comme facteur de croissance et d’emploi dans l’Union Européenne.

 

Dans le même sens, coprésidant avec Alain Juppé la Commission du grand emprunt, il contribua au choix d’investissements dans des secteurs décisifs de notre pays, y compris en faveur du développement de l’Economie Sociale et Solidaire.

 

A Sylvie son épouse, à ses enfants et à tous ceux qui l’ont estimé et aimé, je tiens à en témoigner, Michel Rocard a agi jusqu’au bout de ses forces pour surmonter les désarrois de notre époque et mobiliser des forces convergentes vers un nouvel idéal.

 

Ses convictions, sa franchise proverbiale, son expertise économique se sont conjuguées pour démontrer que la construction de l’avenir ne dépend pas d’abord d’un programme politique mais d’une citoyenneté active. Chacun, chaque collectivité humaine est appelé à s’engager à la mesure de son insertion sociale et de ses possibilités pour anticiper l’avenir et faire progresser à tout moment la justice sociale et l’intérêt général.

 

Dans une époque qui sacrifie tant à la communication, aux demi-vérités, voire aux rumeurs, sa morale politique, son exigence fameuse du « parler vrai » ont marqué les esprits. Chacun le sait mieux grâce à lui : c’est un critère majeur du progrès de notre démocratie.

 

Pour Michel Rocard, la fiabilité des finalités proposées aux citoyens dépend d’abord de la pertinence et de la qualité des moyens employés pour les atteindre et du courage nécessaire pour surmonter les obstacles. La fin est dans les moyens.

 

Ainsi la réforme des retraites qu’il a engagée, ressentie d’abord avec réserve en raison de l’effort demandé à chacun est peu à peu apparue comme une nécessité pour assurer une sécurité vitale pour nos concitoyens : l’avenir des pensions de retraites de tous.

 

A ce moment comme dans toute son action nationale et internationale, Michel Rocard donna une place essentielle à la négociation, au dialogue social et au compromis positif.

 

C’est dire combien son message est actuel et combien son exemple nous concerne tous.

 

Merci Michel

 

Emprunté à Sauvons l'Europe

Michel Rocard : le parler vrai !

Michel Rocard vu par le dessinateur du Grand Orient de France

Mais Keller, Grand Maître du GODF à la mort de Michel Rocard, fut très méprisant à son encontre : «Il ne faut pas surestimer l’oeuvre de RocardCe sont surtout les Accords de Matignon et la CSG.» En ajoutant que Rocard est un «pur produit de la technocratie française».

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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 21:11

Après le "maître d'école" je laisse la place à Jean-Claude Guérin, sguénard (ex-secrétaire national du sgen-CFDT : respect), conseiller technique des  Secrétaires d'état à l'enseignement professionnel  Robert Chapuis et Jacques Guyard, IGEN, et plus que jamais  sur les pistes de l'innovation, véritable cheville ouvrière de l'expérimentation** dont Gaby Cohn-Bendit - l'aîné, à l'origine notamment du lycée expérimental de Saint-Nazaie - est l'animateur. Je lui laisse la place d'autant plus volontiers qu'il a l'art - que je lui envie - d'allier une plume incisive avec une pensée ouverte !


**http://www.cafepedagogique.net/searchcenter/Pages/Results.aspx?k=Cohn%20Bendit

Trois évènements récents viennent donner raison à Alain Finkielkraut… ou plus précisément au titre de son ouvrage paru en 1989. Oui une
défaite de la pensée !

 

Que de messages de confiance et d'espoir avons nous ainsi reçu pour l'avenir proche.

  • Résurrection de la gauche ?
  • Renaissance de la France ?
  • Régénération de la droite ?
  • Retour aux valeurs… républicaines ? Universelles ? Chrétiennes ?
  • Regain du toujours plus…  de travail, de gain, de pollution, d'ennui, de jeux de hasard.

Contre la pensée unique de mai 68 revenons au réel du métro, boulot, dodo… que l'on va baptiser politique de la vie.

Il devient insupportable d'entendre les grands mots servir de cache sexe ou de masque au vide de la pensée au mieux, d'alibi ou de paravent des politiques d'inégalité et d'exclusion au pire.

République, Démocratie, Etat de droit, Valeurs, Civilisation… n'en jetez plus, la corbeille (de la bourse) est pleine.

 

Pendant que certains se gargarisent de rénovation, d'alternative et d'autres de résistance… la vie réelle continue avec son cortège de précarité, de bas salaires, de stress, d'angoisses, de peurs.

Avant de parler alternative ou résistance ne serai-il pas temps de faire ce qui n'a pas été fait au temps de la gauche gouvernante (et plurielle) comme au temps de la droite restauratrice (et démagogique), c'est à dire anticiper et construire ?

 

Une gauche qui ne sait plus qui elle est et, surtout, au nom de quoi et de qui elle agit (ou devrait agir). Parce qu'elle s'est laissée déposséder de ses valeurs, qu'elle est tombée dans l'économisme le plus plat et qu'elle a déserté le terrain culturel.

Il y a plusieurs demeures dans la maison du père disait-on…

Oui Qu'est-ce que la famille de gauche ? Au temps des familles à géométries variables et de plus en plus recomposées (sans parler de procréation assistée…).

 

LA gauche n'existe pas, ce sont DES gauches (1) qui devraient s'accepter, se réunir, en fonction de valeurs communes qui sont simples: liberté, égalité, fraternité, justice (formelles et réelles – c'est ce et qui caractérise la gauche). Evidemment qu'il y a débat mais alors trouver le moyen de le mener publiquement et par l'argumentation. Et de le soumettre à l'ensemble des citoyens (tiens si on donnait un contenu effectif à la démocratie dite participative).

 

Parler valeurs c'est oser être à contre-courant et ne pas laisser ce terrain  à une droite décomplexée qui ose, elle, afficher clairement ses choix d'ordre, d'autorité, de méritocratie et d'inégalités "naturelles".

Dénoncer ne suffit pas, débattre et proposer est indispensable, créer et innover est vital et capital.

Cela donne les trois domaines dans et sur lesquels la gauche (les gauches) doivent se manifester:

  • dévoiler, dénoncer, analyser, critiquer la politique suivie et les annonces, y compris en réunissant des cercles d'experts et intellectuels
  • élaborer projets et programmes, en débattre publiquement
  • soutenir, participer aux initiatives de type coopératif, mutuelles, économie sociale solidaire, associations, etc.

 

Ce que fait Sarkozy aujourd'hui c'est de saper les fondements mêmes de la République, c'est à dire tout ce pourquoi depuis les Lumières, la période révolutionnaire, les XIX et  XXèmes siècles a été conquis progressivement au travers d'épreuves, de luttes : ce n'est pas aller en avant mais retour en arrière toute.

A quand revenir au travail des enfants ? En cette année 2008, 70ème anniversaire de l'abolition des bagnes d'enfants (les prédélinquants de l'époque) ce sera le retour de nouvelles formes d'enfermement. Quand revenir sur le Front populaire (les 40 heures et les congés payés) ? Quand rompre avec la vieille conquête du "la liberté opprime, la loi libère" dans le domaine social ?

Face au "jouir sans entraves" de 68 nous avons "exploiter sans entraves"… beau progrès

Derrière le Dallas sarkozien règne une hypocrisie

 

Mais on ne peut s'opposer à cet ordre social nouveau, et à forts relents régressifs,  qui s'instaure du travailler plus (pour qui?) au nom du passé ou en rappelant seulement les principes.

Et surtout pas en s'abritant derrière une défense des acquis par essence conservatrice et garante de privilèges injustes. Mais plutôt à situation nouvelle acquis nouveaux ! Le progrès ce n'est ni renier les 35 heures, ni les abolir mais les étendre à tous et diminuer la pénibilité du travail tout en créant les emplois nécessaires aux activités offertes durant le temps libéré. Une vraie politique de vie.

Il s'agit de tout repenser dans une dimension planétaire, en tenant compte des risques comme des possibilités de la science et de la technique, en comprenant que la vie est faite de mobilité et d'adaptation permanentes, que le combat pour une économie sociale fondée sur l'humain devient prioritaire et que la sécurité du travail pour chacun est à l'ordre du jour.

 

Politique de civilisation, laïcité positive, renaissance…

En dépit de la paupérisation intellectuelle de la majorité des médias, pas seulement des journalistes (qui confondent communication et information, communication et investigation, faits et opinions, communication et propagande, opinions et information), en dépit de l'amnésie systématique vis à vie du passé proche (la chasse à l'exclusivité, la petite phrase…) pourquoi ne pas avoir entendu dans les vœux du président ce qui était pourtant évident tant les mots ont du sens et sont connotés, surtout s'ils ne sont pas explicitement développés.

Comment se fait-il que sur trois termes les liens n'aient pas sauté aux yeux ?

A t-il fallu à nos informateurs, étonnés, d'abord chercher fébrilement ce que cela voulait dire en pianotant sur Google (et Wikipédia ?) pour inventer une explication ? Qu'ont-ils trouvé ?

  • Edgar Morin (en oubliant d'ailleurs Sami Naïr ?) pour la politique de civilisation ?
  • La Renaissance artistique et culturelle en Europe du XVè, sans parler des fameuses grandes découvertes… et leurs conséquences ?
  • Laïcité positive faisant référence aux racines chrétiennes de la France ?…

 

Mais est-ce vraiment à Edgar Morin, à la complexité, à la culture et à une morale chrétienne que se réfèrent notre guide et son confesseur ?

Derrière des mots attrapeurs c'est à la fois un détournement et une récupération (2) qui sont à l'œuvre et masquent les objectifs réels. Puisque Sarkozy, et ses conseillers, "bougent" tout le temps, sautent de séquences en séquences ne faut-il pas déceler la cohérence dissimulée sous les paillettes ou les déclarations ponctuelles ?

 

Si c'était d'Edgar Morin, cela se saurait et nous n'aurions pas eu les accointances tant avec le lepénisme qu'avec le capitalisme financier et le show biz.

Il suffit pourtant d'un peu de mémoire et de se rappeler un certain Bush et un nommé Huntington, celui qui inspire les néocons aux USA et dans le monde. Que dit-il ce brillant stratège dans son livre, paru en France en 1997, sur le "choc des civilisations" ?

 

Que la culture - et non la politique ou l’économie - allait dominer le monde. Et de dénombrer huit cultures : occidentale, confucéenne, japonaise, islamique, hindoue, slave orthodoxe, latino-américaine et - peut-être - africaine (il n’était pas sûr que l’Afrique soit vraiment civilisée, tiens le discours de Dakar !).

Chaque culture incarne différents systèmes de valeurs symbolisés chacun par une religion, "sans doute la force centrale qui motive et mobilise les peuples". La principale ligne de fracture passe entre "l’Occident et le reste", car seul l’Ouest valorise "l’individualisme, le libéralisme, la Constitution, les droits humains, l’égalité, la liberté, le règne de la loi, la démocratie, les marchés libres". C’est pourquoi l’Ouest doit se préparer militairement à affronter les civilisations rivales, et notamment les deux plus dangereuses : l'islam et le confucianisme, qui, si elles devaient s’unir, menaceraient le devenir de la civilisation. Et de conclure "Le monde n’est pas un. Les civilisations unissent et divisent l’humanité...Le sang et la foi : voilà ce à quoi les gens s’identifient, ce pour quoi ils combattent et meurent".

 

 

Inutile de s'étendre sur le discours du chanoine le 20 décembre à saint Jean de Latran, la presse s'en est (un peu) fait l'écho (voir l'article de Christian Terras -Golias- Libé du 2 janvier). Mais comme pour la discrimination le terme "positif" accolé à laïcité est effectivement une rupture avec les principes de la République mais aussi avec l'humanisme issu des Lumières. A part l'étalage d'une culture prise dans les résumés hagiographiques de la vie des saints, cela ne prend-t-il pas tout son sens en relation avec la perspective d'union méditerranéenne et la politique de civilisation huntingtonienne. Allez donc lire ou écouter cette prose sur

www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cview&press_id=819&cat_id=7&lang=fr]

 

 

Certes tout le monde pense à la culture, en oubliant que la Renaissance amorce l'expansion des pays européens (conquêtes et hégémonie économique, politique et culturelle) et la diffusion de sa "civilisation"… par tous les moyens (esclavage, colonisation…). Mais si cela fait penser au Rinascimento italien précurseur, pourquoi oublier le Risorgimento du XIXè  (c'est à dire le redressement ou la résurrection!). Et le redressement passe par des normes, des critères, des repères inspirés par quoi ?

Mais, surtout, ce terme de renaissance signifie une nouvelle naissance, signe d'une rupture qui se dit en langage universel "born again" ! Pour quelqu'un qui affiche ostensiblement sa foi, qui a un comportement bonapartiste et qui admire Bush… n'est-ce pas là que se trouve sa référence. Etre le chef d'une nouvelle naissance d'une France à la mémoire atrophiée, à l'histoire réécrite, sans repentance; pourquoi pas faire le don de sa personne pour sauver ces âmes qui ne savent pas où se trouve leur bonheur (3).

 

 

Comme le dit si bien notre télévangéliste "tout se tient" et je ne voudrais pas oublier la grande prêtresse de l'économie,  sœur Lagarde Christine (4), à qui il arrive de dire tout haut le fond de la pensée sarkozoguainiste

« C’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant, retroussons nos manches. »

Tout se tient…oui ! Travailler plus pour penser moins et laisser faire ceux qui savent ce qui est bon pour le pays, donc pour vous !

Certes ce n'est pas "demain on rasera gratis" mais bien demain vous serez abrutis mais vous aurez star académie et télé réalité… vieille valeur qui donne tout son sens à la fameuse revalorisation du travail. Le travail rédempteur en quelque sorte… pour gagner le paradis de la consommation !

Et notre brave porte voix de proférer une digne "pensée" balladuro-raffarinienne qui devrait entrer dans les annales des concours aux grandes écoles: "Le travail engendre le travail. À l’intérieur de ce cercle vertueux, le pays tournera à plein régime. [...] Travailler plus, et vous multiplierez l’emploi. Dépensez plus, et vous participerez à la croissance. Gagnez plus, et vous augmenterez le pouvoir d’achat !"

 

Quel bel avenir, quel beau projet: travailler, gagner, dépenser… et Tf1, Disney land, ou des amis vous prêtant leur Falcon, leur propriété ou leur yacht.

Sans oublier la petite dose de compassion qui rafraîchit le cœur.

Belle renaissance "enrichissez-vous" disait Guizot… "suez plus" dit Sarkozy. Croissez et multipliez… la bonne nouvelle !

Gagnez votre pain à la sueur de votre front et vous irez au paradis de la croissance.

 

Croissance ? Vous avez dit croissance… et vous osez parler de civilisation !

Sans doute celle du jetable (les hommes comme les objets… ou les idées).

 

7 janvier 2008

 

1 - Pas plus que la droite (des droites), voir Rémond, Sirinelli, Touchard,Winock entre autres.

2 -Selon une "technique" mise en œuvre au moment de la référence à la lettre de Guy Môquet: détournement (sortie du contexte et compassion) et récupération (du mythe de la résistance comme du nom) comme avec les allusions concernant  Blum ou Jaurès.

3 -La conférence de presse du mardi 8 me semble confirmer cette approche d'une part par la mauvaise foi, les mensonges, le mépris et la hargne (vis à vis des journalistes qui osent poser des questions gênantes) et… l'amour du Blum de 1920 mais pas de 1936

4 -Surnommée, dans les milieux bien informés la grande sœur des riches pour la différencier des petits frères des pauvres, comme le Medef est différent de ATD quart monde ou d'Emmaüs

 

* Villon en exergue de p.p.c (Pour Prendre Congé) de Jean Bruller (Vercors) écrit en 1957

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