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9 octobre 2016 7 09 /10 /octobre /2016 21:53
MAROC élections du 7 octobre 2016

 « Après cinq ans de pouvoir, les islamistes remportent les élections législatives au Maroc » Le Monde « Législatives au Maroc : les islamistes remportent l'élection » Le Point « Maroc : les islamistes remportent les élections législatives » Le Figaro « Les islamistes vainqueurs des législatives marocaines » L’OBS… La cause est entendue, ces élections scelleraient donc la victoire islamiste – traduite par nos identitaires par islamique – au Maroc.

MAROC élections du 7 octobre 2016

En effet, malgré cinq ans de gouvernement, ce qui le plus souvent se traduit par une usure et une érosion des votes, le PJD a non seulement gardé la tête, mais s’est même renforcé aux élections législatives du 7 octobre 2016. Il gagne plus de 4,5% des voix et 18 députés. Et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce ne sont pas les populations rurales attachées aux traditions, mais les classes moyennes des villes qui votent PJD !

MAROC élections du 7 octobre 2016

Cependant, dans une élection à la proportionnelle, s’il sort en tête, il est loin de la majorité, avec à peine un tiers des voix et 125 députés sur 395. En effet, le système électoral est un mixte de proportionnelle sur des circonscriptions locales (avec un seuil de 6%) et de listes nationales, de femmes et de jeunes : 305 sièges d’une part, 90 de l’autre. Et les élections marocaines sont marquées par une faible participation (43% en 2016 contre 45 % en 2011).

Le deuxième phénomène est la monté en puissance du PAM – le parti du Palais disent ses détracteurs qui se font remonter les bretelles par le Roi – qui passe en gros de 12 à 26 % et qui, avec 102 députés devient pratiquement le seul antagoniste du PJD.

Montage mettant en scène le leader du PAM, El Omari, celui du PJD, Benkirane et celui de l'Istiqlal, Chabat Hamid.

Car, et c’est la troisième leçon de ses élections, les partis traditionnels, celui de l’indépendance, l’Istiqlal et le parti scissionniste fondé en 1959 par Ben Barka et Youssoufi, l’UNFP devenue USFP, ont, comme le dit Tahar ben Jelloun, reçu une claque. L’Istiqlal est passé de 15,20 % à 11,65 % et perd 14 députés, pire l’USFP est passée de 10 à 5 %, perdant la moitié de ses sièges et devenant un petit parti.

  Cette – très relative – victoire du PJD est d’autant plus marquante que la campagne a été émaillée par de croustillants épisodes comme cette assez bizarre arrestation d’un couple de tartuffes – prédicateurs intransigeants sur les mœurs – forniquant dans une Mercedes à 7 h du matin, après la 1ère prière. Et si les observateurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) "n’ont ni observé ni constaté aucune irrégularité" lors des élections législatives du 7 octobre, la campagne,elle, a été marquée par des interventions du Palais et par le poids du Makhzen.

Car ce PJD, qu’on peut comparer à l’AKP en Turquie, n’a pas, comme ce modèle, les mains libres. En face du chef de gouvernement qu’a été et que sera son leader, Benkirane, le Roi reste le chef d’état et surtout a le titre de « commandeur des croyants ». Chef d’état il garde la main sur les ministères régaliens : intérieur, défense, Affaires étrangères notamment ; tout l’équivalent de l’administration préfectorale, mais beaucoup plus présente – une ville comme Azrou compte un Pacha, pour la ville même, sous-préfet urbain, et un Caïd pour la campagne, sous-préfet des champs – est à sa botte, comme la police, la gendarmerie, l’armée bien sûr… Et dans le domaine religieux, il garde aussi la haute main.

Et ce PJD, malgré sa progression, n’a pas non plus la majorité absolue et ses ex-alliés des gouvernements précédents ne semblent pas tous prêts à repartir. L’Istiqlal, dirigée par le peu fiable Maire de Fès, Hamid Chabat, a déjà claqué dans les doigts du PJD, provoquant en 2013 une crise dans la précédente législature. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui, lui aussi, a perdu des plumes dans l’élection, bien que membre du gouvernement sortant, s’est présenté en adversaire résolu de son allié le PJD. Et il faut passer de 125 à 189 voix pour cette majorité.

Les enjeux de la COP 22 (qui va faire, n’en doutons pas, du Maroc le pays du Maghreb le plus écoresponsable... l’espace d’un sommet à Marrakech) vont obliger à résoudre rapidement cette question de majorité et de gouvernement. Mais il est, hélas, sûr que, quelle que soit l’alliance composite finale, les droits civiques ne progresseront guère. Et les cagots locaux continueront, en toute impunité, de persécuter les homosexuels, voire les actrices de cinéma, confondant le rôle et la personne. Et les couples dits illégitimes devront encore et encore ruser avec les indics et la police. Et les dé-jeûneurs, ceux qui demandent la levée de l’obligation de jeûner, au moins publiquement, pendant le Ramadan, seront encore arrêtés… L’obscurantisme – très hypocrite – fera encore sa loi.

La pleine et entière liberté de conscience n’est pas pour demain.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 15:42
Youssef Jajili

Youssef Jajili

Le 17/06/13, un tribunal marocain a condamné Youssef Jajili, directeur de l’hebdomadaire Al An, à deux mois de prison avec sursis et 50 000 Dirhams d’amende, pour avoir mis en cause Abdelkader Amara, ministre, en faisant état d'un “dîner fastueux facturé à un million de centimes”, au cours duquel du champagne aurait été servi, que M. Amara aurait offert dans une suite présidentielle d'un hôtel au Burkina-Faso.

 

Que RSF (Reporters sans frontières) prenne fait et cause pour ce journaliste paraît, a priori, un peu bizarre. Certes la condamnation à la prison, fût-elle assortie d’un sursis, est à dénoncer. Sinon, ne serait-ce pas une atteinte à la vie privée que de révéler un repas privé dont le coût est en fait de 10 000 Dirhams, soit environ 900 € ? Et même, cette dénonciation d’un dîner arrosé n’est-elle pas révélatrice de bigoterie ?

 

Sauf que…

Sauf que, notre Ministre de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, est membre  de l’AKP, pardon, je veux dire du PJD (حزب العدالة والتنمية ), mais la confusion est pardonnable, car Parti de la Justice et du développement est la traduction d’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi). Parti, comme il se doit, islamiste modéré. Mais qui se réclame bien d’un islam plutôt rigoriste. Donc qui proscrit l’alcool. L’avocat du journaliste a prudemment plaidé que l’hebdomadaire n’avait pas écrit que le ministre avait lui-même bu du champagne, mais quand même…

Subsidiairement, le petit gueuleton privé aurait été réglé avec de l’argent public.

 

Atteint dans « son honneur et sa dignité », A. Amara avait affirmé que ces affreuses allégations reposaient sur de faux témoignages et une copie de facture falsifiée et, à travers lui, avait pour but de salir le PJD. Le directeur de l’hebdomadaire maintient lui ses informations. Il fait appel.

 

A quand un « code de la presse »

On comprend mieux cependant, la réaction de RSF, qui déclare : “Deux ans après l’adoption d’une nouvelle constitution, et un an après l’adoption par les autorités marocaines d’un certain nombre de recommandations relatives à la situation de la liberté de la presse formulées par le Conseil des droits de l’homme, cette condamnation à une peine privative de liberté pour diffamation, même avec sursis, et à une forte amende montre à quel point les promesses de réformes du code de la presse tardent à se concrétiser au Maroc”.

Arrestation de Driss Chahtane

Arrestation de Driss Chahtane

En 2009, Driss Chahtane, directeur de publication du journal Al-Michaal, avait été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de première instance de Rabat. Le procès portait sur les articles évoquant la santé du roi fragilisée durant le mois de Ramadan. Le directeur et ses deux journalistes auteurs de l'article ont été accusés de « délit de publication », de « mauvaise foi », de « fausses nouvelles » et d’« allégations erronées » (yabiladi).

 

Là encore RSF avait réagi : « Il n’y a pas de mot pour qualifier ces condamnations à la prison ferme. Alors que les autorités se targuaient de l’absence de journalistes en prison, voilà qu’un des nombreux procès qu’elles intentent contre des journalistes mène à des condamnations de prison ferme. Driss Chahtane est une cible régulière de la machine procédurière mais un pas vient d’être franchi. Quel crime ces journalistes ont-ils commis pour mériter cette peine ? Nous exprimons notre plus vive inquiétude à l’approche des autres procès contre la presse qui doivent se tenir tout au long du mois ».

Maroc : Reporters sans frontières soutient un journaliste condamné

On pouvait penser qu'après mars 2011, où Mohammed VI avait, habilement, pris l’initiative de lancer des réformes, la situation se serait nettement améliorée.

Pour la liberté de la presse, il n’en est rien puisque, d’après le classement de RSF, la Maroc est au 136e rang, derrière même l’Algérie 125e (à noter que la Turquie est largement derrière au 154e rang). Situation paradoxale, alors qu’en façade, la presse française est en vente – et pas que Le Figaro – Tel Quel, hebdomadaire marocain, affiche des titres décoiffant, etc. Mais, un autre hebdo, Le journal, a été étranglé financièrement (amendes, pressions sur les annonceurs, etc.).

Et c’est l’arbitraire dans l’arbitraire – ce qui est toléré un jour est durement puni le lendemain – qui rend la situation de la presse encore plus précaire.

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