Pourquoi se priver de ce spectacle guignolesque et de ces propos caricaturaux ?
Mes camarades, Yann Galut (député) et Patricia Schillinger (sénatrice) se mettent le doigt dans l’œil quand ils dénoncent la pieuse manifestation de Civitas, la disant illégale. Certes elle est emmenée par un immigré belge qui vient avaler les hosties des français, un Alain Escada ancien membre de l’équivalent du F-Haine belge et qui s’est présenté à des élections sur une liste d’extrème droite, baptisée ZUT. Mais vous conviendrez que des élus PS seraient malvenus de réclamer la reconduite outre-Quièvrain de ce personnage qui évoque, par son côté chafouin, Gérard Languedeputte, autrefois incarné par Antoine de Caunes.
Quand l’ordre public n’est pas en danger, la liberté s’impose
La relecture des débats qui ont précédé le vote de la loi de 1905 – de haute volée, loin des éructations de Copé et consorts - est instructive. Ainsi l’Article 25, dans sa rédaction initiale, édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. »
C’est un député catholique, M. Groussau qui combat cet article : «Il n’y a point à tenir compte des susceptibilités des libres penseurs ou des religionnaires de confessions différentes sous le prétexte que leurs regards peuvent se trouver offensés et leurs sentiments froissés. La liberté de conscience ne doit pas être conçue d’une façon négative, comme imposant aux différentes confessions religieuses l’obligation de se dissimuler, elle doit être conçue d’une façon positive, comme leur imposant de se tolérer réciproquement, ce qui implique pour chacune d’elle la faculté de se développer, de se manifester. » Il ajoute « quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. »
Ferdinand Buisson approuve. Aristide Briand ironise « Je n’ai pas vu, sans étonnement, mais aussi sans quelque plaisir, l’honorable M. Groussau faire brûler sur l’autel de la liberté tant d’encens que la Chambre en est encore toute parfumée ». Et l’article devenu 27 sera modifié, reconnaissant de fait une de nos libertés fondamentales : le droit de manifester dans le respect de l’ordre public.
Civitas nous offre une caricature des positions de l’église
On conviendra que les ensoutanés, cagots et bigottes, agenouillés et chantant leurs doux (?) cantiques entravent sans doute en partie la circulation, mais ne menacent pas l’ordre public. Les entendre implorer leur « Sainte Marie, mère de dieu » est assez plaisant, car question violation de la procréation « naturelle », elle se pose un peu là la vierge.
Surtout le spectacle que donnent ces intégristes ridiculise leur cause. Et met à bas le savant édifice mis en place par les prélats, voulant faire croire à la non homophobie de leur église. Là les chaisières haineuses s’en donnent à cœur aigri. Il faut entendre leurs propos délirants.
On n’est pas si loin de la canularesque Frigide Barjot, mise en avant pour tenter de ripoliner l’image réactionnaire de l’église.
Que l’encyclique papale Humanæ vitæ proclame que "Le mariage n'est pas l'effet du hasard ou un produit de l'évolution de forces naturelles inconscientes: c'est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l'humanité son dessein d'amour (le créateur en question a quand même mis douze siècles à instituer ce « sacrement »)[…] il représente l'union du Christ et de l'Eglise. […]Le mariage et l'amour conjugal sont ordonnés par leur nature à la procréation et à l'éducation des enfants. De fait, les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes ", ne regarde que les adeptes de cette religion. De même que le refus de méthodes contraceptives autres que d’user du mariage (en langage courant faire l’amour) dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux, ne concerne que leurs fidèles.
Mais difficile de plaider la non homophobie quand le cardinal Ratzinger écrit : « Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée. » On lit bien, c’est l’inclination seule qui est condamnée. Et le même écrira en 2003 : « Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité » (citations empruntées à Grains d’encre).
Civitas nous offre une caricature des positions de l’église catholique. En grossissant le trait, mais guère plus que Barbarin, elle montre la vraie position d’un haut clergé qui veut imposer la loi religieuse sur la loi civile.
Pour ces deux raisons – respect de la lettre et surtout de l’esprit de la loi de 1905, spectacle comique et propos révélateurs – ne touchez pas à la sainte manif de Civitas.
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