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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 15:29

Petite pièce en un acte mais avec beaucoup d’acteurs, dans les rôles principaux, les parents et les élèves, le Ministre et les réacs et en guests stars Decaux, Ciotti, Attal, Pivot, Zemmour, Bern… Un « thread » - un « fil » c’est-à-dire une suite de touittes – d’un certain « Blue sky », alias @tolosamedia2, qui se présente comme « Ex formateur numérique - Histoire - Géographie - Ecriture - Docteur en dialoguevirtuélogie ».

Alain Decaux (en 1979) : On n’apprend plus l’Histoire de France à vos enfants.

Les parents (de 1979) : Quoi ? Comment ? Mais enfin ? C’est quoi ce bordel ?!

Le ministre (en 2017) : On n’apprend plus la chronologie à vos enfants.

Les parents (de 2017) : Quoi ? Comment ? Mais enfin ? C’est quoi ce bordel ?!

Les médias (de 2017, de 2018, de 2019 et même d'avant) : Il y a vraiment un problème avec l’Ecole.

Les profs : Un problème ? Mais il y a toujours un problème avec l’Ecole ! Vous ne vous fatiguez jamais. C’est quoi cette fois-ci ?

Les médias : C’était mieux avant. #GuignolDeFrancisCabrelTribute

Les historiens de l’éducation : Alors, en fait, non !

Les réacs : Taisez-vous, vous ! Vous racontez n’importe quoi.

Les historiens de l’éducation : Mais on n’a même pas commencé à parler.

Les réacs : Eh bien, c’est pas plus mal. Vous alliez encore dire des trucs de gauchiasses mondialisés.

Les historiens : Ah, alors, on ne dit rien.

On n’apprend plus rien à l’école (air connu)

Les élèves : Dis, papy, c’était comment l’Ecole à ton époque ?

Les grands-pères : C’était beaucoup mieux que maintenant. D’abord, on avait des professeurs qui avaient de l’autorité, personne ne serait allé leur mettre un flingue sous le nez, tiens. On se serait pris une baffe et quatre heures de piquet.

Les profs : Ah, ok, alors, vous voulez qu’on cogne les élèves ?

Les parents : Non, mais ça va pas… Tu t’approches à moins de cinq mètres de mon petit chéri et je te colle un procès pour harcèlement !... Détraqué !

Le ministre : Je compte d’ailleurs présenter prochainement mon plan violence. Un plan que nous préparons depuis un bon moment maintenant et que nous présenterons à chaque fois qu’un événement nous donnera l’occasion de la présenter.

Les élèves : Ils vous frappaient, les profs ? C’était pas cool…

Les grands-pères : Tu peux pas comprendre… On avait du respect pour nos professeurs parce qu’ils nous apprenaient des choses importantes, des choses vraies.

Herta : Ils avaient raison ! Ne passons pas à côté des choses vraies.

Les profs : Et faites-nous confiance, on ne laisse pas passer les choses fausses.

Les élèves : Mais ils vous apprenaient quoi ? Nous c’est chiant ! On fait les problèmes des espaces productifs dans la mondialisation, Fahrenheit 231 et la reproduction conforme de la cellule et la réplication de l’ADN.

Les parents : N’importe quoi ! On comprend rien et ça ne sert à rien ! Dites-leur, vous, que ce que vous avez appris c’était mieux.

On n’apprend plus rien à l’école (air connu)

Les grands-pères : Nous on apprenait le sacre de Clovis et le vase de Soissons, les noms des fleuves et des lacs de France et le futur antérieur.

Le ministre : Des savoirs qui font partie de ces fondamentaux que mon passage au ministère aura permis de faire renaître afin que les élèves retrouvent confiance dans leurs savoirs.

Les élèves : Et toi, mamie, tu apprenais quoi ?

Les grands-mères : Moi, je faisais de la couture, de la cuisine et j’apprenais à tenir un budget.

Les élèves : Je ne te demande pas tes loisirs, mais ce que tu faisais à l’Ecole.

Les grands-mères : Mais c’est ce que je faisais à l’Ecole… Et ne crie pas, je ne suis pas sourde !!!

On n’apprend plus rien à l’école (air connu)

Les historiens de l’éducation : On voit bien que…

Les réacs : On ne voit rien du tout. Tout ça c’était des savoirs utiles. Et, le fait que tout le monde porte un uniforme évitait que les jeunes fassent n’importe quoi !

Les élèves : Tu avais un uniforme, toi, papy ?

Les grands-pères : Mais oui, une belle blouse bleue…

Les grands-mères : Elle n’était pas bleue, elle était verte…

Les grands-pères : Elle était bleue, je m’en souviens quand même.

Les grands-mères : Non, quand tu venais me retrouver à la sortie, je voyais bien qu’elle était verte.

On n’apprend plus rien à l’école (air connu)
On n’apprend plus rien à l’école (air connu)

Les élèves : Vous ne vous souvenez plus ?

Les grands-pères : Bien sûr que si on se souvient… De tout, on se souvient, tiens, vas-y… Donne-moi un département et je te donne la préfecture et les sous-préfectures…

Les élèves : L’Essonne ?

Les grands-pères : Quoi ? C’est quoi ce truc, ça existe pas…

Les grands-mères : De toutes façons, elle était verte sa blouse… Et c’était même pas un uniforme d’ailleurs parce que la sienne, elle était vert sombre et en coton alors que celle de Marius Santony elle était vert pomme et en tergal.

On n’apprend plus rien à l’école (air connu)

Eric Ciotti : Voilà ! L’uniforme, c’était essentiel pour l’unité de la nation.

Gabriel Attal : Vous avez vu celui que j’ai dessiné pour le SNU ?

Les médias : Enfin, le retour de l’uniforme !

Stéphane Bern : C’est beau !...

Le ministre : Dans ma loi de la confiance, il n’y a pas malheureusement l’uniforme mais il y a les drapeaux et les paroles de la Marseillaise.

Les élèves : Il y avait des drapeaux dans tes salles de classe, papy ?

Les grands-pères : Des drapeaux ?... Et pour quoi faire ?... Il y en avait déjà un accroché à la mairie à côté.

Les élèves : Et les paroles de la Marseillaise, tu les connaissais ?

Les grands-pères : Ah oui. Pour le certificat d’études, il fallait les apprendre. Il y avait aussi le Chant du départ, le Chant des partisans, Sambre et Meuse. Mais bon, moi, j’ai chanté la Madelon…

Le ministre : Chanter, c’est aussi un moyen d’être ensemble. C’est pour cela que nous renouvelons cette année encore la rentrée en musique.

Les profs : Ouais. Du pipeau, comme d’hab…

Le ministre : Grâce à nos réformes, nous allons nous rapprocher de cet enseignement d’avant qui n’avait pas été pollué par les pédagogistes de tous poils et de tous crins. En ce temps-là, on faisait des dictées.

Les profs des écoles et de collège : On en fait toujours !

Bernard Pivot : Avec les gentilhommières et les cuissots de biches ?

Le ministre : Euh non, Bernard, faut pas exagérer non plus… Si on fait vos dictées, personne ne dépasse le CM2…

Bernard Pivot : Ah ?! Je vais faire un tweet pour le déplorer alors.

Les historiens de l’éducation : Il faut comparer ce qui est comparable…

Manuel Valls : Expliquer c’est déjà vouloir excuser.

Les élèves : En fait, votre école du passé, elle était violente, elle était sexiste, elle était militariste, elle faisait apprendre des trucs qu’on trouve tout de suite sur internet ?

Les historiens de l’éducation : C’est pas faux.

Eric Zemmour : Je ne peux pas vous laisser dire ça. Vous êtes les suppôts de l’anti-science ! Vous défendez le laxisme dans l’enseignement…

Les parents (de 2019) : Quoi ? Comment ? Mais enfin ? C’est quoi ce bordel ?!

 

(et ça continue encore et encore…c’est que le début ? d’accord, d’accord…)

 

Merci donc à ce Blue sky, pour moi inconnu, pour ce bon résumé des débats sur l'école.

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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 21:15
Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Touitte, a priori insolite de Philippe Meirieu : « Le "DICTIONNAIRE" de Buisson reparait bientôt : une mine ! Consultez-en déjà des extraits. »  En effet, le Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson, dont la dernière édition date de 1911, est libre d’accès. Et, outre le fac similé à la BNF (Gallica, édition de 1887, peu lisible) une version électronique de la version 1911 a été mise en ligne par l’INRP.

Meirieu annonce une reparution dans la collection Bouquins, de l'édition première, en fascicules d'abord, celle de 1887.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Ferdinand Buisson (1841-1932).

Il est directeur de l’enseignement scolaire de 1879 à 1897 et participe à l’élaboration des lois Ferry. Dreyfusard, il est en 1898 l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme, qu’il préside de 1913 à 1926. Après la Première Guerre, il est un fervent promoteur de la création de la Société des Nations et du rapprochement franco-allemand : c’est notamment pour cette raison qu’il obtient le Prix Nobel de la paix en 1927, conjointement avec l’écrivain et homme politique allemand Ludwig Quidde (1858-1941).

Ferdinand Buisson est une des grandes figures de la 3e République. Fondateur de la Ligue française des droits de l’homme, il est aussi, en tant que Président de la commission dont Aristide Briand était rapporteur, l’un des pères de la Loi de 1905. Cet Inspecteur général de l’instruction publique en 1878, à partir de 1890 enseigne la pédagogie à la Sorbonne.  

Il sera de 1879 à 1896,nommé Directeur de l’Enseignement primaire par Jules Ferry.

Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, cathédrale de l’école primaire

Pierre Nora, dans Les lieux de mémoire, fera du « Dictionnaire de pédagogie » de Ferdinand Buisson, la cathédrale – mot un peu ironique pour ce protestant libéral et ô combien laïque – de l’école primaire. La première version, sortie en 1887, compte plus de 300 auteurs et 2600 articles. la seconde, plus ramassée, intitulée Nouveau dictionnaire de pédagogie, sort en 1911.

« Une œuvre monumentale (et improbable) qui, dans le mouvement général de réforme de l’enseignement populaire engagé après 1870, tente de rassembler pour les maîtres tout le savoir utile, entendu maximalement, encyclopédique et pédagogique, en engageant dans l’aventure, entre autres 350 collaborateurs, les meilleurs hommes de science du temps, les Victor Duruy, Gaston Maspero, Camille Flammarion, Lavisse, Marcellin Berthelot, Viollet-le-Duc… »

P. Dubois

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

C’est avec une certaine appréhension que l’on parcourt l’article Dictée, dans les extraits proposés par P. Meirieu, "la dictée, le plus beau et le plus intelligent (sic) des exercices" comme finkielkrautait Jacques Julliard, pour y lire avec gourmandise ces lignes qui font un sort anticipé à la fameuse querelle du circonflexe :

Ce serait grand dommage, à nos yeux, que de retenir de longues heures un [écolier] sur la question de savoir s’il devra écrire des à compte en deux mots ou des acomptes en un seul mot, comme le veut aujourd’hui l’Académie ; s’il devra unir les deux termes de porte-plume ou de porte-monnaie, à l’exemple de portefeuille ou de portemanteau ; si tels ou tels des fameux verbes en eler ou eter doubleront leur consonne ou prendront un è quand leur dernière syllabe deviendra muette ; si suprême, extrême doivent avoir le circonflexe, quand système et emblème n’obtiennent que le grave, etc., etc.

Nous ne voudrions pas non plus le voir se préoccuper outre mesure de la présence ou de l’absence d’une s quand il s’agit d’écrire de la confiture de groseilles ou de la marmelade d’abricot ; nous voudrions qu’il pût rester indifférent devant les problèmes qu’on a soulevés au sujet de la dictée récemment envoyée par le ministère de l’instruction publique aux candidats au brevet simple de tous les ressorts académiques : faut-il écrire des avocats en sabots et en casquette, casquette avec le singulier, ou bien casquettes avec le pluriel, quand l’auteur écrit lui-même quelques lignes plus bas : les hommes en grands chapeaux et les femmes en bonnets plats ? Nous souhaiterions que, pour notre élève de l’école primaire, ce fût tout un. Nous pensons, enfin, que c’est lui rendre un bien mauvais service que de lui torturer la cervelle avec des phrases baroques comme celles-ci : Les insensés ! ils se sont laissé mettre en désordre, ils se sont laissé envelopper et fait tailler en pièces sur les champs de batailles mêmes qu’ils avaient crus favoriser leurs manœuvres. Leurs stratagèmes, les ruses de guerre qu’ils avaient également crues devoir leur réussir ont tourné contre eux-mêmes ou ont eu une tout autre issue que celle qu’ils avaient pensé ; enfin, les villes qu’ils avaient jugées pouvoir leur servir de refuge en cas de retraite se sont empressées de fermer leurs portes aux fuyards, dès qu’elles se sont aperçues que la fortune s’était déclarée de notre côté, etc., etc. (nous avons suivi, sans prétendre la justifier, l’orthographe de l’auteur). Le temps employé à résoudre ces indéchiffrables logogriphes ne serait-il pas mieux employé à tant d’autres études plus utiles et plus élevées, qu’on n’aborde pas ou qu’on effleure à peine dans l’école, pour cette seule raison que les  heures manquent ?

NB C'est moi qui surligne

La version dite électronique de l’INRP – jugée fautive par des anti-pédagos qui ont essayé de récupérer Ferdinand Buisson – offre l’avantage d’un butinage au gré des centres d’intérêt ou de la seule fantaisie.

Il faut, évidemment, plonger dans le substantiel article sur la Pédagogie, complété par un autre article : histoire de la pédagogie.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

 

 

 

Quant à la Laïcité, le dictionnaire de 1911 nous apprend que ce mot est nouveau

« Ce n'est que par le lent travail des siècles que peu à peu les diverses fonctions de la vie publique se sont distinguées, séparées les unes des autres et affranchies de la tutelle étroite de l'Eglise. La force des choses a de très bonne heure amené la sécularisation de l'armée, puis celle des fonctions administratives et civiles, puis celle de la justice. Mais la sécularisation n'est pas complète quand sur chacun de ces pouvoirs et sur tout l'ensemble de la vie publique et privée le clergé conserve un droit d'immixtion, de surveillance, de contrôle et de veto.

Un seul domaine avait échappé jusqu'à ces dernières années à celte transformation : c'était l'instruction publique, ou plus exactement l'instruction primaire L'enseignement primaire public restait essentiellement confessionnel : non seulement l'école devait donner un enseignement dogmatique formel, mais encore, et par une conséquence facile à prévoir, tout dans l'école, maîtres et élèves, programmes et méthodes, livres, règlements, était placé sous l'inspection ou sous la direction des autorités religieuses.

La législation française est la seule qui ait établi le régime de la laïcité d'une façon logique et complète : laïcité de l'enseignement, laïcité du personnel enseignant. C'est la séparation, si longtemps demandée en vain, de l'église et de l'école.

L'instituteur à l'école, le curé à l'église, le maire à la mairie.

Si par laïcité de l'enseignement primaire il fallait entendre la réduction de cet enseignement à l'étude de la lecture et de l'écriture, de l'orthographe et de l'arithmétique, à des leçons de choses et à des leçons de mots, toute allusion aux idées morales, philosophiques et religieuses étant interdite comme une infraction à la stricte neutralité, nous n'hésitons pas à dire que c'en serait fait de notre enseignement national. »

Extraits de la version 1911

Et certains articles ont une valeur historique. Ainsi de ceux consacrés soit à notre protectorat de Tunisie, soit au Maroc à l’aube, lui, du protectorat et qui décrivent leurs systèmes scolaires.

D’Abbot John à Zwingli Ulrich, en passant par Babeuf ou Rabelais, le Dictionnaire recense toutes les personnalités qui ont pu jouer un rôle dans le domaine de la pédagogie.

Cette cathédrale de l’école primaire a été aussi baptisée bible des hussards noirs de la République, les instituteurs. Témoignage d’une foi laïque ?

Peillon rappelle que Buisson, dans son propre camp radical et franc-maçon, se heurtait à ceux qui conçoivent la laïcité ou la libre pensée comme « une orthodoxie à rebours » : il craignait par-dessus tout un catéchisme républicain et rejetait l’orthodoxie laïque du « catholique à rebours qui fait de l’athéisme un credo ». (Ferdinand Buisson et La Foi laïque, Liliane Maury)

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

La couverture de la future réédition dans la collection Bouquins, présentée par P. Meirieu, annoncela première version, celle de 1887, plus ample, comme me le signale J. Baubérot.

Ainsi vagabondage électronique et feuilletage de la version papier se complèteront.

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