Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 21:15
Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Touitte, a priori insolite de Philippe Meirieu : « Le "DICTIONNAIRE" de Buisson reparait bientôt : une mine ! Consultez-en déjà des extraits. »  En effet, le Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson, dont la dernière édition date de 1911, est libre d’accès. Et, outre le fac similé à la BNF (Gallica, édition de 1887, peu lisible) une version électronique de la version 1911 a été mise en ligne par l’INRP.

Meirieu annonce une reparution dans la collection Bouquins, de l'édition première, en fascicules d'abord, celle de 1887.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Ferdinand Buisson (1841-1932).

Il est directeur de l’enseignement scolaire de 1879 à 1897 et participe à l’élaboration des lois Ferry. Dreyfusard, il est en 1898 l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme, qu’il préside de 1913 à 1926. Après la Première Guerre, il est un fervent promoteur de la création de la Société des Nations et du rapprochement franco-allemand : c’est notamment pour cette raison qu’il obtient le Prix Nobel de la paix en 1927, conjointement avec l’écrivain et homme politique allemand Ludwig Quidde (1858-1941).

Ferdinand Buisson est une des grandes figures de la 3e République. Fondateur de la Ligue française des droits de l’homme, il est aussi, en tant que Président de la commission dont Aristide Briand était rapporteur, l’un des pères de la Loi de 1905. Cet Inspecteur général de l’instruction publique en 1878, à partir de 1890 enseigne la pédagogie à la Sorbonne.  

Il sera de 1879 à 1896,nommé Directeur de l’Enseignement primaire par Jules Ferry.

Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, cathédrale de l’école primaire

Pierre Nora, dans Les lieux de mémoire, fera du « Dictionnaire de pédagogie » de Ferdinand Buisson, la cathédrale – mot un peu ironique pour ce protestant libéral et ô combien laïque – de l’école primaire. La première version, sortie en 1887, compte plus de 300 auteurs et 2600 articles. la seconde, plus ramassée, intitulée Nouveau dictionnaire de pédagogie, sort en 1911.

« Une œuvre monumentale (et improbable) qui, dans le mouvement général de réforme de l’enseignement populaire engagé après 1870, tente de rassembler pour les maîtres tout le savoir utile, entendu maximalement, encyclopédique et pédagogique, en engageant dans l’aventure, entre autres 350 collaborateurs, les meilleurs hommes de science du temps, les Victor Duruy, Gaston Maspero, Camille Flammarion, Lavisse, Marcellin Berthelot, Viollet-le-Duc… »

P. Dubois

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

C’est avec une certaine appréhension que l’on parcourt l’article Dictée, dans les extraits proposés par P. Meirieu, "la dictée, le plus beau et le plus intelligent (sic) des exercices" comme finkielkrautait Jacques Julliard, pour y lire avec gourmandise ces lignes qui font un sort anticipé à la fameuse querelle du circonflexe :

Ce serait grand dommage, à nos yeux, que de retenir de longues heures un [écolier] sur la question de savoir s’il devra écrire des à compte en deux mots ou des acomptes en un seul mot, comme le veut aujourd’hui l’Académie ; s’il devra unir les deux termes de porte-plume ou de porte-monnaie, à l’exemple de portefeuille ou de portemanteau ; si tels ou tels des fameux verbes en eler ou eter doubleront leur consonne ou prendront un è quand leur dernière syllabe deviendra muette ; si suprême, extrême doivent avoir le circonflexe, quand système et emblème n’obtiennent que le grave, etc., etc.

Nous ne voudrions pas non plus le voir se préoccuper outre mesure de la présence ou de l’absence d’une s quand il s’agit d’écrire de la confiture de groseilles ou de la marmelade d’abricot ; nous voudrions qu’il pût rester indifférent devant les problèmes qu’on a soulevés au sujet de la dictée récemment envoyée par le ministère de l’instruction publique aux candidats au brevet simple de tous les ressorts académiques : faut-il écrire des avocats en sabots et en casquette, casquette avec le singulier, ou bien casquettes avec le pluriel, quand l’auteur écrit lui-même quelques lignes plus bas : les hommes en grands chapeaux et les femmes en bonnets plats ? Nous souhaiterions que, pour notre élève de l’école primaire, ce fût tout un. Nous pensons, enfin, que c’est lui rendre un bien mauvais service que de lui torturer la cervelle avec des phrases baroques comme celles-ci : Les insensés ! ils se sont laissé mettre en désordre, ils se sont laissé envelopper et fait tailler en pièces sur les champs de batailles mêmes qu’ils avaient crus favoriser leurs manœuvres. Leurs stratagèmes, les ruses de guerre qu’ils avaient également crues devoir leur réussir ont tourné contre eux-mêmes ou ont eu une tout autre issue que celle qu’ils avaient pensé ; enfin, les villes qu’ils avaient jugées pouvoir leur servir de refuge en cas de retraite se sont empressées de fermer leurs portes aux fuyards, dès qu’elles se sont aperçues que la fortune s’était déclarée de notre côté, etc., etc. (nous avons suivi, sans prétendre la justifier, l’orthographe de l’auteur). Le temps employé à résoudre ces indéchiffrables logogriphes ne serait-il pas mieux employé à tant d’autres études plus utiles et plus élevées, qu’on n’aborde pas ou qu’on effleure à peine dans l’école, pour cette seule raison que les  heures manquent ?

NB C'est moi qui surligne

La version dite électronique de l’INRP – jugée fautive par des anti-pédagos qui ont essayé de récupérer Ferdinand Buisson – offre l’avantage d’un butinage au gré des centres d’intérêt ou de la seule fantaisie.

Il faut, évidemment, plonger dans le substantiel article sur la Pédagogie, complété par un autre article : histoire de la pédagogie.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

 

 

 

Quant à la Laïcité, le dictionnaire de 1911 nous apprend que ce mot est nouveau

« Ce n'est que par le lent travail des siècles que peu à peu les diverses fonctions de la vie publique se sont distinguées, séparées les unes des autres et affranchies de la tutelle étroite de l'Eglise. La force des choses a de très bonne heure amené la sécularisation de l'armée, puis celle des fonctions administratives et civiles, puis celle de la justice. Mais la sécularisation n'est pas complète quand sur chacun de ces pouvoirs et sur tout l'ensemble de la vie publique et privée le clergé conserve un droit d'immixtion, de surveillance, de contrôle et de veto.

Un seul domaine avait échappé jusqu'à ces dernières années à celte transformation : c'était l'instruction publique, ou plus exactement l'instruction primaire L'enseignement primaire public restait essentiellement confessionnel : non seulement l'école devait donner un enseignement dogmatique formel, mais encore, et par une conséquence facile à prévoir, tout dans l'école, maîtres et élèves, programmes et méthodes, livres, règlements, était placé sous l'inspection ou sous la direction des autorités religieuses.

La législation française est la seule qui ait établi le régime de la laïcité d'une façon logique et complète : laïcité de l'enseignement, laïcité du personnel enseignant. C'est la séparation, si longtemps demandée en vain, de l'église et de l'école.

L'instituteur à l'école, le curé à l'église, le maire à la mairie.

Si par laïcité de l'enseignement primaire il fallait entendre la réduction de cet enseignement à l'étude de la lecture et de l'écriture, de l'orthographe et de l'arithmétique, à des leçons de choses et à des leçons de mots, toute allusion aux idées morales, philosophiques et religieuses étant interdite comme une infraction à la stricte neutralité, nous n'hésitons pas à dire que c'en serait fait de notre enseignement national. »

Extraits de la version 1911

Et certains articles ont une valeur historique. Ainsi de ceux consacrés soit à notre protectorat de Tunisie, soit au Maroc à l’aube, lui, du protectorat et qui décrivent leurs systèmes scolaires.

D’Abbot John à Zwingli Ulrich, en passant par Babeuf ou Rabelais, le Dictionnaire recense toutes les personnalités qui ont pu jouer un rôle dans le domaine de la pédagogie.

Cette cathédrale de l’école primaire a été aussi baptisée bible des hussards noirs de la République, les instituteurs. Témoignage d’une foi laïque ?

Peillon rappelle que Buisson, dans son propre camp radical et franc-maçon, se heurtait à ceux qui conçoivent la laïcité ou la libre pensée comme « une orthodoxie à rebours » : il craignait par-dessus tout un catéchisme républicain et rejetait l’orthodoxie laïque du « catholique à rebours qui fait de l’athéisme un credo ». (Ferdinand Buisson et La Foi laïque, Liliane Maury)

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

La couverture de la future réédition dans la collection Bouquins, présentée par P. Meirieu, annoncela première version, celle de 1887, plus ample, comme me le signale J. Baubérot.

Ainsi vagabondage électronique et feuilletage de la version papier se complèteront.

Repost0
29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 19:00

Deux sondages, à peu de temps d’intervalle, portant sur le même thème Les Français et l’école, réalisés par le même institut (tns SOFRES) avec un questionnaire proche au départ, aboutissent à des résultats significativement différents : le 6 septembre* 89% des parents se disaient satisfaits (voire très satisfaits) de leur école ; le 26 et 27 septembre ils n’étaient plus que 59% à trouver la qualité de l’école satisfaisante.

 

Certes la question était plus centrée dans le 2e cas.

Certes la méthode d’enquête divergeait aussi : sondage téléphonique de 4000 personnes de plus de 15 ans élèves, étudiants et parents d’élèves le 6, sondage en tête-à-tête, à domicile portant sur un échantillon de 1000 personnes de 18 ans et plus les 26 et 27.

Mais ça n’explique pas la perte en ligne de 30 points, en à peine trois semaines.

 

La seule conclusion sûre sera qu’une majorité de parents(et dans les deux cas plus encore les parents de maternelle 94 % et 64%) sont satisfaits de l’école.

Un des chevaux de bataille des déclinistes – la formation des enseignants – ne semble pas (avec bien sûr toutes les précautions qu’implique ce qui précède) accrocher l’opinion des parents qui à 88% l’estiment satisfaisante.

 

Le second sondage présente une fiche technique (http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/france2_ecole.pdf) avec des tableaux détaillés. Leur analyse (rapide et non exhaustive) n’est pas dépourvue d’intérêt.

Les taux de satisfaction les plus élevés sont dans la tranche d’âge 25-34 ans et toujours plus élevés que l’ensemble pour les tranches de 18 à 49 ans, les taux de satisfaction les plus bas sont dans la tranche 50-64 (48%) et restent inférieurs à la moyenne pour les 65 ans et plus (49%) : autrement dit les moins concernés – les pépés et les mémés – sont les moins satisfaits. La satisfaction croît avec le niveau d’études : de sans diplôme ou certif à 51% jusqu’à enseignement supérieur 60%. On trouve une minorité de satisfaits aussi bien chez les électeurs PCF (44%) que FN (45% et avec 20 % de très insatisfaits).

 

Chez les parents d’élèves le taux de satisfaction décroît de la maternelle au lycée de 64 à 44% (le collège toujours présenté comme le ventre mou de l’école s’en tire à 50 %).

Ces mêmes parents jugent satisfaisante la qualité de l’enseignement à 69%. Mais le soutien des élèves en difficulté ne leur semble pas satisfaisant à 55%. Le respect de la discipline par les élèves (c’est-à-dire leurs enfants) est aussi estimé insatisfaisant à 68 %. A noter que les non parents sont partout plus sévères pour l’école.

 

Sur l’utilisation des nouvelles technologies, pour un taux de satisfaction global de 59% ce sont les plus jeunes (18-24 ans) qui sont les plus satisfaits avec 70%, les moins enthousiastes étant les plus âgés (65 ans et +) avec 50% (1/3 se réfugiant prudemment dans les sans réponses).

Pour le nombre d’élèves par classe l’insatisfaction domine, mais ce sont les électeurs PC qui pulvérise les records avec 97% d’insatisfaits (de Peretti avait fait une étude là-dessus démontrant que la question de l’effectif de classe n’était pas déterminante).

 

Si de forts écarts peuvent exister dans deux sondages proches d’un institut considéré comme sérieux, il faut, a fortiori, se méfier de nouvelles officines qui procèdent à des sondages par Internet. Là on a affaire à du charlatanisme (le taux de couverture Internet est autour de 50 %, sans parler d’une fiabilité des réponses très fragile). Ainsi quand le sieur Pernaut, de TF1, reprenant un sondage publié dans Le Figaro, proclame que 69% des Français demandent de ne pas céder aux revendications des grévistes, il émet une contre-vérité. Quant aux sondages (ou pire, voir en Suisse : les votations) qui portent sur des questions techniques – lecture, grammaire, évaluation… - ils ont autant de valeurs que ceux qui porteraient sur la meilleure façon de soigner l’asthme ou le diabète !

 

* http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/060907_ecole.htm

 

Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.