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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 18:26

Dans la série, J'irai cracher sur vos tombes, Delfeil est rejoint, entre autres, par un curé mondain et un économiste spinozien. Sans oublier un trouduc Schneidermannien.

CHARLIE : Delfeil n’a pas le monopole du glaviot

Glaviot sacré

Commençons par un sacré glaviot ou un glaviot sacré, celui d’un père Zanotti-Sorkine, "prêtre catholique, prédicateur, écrivain, compositeur et chanteur", comme il se présente, en toute modestie. Voulant me la jouer “libéral avancé” – style vous voyez le prétendu bouffeur de curés est capable de faire suivre la prose d’un prêtre catholique, etc. -  j’avais transféré le saint texte reçu d’un collègue.

 

Je n’avais fait qu’une lecture en diagonale du texte ecclésial. Ce prône, au ton empreint de componction un peu jésuitique et confit de dévotion, m’était apparu comme un hommage insolite. "Certes, vous demeurez Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, dessinateurs de profession, crayonneurs d’idées, trublions de vie politique, insulteurs de justes et de coupables, souvent drôles et méchants sous le crayon vulgaire et obsessionnellement blasphémateur du sacré, mais à mon esprit éduqué par le Christ à dépasser les apparences, vous apparaissez plus grands que votre œuvre, plus grands que vos dessins offerts aux combats rétrécis de la terre. Seule la bonté personnelle qualifie un être et l’ennoblit jusqu’à la moelle, je le crois, et pour cela, je mourrais. Tout le reste n’appartient qu’à la petite histoire qui finit sous le dégueuloir conventionnel des hommages et des récompenses accordés entre hommes, au gré des intérêts particuliers et des partis. Bah ! que tout cela est bas !"

 

Mais m’avait échappé cette énormité “D’une certaine façon, vous avez touché de votre humour grinçant les régions les plus viscéralement haineuses de la nature humaine assoiffée de justice et de vengeance, et par là, vous avez provoqué l’avénement de la barbarie”*. Certes, ce “vous avez provoqué...” vient en conclusion d’une phrase assez contournée, mais ça n’en reste pas moins une accusation infamante qui fait des victimes des coupables.

 

Pour ma pénitence, je me suis astreint à revoir une à une les cartes postales tirées des Corbeaux.

 

* Vertement, mais justement, signalé par un des destinataires : je soupçonne donc les autres de n'avoir lu, comme moi, qu'en diagonale cette prose cléricale.

Chacun son rêve !

CHARLIE : Delfeil n’a pas le monopole du glaviot

Glaviot sectaire

Frédéric Lordon, économiste plus atterrant qu’atterré, avoue, ce qui est son droit, "n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, «Je suis Charlie» était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment. Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation."

 

Et poursuit dans ce délicieux style de donneur de leçons qui, dans un genre moins mielleux, n’est finalement pas loin de celui du père (qui, en principe, ne l’est pas … père), car comme lui, Lordon possède la vérité : "Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs." (?)

 

  Rien n’y manque ! Un néo-poujadisme qui revêt les oripeaux de l’ultragauche : des médias globalisés et des politiques discrédités ; la liberté de la presse vilipendée : sans doute faut-il louer les douces contrées où la turpitude des médias est expurgée par la suppression de cette liberté bourgeoise ; mais on atteint le sommet , non pas de l’abjection mais du grotesque avec cet affreux Libé, injurié au passage – que veut dire ce vendu à tous les pouvoirs temporels ? – à qui il reproche de n’avoir pas hébergé les survivants de Charlie clandestinement. Auquel cas d’ailleurs, gageons qu’il l’aurait taxé de lâcheté.

 

Autre constance d’une certaine ultragauche cracher sur Libé, Le Monde ou L’OBS.

Et, tout en pourfendant la prétendue pensée unique,  mépriser avec morgue ceux qui ne partagent pas totalement leur point de vue.

Il voit des bites partout

 

Charlie a manipulé la France, pas moinsse, affirme sans rire un incertain Olivier Berruyer qui dit militer pour plus d’humanisme et de fraternité.

 

Et ce brave jeune homme – qui ressemble étrangement à notre Brutus vendéen, Retailleau, jeune – affirme sa sympathie pour l’ineffable Schneidermann. Il est vrai qu'il partage avec lui l'arrogance du donneur de leçons.

 

Et que nous révéle-t-il, que laisse subodorer son guide ?

Que comme dans certains dessins devinettes – style cherchez l’éléphant caché dans le baobab – Luz a caché d’horribles bites dans la couverture du dernier Charlie, tiré à 1, 2, 3, qui dit mieux, millions d’exemplaires.

 

Et, contrairement à ce qu’affirme Daniel – eh oui, il l’appelle par son prénom - "Personne, sur la couverture, ne nous dit qu’il s’agit de Mahomet" -  le dessinateur a hélas été clair : « Désolé on a encore dessiné Mahomet ». On note le hélas consterné de l’humaniste.

 

Qu’y a-t-il sur la couverture ? : “Tout est pardonné” + Mahomet.  On avait un message de pardon, presque chrétien (sic.) donc extrêmement fort, avec une nouvelle caricature de Mahomet, donc une nouvelle provocation de Charlie Hebdo.

Mais pour lui le message positif l’emporte trop sur le négatif ! Car c’est comme cela qu’il résonne.

 

On remarquera la très subtile pancarte "Attention manipulation" qu'a ajoutée la tête de noeud ! Et parler de "manipulation" à propos de bites...

On remarquera la très subtile pancarte "Attention manipulation" qu'a ajoutée la tête de noeud ! Et parler de "manipulation" à propos de bites...

Il faut donc après une pâteuse démonstration sur la façon dont Luz a déjà dessiné le turban en arriver à ce scandââââle suprême : il y a deux bites cachées dans le visage de Mahomet. Il suffit de retourner la couverture. CQFD !

 

Et notre indigné de nous souligner que la bite fait partie du pedigree de Charlie en montrant une une qui reprend elle-même une photo-montage d’Harakiri et quelques autres dessins où les bites sont des plus explicites.

 

Et dans une syntaxe un peu approximative, il conclut :  « Le problème c’est que le cœur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d’autres glissent des quenelles ! »

 

Délicat glaviot de l’admirateur et invité de Schneidermann, qui compare Charlie-Hebdo à Dieudonné.

 

Et tout le reste est en fait la condamnation de cette liberté d’expression dont se revendique Charlie-Hebdo , avec, évidemment – c’est le jeu aussi de Delfeil qui opposait Wolinski à Charb – un hommage à Cabu opposé à Luz. Sauf que cet ignare ignore – c’est la caractéristique des ignares – que Cabu est l’auteur du fameux « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Mais, en l’occurrence, ça correspond tout-à-fait à l’admiration que semble lui vouer le jeune homme.

 

 

 

 

Eh oui ! M. Berruyer, bite et couilles sont bien dans le pedigree de Charlie-Hebdo, comme le prouve cette délicieuse image tirée de son ancêtre Harakiri qui va remplir d'un saint courroux le père Zanotti-Sorkine !

Luz et Camille Emmanuelle

 

 Dans la foulée des crachats, si l'on peut dire, cet article de Camille Emmanuelle, compagne de Luz et journaliste :  Charlie-Hedbo : être aimé par des cons, c'est dur, être haï par des amis, c'est pire qui pointe quelques saloperies émises par Nancy Huston, écrivaine canadienne et Cécile Lhuillier, militante LGTB, pour qui Charlie Hebdo «est devenu un journal raciste, homophobe, transphobe, sexiste et tout particulièrement islamophobe».

 

Pour nous changer de ces faux-culs, un beau texte de Leïla Slimani

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 11:57
Delfeil de Ton par CABU

Delfeil de Ton par CABU

Lettre ouverte à Delfeil de Ton

« J’irai cracher sur son cadavre, encore chaud ! », ainsi pourrait-on titrer votre « hommage » à Charlie*. Hommage qui est d’abord célébration de vous-même, pionnier de la 1ère version de Charlie aux temps pompidoliens. Occasion de rappeler votre amitié pour Cavanna et pour Wolinski.

 

Mais de là à opposer Wolinski, le tendre, l’amoureux de la chair et de la vie, au mortifère Charb, de l’accuser presque de ce massacre, il y a le pas de l’abjection que vous n’hésitez pas à franchir.

 

Car il a dû vous échapper que Georges Wolinski, contrairement à vous, continuait de participer à Charlie-Hebdo.  Donc à ses choix éditoriaux, et particulièrement des UNES. Assez bizarrement, dans vos souvenirs de glorieux ancien, vous n’évoquez pas un autre dessinateur, un certain Cabu, que vous avez dû pourtant côtoyer et à qui l’on doit le magnifique « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Que tel dessin de Charb (ou de Luz, ou de Cabu, ou de Coco) vous paraisse raté et de mauvais goût, voire inutilement provocateur soit. La liberté d’expression, dont se revendique Charlie, est aussi la liberté de le critiquer. Que le Figaro s’en réjouisse, ne peut pas faire oublier que Charlie – et Charb en premier – conchiait le journal de Dassault ! Et qu’il est peu probable que Rioufol et consort aient célébré la UNE où Cabu clamait « Aux chiottes toutes les religions ».

 

   Et l’abjection va jusqu’à accuser explicitement Charb – « Je t’en veux vraiment » - d’avoir provoqué la mort de Wolinski, « Wolin qui préférait vivre ». Cela en amputant une citation où Charb dit, un peu bravache, qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux !

 

* "Fais-moi mal, « Charlie »" Delfeil de Ton, L’OBS 14/01/15

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