« Peillon relance la polémique » nous dit, tout de go, la spikerine du Journal du soir de France 2 de ce jour (05/01/13).
M’est immédiatement revenue en mémoire cette histoire, celle du temps où un certain François Mitterrand, candidat malheureux devant Giscard d’Estaing, était 1er secrétaire du PS et où Pierre Mauroy, encore maire de Lille, était son second. Epoque aussi où l’union de la gauche « était un combat », c’est-à-dire où un PC, dirigé par l’inimitable* Georges Marchais, poursuivait le PS de sa vindicte.
Courait la petite histoire suivante :
Une brève paraît dans l’Humanité disant que le bruit se répandait à Lille que son Maire poursuivait les petites filles. Mauroy, rouge de colère, va trouver Mitterrand, le journal à la main. Celui-ci le calme en lui conseillant de ne pas tomber dans le piège d’une aussi évidente provocation.
Le lendemain, l’Humanité publie en une : « Un silence qui vaut un aveu ! ».
Du coup Mauroy, fou de rage, lance un communiqué de démenti.
Le soir, Le Monde titre : « Pierre Mauroy relance la polémique avec le Parti Communiste ».
Rappelons donc que le secrétaire général de l'enseignement catholique, Eric Labarre, a adressé avant les vacances une lettre aux chefs d'établissement des 8 300 écoles, collèges et lycées privés catholiques (Le Parisien, vendredi 28 décembre).
"Chaque école, collège ou lycée peut prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l'exercice d'une liberté éclairée à l'égard des choix aujourd'hui envisagés par les pouvoirs publics", écrit-il, s’agissant bien sûr du mariage pour tous. La Fédération de l’Enseignement Privé-CFDT (majoritaire) estimait que ce courrier ne créait pas les conditions du débat, mais "risque plus de servir de caution à certaines opérations partisanes et sectaires qu'à ouvrir des débats éclairés". Un autre syndicat fut plus explicite dénonçant dans un communiqué daté du 20 décembre « ce discours de pseudo-liberté qui vise de fait à utiliser parents, élèves et personnels des établissements privés comme chair à canon des combats de l’Église catholique ».
Or, imaginez-vous que Vincent Peillon, Ministre de l’Education Nationale, a osé écrire : «Le caractère propre de ces établissements ne saurait leur permettre de déroger au strict respect de tous les individus et de leurs convictions. Il convient donc d'appeler à la retenue et à la neutralité au sein de tous les établissements afin que l'école ne fasse l'objet d'aucune instrumentalisation.»
Comble de son esprit polémique il a demandé aux Recteurs "de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes", ce qui, on en conviendra facilement, est une véritable agression…
Il est donc bon – démontrant ainsi que la télévision publique n’est pas à la botte du pouvoir – que la spikerine de service dénonce cette agressivité des ministres socialistes (et des socialistes en général) envers l’église catholique et ses œuvres.
* Comme quoi la fameuse formule « l’histoire ne se répète pas, elle bégaie » semble se démontrer avec Mélenchon caricature de Marchais (ce qui est fort !).
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