Ce petit ouvrage, intitulé « Indiscrétions », paru en 1990 chez J. C. Lattès, collection L'iconothèque, reproduit un album du XIXe siècle intitulé « Portes et fenêtres ». On pourrait ajouter rideaux, nappes, branchages… Le voyeur colle son œil à la serrure et si on ouvre la porte on découvrira deux ou trois personnes plus ou moins dénudées dans des activités que la morale de l’époque devait réprouver. La deuxième planche est intitulée « Mœurs et coutumes, Annu domini 1829 ». La fin du règne d’un Charles X particulièrement obtus avec une église restaurée dans sa domination.
« Les trente six planches qui composent cet ouvrage sont autant de vaudevilles colorés et polissons. » dit l’introduction. A travers les trente six images, sinon un kama-soutra de la Restauration, du moins un aperçu de pratiques sexuelles variées. Zoophilie et scatologie ne sont pas oubliées. L’homosexualité féminine et masculine non plus. Ville et campagne, bourgeois et artistes, militaires et ecclésiastiques, ministre ou grand chancelier, paysans et aristocrates sont les héros de ces planches. Des « brefs » déjà où en deux images l’historiette nous est comptée.
« Monseigneur est-il visible ?» demande une religieuse.
« Je ne puis vous recevoir, je suis en prière » répond l’archevêque, agenouillé, sceptre dressé, au pied d’une paroissienne à demi-nue. (2)
« Quelle douce pénitence » murmure une pécheresse qui masturbe son confesseur dans le secret du confessionnal. (3)
« Bon … ma femme soumet ma pétition » se félicite le mari à la porte du cabinet du ministre, épouse qui chevauche fesses à l’air un ministre chamarré (4)
Dans le même style, un père tend l’oreille à la porte d’une « étude » et, entendant sa fille soupirer, se réjouit d’avoir gagné son procés (6)
« Que font-ils donc ? » se demande le militaire de garde devant la porte d’un vieux général qui fait minette à une belle noire. (9)
Le grand chancelier fait attendre deux dames élégantes, car il donne une « audience particulière », c’est-à-dire qu’il socratise un jeune amant qui l’encourage « Va mon chéri, quel délice ». (11)
« Mr il est impossible que vous parliez à ma fille aujourd’hui elle a sa migraine », dit la mère au soupirant, fille qu’encourage le curé « Suce… suce ma bonne petite » (13)
« Si vous craignez d’être cocus, Messieurs, faites comme moi, enfermez votre femme » se vante un gros bourgeois, tandis que l’épouse dit à l’amant, arrivé par une échelle « Attends Ernest, je veux faire l’homme »en le chevauchant. (32)
Les fourches dressées sont les cornes du moissonneur qui fait sa sieste, pendant que sa femme, derrière la meule dit à son amant « Dépêche-toi Pierre, si mon homme se réveillait ». (34)
La série s’achève en apothéose au Vatican. « Ah ! St Pierre, je vois tout. » se dit un tonsuré voyeur qui découvre, par le trou de la serrure, le pape en train de prendre une aristocrate espagnole qui s’écrie « Cher Grégoire ! que j’aime ton goupillon » (36) (Ce pourrait être Grégoire XVI, pape en 1831)
On comprend que le sulfureux auteur de ces œuvres, plus coquines que cochonnes ait préféré garder le plus strict anonymat et que son album soit resté sous le manteau.
Chaque planche est double. La porte, la fenêtre, le rideau, etc. ont une découpe qui permet de découvrir ce qui se passe derrière en ouvrant cette porte, etc.
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