La Saint-Sylvestre est l’occasion de se retrouver, d’année en année, chez les uns et chez les autres à tour de rôle, entre couples amis.
Petit rituel : chaque couple apporte deux cadeaux, homme et femme. Le hasard préside en principe à la distribution (sauf que l’on ne doit pas recevoir son propre cadeau, bien sûr). Mais si j’ai hérité, cette année, des « Dirty comics », je ne suis pas persuadé que ce soit le pur hasard.
Voilà donc des bédés coquines, baptisées aussi Eigh papers, car formées souvent de huit planches, mais encore Tijuana Bibles (les touristes en rapportaient du Mexique) qui ont été distribuées sous le manteau des années 20 aux années 50, dans les très prudes Etats-Unis. Une distribution massive qui a été estimée en 1935 à vingt millions d’exemplaires.
Le scénario comme le dessin est souvent des plus sommaires. On n’hésite pas à mettre en scène des vedettes hollywoodiennes, comme Joan Crawford, devenue Crawfoot, Greta Garbo, transformée en Garbagge mais aussi les Marx Brothers. Et des héros de bandes dessinées comme Betty Boop partant en tournée pour offrir ses charmes moyennant quelques dollars ou Popeye qui nous montre que les épinards ne font pas de l’effet que sur ses biscottos. Ce n’est pas, dans le petit ouvrage offert, le Kama soutra quant aux positions, en général. Mais on voit quand même un marin se tromper de "port", un vieux Fuzzy Butt adepte de la zoophilie ânine et une secrétaire hollywoodienne aux pratiques et positions variées. Et de nombreuses autres bédés offrent de nombreuses variations et perversions… L’une d’elles, « The Amourous twirp » présentent quelque positions telles que «the dirt route », « wash day special», un acrobatique « sugar-daddy » pour conclure par un «old reliable», la bonne vieille méthode… Et dans la zoophilie un «Sun bath» fait fort.
Les auteurs sont anonymes. Mais le style de dessin laisse à penser que beaucoup travaillaient aussi à des comics pour enfants et adolescents, histoire de cow-boys et d’indiens ou de détectives, notamment. Les différents comics recensés sont près de 2000.
Pour avoir une idée plus complète de ces Tijuana Bibles, dans leur jus comme disent les brocanteurs, un collectionneur présente 84 de ces bibles que d’aucuns auraient bien glissées dans leur livre de messe dans les internats religieux des années 50 (http://tijuanabibles.org/bibles/). Un autre site, http://www.tijuana-bibles.com/, met en ligne vingt six comics mieux scannés dont un « Room Service » qui est comme un récit prémonitoire de l’affaire DSK… Quatre autres Tijuana Bibles, dont Laurel et Hardy et Popeye sur arserotica
Dirty Comics I, choisis et traduits par F. Escaig et G. Minghini, éditions Allia
(bizarrement l'image de couverture a été tirée du Chien andalou de Luis Bunuel)
L'Album présente d'abord un eight-papers d'origine, puis trois comics tirés du livre (donc traduits) et quelques planches dont plusieurs forment une histoire complète.
PS Robert Crumb et Aline Kominsky-Crumb, avec leur Dirty Laundry Comics, s’inscrivent un peu dans la lignée de ces bédés underground.
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