Je me f... du foot mais pendant le Mondial, j’ai décidé de me mettre à la page... de l’Afrique du Sud.
Appâtée par le bandeau tape-à-l’œil qui vantait le thriller plus de 10 fois lauréat, j’ai d’abord ouvert Zulu de Caryl Férey dont les extravagances lexicales m’ont vite irritée. J’en donne un aperçu ci-dessous dans une parodie de 4ème de couverture dissuasive.
* On en reste sans voix. Les anomalies, «ça pullule comme des CRICKETS » (p 33) dans cet ouvrage. Ces détournements sémantiques m’ont remis en mémoire la perle d’un de mes proches qui, pour faire joli dans une rédaction lorsqu’il était potache, avait osé « l’œil hirsute et le cheveu hagard ». T’aurais dû persévérer, JFL : Férey aurait eu de la concurrence !
Aux oubliettes, donc !
En revanche, je retiendrai le nom de Deon Meyer, l’auteur sud- africain du thriller que j’ai abordé ensuite :
LE PIC DU DIABLE (Points Policier n°2015)
Ce roman met en scène trois personnages:
- Christine, la call girl, victime dans son enfance de l'éducation rigide d'un père militaire, afrikaner et puritain, puis de fréquentations douteuses.
- Thobela, le justicier Xhosa au parcours atypique qui traque les tortionnaires d’enfants.
- Benny Griessel, le flic blanc alcoolique, ex bon pro qui doit refaire ses preuves et pas seulement dans le domaine professionnel.
Tous ont été cabossés par la vie et ont en commun une immense tendresse pour leurs enfants mais je ne dévoilerai rien de plus sur l’intrigue qui rassemble ces êtres si différents : cela dévaloriserait la structure du récit qui est élaborée à partir des trois points de vue ; ils se succèdent rapidement, s’imbriquent à l’intérieur des chapitres sans crier gare, ce qui assure un rythme vif, captivant au roman sans qu’on perde jamais le fil de l’histoire.
Ajoutons que la psychologie complexe des personnages contribue à la crédibilité du texte, que les relations adultes-enfants en sont l’une des clés et que l’évocation de la splendeur des paysages et du contexte social post-apartheid (violence des townships, trafic de drogue, corruption, superstitions…) s’intègre sans lourdeur.
Une réussite, donc que ces destins qui se croisent pour la reconstitution du puzzle dans une conclusion incertaine que j’interprète personnellement comme un écho audacieux à l’ambiguïté définitive des protagonistes.