…à la lecture de L’écologie en bas de chez moi de Iegor Gran !
Sous le prétexte d’une « autofiction » qui rapporte la rupture d’une longue amitié pour cause de sévère incompatibilité d’appréciation en matière d’écologie, Iegor Gran fustige une forme de totalitarisme (et de par ses origines, il sait de quoi il parle) de « l’intégrisme écolo » qui envahirait notre quotidien ;
Mais ce qui aurait pu n’être qu’un réquisitoire pesant devient une satire mordante et réjouissante grâce à un auteur dont la verve puise abondamment, intentionnellement (et me semble-t-il avec délectation) dans le lexique religieux.
Il dénonce tour à tour :
Les « mollahs du tri sélectif » (ses voisins)
Le « processus d’évangélisation »
La « bigoterie »
Les « signes de dévotion »
La « croisade »
Un « remake des indulgences » (pour la compensation carbone) … et la liste est loin d’être exhaustive pour ce qui concerne « les plus zélés des croyants » !
Il canarde « Yann-Dieu » (vous savez, l’hélicologiste) à propos de son film Home, du battage dont il a bénéficié, des retombées sonnantes et trébuchantes des produits dérivés, de l’ « onction écolo » accordée aux groupes qui ont participé à sa réalisation. Il ne ménage ni Nicolas Hulot « aux accents christiques » ni les « marchands du temple » ces enseignes qui surfent sur la vague, ainsi : J’agis responsable avec Carrefour !
Sa virée au Salon Planète Durable est un grand moment, bourré d’humour corrosif (et bien plus convaincant, de mon point de vue, que les pages consacrées au réchauffement climatique). En revanche, « Nulle trace d’humour chez les prophètes ». Bon, là il pousse peut-être un peu : on connaît tous des écolos avec qui on peut se payer une bonne tranche de rigolade ! (mais tout athée a son curé, c’est bien connu).
La mécréante que je suis a fort apprécié ce pamphlet à forte connotation anticalottine. Cependant je confesse (ouaf ! ouaf ! ) que je trie mes déchets avec discipline : je dispose d’un vaste logement qui permet de stocker (la collecte ayant lieu toutes les deux semaines) journaux -et il y en a- et emballages recyclables et d’une voiture pour transporter les « verres » jusqu’au container le plus proche -qui n’est pas si proche que ça !- Si je n’avais qu’un studio et pas de bagnole, gageons que je serais sans doute moins écologiquement responsable.
Bravo à Iegor Gran pour cette cure de déculpabilisation (je n’écris pas désintoxication, hein !) administrée avec une bonne dose de provocation mais qui parie sur l’adaptabilité de l’homme et fait confiance « à la liberté, à la culture, à l’intelligence ».