Mes pérégrinations littéraires italiennes m’ont amenée à relire Sempre Caro de l’écrivain d’origine sarde Marcello Fois. Un régal ! Le traducteur, Serge Quadruppani y fait merveille, comme dans les romans « siciliens » de Camilleri. Pour faire plus ample connaissance avec l’auteur, j’ai poursuivi avec Shéol. Las ! Je n’ai pu m’attacher à l’intrigue à cause d’une traduction - qui n’est pas de Quadruppani - émaillée de fautes qui m’ont exaspérée. A croire que la relecture n’existe plus… Imagine-t-on une boutique de fringues présentant des modèles constellés de taches ? C’est la comparaison qui m’est venue à l’esprit mais elle n’est pas adéquate parce que là, tout simplement, on n’achèterait pas tandis qu’avec un livre vous ne vous rendez compte du désastre qu’après l’acquisition. Vice caché en quelque sorte. Et pas de dédommagement ! Je me souviens avoir, de rage, retourné aux éditions Michalon Ce qui peut arriver de mieux à un croissant de Pablo Tusset : la traduction était cousue de fautes (métaphore textile, encore) surlignées au feutre fluorescent par mes soins. J’avais accompagné mon envoi d’une note sarcastique intitulée « Syntaxe : ayez pitié de nous, pauvres lecteurs » qui est restée sans réponse : mépris du cochon de payant ?
Je précise que je ne suis en rien crispée sur une langue figée et que je me sens en parfait accord avec l’Anti-manuel d’orthographe Eviter les fautes par la logique de Pascal Bouchard* qui souligne toutefois que « l’orthographe est affaire de morale » dans la mesure où elle est une marque de respect à l’égard des destinataires par l’utilisation d’un code commun (mais susceptible d’évolutions).
Basta pour les récriminations ! Je me garde sous le coude pour une prochaine lecture Sang du ciel de Marcello Fois dans une traduction de Quadruppani, évidemment.
Passons au coup de cœur. Mi-juillet, je reçois un coup de fil d’une amie emballée par une représentation théâtrale portée par une jeune actrice seule en scène à Avignon : Confidences à Allah, une adaptation du livre de Saphia Azzeddine. Convaincue par son enthousiasme mais bien trop éloignée des festivités avignonnaises, je me suis procuré le bouquin. J’ai lu en deux heures ce monologue percutant et très cru sur l’oppression d’une femme issue d’un milieu très défavorisé au Maghreb. A mes ami(e)s de quarante ans qui ont fréquenté les pentes de l’Atlas et à beaucoup d’autres je conseille la lecture de ce texte vigoureux, qu’une verve décapante empêche de verser dans le misérabilisme et qui fait un sacré (!!!) pied de nez à la résignation.
* Avant d’expédier ce billet sur le « ouèbe », je vais comme d’habitude lui appliquer une de ses recommandations : le laisser en plan pour vaquer à d’autres occupations puis y revenir pour en changer la police avant d’en effectuer la relecture. Un procédé très efficace pour corriger les erreurs.