François Jacolin, évêque de Luçon, a-t-il décidé de concourir avec ses collègues de Bayonne et de Gap pour la palme du prélat le plus réac de France ? Non content de parrainer une série de conférences des plus orientées, il fait de son saint patron, le povorello d’Assise, celui qui prêchait les oiseaux, un précurseur d’un Tugdual Derville, qui pourfend, en le caricaturant, l’antispécisme.
« Mes frères les oiseaux, vous avez bien sujet de louer votre créateur et de l’aimer toujours ; Il vous a donné des plumes pour vous vêtir, des ailes pour voler et tout ce dont vous avez besoin pour vivre.
De toutes les créatures de Dieu, c’est vous qui avez meilleure grâce ; il vous a dévolu pour champ l’espace et sa simplicité ; vous n’avez ni à semer, ni à moissonner ; il vous donne le vivre et le couvert sans que vous ayez à vous en inquiéter. »
Ce Tugdual est présenté comme le fondateur de l’Alliance Vita, alors que cette association a été fondée sous le nom d’Alliance pour les droits de la vie, par Christine Boutin, en 1993. Il en est devenu le délégué général. Inutile de dire qu’après s’être opposé au PACS, il a rejoint Frigide Barjot et la Manif (anti mariage) pour tous, dont il fut un des porte-paroles. Sous sa direction Alliance Vita s’est livrée à une opération de manipulation en faisant passer ses sites et services téléphoniques comme « neutres et ressemblant à des sites officiels » et « comme des plateformes d'information sur l'avortement et la contraception et d'aide aux femmes enceintes » (AFP). Selon Le Monde, des sites Alliance Vita à l'allure neutre et « au contenu éditorial édulcoré et facilement accessible[s] à partir des moteurs de recherche », servent de « passerelles » pour « rediriger les internautes sur des sites au contenu plus explicite ».
Voilà donc ce charmant personnage venu présenter son écologie intégrale qui n’a d’écologie que le nom – foin des changements climatiques, des incendies infernaux ou des déluges meurtriers – et plutôt intégriste qu’intégral. Car que visent nos faux écolos : le mariage pour tous bien sûr, l’adoption pour les couples du même sexe (et même pour les célibataires qui existe pourtant depuis 1804), la PMA et la GPA. Inutile de dire que l’IVG et le droit de mourir dans la dignité sont dans le viseur de nos intégristes.
On trouve même une branche « féministe », intégrale elle aussi, qui prône le refus de toute contraception non naturelle et la dénonciation de la « fausse émancipation » des femmes par la pilule et le monde du travail. La contraception hormonale, qui a libéré la femme de la crainte de grossesse non désirée, rejetée car non naturelle ! Et une vision de la place des femmes hors du monde du travail qu’on peut qualifier de réactionnaire. Kinder, Küche, Kirche enfants, cuisine, église ! un féminisme intégral à la mode du Kaiser Guillaume II.
Qu’on entende bien : que l’église assigne à ses ouailles de ne pratiquer que la sainte méthode Ogino pour éviter de faire des gosses, qu’elle leur interdise le divorce, l’IVG, etc. c’est son droit le plus strict et garanti par la loi de 1905. Mais la même loi – séparation des églises et de l’état – interdit à ces églises d’imposer leurs dogmes à l’ensemble de la société. C’est pour tourner cette saine séparation – aux églises les dogmes, à la République les lois – que sont évoquées non plus tel livre saint mais les lois de la nature, l’écologie, l’anthropologie.
Faut-il rappeler, au passage, que l’église a fermé les yeux sur une homosexualité généralisée de ses ministres, si l’on en croit ses propres prêtres, et surtout couvert des actes pédophiles ? Et ce sera le lendemain de la « Saint François d’Assise », le 5 octobre, que J. M. Sauvé remettra le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église catholique en France.