Les actes de la journée "valeurs de la République et laïcité" sont publiés.
Après des journées de formation à la laïcité - 600 personnes dans le département de la Vendée -, la préfecture de la Vendée, s’appuyant sur des associations (FOL85, Francas, CEAS) et l’observatoire vendéen de la laïcité, a lancé une journée des « Valeurs de la République et Laïcité ». Son but était de proposer aux personnes qui ont participé à une des formations, de venir compléter leurs réflexions, mais elle était ouverte à tous les citoyen-ne-s.
L’introduction de cette journée Valeurs de la République et laïcité par le Président de la Ligue de l’enseignement m’en a fait bouger une sans heureusement remuer l’autre, avec force citations de Pena-Ruiz, le promoteur de la distinction privé/public – la religion cantonnée à la sphère privée – reprise par tous les faux laïques liberticides. Et bien sûr ce leitmotiv sur la laïcité sans épithète. Cette stupidité flagrante – je peux chanter la Liberté chérie, mais pas chérir la laïcité libérale, au sens que donnaient à cet adjectif Briand et Jaurès – n’a été lancé par Pena-Ruiz, repris bien sûr par C. Fourest, qu’à des fins polémiques visant Jean Baubérot. Notre présentateur allait d’ailleurs se corriger lui-même en parlant, dans le contexte vendéen, de « laïcité de combat » (bien, qu’à mon sens, il faudrait inverser et parler de « combat pour la laïcité », ce que les questions sur l’absence d’écoles publiques dans une soixantaine de communes allaient illustrer).
La matinée s’organisait autour de dix espaces. Outre le hall d’entrée qui présentait des livres, malles pédagogiques et documentations diverses et une salle de projection qui présentait « La séparation », les participants étaient invités à se rendre dans des ateliers thématiques :
- Espace « Découverte ludique de la Laïcité dans le Cité »
- Espace « Laïcité & éducation »
- Espace « Laïcité & collectivités territoriales »
- Espace « Laïcité & Santé, Médico-social »
- Espace « Laïcité & Discriminations »
- Espace « Laïcité & Insertion »
- Espace « Laïcité & Sport »
Voir les résultats commentés en annexe.
L’après-midi était consacrée à une conférence de Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Les actes de la journée nous donneront, c’est promis (et ce sera annexé à cette page), le compte-rendu complet de cette conférence et des échanges qui ont suivi.
Je noterai donc que, N. Cadène, figure imposée après la parution d’un livre co-signée par Mme Schiappa, Secrétaire d’état, et intitulé « Laïcité point »*, nous a ressorti le dogme d’une laïcité que l’on n’ose dire inqualifiable sauf à prendre ce mot au sens d’interdiction de qualifier, mais avec un tout un développement qui montrait, en filigrane, qu’il y a bien une conception ouverte, celle qui est conforme à la lettre et surtout à l’esprit de la Loi de 1905, qui s’oppose à une fausse laïcité liberticide, illustré par les positions du Printemps Républicain, par exemple.
Ainsi à la fausse opposition privé/public il va opposer la distinction de 4 espaces :
- l’espace privé bien sûr, domaine d’entière liberté des convictions,
- l’espace administratif, celui du service public qui doit être parfaitement neutre pour préserver l’égalité de tous et par voie de conséquence dont les agents, fussent-ils de droit privé dans la mesure où ils sont en charge d’un service public, sont astreints à une stricte neutralité, mais pas les usagers,
- l’espace social, celui du travail ou de l’associatif, où des limitations de la liberté d’expression de ses convictions peuvent être apportées, mais pour des motifs objectifs (sécurité, par exemple),
- enfin l’espace public (rue et places, commerces, etc.) où la seule limitation est celle du respect de l’ordre public.
Il a également rappelé que la Loi de 2004, dite Loi Stasi, n’impose pas la « neutralité » aux élèves, mais de ne pas porter des signes ou vêtements ostensibles et que cet interdit ne s’étend pas aux étudiant-e-s, adultes et engagé-e-s librement dans des études supérieures.
Dans l’échange, il a, de mon point de vue, un peu ramé sur la volonté que l’on prête au Président Macron d’organiser l’Islam de/en France, volonté qui serait totalement contraire à La Loi de 1905 qui laisse les cultes libres de leur organisation. Mais pour le reste, des réponses claires, comme sur les élèves-infirmières. Et, sur le sujet ô combien sensible de l’école publique – une soixantaine de communes vendéennes n’ont pas d’écoles publiques – il a annoncé une auto-saisine de l’Observatoire de la laïcité.
Comme je l’ai noté immédiatement sur un touitte, M. Cadène, que je ne connaissais finalement que par les attaques dont il avait été l’objet de la part de Valls, sans effet de manche (rien à voir donc avec les orateurs de « La Séparation »), sobrement, sans aucune once de l’esprit polémique qui parfois m’anime, nous a fait un exposé synthétique à la fois clair et précis. Et quand le rapport annoncé, sur l’implantation inégale des écoles publiques, sortira il ne serait pas inutile que l’Observatoire de la laïcité vienne le présenter solennellement… en Vendée !
* Dans cet ouvrage co-signé avec J. Peltier, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes adopte une position rigoureuse sur les adultes accompagnateurs de sorties scolaires, entendez les mamans portant un foulard, les astreignant à la neutralité qui s'impose aux enseignants (se ralliant en cela au ministre Blanquer). Outre les raisons juridiques qui contredisent ce point de vue, outre l'ostracisme que ça traduit vis-à-vis de ces mères, l'argument invoqué - ne pas influencer ou choquer les bambins d'une autre conviction familiale - est parfaitement hypocrite, puisque lesdits bambins voient bien ces mamans accompagner leur propres gniards à l'école.
ANNEXE
Rappel du quizz
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