Sur ‘fessebouc’ je m’étais inscrit à un groupe intitulé Les athées, les non-croyants, les libres penseurs, laïques et humanistes. Un article intitulé « Islande: un projet de loi pour interdire la circoncision » provoquant des commentaires à mon sens quelque peu exagérés voire douteux, je réagis . Que n’avais-je pas fait ? Un modérateur co-fondateur du groupe m’intime quasiment l’ordre de me la fermer : on est libre-penseur mais pas pour la pensée libre. Et il assène comme un dogme : une mutilation sexuelle, il va même ne reculant devant rien jusqu’à écrire « amputer, mutiler, le corps d'un bébé ».
Commençons donc par cette fameuse proposition de loi islandaise : « Les députés de cinq partis politiques islandais ont soumis jeudi un projet de loi au parlement visant à interdire la circoncision des mineurs, pouvant punir la pratique jusqu'à six ans d'emprisonnement ».
On n’aura pas la cruauté de rappeler aux islandais ni à celui qui clame « L'Islande, toujours en avance ! Espérons que ce projet de loi devienne une loi ! », le temps lointain où leur gouvernement demandait aux Étatsuniens le rapatriement aux USA des soldats noirs de la base militaire de Keflavik. Juste quand même rappeler que l’Islande compte un peu plus de 300 000 habitants. Qu’elle s’est ouverte depuis peu à une immigration et comptait, au 1er janvier 2016, 31 812 immigrés, essentiellement européens (Polonais, Lituaniens, Danois, Suédois, etc.) et un peu asiatiques (Philippins, Thaïlandais…). Et si le pays a fait un effort pour accueillir des réfugiés du moyen-orient, en 2017, il comptait un peu plus d’une centaine de Syriens. Combien d’Islandais « de souche », comme disent nos identitaires, se réclament de la religion juive ou musulmane, sans doute aucun. Et les quelques syriens de confession musulmane – s’il y en a – après ce qu’ils ont subi chez Assad et vu leur nombre ne vont pas trop crier au scandale, si cette loi d’interdit passait.
Précisons, car le jeu pervers de l’interprétation des propos est très pratiqué par nos prétendus « libres penseurs », que la circoncision ne fut jusqu'à présent pour moi que l’occasion de ricaner sur le « saint prépuce » et que je me bats les glaoui de cette pratique rituelle, dans les religions juives ou musulmanes, en règle générale.
Juste que je trouve assez cocasse qu’un dieu puisse réclamer le sacrifice d’un petit bout de peau du zizi. Sacrifice qui n’a absolument aucune commune mesure avec la véritable mutilation que représente l’excision.
Mais ce dieu a aussi des exigences insolites en matière alimentaire, le cochon étant, si j’ose dire, la bête noire, des deux confessions. Là-dessus des sectes profanes, comme les vegans, sont encore plus rigoureuses. Et s’agissant de circoncision, comme le rappelle l’excellent article de wikipedia, la secte hygiéniste a réussi à convaincre les huit dixièmes de la population étatsunienne de sacrifier ce petit morceau de peau de leurs nouveaux-nés mâles. Et les fêtards blasés que peint un Teddy Rodgers sont tous circoncis.
Plus sérieux, il semble démontré que la circoncision diminuerait les risques de SIDA, à tel point que l’OMS et l’ONUSIDA la recommandent comme une mesure préventive pour les hommes sexuellement actifs dans les populations exposées à de forts risques de contamination au VIH. Non pas, comme a cru bon de me le rétorquer un pseudo modérateur, pour l’opposer au préservatif, mais, faute hélas trop souvent de son usage, diminuer le risque.
J’ai donc rappelé que si, chez nos Islandais, une telle mesure d’interdit ne risque pas de provoquer beaucoup de vagues, dans notre beau pays, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) risquerait fort de monter au créneau et les personnes d’origine musulmane – même celles qui n’ont plus qu’un rapport lointain avec la religion – de le prendre comme une agression. Superbe, mon interlocuteur me rétorque que ce n’est pas aux religions de faire la loi ! Et avec cette bonne foi qui le caractérise m’envoie à la figure des textes bibliques, que j’ai moi-même depuis longtemps rappelés, en mettant, sans vergogne, la circoncision sur le même plan que l’exécution des homosexuels édictée dans le Lévitique 20-13 !
Sauf que, si un tel interdit était prononcé, la pratique de la circoncision se maintiendrait, mais dans la clandestinité. Pour les plus aisés pas trop de problème : ils trouveront toujours un praticien qui par conviction et/ou appât du gain, procédera à l’intervention. Pour tous les autres le recours à ce que je n’ose appeler des charcutiers qui, dans des conditions d’hygiène douteuses, ôteront plus ou moins bien le prépuce.
On peut, certes, avec Frank Ramus, s’élever contre « l’endoctrinement et l’affiliation précoce de l’enfant à l’un des partis de dieu que sont les religions institutionnelles, à un âge où il n’est pas en mesure d’y consentir » et donc proposer, pour toutes les religions, « de protéger les enfants de toutes les formes d'endoctrinement religieux, pour les reporter soit jusqu'à l'âge de leur majorité civile, soit jusqu'à l'âge d'une majorité religieuse qui serait à définir par le législateur, mais dont on comprendrait mal qu'il puisse être inférieur à celui de la majorité sexuelle. » Mais serait-ce faire injure à cet éminent neuroscientifique de considérer que ce souhait, sauf à imaginer un monde où l’enfant jusqu’à 15 ou 18 ans est soustrait à l’influence de sa famille, son quartier, les réseaux sociaux, etc., est purement utopique ?
Pour en revenir à la circoncision, non ce n’est pas une mutilation sexuelle – la privation du prépuce ne met en jeu aucune fonction vitale : miction, érection, éjaculation, etc. ; elle n’est pas plus grave que l’ablation des amygdales ; une loi d’interdit mettrait en cause un des principes de la loi de 1905 garantissant le libre exercice des cultes ; et elle s’inscrirait dans le courant liberticide illustré par le Printemps Républicain.
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