Voilà un joyeux drille qui hérite, non d’un oncle d’Amérique, mais d’une tante française et qui va claquer ce confortable héritage aux jeux. Ce fut sa chance – ou en tout cas la nôtre – car il fut du coup obligé de gagner sa croûte en produisant moult dessins. Dont quelques-uns de joyeusement lestes.
Né en 1756 à Londres, fils d’un marchand de la Cité, il va donc vivre en pleine époque géorgienne, tandis que la France va connaître Révolution et Empire. Une France qu’il connaît, puisqu’à seize ans il va étudier à Paris. Etudiant de la Royal Academy, il était voué à une carrière de peintre très académique. Il l’entame en y présentant une Delilah visiting Samson in Prison et les années suivantes il produit des portraits et des paysages. Mais sa destinée toute tracée de peintre reconnu fut interrompue pour un héritage. Une tante française lui léga une somme rondelette. Il plongea alors dans le stupre et la débauche et surtout dans le jeu : ainsi passa-t-il trente-six heures d’affilée à une table de jeux. En peu de temps, il dissipa les sous de la tante. Et, pour survivre, il suivit l’exemple de deux copains, James Gillray et Henry William Bunbury, en se lançant dans l’illustration et surtout dans la caricature.
Un concert à Vauxhall, une expérience de chimie, les embarras de Londres, les aléas des transports en diligence, plus exotique un indigène d’une contrée lointaine attaqué par un redoutable caïman, l’illustration passe vite à la caricature.
La gravure était ensuite coloriée ! Cette illustration présente des personnages connus : "The two women in the centre are Georgiana, Duchess of Devonshire and her sister Lady Duncannon. The man seated at the table on the left is Samuel Johnson."
Mais il croque aussi avec jubilation des scènes cocasses comme cette course de Bath, cette discussion entre médecins, ces scènes de dentistes ou plus cruelle cette amputation à vif !
Il a ses héros comme son fameux Docteur Syntax.
Caricatures politiques aussi.
Et la grande affaire est bien sûr la guerre avec Napoléon où, après l’entente apparente sur le partage, les alliances se font et se défont jusqu’à ce que le pauvre Nappy soit bercé par le diable.
Mais notre artiste va aussi donner une œuvre truculente avec une paillarde inspiration qu’on n’ose qualifier de gauloise.
Du tableau très classique d’une classe de la Royal Academy travaillant le nu masculin, il passe à Emma Hamilton posant nue, puis à un atelier où les poses sont plus lestes.
Mais ces dessins offrent toute la gamme des joyeux plaisirs de la chair, du voyeurisme à la partouze débridée, en passant par des camps de gitans des plus paillards. Tout cela empreint de bonne humeur. Ce n’est certes pas Rowlandson qui écrirait « La chair est triste, hélas !... ».
Petite scène de comédie que ces femmes de marins, à peine les navires ont-ils quitté le port, se retrouvant copulant joyeusement avec leurs amants !
Pour clore cette série, cette impératrice de Russie - Catherine II ? - recevant sa vaillante garde : de vrais gardes du corps
Très mystérieusement la série ci-dessous, qui visiblement est scannée sur un livre, est intitulée Erotische Eskapaden, titre allemand donc et cet ouvrage attribue bien ses illustrations à Rowlandson. Mais cette paternité est douteuse puisque un site allemand le date de 1850 sous le règne de Victoria, alors que Thomas Rowlandson s’est éteint en 1827. Une réédition ?
Pour avoir une plus large vue du talent de Thomas Rowlandson : http://www.wikigallery.org/wiki/artist35608/Thomas-Rowlandson/page-1
Voir aussi https://honesterotica.com/illustrator/thomas-rowlandson
Et pour avoir un regard sur le personnage et son oeuvre : http://austenonly.com/2011/01/27/thomas-rowlandson-pleasures-and-pursuits-in-georgian-england/
Thomas Rowlandson: Legacy of a Genius Social Observer in 1800
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